Tout Éthiopien chrétien porte au cou, comme signe
de sa religion, un cordon en soie bleue. Cet usage vient
de ce que le prêtre, én baptisant un enfant, lui passe au
cou un cordon tricolore, comme emblème de la Trinité.
Presque tous enfilent à ce cordon quelque amulette,
quelque pierre d’abraxas, des margaritini Mi quelque
autre verroterie; d’autres y ajoutent un ou deux colliers
formés de périaptes ou petites amulettes renfermées
dans du maroquin rôuge ou vert et consistant
soit en volumens ou longues bandes .de
parchemin enroulées sur lesquelles sont écrites des
formules de dévotion, rappelant les phylactères des
anciens Grecs et Hébreux, soit en écorces, feuilles,
herbes, racines ou autres substances magiques. Beaucoup
d’Éthiopiens sont très-superstitieux; cependant,
c’est surtout le désir d’embellir leur personne
qui les engage à porter ces périaptes, qui sont relevés
de distance en distance par des rassades de
couleur éclatante, des_ grains de corail rouge, de
pierre sanguine, d’ambre jaune, par des anneaux
d’argent ou d’autres colifichets.
Presque tous portent un anneau au doigt ; les
pauvres en laiton, les riches en argent; ces. derniers
en mettent ordinairement de quatre à huit à la première
phalange du petit doigt de la main gauche. Les
princes seuls sont reçus à avoir ces anneaux en or.
L’habillement des femmes consiste en une stole
ou tunique en étoffe de coton blanc, fort ample,
traînante, à manches larges du haut et ajustées aux
poignets, et en une toge semblable à celle des hommes,
qu’elles revêtent par dessus et drapent de façon
à lui donner tous les aspects de la toge ou
péplum antique portée en Grèce par les deux sexes
et souvent sans boucle par les femmes. Comme le
dit Homère pour les femmes du haut rang dans
l’anfiquité, les Éthiopiennes riches portent leur toge
traînante à terre. Les jeunes filles appartenant aux
familles aisées ne portent en général que la tunique
seule ou la toge seule, rappelant et justifiant ainsi
les épithètes grecques et appliquées
aux jeunes filles Spartiates. Comme à Rome, les
femmes mariées qui se respectent ne paraissent
point en public sans une stole sous leur toge, rappelant
ainsi l’épithète de stolata indiquant les matrones
romaines par opposition aux mérétrices. Les
Éthiopiennes qui accomplissent habituellement les
travaux du ménage, mettent une petite ceinture au-
dessous des seins, à la taille ou sur les hanches,
correspondant à la position que les antiquaires donnent
au cingulum, au zona et au cestus : ceintures
des femmes antiques; quelquefois même, elles mettent
deux ceintures, une sous les seins et l’autre
sur les hanches (1). Celles des classes riches portent
des tuniques brodées en soie de diverses couleurs,
rappelant aussi la tunica picta et la tunica palmata
des anciens.
. Les femmes montent à mule, à chevauchons, et mettent
alors sous la stole des pantalons étroits du bas et
descendant jusqu’aux talons; le bas de ces pantalons
est souvent brodé en soie de diverses couleurs.
Lorsque les femmes de condition se présentent en
public, elles s’encapuchonnent et se voilent d’un pan
de la toge, de façon à ne laisser paraître que les yeux.
Quelquefois, au lieu d’un pan de la toge, elles enroulent
sur la tête une écharpe, de façon à couvrir le front
et à laisser pendre les bouts par derrière; elles se
(I) Voir la noie 2, à la fin du volume.