leur coiffure, ils font encore usage de l’antique oreiller
de bois qui a la forme d’un croissant monté sur
une tige à pied rond; cet oreiller ligure souvent
parmi les emblèmes et hiéroglyphes des monuments
égyptiens.
Afin d’assurer à leurs enfants une belle chevelure,
les mères ont grand soin de les raser fréquemment
jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge de sept à
huit ans. Alors les enfants des notables et des hommes
d’armes surtout portent une tresse, puis deux, puis
trois, laissant une espèce de tonsure qui va se rétrécissant
à mesure qu’ils avancent en âge. Cette
coiffure, qui est peut-être celle de la jeune actrice
ou mesocure antique, est portée par les adolescents
des deux sexes jusqu’à l’âge de dix-huit ou vingt ans.
Ils cessent alors de raser leur tonsure qu’ils ont ré-
trécie successivement jusqu’au diamètre d’une pièce
de deux francs, et ils ne passeront plus le rasoir sur
leur tête, si ce n’est à la mort d’un proche parent,
d’un ami intime ou de leur maître.
Anciennement, l’homme libre et tenu au service
de guerre avait seul le privilège de porter la chevelure
tressée; chaque ennemi qu’il tuait ou faisait prisonnier
lui donnait le droit d’ajouter une tresse, et dix faits
d’armes de ce genre l’autorisaient à faire tresser sa
chevelure entière. Depuis la chute de l’Empire, cet
usage s’est relâché au point que quelques hommes des
villes et quelques paysans, surtout ceux des districts
frontières, portent les cheveux tressés. Les esclaves
mâles observent seuls l’antique interdiction. Les
paysans, les ecclésiastiques, les artisans, les trafiquants
et les citadins portent les cheveux ras ou fort peu
longs; quelques-uns d’entre eux, d’une nature belliqueuse,
font tresser leurs cheveux et s’exposent ainsi à
des querelles avec.des hommes d’armes, comme on l’a
vu en France lorsqu’à certaines époques les militaires
voulaient s’arroger le droit exclusif de porter la
moustache.
La sécheresse du climat rend presque nécessaire
pour tousses onctions grasses; sans elles, le cuir chevelu
devient douloureux, et les cheveux se cassent ;
aussi, les indigènes de toutes les classes, ceux mêmes
qui se rasent les cheveux, s’oignent-ils la tête de beurre
frais mêlé quelquefois à des parfums. Ces onctions leur
sont indispensables pour prévenir ou atténuer les maux
de tête, lorsqu’ils sortent des mains des coiffeuses.
Ils prétendent prévenir également par ce moyen
divers autres inconvénients, parmi lesquels ils comptent
l’affaiblissement de l’ouïe et de la vue. Les soldats
se beurrent souvent avec une abondance telle que le
beurre leur coule sur les épaules, et que leurs vêtements
-en sont tout imprégnés.
La barbe des Ethiopiens est noire, naturellement
bouclée, et n’atteint que très-rarement la longueur
de celle de l’Européen. Contrairement à leur peu de
goût pour la chevelure plate et longue de l’Européen,
ils apprécient beaucoup la barbe noire, longue et
droite, et, chose digne de remarque, aux yeux des
indigènes observateurs, cette barbe est souvent l’indice
d’un esprit plus apte aux spéculations de l’intelligence
qu’aux préoccupations de la vie purement
matérielle, et qui suit de préférence les voies synthétiques.
Ce genre de barbe se rencontre plus souvent
chez lés ecclésiastiques que chez les hommes de
guerre; ou chez les laboureurs. Les chrétiens laissent
pousser leur barbe et leur moustache, et la raccour*
cissent fréquemment au moyen de ciseaux; les musulmans
sont les seuls qui fassent usage du rasoir.