neuf cents lances et trois cents fusiliers seulement,
et nous campâmes à quelques milles de. la ville.
Je passai la nuit à observer les aspects, si nouveaux
pour moi, de la vie militaire éthiopienne.
L’armement du cavalier consiste en un bouclier,
un sabre et une ou deux javelines. Son bouclier ou
rondache, fait en peau de buffle, est rond, comme le
clypeus romain, et garni d’un umbon ou partie proéminente
au centre; son diamètre est entre 60 et 70
centimètres. Les sabres sont de deux sortes : les uns
ressemblent à nos demi-espadons de la cavalerie légère,
en usage du temps du Directoire; les autres
sont à deux tranchants, d’une longueur qui varie entre
80 et 140 centimètres, et recourbés au point de ressembler
à une monstrueuse faucille à deux tranchants,
rappelant beaucoup le harpe des gladiateurs
thraces. La poignée de ces armes est en corne, sans
garde ni branches d’aucune sorte ; les fourreaux, en
peau crue, sont recouverts en maroquin rouge, sans
bélière ; le fourreau du harpé est garni d’une boute-
rolle en forme de boule. Quant aux dards et javelines,
leur longueur varie entre 1 mètre 60 et 2 mètres 20 ;
le fer, depuis la douille jusqu’à la pointe, a une longueur
qui varie de 30 à 80 centimètres. Ces armes
présentent une grande variété de formes ; on y retrouve
Yespafut longue, large, à deux tranchants, la
frcvmée, la demi-pique, la guisarme, la tragule, l’es-
clavine, le carrel et la zagaye. L’extrémité inférieure
de la hampe est garnie d’une spirale en fer qui sert
de contre-poids et de frette.
Toutes ces armes sont d’une acération très-imparfaite;
aussi, les demi-espadons d’Europe, fabriqués
d’une certaine façon, sont-ils très-recherchés et atteignent
ils quelquefois le prix du plus beau cheval.
Le corps de la selle est formé de deux petites
planchettes ou semelles, recouvertes de peau.de boeuf
verte et rasée. Ces planchettes, espacées parallèlement
à l’épine dorsale du cheval, sont reliées entre
elles par un arçon droit à courbet et un troussequin
faits d’un bois très-léger recouvert d’une espèce de
parchemin, et hauts de quatre à six pouces. Les étriers
sont en fer très-léger aussi, et, comme l’étrier antique,
ne permettent que d’y passer l’orteil. Une peau
de mouton garnie de sa laine sert de coussinet et
empêche les planchettes de blesser le dos du cheval.
Un tapis de selle en drap rouge ou en basane, fendu
au troussequin et k Farçon, remplace les quartiers
et tombe de chaque côté du cheval en deux longues
pointes. Une croupière, une sangle et une poitrinière
assujétissent cette selle, aussi légère que nos selles
de course. La tête du cheval est garnie d’un licol en
cuir dont la longe est passée à Farçon, et d’une têtière
sans sous-gorge. Une lanière étroite, partant
du fronteau à la muserolle, soutient quatre ou six
petites rondelles en laiton poli, qui ballottent sur le
chanfrein et miroitent à tous les mouvements du cheval.
Le mors, semblable a celui des chevaux arabes,
a un anneau pour gourmette ; les rênes sont comme
celles dont se servaient nos chevaliers du moyen-âge.
Chaque cavalier porte suspendue sous son tapis de
selle une bougette contenant un tranchet, quelques
fines lanières et une alêne pour raccommoder au besoin
son harnais. Les simples cavaliers suspendent
aussi à Farçon un faucillon servant à couper l’herbe.
Tous montent à cheval en fauconnier, c’est-à-dire
du pied droit et du côté nommé hors-montoir. Cette
habitude provient de ce que, portant le bouclier au
bras gauche, ils ne pourraient commodément saisir