Il a droit de s’asseoir au bas bout de la table, où il
mange en même temps que le Dedjazmatch; ses camarades
ne s attablent qu’après que tous les convives
ont mangé. Ce sont les pages qui portent les livres de
piété, le pupitre, les bougies en consommation, les
bijoux et les petits objets d’un usage journalier. Enfin,
le Dedjazmatch conféré quelquefois à un page le droit
de Tchari (gratteur) ; muni de la serre desséchée d’un
oiseau de proie, le tchari pendant les repas, gratte
inopinément le dos d’un convive et accompagne cette
liberté d’espiègleries, quelquefois spirituelles, qui lui
valent alors le verre d’hydromel que tient en main
celui qu il a provoqué. Ce petit fonctionnaire doit
être hardi, malin et prompt à la répartie, car s’il commet
quelque balourdise, il est hué et mis à la porte,
souvent sans souper. Les pages sont, du reste, l’objet
des avances et des caresses de tout le monde et jouissent
de plusieurs petits profits domestiques. La discrétion
est la première qualité qu’on exige d’eux.
Sur la présentation du Biarque, le Dedjazmatch
nomme :
La Wouette-Bet Alaka, maîtresse des cuisinières;
La Netch-Abbeza Alaka, maîtresse des boulangères
qui font le pain blanc ;
La Tokour-Abbeza Alaka, maîtresse des boulangères
qui font le pain bis ;
La Tedj-Abbeza Alaka, maîtresse de quelques
femmes chargées de la fabrication de l’hydromel;
La Talla-Abbeza Alaka, maîtresse des brasseuses
de bouza ou bière ;
La Gonbegna Alaka, maîtresse des porteuses des
amphores d’hydromel.
Chacune de ces maîtresses nomme parmi ses subordonnées
un lieutenant et d’autres fonctionnaires
telles que gardienne, contrôleuse, directrice, assaison-
neuse (etc.). Le Dedjazmatch désigne parmi les cuisinières
une femme qui a la fonction de lui laver les
pieds lorsqu’il descend de cheval ou lorsqu’il remonte
sur son alga après une sortie à pied. Il choisit aussi
une femme chargée du soin de tresser sa coiffure. Les
femmes qui composent ces différents services suivent
l’armée à pied et portent elles-mêmes leurs ustensiles
ou les font porter par des apprenties qu’elles engagent
pour leur compte. On donne ordinairement une mule
de, selle à la maîtresse des cuisinières et à celle des
fabriquantes d’hydromel. Toutes ces femmes reçoivent
des rations par les soins du Biarque, auprès duquel
elles campent. Selon leurs attributions, elles ont droit
à certains morceaux de viande par chaque bête abattue
; les porteuses d’hydromel entre autres ont droit à
l’épaule. Celles-ci doivent apporter l’eau pour la boisson
des chevaux et enlever le fumier de leurs loges; en
campagne, elles sont chargées de la mouture des
grains et elles prélèvent un droit sur la farine ; elles
ont droit aussi à la cire qu’on retire de la fabrication
de l’hydromel. Quand l’armée n’est pas en campagne,
elles sont chargées de la filature du coton qui sert à la
confection des toges. Les cuisinières fournissent l’eau
pour la boisson des mules de selle et enlèvent le fumier
de leurs loges. Les boulangères concourent à la
mouture, doivent porter leur levain, leur pâte et leurs
fours, mais reçoivent la farine de la main des sommiers;
de même que les cuisinières et les brasseuses,
elles ont parmi elles une section de femmes chargées
de ramasser les broutilles et de faire les fagots.
En temps prospère, ces femmes réunies peuvent
être au nombre de deux à trois cents; une campagne
laborieuse ou des marches longues et rapides les ré