remeût parsemés d’épines et de cailloux anguleux;
la plante de leurs pieds acquiert une épaisseur et
une élasticité étonnantes pour ceux qui n’ont pas
été à même de faire fessai toujours pénible de
marcher de la sorte. Les chefs et les hommes riches,
allant habituellement à mule ou à cheval, ont les
pieds moins endurcis que les hommes du commun, et,
soit à la chasse’, où il est presque toujours indispensable
d’être pieds nus, soit au combat, lorsqu’ils sont
forcés de mettre pied à terre en terrain difficile,
ils éprouvent fatalement quelquefois l’effet de leurs
habitudes sédentaires ou efféminées. De même que
les Arabes, ils croient *que la plante d e s. pieds résiste
en raison de l’état de santé des organes abdominaux
et surtout de l’estomac ; que l’homme
chez lequel ces organes s’altèrent éprouve à la plante
des pieds une impressionnabilité qui disparaît au
retour de la santé. Les habitants des kouallas, exposés,
à Cause de la grande sécheresse du sol, à
voir se fendiller la plante du pied, y remédient par
des onctions grasses et mettent alors, jusqu’à guérison,
des sandales ou une sandale seulement. Cette
sandale consiste en deux ou trois semelles de
cuir, brédies ensemble, et en lanières étroites formant
un oeillet pour recevoir le second doigt du
pied et s’entrelaçant jusqu’à la hauteur de la cheville.
Les trafiquants, les moines ' gyrovagues, les ecclésiastiques
et les citadins se munissent ordinairement
de sandales, lorsqu’ils ont à cheminer hors
des villes, et souvent ils n’en chaussent qu’une à la
fois, comme il est dit dans l’Énéïde. Les lépreux en
portent presque toujours. Les femmes des classes inférieures
semblent éprouver, moins encore que les
hommes, la nécessité de la chaussure; les indigènes
prétendent que cela provient de ce que la femme
marche plus près de terre, d’une façon moins accentuée
et que son pied s’échauffe moins. Quant aux femmes
riches, leurs habitudes sédentaires et la réclusion
dans laquelle elles vivent font que leurs pieds restent
délicats; et dans la maison, elles font usage
d’un véritable soulier en cuir, dont la forme est
celle du calceus qu’on voit sur les monuments égyptiens
et étrusques. Comme dans l’antiquité, elles
abandonnent cette chaussure lorsqu’elles assistent au
pleur funéraire d’un parent et lorsqu’elles prennent
leurs repas. Les princes de la famille impériale, les
juges de la cour suprême et quelques dignitaires
ecclésiastiques portent aussi cette chaussure, mais
plutôt comme marque de dignité, que par besoin
réel; de même que les femmes riches, lorsqu’ils
ont à faire une marche tant soit peu longue, ils
montent toujours à mule : un domestique bu un
esclave porte à la main, devant eux, leurs souliers,
qu’ils ne pourraient, du reste, conserver à cheval, puisque
leur étrier n’est fait que pour admettre l’orteil.
Les hommes ont une culotte en étoffe légère
de coton blanc, soit demi-aisée comme nos culottes
du dernier siècle et descendant comme elles jusqu’à
la naissance du mollet, soit collante et s’arrêtant
à quatre doigts au-dessus du genou. Dans la
province du Chawa, quelques parties du Wallo et
du Tegraïe et dans plusieurs kouallas, on donne
de l’ampleur à ce vêtement jusqu’à en supprimer
quelquefois la fourche.; il a alors l’aspect d’un jupon
court qui couvre des genoux à la taille où il est fixé
au moyen. d’une coulisse, et présente une ressemblance
frappante avec le campestre, le cinctus et le
semicinctium, vêtements des athlètes et des soldats