rie, les cuisinières, les boulangères, les mouleuses,
toutes les servantes de la cuisine, les femmes qui
brassent la bière, celles qui délayent le miel pour
l’hydromel, celles qui travaillent aux ouvrages de
vannerie, les fileuses, enfin presque toute la domesticité
proprement dite reçoit directement des ordres
de lui. Il s’entend avec les deux sénéchaux pour
distribuer les subsistances à tous ceux dont l’ordinaire
a été fixé par le Polémarque; il veille à tous les approvisionnements
de bouche et à l’entretien du parc
de vaches laitières et d’animaux pour la boucherie. Il
est chargé des rations, de l’habillement et de la paye
de tous les gens de service. Il est gouverneur des terres
domaniales, et perçoit le tiers des amendes ou frais
judiciaires qui proviennent des procès entre leurs habitants.
Il est aussi investi d’un fief important et revêtu
d’une cotte-d’armes en soie; il prend place au
Conseil et au Lit de justice, où il siège à côté des
sénéchaux. En, outre des perceptions diverses que
lui concède le Polémarque, il cumule une quantité
de petits profits sous-entendus. Aux jours de festin,
une longue verge à la main, et revêtu de sa cotte-
d’armes, il se présente en cérémonie, suivi de tous
les officiers de bouche et de leurs valets portant
sur la tête les corbeilles de pain, des cuisinières
avec leurs plats fumants, et d’une file de femmes
chargées d’amphores d’hydromel, pendant que les
timbalièrs battent à la ripaille. Debout à l’extrémité
de la table, il dirige l’ordonnance jusqu’à ce que le
Dedjazmatch ait fini de manger ; alors il donne le signal
à l’échanson en chef de faire verser l’hydromelr et il
s’assied ensuite au fond 4e la salle, d’où il surveille
tout le service. La plupart des gens de la domesticité
campent autour de sa tente blanche, dont la place est
fixée derrière les timbaliers, qui s’établissent toujours
en face de la tente du Dedjazmatch. L’Azzage
du Damote entretenait pour son propre compte de
trois cents à huit cents combattants. Il s’entend avec
son maître pour la nomination de plusieurs contrôleurs
qui ne relèvent que de lui et qui ne jouissent,
du reste, que d’une très-petite considération.
Il a ses grandes et petites entrées, et la faculté de
prélever une quantité de petits profits qui rendent
sa charge presque aussi lucrative que celle du
Grand Sénéchal. Cet officier a un lieutenant nommé
par le Dedjazmatch, - lequel lieutenant peut n’être pas
investi d’un fief, et en ce cas son entretien et sa
paye consistent en certaines dîmes sur les approvisionnements.
Le Moulla-Bet-Beudjeround, ou Trésorier général
et Maître de la garde-robe. Il est chargé de la
garde de toutes les valeurs-meubjes, de l’argent, des
bijoux, des objets de parure, de toilette et des
armes personnelles du Dedjazmatch. Il a aussi le
dépôt des raisins secs, du vin et de l’eau-de-vie que
fournissent en impôts certains fiefs désignés, les octrois
des villes, des marchés, et, sur lesquels il prélève
pour lui-même un dixième ; il perçoit un tant
par cotte-d’armes dont son maître revêt ses dignitaires,
comme aussi par chaque décoration honorifique
donnée à un homme de l’armée. Il perçoit
encore un dixième de tous les impôts payés en or,
en argent ou en sel, comme aussi un tant sur le
pesage de l’or et sur tous les cadeaux qui sont offerts
au Prince et dont la garde lui est confiée.
Il jouit encore de plusieurs autres droits que leur
multiplicité rend fort lucratifs. Si, à la suite d’un