liers; ce qui semblerait donner raison à leur observation,
c’est' que cette herbe n’existe pas dans les
kouallas dits beurha, et que -les chevaux n’y sont
point frappés de la maladie en question.
Les animaux sauvages, tels que les grandes et
les petites antilopes, la gazelle et tous ses congénères,
abondent. Les sangliers de taille moindre que
ceux des deugas se multiplient étonnamment, quoique
de nombreux lions en fassent leur proie habituelle,'
les hyènes et les chacals sont d’une férocité plus
grande. Dans les kouallas les plus bas, dits beurha,
on rencontre le buffle, le rhinocéros, l’éléphant, fa
girafe, l’autruche, l’onagre, l’hippopotame, le crocodile
ét bien d’autres animaux malfaisants. Ces quartiers
sont souvent égayés par des bandes de grands
singes cynocéphales, mis en fuite par lsa fronde
des gardiens des plantations ; ils s’arrêtent hors
portée, s’entre-pillent les fruits de leurs larcins,
cachés dans leurs joues, et regardant malicieusement
le champ qu’ils ont dévasté, se réjouissent
en cris et en gambades, pendant que les vieux de
la bande, les stratèges, ont l’air de prendre gravement
leurs mesures pour un nouveau plan de
maraude.
Cette distribution de l’Éthiopie en deugas et
kouallas, jointe à la périodicité de ses pluies, donne
au régime de ses eaux un caractère spécial. Ailleurs,
les cours d’eau arrosent et fertilisent ; en Éthiopie,
ils semblent distribués comme d’après un vaste
système d’égouttement des terres ou drainage, et
n’arrosant que leur lit, ils vont porter la fécondité
aux terres de la Nubie et de l’Égypte, qui, sans ces
cours d’eau, ne seraient qu’un désert aride. L’hiver, les
cours d’eau des kouallas, augmentés de tous côtés
par le regorgement des eaux pluviales des deugas,
deviennent torrentueux, mais pendant l’été et l’automne,
il ne reste que des lits quelquefois complètement
desséchés; les sources sont rares, peu
abondantes, de longs espaces en sont dépourvus.
D’autre part, les kouallas qui ont des cours d’eau
continus, un peu volumineux, sont frappés d’insalubrité.
Les djins, disent les indigènes, veillent sur
leurs bords pour frapper de fièvres pernicieuses ou
typhoïdes, trop souvent mortelles, ceux que la fatigue,
la fraîcheur et l’ombre convient à s’y livrer
au repos. Les kouallas,. même salubres, deviennent
malsains lorsque les premières pluies de l’hiver
humectent les terres altérées, et lorsque le soleil
du printemps les dessèche de nouveau. Le séjour en
deuga passe, au contraire, pour être toujours sain.
Du reste, même en Éthiopie, les termes deuga
et koualla sont relatifs ; telle contrée basse est quelquefois
nommée deuga par ses voisins qui habitent
un koualla plus profond encore, comme tel district
deuga, sis à une altitude de plus de 2,000 mètres,
est traité de koualla par ses voisins qui vivent sur
des terres d’une altitude plus grande.
Déduit à sa dernière expression, le deuga est
un plateau borné par des précipices dont l’escarpement
est souvent tel, qu’on peut s’asseoir sur le
bord, les jambes pendantes dans le vide, comme si
l’on occupait la margelle d’un puits. On trouve
quelquefois, dressé abruptement au milieu d’un
koualla, un deuga de la plus petite échelle, rendu
inabordable par la main de l’homme; ce deuga en
miniature devient un mont-fort, forteresse naturelle,
dont les hill-forts de l’Inde ou la forteresse de Koe-
nigstein, eu Saxe, donnera l’idée exacte. Quelques