avoir défilé devant le Dedjazmatch, ils formèrent êii
faisoeau, en face de lui, leurs perches et fascines;
ils en firent une fois le tour au pas de course et
vinrent se ranger sur la droite de notre tertre.- Birfo
Guoscho passa ensuite à la tête de ses gens, parmi
lesquels figurait .son nouveau vassal, le Dedjadj Baria;
ils tournèrent également autour du faisceau, chaque
homme y jetant sa perche ou sa fascine, et ils allèrent
se ranger à distance. Hauts dignitaires, seigneurs,
chefs de hande, tous les corps de l’armée défilèrent à
leur tour, et chacun ayant répété la même manoeuvre
se rangea de façon à former un cercle immense autour
du faisceau, qui avait atteint les proportions
d’une grande pyramide. Un prêtre l’ayant béni, on
y mit le feu. Les soldats poussèrent de grands cris
et les fusiliers firent des décharges, trompettes, timbaliers,
joueurs de flûte et de tambourin s’évertuant
à accroître le vacarme, Une ronde désordonnée de
fantassins et de cavaliers se forma autour du vaste
bûcher, tantôt disparaissant dans les nuages de fumée,
tantôt se profilant sur les flammes : c’était des soldats
qui, dans l’espoir de se rendre l’année propice, couraient
trois fois autour du bûcher de la Maskal, rappelant
ainsi les péridromes de l’antiquité.
Le Prince monta à cheval et rentra au camp
pour le festin,
Plusieurs tentes dressées d’enfilade suffisaient à
peine à contenir dans leur longueur son alga et
plusieurs tables basses, d’environ un mètre de large,
réunies bout à bout. Deux rangées de galettes de
pain, artistement empilées le long des deux bords de
cette table, laissaient au milieu comme une ruelle
d’une coudée de profondeur, prête à recevoir de
distance en distance les plats et les terrines.
Le Prince prit placé sür son alga, derrière lequel
Sbn Servant d’armeS, appuyé sur la javeline, tenait haut
le bouclier de son maître; sës commensaux, brassard
d’honneur aü poignet et sabre au côté; se rangèrent
debout autour de lui. Le page porte-aiguière
s’avahça et les Enjerras ÀssallafiS (panetièrs), les
épâüles et les bras nus, s’étant soigneusement lavé
les mains (1), s’échelonnèrént des delix Côtés de la
table et se tinrent debout, les coudés au corps et
les avaüts-bras ouverts. LeS huissiers së postèrent
' aux issues, et chef d’avant-garde, sénéchaux, tous
les principaux seigneurs vinrent se placer selon leür
naissance et leur rang. Une deuxième file de con -.
vives s’assirent de façon à pouvoir encore atteindre
la table en allongeant le bras, et derrière, les cavaliers
de marque, les fantassins et fusiliers d’élite
se tassèrent debout, en rangs pressés et si nom*
breux qu’ils soulevaient les parois des tentes. Les
trompettes de l’Azzage où biarque annoncèrent son
arrivée; la portière fut relevée et l’Àzzage Fantâ,
revêtu des insignes de sa charge, parut sur la place,
Conduisant les employés de la bouche. Des hommes
tenant sur la tête des paniers de pains de première
qualité, recouverts de housses écarlates traî-
. nantes jusqu’à terre, ouvraient la marche; puis deux
files dç cuisinières et de femmes de service portant
fles plats et des terrines de ragoûts bien lutées;
ensuite le premier échanson, suivi d’une longue
rangée de servantes courbées sous .leurs jarres d hydromel.
Pendant ce défilé, les timbaliers au dehors
(1) Les Engerras Assaliaüs ont seuls le droit de mettre la main au plat
et en répartissent le contenu.