Dans les kouallas, au contraire, le vent n’est qu’à
l’état de brise intermittente et à directions incertaines
; le plus souvent, l’air s’y meut -sous forme
de révolin; à cause du voisinage des deugas, il y
forme fréquemment des tourbillons, et, dans les lits
encaissés des rivières, le vent y souffle quelquefois
avec une furie impérieuse pendant un petit nombre
de minutes. L’air, presque toujours chaud, est sec,
comme sur les deugas, car une sécheresse permanente
et bien sensible à toutes les muqueuses est
le caractère le plus saillant du climat éthiopien.
Aux nuits fraîches et sereines succèdent des journées
durant lesquelles le sol s’échauffe quelquefois jusqu’à
75 degrés. Les sources sont plus rares que dans
les hauts pays; la végétation, fougueuse et luxuriante
au printemps, se dessèche rapidement aux rayons
du soleil et n’offre, pendant plus de la moitié de
l’année, que des tons fauves, relevés de distance en
distance par quelque arbre gigantesque, aux feuilles
épaisses, cassantes et d’un vert poussiéreux. Le bois
des arbres est dense et noueux; lianes, arbustes,
■arbrisseaux, une multitude de plantes sèment de
leurs épines acérées le sol durci, pierreux, et souvent
profondément crevassé. Des herbes hautes à
dissimuler un homme à cheval, couvrent de grands
espaces; une étincelle suffit pour y allumer de vastes
incendies, qui envahissent rapidement; aux crépitations,
aux craquements sinistres de ces embrasements
subits, les carnassiers terrifiés fuient, et
les reptiles sont dévorés .par les flammes. La terre
est ainsi purgée de quantité d’insectes venimeux et
préparée à la recrudescence printanière, mais elle
attriste le regard par ses tons roux, 'sombres, et ses
arbres défeuillçs aux troncs noircis..
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On trouve dans les kouallas les plantes aromatiques,
les bois odorants, des scorpions, d’autres
insectes venimeux, ainsi que des variétés nombreuses
de reptiles, depuis le boa jusqu’à un serpent gros
comme le doigt, long d’une coudée à peine, dont la
morsure cause la mort la plus rapide. Le boeuf
est de petite taille, grêle, vif, d’un pelage fin, court
et ordinairement clair. La vache donne très-peu de
lait; en revanche, les troupeaux de chèvres s’accroissent
rapidement, malgré les larcins fréquents
des panthères, qui pullulent dans les anfractuosités
des rochers. L’âne est la seule bête de somme; il
est plus petit que sur les deugas, plus sobre, plus
agile, son poil fin et court est mi-partie gris souris
et ventre de biche.
Le cheval ne se reproduit que très-rarement
dans les kouallas d’altitude mitoyenne et se reproduit
quelquefois ,dans les kouallas les plus bas et
les plus chauds dits beurha. Les hommes riches
des bas pays l’importent souvent des deugas pour
leur usage à la guerre; ils le choisissent de petite
taille, le plus ardent possible, souvent même emporté,
car son séjour en koualla, fait tomber sa
fougue et le guérit ordinairement de l’habitude de
prendre le mors aux dents. Son poil devient plus
fin, sa robe plus soyeuse, son embonpoint disparaît;
il vit moins longtemps, et, dans plusieurs kouallas
d’altitude mitoyenne, il n’échappe que rarement à
une maladie mortelle, ressemblant au farcin, mal
dont il guérit si on l’envoie dans les pâturages d’un
deuga élevé. Les indigènes assurent qu’on peut le
soustraire à cette maladie, en l’empêchant de paître
dans les kouallas où poussent une petite herbe
garnie de longues épines et bien connue des cava