cents à quinze cents combattants. Parmi les fiefs de
cette nature en Damote, aucun ne comportait ni titre,
ni la cotte d’armes en soie, à l’exception de celui du
chef de l’avant-garde et d’un autre fief qui conférait le
titre de Sénéchal. La dignité attachée à ce dernier fief
provient de ce que du temps des Empereurs il était attribué
au grand Sénéchal de l’Empire. Ces grands fiva-
tiers, qui peuvent être renouvelés d’année en année,
constituent, sans toutefois les former explicitement, le
corps dirigeant de la maison d’un Dedjazmatch. C’est
parmi eux souvent que la fortune prendra son successeur
ou son rival. Ils composent son conseil, et malgré
le pouvoir personnel en apparence du Dedjazmatch, on
peut dire que pour tout ce qui est important, il n’agit
que d’après l’avis de ces possesseurs de grands fiefs. Ils
campent sous des tentes blanches au milieu de cercles
formés par les huttes de leurs soldats, et chacun occupe
dans le campement une place déterminée en raison du
fief dont il a la tenure.
Les titulaires de fiefs moins importants, dits fiefs à
hydromel, parce que les revenus de ces fiefs leur permettent
l’usage journalier de cette liqueur, sont reçus
à dresser au camp une ou plusieurs tentes en toile
blanche ; les tenanciers de fiefs moindres n’ont que
des tentes noires faites en laine beige grossièrement
tissée, ou bien à chaque nouveau campement, ils se
font construire par leurs soldats une hutte recouverte
de chaume, d’herbes vertes, ou même de feuilles.
Après avoir distribué les grosses investitures, le
Dedjazmatch répartit, entre ses nombreux Meuzeuzos,
les fiefs secondaires, et il arrive graduellement à ceux
dont l’étendue et les revenus sont le moins considérables
; puis, il. nomme à tous les offices énumérés plus
haut.
Il nomme ensuite aux différents bénéfices ecclésiastiques
de ses provinces et il nomme les Alakas ou
abbés des villes d’asile. Il compose ensuite le Sihil-
bet (maison à images) ou chapelle particulière, consistant
en trois ou quatre prêtres et un nombre
indéterminé de clercs. Ces ecclésiastiques campent
à la droite de la tente du Dedjazmatch, sous des
huttes et autour d’une grande tente blanche qui
sert de chapelle, . où, longtemps avant le jour, ils
se réunissent pour chanter les offices.
A qguse des éventualités de la guerre, ils emportent
rarement une pierre d’autel avec eux, ce qui fait qu’en
campagne, ils ne disent pas la messe. Le Dedjadj Guos-
cho ne se faisait point suivre de ses aumôniers quand
il avait lieu de prévoir que la campagne serait périlleuse;
en ce cas, il emmenait seulement son confesseur.
Parmi les clercs, il se trouvait toujours un
légiste, muni du texte guez du code Byzantin, et
capable de le consulter dans les rares cas où les
parties en référaient à ce code. Le Père confesseur
est ordinairement pourvu d’un bénéfice; les autres
ecclésiastiques touchent des rations et de modestes
émoluments.
Vient ensuite le règlement des ordinaires et
rations de ceux qu’on appelle mangeurs de la redevance.
Cette catégorie est composée des commensaux
du Dedjazmatch. Ce sont des réfugiés de marque,
des vassaux disgrâciés, ou des nobles venus d’autres
x provinces ' pour prendre du service ou obtenir
des secours, ou enfin de braves cavaliers que le
Dedjazmatch n’a pu pourvoir de fiefs, et qui se contentent
provisoirement de rations pour les homrnés
de leur suite et espèrent, en partageant journellement
la table de leur seigneur, gagner sa faveur.
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