désaccord avec son maître, il prend refuge dans
une ville d’asile, le clergé de l’asile est tenu de
rendre sa personne à son Seigneur; la même coutume
existe à l’égard du Grand Sénéchal et son lieutenant.
Le Beudjeround commande le corps des Eka-
Bet ou gardes, du trésor, dont il nomme le Chalaka
(chef de millier), espèce de Chiliarque. Les selliers,
les bourreliers, les couseurs, les armuriers, les ouvriers
en fer, en cuivre, les argentiers et les artisans
de toute sorte sont sous sa direction, comme aussi les
buandiers, les coiffeuses et les pages. Il est investi d’un
grand fief; dans quelques gouvernements cet officier
est revêtu de la cotte-d’armes en soie, mais en
Damote ce n’est point la coutume.
Durant les festins il se tient debout au pied de
l’alga du maître, et en tout temps il jouit des grandes
et des petites éntrées. Il a la juridiction de toutes les
causes qui ont trait à ses attributions, et il perçoit pour
son compte les profits de cette judicature. Ses fonctions
le mettent en rapports journaliers avec son
maître, et il en profite pour servir d’intermédiaire pour
les réclamations ou les faveurs, ce qui lui procure
encore un patronage étendu et très-lucratif. Il est
rarement admis au Conseil. Il campe sur la gauche de
la tente du Dedjazmatch, au milieu des gardes du
trésor, en outre desquels, il enrôle pour son propre
compte un petit nombre de soldats. Il a droit à une
tente blanche.
Le Mouîla-bet Aggafari (garde de toute la maison).
Cet officier remplit les fonctions de, grand prévôt
de l’armée, et il parcourt souvent les domaines de son
Seigneur pour y distribuer la justice, au nom de son
maître, ou y réprimer les attentats à la sûreté publique.
Il est chargé de l’arrestation et de la garde des prisonniers;
il fournit les hommes chargés de garder les plaideurs
sans caution*.et perçoit un tant pour leur garde,
comme sur toutes les saisies qu’il opère. Il jouit aussi
de la perception d’un droit, dit droit de verge, par
chaque procès qui se vide en cour du Dedjazmatch; il
est chargé aussi de la publication des bans. Il remet
aux parents de la victime la personne du meurtrier condamné
à mort, et il assiste comme témoin à l’exécution
que les parents en font eux-mêmes. Il commande
aux huissiers; dans les grandes réunions, une verge
blanche à la main, il se tient debout à la porte de son
Seigneur. Aidé de son lieutenant et entouré de nombreux
huissiers, il préside à la police, expulse les
intrus, fait introduire les invités, réprime la licence
des festins, où les rancunes et les rivalités réveillées
par l’hydromel suscitent trop souvent des orages. Il
modère aussi les effervescences guerrières, qui donnent
lieu aux récits des thèmes de guerre; car dans ces
occasions, les seigneurs se pressent, suivis dé'’ leurs
bandes en tenue de combat, et des centaines d’hommes
surexcités se trouvent en présence les armes à la main.
Aussi il est d’usage de choisir, pour ce poste de chef
des gardes, un homme d’action, d’une'énergie reconnue,
et tout dévoué au Dedjazmatch. Cette charge correspond
en beaucoup de points à celle de nos Rois des
ribauds au moyen âge. Des fiefs importants lui sont
assignés, et il siège au Conseil. Dans quelques provinces
de l’Éthiopie, ce dignitaire est revêtu de la cotte
d’armes en soie; mais cet honneur n’est point coutu-
mier en Damote. Il commande, au nom de son maître,
à environ six cents cavaliers et à mille hommes de
pied, entretenus par des alleux en dehors de ses propres
fiefs; de plus, selon sa réputation de générosité et sa
popularité parmi lès soldats, il peut enrôler environ