indigènes prétendent que le mot gondar n’est autre
que le mot Tegraïen, qui signifie ténia; les savants
gondariens repoussent avec indignation cette étymologie
et font observer que dans l’idiome. Félacha,
encore parlé dans quelques villages aux environs de
la ville, dar signifie gouvernement et gon, côte. A
l’appui de cette explication, ils comparent à un os
costal le prolongement montueux qui, partant du
mont Atanaguer, s’avance vers le S. en dominant
la plaine de Dambya, dont il est séparé par les
ruisseaux Angareb et Kaha, lesquels se joignent au
Magatch, un des principaux tributaires du lac Tsana.
C’est sur le sommet plat de ce- prolongement que
Gohdar est assise, avec ses dix-neuf églises; les
indigènes affirment qu’elle en contient quarante-
quatre, mais ils comptent celles des faubourgs presque
abandonnées et toutes du côté de l’Est. De quelque
côté que l’on arrive, on ne découvre Gondar que
lorsqu’on en est déjà près. Les hauts murs blafards
du palais impérial frappent d’abord la vue ; le ton
bistré des maisons basses et couvertes en chaume,
les larges espaces hérissés de ruines, les églises blotties
çà et là, dans leurs bosquets d’arbres élancés
et verts, le ciel toujours bleu, l’atmosphère limpide,
les alentours nus et accidentés, tout concourt à
donner à la ville une physionomie attrayante, paisible
et réjouie, malgré. son délabrement. Le sol
rocheux et couvert de pierres n’offre aucun vestige
de ces travaux habituels en Europe, dans les centres
populeux, tels que fontaines, aqueducs, égouts,
enceintes, places régulières, promenades et édifices
décoratifs; il est raviné par vles eaux pluviales; la
nature de ses rugosités dénote partout que des
mains industrieuses n’ont jamais cherché à le modifier,
et que les hommes y ont posé mais non fixé
leurs demeures. Du reste, la féodalité semble être
peu favorable à la formation de grandes villes : sous
ce régime, la famille constituée fortement, offre partout
un abri et un aliment au besoin de sociabilité;
de plus, l’homme ne prenant de valeur que par la
terre, c est dans les campagnes que s’établissent les
ambitieux, les puissants et les forts ; les villes restent
alors le refuge des déclassés, des artisans et de
la population flottante et de peu d’importance.
Les quartiers les mieux conservés sont : au S.,
non loin du palais, le quartier dit de l’ïtchagué et
le Salamgué ou quartier musulman, situé au pied
de la colline en dedans de l’Angareb et du Kaha;
a cote se trouve une place où se tient un marché
important de mules et de chevaux. Aü S.-E., le
quartier de Dinguiagué (pays de pierres), habité par
les trafiquants chrétiens ; à côté se trouve aussi une
grande place irrégulière et pleine de roches, où se
tient un marché hebdomadaire important. Au N., et
au pied du mont Tegraïe-Mutchoaya, le quartier de
1 Aboune ou légat du patriarche cophte d’Alexandrie, à
demi séparé de la ville par un ravin profond; et près du
palais, la maison du Ras bitwodded ou Grand Connétable,
joli castel en ruine, surmonté d’une tour. A
l’E., le quartier de Bâta. Au N.-O., au-delà du Kaha,
sur la lisière d’une petite plaine, le faubourg ombreux
de Kouskouam, ou l’on voit les jolies ruines
de l’église,, de l’habitation et de la grande tour
bâties à la chaux, vers 1720, par l’Itiégué Mintwab,
femme et mère d’empereur, célèbre par ses vertus
autant que par sa subite fortune ; on découvre au
S. la plaine de Dambya, et au lo in , à l’E., le
bord du plateau du Wogara. Les autres quartiers
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