le siège de l’Empire sur plusieurs points de leur territoire.
Selon les Éthiopiens, leur première capitale
aurait été dans la contrée qu’occupent aujourd’hui
les Ilmormas, dits Gallas-Azabos ; c’était lé temps de
la splendeur de la ville d’Adoulis, emporium du
commerce entre l’Égypte et les pays que baignent
les mers, des Indes et de la Chine. La capitale de
l’Empire fut ensuite transférée à Aksoum. Jusqu’alors,
la nation avait professé là religion judaïque;
c’est à Aksoum, qu’au quatrième siècle de notre
ère, l’Empereur régnant, ainsi qu’une partie de sa
famille, auraient adopté le Christianisme que leur
apportait Frumentius. Les princes restés fidèles au
Judaïsme soulevèrent plusieurs provinces contre l’Empereur,
apostat à leurs yeux. Après avoir longtemps
désolé le pays, les guerres de religion se terminèrent
par la réduction finale des partisants du culte
primitif, qui se réfugièrent, dit-on, dans les montagnes
du Samen, où ils purent pratiquer leur religion
et la transmettre à leurs descendants pendant
une longue suite de générations. Depuis cette époque
reculée, il existe en Éthiopie une loi coutu-
mière, qui interdit à tout juif de posséder terre ou
maison, de séjourner même à l’orient du Takkazé.
Aujourd’hui encore, les quelques représentants dégénérés
de ces antiques vaincus, dispersés sous le nom
de Fellachas, et qui n’ont plus pour religion qu’un
judaïsme défiguré, subissent cette loi; et malgré
l’état désordonné de la propriété dans, toutes les
provinces entre le Takkazé et la mer Rouge, malgré
la facilité relative d’y acquérir des terres, aucun
fellacha ne songerait à s’y établir, comme aucune
commune n’y consentirait au mépris de cette interdiction
antique.
A Aksoum, les Empereurs se trouvaient encore
sur J a grande route commerciale qui, partant de
l’Égypte, passait à l’île de Méroé, arrivait à Aksoum,
et par Adoulis aboutissait jusqu’à la Chine. Mais
les nécessités politiques les portèrent à s’établir
successivement au sud de leurs États, dans les
provinces de Lasta. et de- l’Idjou, puis dans les
basses contrées voisines occupées aujourd’hui par les
tribus Afars, dites Taltals ou Danakils; puis dans le
Chawa, puis dans l’Amara, province restreinte aujourd’hui
par l’invasion des' Ilmormas musulmans
du Wallo, dits Gallas; plus tard, au delà de l’Ab-
baïe , dans le grand Damote qu’occupent # maintenant
les Ilmormas païens; de là, dans le Sennaar,
puis dans le Metcha, d’où ils transportèrent encore
une fois leur cour à Idjou, puis sur la frontière du
Harnacenn, et successivement dans plusieurs autres
provinces, jusqu’à l’époque de la grande invasion
musulmane conduite par Ahmed - Gragne, dans le
seizième siècle environ, époque à laquelle ils fixèrent
leur vagabonde capitale à Gondar, où vint expirer
leur pouvoir et s’accomplir le dépouillement de leur
famille et la ruine de l’Empire.
A l’origine,' le mot Atsé impliquait les idées de
protection et de gestion suprême; mais, de même
que celui d’Imperator chez les Romains, il est devenu,
par corruption, synonyme de despote.
Pour devenir Atsé, il fallait être agnat de la
famille de Menilek, et la primogéniture établissait
le droit à la succession au trône; mais ce droit n’était
pas si impérieux qu’il ne pût être suspendu, lorsque
l’empereur désignait son successeur, soit de
son vivant, soit par testament, ou lorsque la nation
manifestait spontanément ses voeux.