et les donna par investiture annuelle aux cognats
impériaux ou à ses créatures, en les liant à la
couronne par une vassalité directe. Il institua à
perpétuité un nombre considérable de fiefs de franc
alleu, tenus, les uns au'service de guerre, les autres
à payer un cens annuel; des terres dites de
bouclier, de javeline ou de cavalier, semblables à
celles dites Ziamet, Timar ou Kilidj, dans la constitution
territoriale turque, et dont le propriétaire
doit, en temps de guerre et selon leur étendue,
soit un service militaire personnel, soit un certain
nombre de fantassins ou de cavaliers équipés. Ces
dispositions abritaient la couronne derrière une
armée de vassaux directs, la plus nombreuse de
l’Empire. Il mécontenta ainsi les communes, par
des restitutions incomplètes; les cognats,. par la
dépendance où les tenait l’investiture annuelle ; le
clergé, par son immixtion dans la gestion des biens
cléricaux; l’ancienne noblesse, par la création d’une
noblesse nouvelle, et les grands vassaux par leur
am oindrissement.
Malgré les efforts de ses prédécesseurs pour faire
prévaloir le code de lois importé du Bas-Empire, la
nation n’avait cessé de protester de diverses façons
de son attachement à ses anciennes coutumes, et les
nombreux essais qu’ils avaient faits d’imposer par la
force l’usage exclusif de ces lois n’ayant produit
que des résultats éphémères, il s’était établi insensiblement
comme un compromis, par suite duquel la
coexistence des deux régimes de lois fut acceptée, et
les causes étaient soumises à l’un ou l’autre de ces
régimes, au choix du défendeur. Seulement, les
hommes de loi, conformément à leur principe que
toute justice émanait de l’Empereur, prélevaient à
leur profit sur les parties qui avaient recours à
la justice coutumière, laquelle se rendait gratuitement,
les frais et coûts qu’eût amenés le fonctionnement
de la justice impériale.
Les Atsés maintinrent l’incarcération perpétuelle
des agnats impériaux; ils s’habituèrent à continuer
d’année en année le pouvoir aux princes cognats :
pour plusieurs même, ils laissèrent s’établir une sorte
d’hérédité. Pour mieux assurer leur pouvoir en augmentant
l’influence de leur famille, ils établirent que
les princesses de leur sang conféreraient la noblesse
à leurs maris, ainsi qu’à leurs enfants. Le mariage
civil et soumis au divorce prévalait de plus en plus ;
l’émancipation légale de la femme avait accru les désordres
dans les familles; les princesses impériales
surtout donnaient les plus scandaleux exemples d’immoralité,
se mariaient et se démariaient, et finissaient
par se contenter du concubinat. Les enfants
issus de ces associations étant dépourvus d’apanages
proportionnés à leur noblesse, avaient recours aux
libéralités du souverain. Les décorations, les titres
surtout se multiplièrent, perdirent leur prestige, et
propagèrent à la fois l’insolence et le servilisme. Sur
plusieurs points de l’Empire, les communes aidées de
leurs fidèles alliés, le clergé et l’aristocratie des campagnes,
entreprirent encore une fois la revendication
de leurs droits. Elles furent réprimées cruellement et
perdirent ieurs dernières franchises. Tous les pouvoirs
dépendirent du caprice impérial; la hiérarchie
ne fut plus que fictive; une égalité servile régna
pour tous.
Mais en vertu de ce principe qui veut que les
pouvoirs accumulés s’altèrent et communiquent
leur corruption à leurs dépositaires, les Atsés se