d’Aksoum. Les Walaytsas, Gobos et Koullos actuels
faisaient partie de l’ancienne province de Dawaro, plus
compacte probablement et surtout plus étendue que
les principautés actuelles, où l’on parle un idiome
à part, et où les petites principautés paraissent
s’être divisées par les incursions incessantes des II-
mormas. On ignore si les Touftés et les Yemmas et
autres tribus dites Djandjéros obéissaient, dans ¡leurs
localités actuelles, à l’ancien Empire qui nous occupe.
D’après la tradition, le deuga du Kafa, si
remarquable par sa végétation tropicale et par l’indolence
de ses habitants, n’a jamais appartenu à
l’Empire; mais il faut y comprendre comme frontière
la grande forêt qui s’étend du Kafa jusqu’au
deuga du Guéra, la plus haute terre du Gouma, le
pays Chinacha-Dafilo, et toutes ces pentes terminées
d’ailleurs abruptement du côté du koualla qui relie
la haute terre du . Damote à la plaipe basse, où
coule le grand bras oriental du fleuve Blanc, Peut-
être est-il plus probable que ces pentes ont toujours
été, comme aujourd’hui, à l’état de hernes frontières;
peut-être faut-il, en remontant vers le nord, prendre
comme limite la rivière Did-essa, dont le vrai cours
embarrasse les géographes. Toutefois, ce qui milite
contre cette opinion, c’est le fait bien constaté que
le Sennaar appartenait aussi aux Empereurs, car
pendant la saison pluvieuse ils envoyaient leurs mules
de selle hiverner dans cette province. Puisque
nous avons nommé ces rivières, disons aussi que
l’invasion ilmorma paraît avoir refoulé dans leurs
kouallas les Simitchos, qui parlent une langue très-
voisine de celle d’Afillo, les Konfalsj dont on ne connaît
guère que le nom, les Kotelets, dont l’origine
et les affinités sont inconnues, et peut-être les Tokquerouris*
qui sont une vraie pierre d’achoppement
pour l’ethnographie éthiopienne. Toutes les nations
ci-dessus mentionnées sont de race rouge; mais sur
la rive droite de l’Âbbaïe, et bornés à l’Est par les
hernes des Aouawas ou Agaws, vivent les Gouinzas,qui
sont de véritables nègres. Sur la rive gauche de la
même rivière, sont les Negayas, qui, bien que nègres
aussi, sont peut-être complètement distincts de ceux
qui viennent d’être nommés. Les Guinjars ou habitants
de la Nubie, d’origine arabe et parlant encore
un arabe corrompu, étaient autrefois, comme partiellement
encore aujourd’hui, tributaires des chefs des
deugas éthiopiens. En suivant vers l’Orient les hernes
de l’Armatcho, en traversant la rivière Gouangué
ou Atbara, les cours d’eau du Walhayt, qui finissent
au Takkazé, on arrive chez ces tribus curieuses, qui,
nègres pour les uns et rouges pour les autres, se
divisent en Naras, Barias, Marias, noms qui représentent
autant de peuplades indépendantes que de langues.
Du reste, chacune des peuplades mentionnées
dans cette énumération a une langue tout-à-fait
distincte; il en est de même des Bidjas et Beni-
Amer, qui ont obéi au roi d’Aksoum jusqu’au jour
où le fanatisme musulman fit massacrer à Saouakin
la grande caravane de chrétiens éthiopiens qui se
rendait à Jérusalem, Les Bidjas sont les voisins des
Tigrés, et on arrive ainsi au point d’où nous sommes
partis. Dans l’intérieur de la vaste enceinte qui
vietit d’être tracée, vivérit des restes de nations
antiques, qui conservent encore des langues et
même des religions distinctes, car, comme il a été
dit plus haut, le travail de fusion qui plaît tant en
Europe semble n’avoir jamais été du goût des
Éthiopiens. Ainsi l’on trouve les Asguidés qui parlent