» d’amour pour toi -, ma verve s’épuisait, mes chants
» finissaient;-oui;, gentil fils de ma mène,, ravives-en.
3> les sources. »
Ou bien, s’adressant à> son cheval :
« Va; .va«,, mon' aigle.; que Dieu te renforce les.
3> ailes J3>
Une autrë criait :
« Enfants de la javeline, attention! je suis ici
3> pour démêler les braves« et compter les- coupa! »
Ou; bien,- frappant vigoureusement sur l’épaule
de quelque soldat à tournure martiale; elle lui disait
:
«s Je suis ta soeur,, moi! ton-amie ne rugis- pas
3> encore, ô' mon léopard, tm me fais peur t Cache,-
3> moi ta javeline' dans les Gôtes d?ün ennemi. »
Un trouvère chantait :
« Lâches, retirez-vous.;, c’ést lfheure des mâles!
3> fils de. la- femme, arrière! restez aux- bagages,
3> léchez échelles ■ et. marmites ,, et ne troublez pas.
3> le^ banquet des vautours,, la fête des véritables-fils
3> d’hommes ! 0 mes lanceurs intrépides,, mes eava-
)>■ Hors ailés,, faites vos trouées, frayez la r®ffite à
» notre seigneur et roi Guoseho; il veut passer et
ï>! repasser à travers cette peautraille là-bas ;. car
3> saint Jacques lui a fait signe. Allez, mes pour-
3> voyeurs de chacals et d’hyènes! üourage,mes en-
3> têtes, mes dompteurs d’hommes! Ouvrez les sources
3) sanglantes ! A vous les viandies de choix, et. vous b « -
» rez à plein hanap l’hydromel des braves ! »
Quelque soldat lui criait :
« Efo ! là-basî croque-lardon, mâche-laurier, écar-
9 quille ton oeil, dresse ta crête et regarde-moi bien ; je
» vais te donner matière à coqueriquer tes vers tout le
V reste de tes jours !»
Ou bien :
.« En voilà assez; rimailleur, allumeur de combats!
)> Vois-nous faire seulement et garde bien les ser-
» vantes ! »
Le Dedjazmatch était encore assis sur son alga à
la porte de la tente ; il parcourait d’un regard préoccupé
les lignes de ses troupes, la position de l’ennemi
et les terrains intermédiaires. Devant lui, une trentaine
de chefs, debout, appuyés sur leurs javelines et les
yeux suspendus aux siens, attendaient ses derniers
ordres. Les gouttes de sueur qui, malgré la fraîcheur
de l’air, perlaient sur son front, donnaient à connaître
sa violente contention d’esprit ; néanmoins, comme toujours,
sa contenance était digne et mesurée. Ymer
Sahalou vint le prévenir que l’ennemi s’établissait en
force.sur notrë gauche, à couvert d’un bois; et au
moment de repartir, il me fit signe d’approcher :
-, _ T U es seul,, dit-il, vieüs te ranger avec moi;
mais préviens. Monseigneur.
. Je passai derrière l’alga; le Prince ne m’entendit
pas, et je me permis de lui toucher le coude. Il se retourna
en fronçant le sourcil, mais il me dit en souriant
et avec le calme d’un entretien ordinaire :
— Non, tu resteras avec, moi ; n’est-ce pas lé moment
de me garder?
Et d’un signe de tête il congédia Ymer, qui repartit
au galop en disant : c< Que Notre-Dame nous
réunisse ce soir ! »
Il pouvait être deux heures après midi ; le soleil était
radieux, le ciel sans nuage, l’air embaumé, et la campagne
toute souriante, en fête du printemps.
Nos phalanges désormais , au complet s’avancèrent
en masse à une centaine de mètres plus loin, et s alignèrent
au pied d’une montée parsemée de buissons et