jeter tput ce que tu possèdes 4 la tete dos gens, tu
ferais bien de me rendre ma, fflle.
Et, s’adressant à mqi :
— Trouve-t-on dans ton pays des écervelés comme
çelq? Ne te de pas à ce gazouillard dont le cheval
et la langue s’emportent à tout propos. Quelque
jour, il y laissera ses os. Toi, Mikaël, tu m’as l’air
raisonnable, et tu n’ajouteras foi ici qu’à la bieq-
veillance de notre Seigneur; elle est déjà telle pour
toi, que pour lui faire notre cour, chacun s’évertue
à te prouver du dévouement.
— Par Notre-Dame-de-la-Jambe-Çassée. (1) ! reprenait
Ymer, est-ce que Monseigneur ne congédiera
pas ce pronostiqueur? Fâcheux beau-père ! Ah! pourquoi
sa fille était-elle si jolie? Tiens, Mikaël, n’épouse
qu’une' orpheline; c’est un couseil d’ami que je te
donne.
Le Prince encourageait Ges plaisanteries, tau-
jours courtoises; c’étaient des lazzis, des ripostes,
de francs rires. Ces trois hommes s’aimaient sincèrement.
L’armée du Dedjadj Guoscho était dispersée dans
les fiefs ; il n’avait auprès de lui que les fusiliers de sa
garde et quatre centeniers avec leurs hommes. Mais ses
yassaux affluaient de toutes parts pour lui faire leur
cour, solliciter ou suivre quelque affaire en justice;
ce qui entretenait une grande animation à Dambatcha.
(1) Un cayalipr pénétra dans l ’&sjlq de ¡jlarjola Mariai?}, en Gojanj,
malgré la défense de l’abbé, et il en sortait après avoir commis quelque
acte de violence, lorsque son cheval s’abattit sous lui et lui cassa la
jambe. Il dit à ceux qui le relevèrent, qu’au moment de l’accident}
la Sainte-Vierge (à laquelle était dédiée l’église de l’asile) lui était
apparue dans les nuages avec un visage courroucé: Le peuple y
vif un miracle, et l’église est connue aujourd'hui spùs 1$ vocable
de Notre-Dame-de-la-Jambe-Cassée.
La femme du Dedjqzmqfcfl envoyait dpux ou trois
fois par jour s’informer de mes. besoins ; elle manifesta
le désir (le me recevoir chez plie. Le Prince me fit
sonder à cè sujet, mais je crus devoir montrer beaucoup
de réserve; je mP rappelais les paroles du Lik
Atskou et je voulais, aqtant que possible, me tenir à l’écart
de la vje intime de mes hâtes. Le Prince, fit dire à
sa femme de ne point insister; et je n’eus pas lieu de
m’apercevoir que mop refus ait causé du dépit à la
Waïzoro, qui se préoccupa, comme ayant) de pourvoir
assidûment à mon bien-être. Elle disait que, me voyant
seul, loin de ma mère ef de mes smms, elle devait, par
ses soins, les remplacer auprès de moi et me tenir lieu
de famifle? parce qu’une femme seulement sait pourvoir
avec intelligence aux détails de la vie matérielle.
En effet, elle s’imposa cette tâche, dont elle s’acquitta
toujours de la façon la plus convenable et la plus
délicate-
Un jopr, le Dpdjazmatch me proposa une chasse
au sanglier ; je j’apcompagnni, monté sur ma modeste
mule. Chemin faisant) ü me demanda si dans mon
pays on aimait les mules qui vont l’amble ; il en montait
une lui-même fort belle. Je répondis qu’en France
l’homme de guerre ne montait que le pheyal ; qu’on
laissait la mule pour le bât- Sans faire attention à ce
qu’il pouvait y avoir, dans ma réppnse, de peu aimable
pour lui, le Prince se contenta de dire i
—r Ici, l’on préfère réserver l’ardeur des chevaux
pour le moment du combat) et monter des mules'pour
Voyager sûrement dans notre pays montagneux. Mais
peut-être ignores-tu ce que c’est qu'une bonne
mule. ■ _ .
Il se fit donner la mule d’un de ses suivants et
m’offrit la sienne. Elle était si bien dressée que, tout