
des rabots de bois , de façon qu'ils ne brûlent pas
les ouvriers , & qu’ils ne les embarraffent pas dans
leurs manoeuvres : on place la barre de travers,
devant la gueule de l’arche , vignette , pl. XXV IL
Sur cette barre,on pofe le moyfe, fig. 4 , pl. X X V U ,
auquel elle fert de point d’appui.
On fouïève un peu le p ot, en appuyant contre fa
flèche les cornes du moyfe : avec ûn grand crochet,
on retire un des briquetons fur lefquels le pot étoit
foutenu , pour faire pencher celui-ci vers la gueule
de l’arche : alors on faifltle pot par le bord avec l’un
des crochets, ou avec les deux , fuivant le befoin ,
& on le couche fur le pavé de l’arche, appuyé fur
fa flèche, & préfentant fon ouverture vers la gueule
de l’arche : c’eft ce qu’on appelle abattre le pot. L’ouvrier
chargé du moyfe , place fon outil en dedans
du pot , qu’il foutient pendant qu’on l’abat ; &
cédant peu-à-peu, il empêche que le vafe ne reçoive
de coups , en pofant trop brufquement fur le pavé.
Après que le pot eft abattu, on retire le moyfe, on
enlève la barre de travers, & on attire le pot fur le
devant de l’arche , en le faififfant par le jableavec
les grands crochets.
La vignette de la planche X X V I I I , fait voir les
ouvriers 1 , 2 , 3 , occupés à abattre un pot, & y
employant le moyfe & les crochets.
Auflitôt que le pot eft abattu, on balaie rapidement
l’intérieur, tant pour enlever les cendres
& la pouflière, que pour pouvoir plus aifément
juger de fon état. On approche le grand chariot,
fig. 1 8c 2 , planche X X V II I , 8c on en introduit les
cornes jufqu’au fond du pot. Alors appuyant fur la
queue de l’outil, on enlève le creufet, qu’on retire
de l’arche , en faifant reculer le chariot. Les ouvriers
4, 5, 6 ,7 , pl. X X V III, vignette y font occupés
à amener le chariot à l’arche, & -l’on a toujours
foin de mettre un homme à chaque roue, tant pour
donner plus de célérité 8c d’exaâitude au mouvement
de l’inftrument, que pour le retenir, lorfqu’il
éprouve la pente du terrain , en approchant de la
tonnelle.
Après avoir ainfi chargé le pot fur les cornes du
grand chariot, on le conduit à la tonnelle, 8c on
rintroduit dans le four, jufqu’à ce qu’il ait abfo-
lument paflfé la tonnelle , 8c qu’il fe trouve couché
entre les lièges. Toute cette manoeuvre doit être
exécutée avec précifion, 8c fur-tout avec l’attention
que le pot ne touche à rien dans fa marche.
Second infant. Placer le pot fur le fi'ege.
Dans cet inftant de l’opération, on retire le grand
chariot, 8c on lui fubftitue la fourche, fig. 1 8c 2 ,
pl. X X IX s qui eft, comme le chariot, conduite
par un ouvrier à l’extrémité de la queue , 8c lix
appliqués aux trois boulons. On introduit les cornes
de la fourche fous le p o t, 8c on le redreffe entre les
lièges. Dans cette polition , fa bafe ne peut être
folidement établie ; on le relève de manière que fa
pefanteur le fait encore pencher vers la fourche ;
mais la dçnt de loup, fig. 3., pl. X X VU , introduite
par le tîfar de la glaye oppofée, accroche le pot par
ion bord fupérieur, 8c s'oppofe à fa chute. Pendant
que l’a&ion de la dent de loup maintient le pot dans
une fituation à peu près verticale , l’on paffe les
cornes de la fourche fous le cul du creufet, 8c on
élève celui-ci jufqu’à la hauteur du fiège, fur lequel
on appuie fon jable. Le pot eft alors droit, fupporté
fur le bord du fiège 8c fur la fourche ; fi celle - ci
l’abandonnoit, il leroit entraîné par fa pefanteur ,
fur l’autre fiège, 8c non comme auparavant, vers
la tonnelle. La dent de loup, devenue déformais
inutile, fe retire, 8c on lui fubftitue un autre fecours.
On fait paffer la barre d’équerre par J f ouvreau
à cuvette, correfpondant à la place que le pot doit
occuper fur le fiège. On introduit le crochet de
cette barre dans le pot, 8c plufieurs ouvriers faifant
effort pour le tirer à eux , vers le mormut, le maintiennent
dans fa pofitien verticale, indépendant*
ment de la fourche, qui alors quitte le cul du
pot, 8c, le reprenant plus loin du fiège, le porte
plus avant. On continue à combiner ainfi l’aâion de
la fourche 8c celle de la barre d’équerre jufqu’à ce
que le pot foit affez avant fur le fiège, pour s’y fou-
tenir fans fecours ; alors on pouffe le jable du pot
avec une corne de la fourche, tandis que les deux
barres croches, agiffant comme leviers, l’une par
l’ouvreau du milieu, l’autre par l’ouvreau à" tre-
jetter , appellent le pot à elles , 8c contribuent à
l ’approcher du mormut, jufqu’à ce qu’il foit entièrement
logé.
Un pot eft bien placé, lorfqu’il coupe l’ouvreau
du milieu en deux également, qu’il ne déborde pas
le fiège, 8c qu’il laiffe très-peu d’efpace entre Ion
bord 8c la paroi du four. On fe fe r t, pour mefurer
cette diftance, de l’épaiffeur de la patte d’un rable
de tifeur, qu’on introduit entre le pot 8c le mormut.
Dans la vignette de la pl. X X IX , on a abattu
une arche, 8c un coin du four de fufion , pour faire
voir plus clairement l’a&ion de la fourche, de la
dent de loup, de la barre d’équerre, 8c d’une barre
croche. On a pris l’opération dans le temps auquel
la dent de loup a fe retire, 8c que la barre d’équerre,
maniée parles ouvriers 9 , 1 0 , 1 1 , faifit le p o t,
tandis que fon cul eft porté par les cornes de la fourche
employée par les ouvriers 1 , 2 , 3 ,4 9 5 , 6 , 7 .
On retire les vieux pots du four, comme on y
met les neufs : les diverfes parties de l’opération
s’exécutent feulement dans un ordre rétrogade. On
doit avoir foin de profiter de l’inftant auquel le
four eft très-chaud , pour détacher de la furface du
fiège, le pot que l’on veut mettre hors du four ; ce
qu’on appelle Yélocher. Sans cette précaution , le
fond du p ot, 8c la furface fupérieure du fiège,
feroient affez fortement collés pour fe féparer difficilement
, au point même d’occafionner quelquefois
la dégradation du fiège. On peut élocher le pot, en
faifant effort par les ouvreaux d’en haut avec les
barres croches ; mais, lorfque ce moÿen eft infuf-
fifant, on foulèvelepot par l’ouvreau à cuvettes ■;
çn appliquant à fon jable , un fort levier de feç
8 ’environ fept pieds de long, fig. 6, pl. X X V ll,
que les ouvriers appellent le diable. Il eft prudent
de mettre un briqueton entre un pot éloené 8c le
fiège, pour les empêcher de fe recoller avant l’opération.
Mettre les cuvettes au four.
Lorfqufon a faitrecuire des cuvettes, on les dreffe
fur leur fond fur le devant de l’arche ; on les tire
avec de grands crochets fur une pelle de tôle forte,
8c deux hommes avec un gambier portant la pelle ,
dont un autre ouvrier tient la queue, ils vont pofer
la cuvette devant le four fur les plaques, où le
chariot à tenailles la faifit pour l’introduire dans
le four par l’ouvreau à cuvettes. Cette opération,
fort fimple, eft bien exprimée dans- la vignette de la
planche XXX. Les ouvriers 1 , 2 , tirent avec les
crochets ûne cuvette fur le devant de l’arche ; ceux
31, 4 , 5, en portent une fur la pelle, tandis que
ceux 6 , 7 , le préparent à la prendre avec leur
chariot.
On peut très - bien prendre une cuvette dans
l ’arche avec le moyfe, 8c la porter fur les plaques
avec cet outil 8c un gambier ; mais les cornes de
moyfe étant dans la cuvette, elle ne fera pas fur fon
fond. Il faudra la retourner fur la plaque , ayant
l’attention de la foutenir avec un outil quelconque
pour l’empêcher de pofer trop fort.
Il eft très-difficile que, foit en enfournant, foit
en tréjettaut, foit par la caffe de quelque p o t, il ne
fe répande du verre dans le four; la difpofition des
lièges le force à s’accumuler fur l’âtre. La quantité
de ce verre eft encore augmentée par la vitrification
de quelques portions de cendres , qui, en fe combinant
avec lu i , en altèrent la qualité 8c fur-tout
la couleur. Ce v erre, devenu plus ou moins jaune
ou v erd , quelquefois même prefque noir, prend le
nom de picadil.- Lorfque le picadil eft trop abondant
, il fe répand jufques fur l’âtre des tonnelles,
il-y gêne le tifage , 8c on ne peut fe difpenfer de
l’enlever.
Tirer le picadil.
On ouvre une tonnelle ; on puife le picadil entre
les fièges avec une poche de fer battu d’environ
fix pouces de diamètre, 8c d’une égale profondeur;
on donne à ces poches, fig. 4 , pl. X X X I , environ
onze pieds de manche, pour qu’elles puiffent atteindre
d’un bout du^four à l’autre , oc l’on vide
les poches en dehors *du four, devant la tonnelle ,
dont on croife l’entrée par une bûche, pour empêcher
le picadil encore fluide de rentrer dans le four,
en cédant à la pente du terrain. C ’eft aufli pour lui
faire perdre promptement fa fluidité, qu’on l’arrofe
inceflamment avec de l’eau.
On fournit un point d’appui folide au travail des
poches, par le moyen d’un outil appelé dan^é, dont
on voit le plan géométral, la repréfentation perf-
peélive 8c l’élévation, ƒ g-. 1,2 3 , pl. XXXI.
La bafe de cet outil eft un carré de fe r , figure 1 ,
A B CD , dé dix-huit pouces fur chaque face, fur
les côtés A B , C D , duquel s’élèvent perpendiculairement
deux triangles aufli de fer EFCx, fig. 3 , dont
la hauteur eft d’environ quinze pouces. Les deux
triangles font fixés dans la pofition verticale par la
traverfe a b , fig. 2, qui les joint. On fortifie aufli
l’affemblage de l’outil, par une branche g h k , qu’on
fait paffer fur ia traverfe a b , 8c qui va s’attacher
fur la bafe. Au deffus de la traverfe a b , on en
place une autre d f , fur laquelle on pofe la queue
de la poche ; elle lui fert de point d’appui, 8c on a
foin de la rendre bien ronde 8c bien unie, pour que’
la poche gliffe facilement.
Dans la vignette delà planche X X X I , on voit
l’ouvrier 1 , occupé à puifer du picadil, avec fa
poche appuyée fur le danzé, tandis que ceux 2 , 3 ,
attendent que la poche foit échauffée, pour aider
avec un gambier à la porter dans un baquet plein
d’eau. L’ouvrier 4 eft occupé à rafraîchir fa poche-
qui a déjà travaillé.
Lorfque l’on a épuifé le picadil qui étoit dans
le four, le danzé autour duquel on a conftamment
verfé les pochées de cette matière, fe trouve engagé
dans un gâteau de picadil. Alors, faififfant le danze
avec des crochets, 8c le tirant avec force loin du
four, on entraîne en même temps la matière qui
l’entoure.
On termine cette opération , en enlevant avec
foin de deffus l’âtre de la tonnelle, le picadil qui s’y
feroit attaché , 8c on en vient aifément à bout, en
grattant cet âtre avec des râbles.
Outre les outils particuliers à chaque opération
il nous en refte à décrire' deux , dont l’ufage eft
accidentel ; le gros diable, 8c la houlette.
Le gros diable, fig. $, pl. X X V II , eft un très-gros
levier, long d’environ douze pieds, 8c formant une
efpèce de tranchant à l’une de fes extrémités. On
l’emploie lorfque les circonftances exigent un effort
confidérable, fur-tout fi l’on eft obligé de caffer
quelque tuile fortie de fa place , foit à l’âtre, foit
aux fièges, foit aux tonnelles, 8c qui pourroit gêner
le fervice. Dans ce cas , on appuie le gros diable
fur le danzé , 8c on le poufle avec force contre
l’obftacle à la manière d’un bélier.
La houlette, figure 1 , planche X X X , n’eft guère
employée que pour faire quelque réparation à un
four ufé , dont on a intérêt d’étendre'un peu la
durée , 8c elle fert à porter en place 8c à pofer une
tuile ou un pâton. La houlette eft une pelle de fer
mince, d’environ neuf pouces fur fix , à laquelle on
joint un manche de quinze à dix-huit pieds , qu’on
appuie fur le danzé lorfqu’on veut introduire la
houlette dans le four , foit par la tonnelle, foit par
un ouvreau à cuvettes.
Recuiffon des glaces.
La recuiffon des glaces, e ft, comme celle des
autres ouvrages de, verrerie , leur refroidiffement
gradué 8c infenfible.
A l’inftant de la coulée, le yerre eft fluide, 8c,