frapper dessus pour l’enfoncer en terre sans le faire
éclater. Cette espèce de pieu porte à sa partie supérieure
trois ou quatre crampons; fiohé en terre, il sert
à suspendre les armes, à une halte ou sous la tenté.
Ceux qui conduisent les bêtes de somme, les bûcherons,
les coupeurs d’herbe, et tous les valets d’armée
sont munis de cet instrument, qui, au camp, sert à
suspendre les armes ou les harnais, et qui Sert d’a-
vant-pieu pour construire les huttes, dresser les
tentes, creuser les rigoles, planter les piquets d’attache
des chevaux, découvrir les silos cachés dans
la campagne ou creuser la fosse pour les morts, Il
se trouve dans toutes les maisons et semble être
identique à celui que Moïse recommandait aux Hébreux,
pour creuser la terre et y déposer tout ce qui
pouvait nuire à la salubrité de leur, campement. Les
soldats éthiopiens l’emploient au même usage ; les
chefs s’en servent pour y accrocher un porte-missel et
une bougie, lorsqu’ils se lèvent de nuit pour accomplir
leurs dévotions.
De nombreuses décorations honorifiques entretiennent
la vanité des Éthiopiens; les principales sont
une espèce de brassard en argent ou en vermeil, la
demi-couronne, certaines parties de la peau du lion et
diverses pèlerines de guerre. Le brassard, haut d’environ
20 centimètres, orné quelquefois de fort belles applications
en filigrane doré, se porte au poignet droit;
à l’origine, il fallait avoir tué dix hommes pour l’obtenir.
La demi-couronne, garnie de trois toûrelles, est
faite aussi en argent ou en vermeil; elle s’attache sur le
front, au moyen d’une espèce de lemnisque écarlate;
elle ne se donnait qu’aux cavaliers les plus intrépides ;
l’homme qui la portait encourait la peine du fouet, si,
même lors d’une défaite, il tournait le dos à l’ennemi.
Quiconque s’était rendu remarquable pour avoir pénétré
plusieurs fois le premier dans des lignes ennemies,
recevait du chef d’armée une bande de la crinière
d’un lion, qu’il avait le droit de fixer à l’umbon de son
bouclier. Celui qui s’était distingué en couvrant une
retraite, recevait une queue de lion qu’il portait également
à son bouclier; et celui qui avait tué un lion
avait droit d’y accrocher également la peau d’une des
pattes de devant armée de ses griffes.
Les chefs d’armée donnent aux combattants qui se
distinguent des pèlerines de guerre faites en peau de
lion, en peau de panthère noire, en velours bleu ou
écarlate ou en drap de même couleur; pour les hommes
d’un rang élevé, ces pèlerines sont souvent chargées
d’ornements en argent et en vermeil. Celui qui s’est
distingué .plusieurs fois en combattant avec le sabre,
recevait un fourreau de sabre, garni de nombreuses
bélières et d’une bouterolle en vermeil; celui qui, dans
un combat, a reçu un certain nombre de javelines sur
son bouclier, a seul le droit d’y faire appliquer des ornements
en cuivre ou en vermeil, comme aussi de porter
suspendu, par un cordonnet en soie, au ceinturon
de son sabre, un petit étui en argent orné de breloques.
Cet étui remplace celui en peau renfermant pne pin-
cette terminée en lame de couteau, dont tous les Éthiopiens
se servent pour extraire les épines de leurs pieds,
Celui qui a tué un éléphant a le droit d’orner la douille
de sa javeline d’une spirale de fil de laiton.
Telle était la valeur primitive attachée à ces
décorations ; mais la plupart se trouvent démonétisées
par suite de la prodigalité avec laquelle des
chefs d’armée, peu certains de leur pouvoir, les ont
distribuées à leurs soldats. Le brassard, le fourreau
de sabre garni en argent, la demi-couronne, la