poursuit de près, saisissant les occasions de frapper;
v puis soudain elle fait volte-face et prend l’offensive
; et les rôles s’échangent ainsi successivement,
jusqu’à ce que la mêlée s’engage, soit par l’effet de
l’entraînement de ceux, qui poursuivent, soit, ce qui
est plus fréquent, parce que ceux qui cèdent le terrain,
espérant désordonner leurs adversaires, font
volte-face subitement et de façon à la rendre inévitable.
Les fantassins Gojamites sont bien plus habiles
que les Gfallas à combattre en troupes de cette
façon ; et à cause de la vivacité plus-grande de leur
caractère et de leurs mouvements, les natifs des
kouallas sont en général supérieurs à ceux des deugas.
C’est, comme on le voit, la tactique du combat des
Horaces et des Curiaces; aussi, personne en Ethiopie
ne songerait-il à louer ou à blâmer la fuite de
l’Horace vainqueur.
La cavalerie emploie la même tactique, mais d’une
façon plus accentuée, les évolutions ayant lieu à fond
de train et sur un champ plus étendu. Les mêlées
sont bien moin$ fréquentes, quoique les corps à corps
soient plus communs, deux partis pouvant s’entremêler
et se disjoindre presque aussitôt. Quand les
cavaliers en viennent aux mains, avant d’être à portée
de javeline, c’est-à-dire à environ trente mètres,
moyenne du jet pour les cavaliers, les uns tournent
bride et cèdent le terrain, en accélérant l'allure, à mesure
que les autres approchent. Ils fuient, le regard
en arrière, comme les fantassins, et le bouclier sur la
croupe du cheval, prêts à couvrir leur monture ou
leur personne ; les bons cavaliers protègent ainsi jusqu’aux
jarrets du cheval; puis à l’instant opportun,
ils reprennent l’offensive comme dans le combat à
pied- Le moment difficile , principalement pour le
cavalier, est celui où il faut volter, soit pour
fuir, soit pour prendre l’offensive; dans ce mouvement,
outre qu’il découvre sa personne, il présente
la plus grande surface de son cheval. Si l’un des
partis est mieux monté, ou si ses chevaux sont plus
frais, il peut, en donnant la chasse, rompre et diviser
la troupe ennemie. On voit de quelle importance est
le cheval dans ce genre de combat, et l’on comprend
pourquoi les cavaliers éthiopiens ont maintenu
l’antique usage, rapporté dans la Bible, d’exécuter leurs
marches à mule ou à bidet, afin de conserver au cheval
de combat toute sa vivacité et sa souplesse. Aussi, tel
qui n’a qu’un cheval ira à pied des journées entières
en le conduisant à la main.
En conséquence de son armement et de sa manière
de combattre, le fantassin rondelier a peu de chance
de réussir contre un cavalier, partout où le terrain
laisse au cheval.la liberté de ses mouvements; et un
corps de plusieurs mille fantassins, dépourvu de fusiliers,
se laissera presque toujours entamer sérieusement
par quelques centaines de cavaliers. Néanmoins,
la cavalerie donne rarement à fond contre l’infanterie;
elle sert à disperser un corps de fantassins déjà en
désordre, à éclairer les marches,' à engager le combat;
dans les batailles rangées, on en forme la réserve, on
la place aux ailes pour tourner l’ennemi ou le prendre
d’écharpe, mais on évite de l’opposer à une infanterie
compacte. De même que l’infanterie, lorsque deux
corps de cavalerie dépassent quelques centaines
d’hommes, ils engagent rarement une action générale;
ils prennent position et combattent par détachements;
et d’habitude, lorsque deux armées de
quinze à trente mille hommes chacune se sont campées
en face l’une de l’autre, leur cavalerie, appuyée
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