à un mur et reçut des mains du prieur un long-
bâton, en forme de béquille,- qu’on trouve dans les
principales .églises et dont se servent les moines
pour se soutenir debout durant leurs longues oraisons.
Quand il entrait dans une église, c’était avec des
marques exagérées de respect; mais si 1 intérieur était
désert, il se dépouillait de ses allures fastueuses,
congédiait sa suite, à l’exception d’un ou deux favoris,-
i f il semblait alors prier avec ferveur.
L’office terminé, tout le clergé lui chanta un hymne
ën guez composé en son honneur. Ces démonstrations
courtisaneSques lui déplaisaient; mais, dans 1 incertitude
de ses affaires, il avait intérêt à se' concilier
les prêttes de cette paroisse influente. Il leur dit qu’il
ne voulait gouverner que pouf le bonheur du pays,
et qu’ils eussent à le faire comprendre à tous. Le plus
âgé s’avança, le bénit, èt, conformément à l’usage,
termina en récitant avec tout le monde un Pater et
un Ave à son intention.
Rentré ensuite au camp, au milieu des acclamations
des habitants échelonnés sur notre route, et
dans tout l’orgueil d’un haut pouvoir, Birro réunit
ses chefs dans un long festin.
Chaque jour, quelque ancien officier de Conefo
ou de ses fils venait prendre service chez Birro, qui
s’appliquait à se faire- accepter par les , notables du
Dambya et â donner de lui unè opinion plus favorable
que Celle qu’il avait laissée a la cour du Bé-
gamdir; car, bien que brillante, la position que lui
faisait notre victoire à Konzoula était encore précaire.
Le Ras Ali, satisfait de la défaite de l’armée des Ml
de Conefo, ne voyait plus dans Birro qu’un instrument
bon à briser désormais. Dans l’espoir de s’emparer
de sa personne, il l’invitait à Venir le trouver
à Dabra-Tabor pour reprendre la Waïzoro Oubdar et
s’entendre avec lui sur un plan de campagne contre
Oubié, dont la vassalité nominale le fatiguait, disait-il.
Birro, averti par des familiers du Ras, demandait •
enoore quelques jours de délai, afin d’en finir avec
les rebelles du Dambya, à la réduction desquels il
procédait en effet, mais avec des ménagements calculés;
et, d’intelligence avec la Waïzoro Manann, il
suppliait qu’en attendant on lui envoyât sa jeune
femme. Le Ras lui envoyait des cadeaux, et il les lui
rendait avec usure; et, afin d’entretenir le dévouement
de ses soldats, il fermait les yeux sur leur
licence, leur donnait festins sur festins, pendant lesquels
il dictait à ses trouvères des bouts-rimés relatifs
à sa prochaine, entrée en campagne contre Oubié,
l’ennemi cauteleux de son gracieux suzerain le Ras
Ali. De son côté, le Ras faisait chanter par ses poëtes
des vers à la louange de Birro, son plus fidèle vassal,
son beau-frère, le mari d’Oubdar, sa soeur de prédilection.
La Waïzoro Manann, tiraillée par son attachement
pour son fils, par son -faible pour son gendre et par
son amour pour sa fille, n’osait agir, dans la crainte
de précipiter la catastrophe qu’elle cherchait à conjurer.
Birro achevait de la désespérer en lui faisant
dire qu’il se mourait d’amour pour sa fille, qu’il désirait
ne point altérer ce sentiment, mais qu’il ne pouvait
plus vivre de la sorte et qu’il ne lui restait plus
qu’elle pour sauver son bonheur domestique.
Prétextant le voisinage de rebelles, il tenait ses
troupes agglomérées et échelonnait des vedettes déguisées
depuis Furka-Beur (col qui donnait, accès à
son pays du côté du Bégamdir) jusqu’à son camp.
Nuit et jour, ces sentinelles étaient prêtes à donner
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