
Remarque.
Il faut favoir que dans toutes les expériences,
lorfque l’axe étoit vertical, fupporté par. le pivot
dont la male étoit au deffous du point d’appui,
il faifoit un plus grand nombre de vibrations ; &
au contraire, il eh faifoit moins dans la pofition
oppofée.
J’ai répété toutes ces expériences avec différens
degrés de tenfion des refforts fpiraux de différentes
forces dans toutes les polirions horizontales, verticales
& inclinées, même par différentes températures
; j’ai toujours vu le nombre des vibrations
proportionnel au degré de tenfion & au diamètre
des pivots : quoique le nombre des vibrations variât
fuivant les circ.onftances , dans les mêmes, elles
gardoient fenfiblement l’un.iformitè des proportions
avec le diamètre des pivots : je dis fenfiblement- ;
car il ne m’a pas été poffible de m’affurer de deux
expériences parfaitement égales, malgré tous mes
foins. On pourroit donc m’obje&er que le nombre
des vibrations que je rapporte dans cet exemple
n’étant pas exactement proportionnel au diamètre
des pivots, j’ai peut-être tort d’en conclure.
Je réponds qu’outre que la différence eft très-
petite , c’eli que dans le grand nombre d’expériences
que j’ai faites , il s’en eft fouvent trouvé qui
approchoient plus exactement de cette proportion.
Mais comme j’ai eu defiein de rapporter l’expérience
la mieux faite , fans égard fi elle ne cadroit
pas parfaitement avec la conclufion que j’en tire ,
j ’ai dû préférer celle où j’ai porté toute l’exaétitude
dont je fuis capable , & que j’ai lieu de préfumer
m’avoir le mieux réufti ; car dans toutes ces expériences
, il fe trouve des degrés de délicateffe plus
aifes à fentir qu’à décrire, & qu’on ne faifit pas
quand on veut. Enfin il faut remarquer que fur un
grand nombre de vibrations , une de plus, ou de
moins ne fait rien ; au lieu que dans un petitmom-
bre , une de plus paroît être un objet, ce qu’il
faut bien diftinguer pour n’y pas avoir égard ; parce
que dans tous ces cas , lorfque le balancier approche
l’inftant de s’arrêter,, un rien de caufe étrangère
peut lui faire faire une vibration de plus ou
de moins , fans égard à celle qui précède. C'eft cet
inftant de paffage du r,e,pos au mouvement qu’il
faudroit faifir pour apprécier la véritable réfiftance
qu’apporte le frottement dans la communication
ou la confervation du mouvement; mais mon objet
n’a pas été de trouver la loi du frottement en lui-
même , mais feulement le rapport des frottemens'
relativement au diamètre des pivots fur lefquels ils
agiffent.
Je dis donc que la force aéfive qui communique
le mouvement au balancier, en le déterminant à
faire un certain nombre de vibrations, n’éprouve
d’autre réfiftance que l’inertie du balancier, plus
le frottement de cés pivots. O r , fi les inerties font
les mêmes , & qu’on vienne à varier le diamètre
des pivots, le nombre des vibrations variera aufli,
mais en raifon inverfe proportionnelle au diamètre
des pivots, comme il eft aifé de le voir dans le
tableau des expériences rapportées : donc les frottemens
de^ pivots font entreux comme leur diamètre.
( Article de M . Romilly , horloger.)
E c h a p p e m e n t .
L’échappement eft une partie effentielle des horloges
; il fe dit en général de la mécanique par
laquelle le régulateur reçoit le mouvement de la
dernière roue, & enfuite le fufpend ou réagit fur
e lle, afin de modérer & régler le mouvement de
l’horloge.
Les artiftes diftinguent deux fortes d’êchappe-
mens ; dans les un s , dont l’origine eft très - ancienne
& même inconnue, la roue de rencontre
agit continuellement fur le régulateur, foit pour
en accélérer, foit pour en retarder la viteffe : dans
les autres, elle n’agit que pour accélérer les vibrations
, & non pour les retarder, fi ce n’eft par les
frottemens. Les roues & les aiguilles des horloges
où les premiers font employés, ont un mouvement
rétrograde à chaque vibration , en conféquence de
quoi on les a nommés échappement à recul : celles
des horloges où l’on fait ufage des derniers , ont
toujours un mouvement progreflif, excepté que
chaque vibration eft fuivie d’un petit repos, ce.
qui les a fait nommer échappement à repos ; ceux-ci
doivent leur naiffance à l’invention du reffort fpiral
& du pendule, & peuvent s’appliquer en général
à tous les régulateurs qui font des vibrations fans
le fecôurs de la force motrice. Leur difpofition eft
telle,. qu’elle ne peut avoir lieu pour les régulateurs
, q u i, comme le fimple balancier, ne font des
vibrations qu’à l’aide d’un moteur étranger; c’eft
ce que i’on concevra facilement par les deferiptions
fuivantes.
Le but que les habiles artiftes fe propofent dans
un échappement quelconque , c’eft d’obvier aux
défauts qui peuvent fe rencontrer dans la puiffance
régulatrice & .clans la force qui entretient ion mouvement
: c’eft dans cette vue qufils difpofent ces
échappemens , de façon que le régulateur étant
donné, il devienne aufli puiffant & aufli a&if qu’il
eft poffible , & qu’il éprouve dans fes vibrations
le moins de frottement qu’il fe peut.
Les horlogers ont aufli égard , dans la conftruc-
tion de leurs échappemens, à l’efpèce de régulateur
qu’ils emploient ; par exemple , les petits ai es d’un
pendule approchant beaucoup plus-de l’ifochro-
nifme que les grands , les "artiftes. intell.ig.ens. font
enforte que l’échappement d’un pendule ne permette
que de très-petits arcs ; les grandes ofcilla-
tions s’achevant en plus .de temps que les petites,
ils tâchent aufli de compenfer par la même voie les
erreurs qui pourroient naître de ces différences. .
Si l’horloge eft deftinée à éprouver du mouvement,
ils font encore leurs efforts pour que fon
échappement la rende peu fufceptible de variations
par cette caufe ; s’ils prévoient qu’elle doive fe
trouver dans différentes fituations , comme une
montre qui tantôt eft pendue, tantôt fur le tond
de fa boîte, & quelquefois fur le criftal, ils dit-
pofent l’échappement de manière qu il ne foit fujet
à aucun changement par ces differentes pofitions.
Les favans horlogers n’apportent pas de moindres
attentions , pour que leur rouage foit peu fatigué
parle régulateur: cela donne à leur horloge
d’excellentes propriétés ; elle en devient plus durable
, l’état de la machine refte plus confiant, plus
uniforme , & elle eft par conléquertt fufceptible
d’une plus grande régularité : ce font des avantages
confidérables, qui fe rencontrent particulièrement
dans les échappemens à repos; ^ # #
Les quatre échappemens dont on fait aujourd hui
le plus d’ufage, réunifiant affez parfaitement toutes
les propriétés dont nous venons de parler, nous
nous bornerons à leur deferiptiom, fans entrer dans
un détail inutile fur tous ceux qü’on a imagines ou
qu’on pourroit imaginer d’apres lés mêmes principes
; tous ces échappemens, quoique differens en
apparence des quatre premiers, étant toujours les
mêmes pour le fonds.
Description de P échappement ordinaire ou à verge.
Le plus ancien des échappemens, qui eft en même
temps le plus communément ufité dans les montres
, pafle avec juftice pour une des plus fubtiles
inventions que la mécanique ait produites. La roue
de rencontre eft pofée de telle forte , que fon axe
coupe perpendiculairement la tige du balancier ;
fur cette tige , à laquelle on a donné lé nom de
verge, s’élèvent deux petites ailes ou palettes qui
forment entre elles un angle d’environ 90 degrés.
Elles viennent s’engager dans les dents de la roue,
dont, le nombre eft impair, afin que l’axe du balancier
répondant par fa partie lupérieure , par
exemple, à une de ces dènts, il réponde par l ’inférieure
au point oppofé entre deux de cés mêmes
dènts;
Effet de cette conjlru&ion.
La montre étant remontée , la pointe de là dent
qui appuie fur l’une des planettes , la fait tourner
jufqu’à ce qu’elle la quitte , pendant que la fécondé
palette, qui ne trouve aucun obftaclé:, s’avance
en fans contraire dans les dents oppofaes , & rencontre
la plus voifine de ces dents , au même inftant
, ou un peu: après que la première palette eft
abandonnée ; alors le régulateur , par fon mouvement
acquis , fait rétrogader la roue de rencontre
& tous les autres mobiles , ce qu’il continue de faire
, jufqu’à ce qu’ayant confumé toute fa force , il
cède enfin à l’aétion de la rou e, qui pour lors le
chaffé de nouveau, en agiflant fur la fécondé palette
comme elle avoit fait fur la première ; il en
eft ainfi du refte des dents.
Par cette difpofition, le régulateur ne ^ permet
aux roues de le mouvoir , qu’autant qu’elles le
mettent elles-mêmes en mouvement, 6c lui font
faire des vibratioiis. . . . . . .
Il fuit de cettè conftruérion, i°. que lé balancier,
ou tout autre modérateur, apporte une réfiftance
au rouage, qui l’empêche de céder trop rapidement
à l’aétion de la force motrice : 20. que les roues
(âbftra&ion faite de l’aftion du rouage) s’échappant
plus ou moins v ite , félon la maffe du régulateur
ou le nombre de fes vibrations , on peut toujours
déterminer par-là celles qui portent les aiguilles ,
à faire un certain nombre de tours dans un temps
donné : enfin, par le moyen de cet échappement,
lorfque le régulateur a été mis en mouvement par
la force motrice, il réagit fur les roues, & les fait
rétrograder proportionnellement à la force qui lui
a été communiquée ; d’ou il refaite une forte de
compenfation dans le mouvement des montres ,
indépendamment même du reffort fpiral, la plus
grande force motrice du rouage qui devroit les
faire avancer , étant toujours fuivie d une plus
grande réaého’n du balancier qui tend a les faire
retarder.
Nous pourrions entrer ici dans un examen purement
théorique dé la nature de cet échappement,
& de la manière la plus avantageufe de le conftrui-
re;mais comme, dans les échappemens en general,
& dans celui-ci en particulier, il fe mele beaucoup
de‘ chofes qu’il eft très-difficile, pour ne pas dire
impoflible, de déterminer théoriquement, telles
que les variations qüi naifient des frottemens, des
réfiftances, des huiles, des fecouftes, des differentes
pofitions, &c. il faut dans ce cas-ci, comme
dans tous les autres de cette nature ou la theone
manque, avoir recours à l’expérience. C ’eft pourquoi
, en rapportant à la théorie les chofes qu on
y pourra rapporter, nous nous appuierons dans
dans les autres, fur ce que l ’expérience a appris
aüx horlogers. , . . ...
La propriété la plus remarquable de 1 échappement
ordinaire , c’eft que 1 action ^ de la roue de
rencontre fur le balancier, pour lui communiquer
du mouvement, s’opère par de très-grands leviers;
aü lieu que la réaétion du balancier fur cette roue ,
fe fait au contraire par dé très-petits ; ce qui produit
une grande liberté dans le régulateur, & augmente
beaucoup fa puifiance régulatrice.
Pour rendre ceci plus fenfible, fuppoions que
B pl. X I , fig-19 , foit une puifiance qui fe meuve
dans la direftion confiante B E , & qui pouffe continuellement
une palette C P , qui fa meut circu-
lairement autour du point C. Je dis que les efforts
de cette puifiance pour faire tourner la palette ,
feront entr’eux , dans les différentes fituations C P ,
comme les quar-rés des lignes C E , C p , qui expriment
les diftances des points p oc E au centre.
Pour le démontrer , imaginons que la puiflance
agiflant perpendiculairement en E , parcoure un très-
petit efpace comme E G ; imaginons de plus la palette
& la puifiance parvenues en p , 6c fuppofons
! que la puifiance parcoure comme auparavant un
n S s ij