Il ne jouit que des petites entrées; il est investi d’un
petit fief et profite de maints bénéfices non avoués. Il
enrôle pour son compte de quarante à soixante soldats,
et campe sous une tente noire auprès du Biarque. Le
Dedjazmatch nomme un comptable pour contrôler son
service.
Le Tedj-Assallafi {qui passe l’hydromel), ou échan-
son. On choisit, généralement pour cet office un cavalier
brave et avenant. Gomme l’entrain et la physionomie
des repas et des festins dépendent surtout de
l’hydromel, objet des convoitises de tous, les fonctions
de l’échanson y sont très-importantes. Il doit être doué de
tact et de mémoire, apprécier le cas à faire de chacun,
abn de diriger le boire sans l’intervention apparente du
maître et d’après ses intentions secrètes. A chaque fois
qu’il présente un burilé (carafon en verre) d'hydromel
au Dedjazmatch, ce dernier lui en verse un peu dans le
creux de la main, et il doit le boire en présence de
tous; il est de -service à tous les repas. Sur chaque bête
abattue, il prélève un morceau spécial de viande; il a
aussi une dîme sur les peaux, et il use librement de
l’hydromel pour sa consommation personnelle; mais,
en présence de son maître, il n’a droit de boire qu’un
seul burilé, qu’il consomme sur place, afin d’exclure
toute idée de convoitise de sa part. Il prélève une dîme
sur le miel. Il a une tente blanche et un petit fief qui
lui permet d’enrôler de quatre-vingts à cent vingt
hommes. Il fait partie du campement du Biarque, son
supérieur direct.
En marche, les hanaps en corne et les burilés
sont portés par les gardes du trésor; quand on verse
une amphore, un de ces derniers nommé à la fonction
de Gueuddavi, tient une écuelle au-dessoüs du hanap
ou dü burilé pour y recevoir le surplus de liqueur qui
se répand, car chaque coupe doit être emplie jusqu’aux
bords; ces égoutilles forment ses profits. Il y a plusieurs
Gueuddavis; souvent cette fonction très-recherchée
est confiée à un fusilier qui s’est distingué par
une action d’éclat.
C’est en présence du maître et des convives que l’échanson
fait enlever avec précaution la tape soigneusement
Iutée qui bouche l’amphore d’hydromel. Il fait
ensuite coiffer l’amphore d’un blanchet, et dans quelques
maisons, lorsqu’on l’incline pour verser la liqueur,
un fonctionnaire qu’on appelle Tedj- Tchari {griffeur de
l’hydromel) a le privilège, de frapper ou de gratter le
blanchet, avec le bord d’un hanap, afin d’activer la filtration
de l’hydromel. L’hydromel qui tombe dans son
hanap constitue son bénéfice. Si l’échanson trouve qu’il
prélève trop sur la liqueur, au lieu d’un hanap, il a le
droit de lui faire prendre, pour gratter le blanchet, une
serre desséchée d’oiseau de proie. Cette fonction bachique
est fort enviée, et on la donne ordinairement à un
fusilier d’élite.
Les Fellakis {retrancheurs) tiennent la coüpe soüs
l’orifice de l’amphore, et, avant de la remettre à l’échanson,
-ils en retranchent à leur profit un doigt de
la liqueur, qu’ils ramassent dans une écuelle* Cette
fonction, également fort recherchée, est souvent en-
levee aux gardes du trésor pour être conférée à un
fusilier d elite. Sur la présentation des chefs de corps,
le Dedjazmatch nomme à ces trois offices. Les effon-
drilles du vase d’hydromel en vidange sont réclamées
par les fusiliers présents. L’échanson a la charge dif-*
ficile de veiller à Ce que ces perceptions diverses ne
donnent pas lieu à des abus.
Le Tedj~Melkégna {maître de l’hydromel), 6u -bou-
tiHier, ordonnateur de l’hydromel. Il s’entend avec les