d’oeuvre , ou tout au moins de les faire marcher en
même temps.
Il eft eiTentiel d'étudier les principes de l’art, &
de s’accoutumer à exécuter avec prècifion ; mais
cela ne fuffit pas encore. On ne poffède pas l’horlogerie
pour en avoir les çonnoiüances générales ;
ces règles , que l’on apprend , font applicables
dans une machine aéhiellement exiftaùte, ou dans
d’autres qui feroient pareilles ; mais imaginer des
moyens qui n’ont pas été mis en ufage , & com-
pofer de nouvelles machines, c eft à quoi ne parviendront
jamais ceux qui ne poffèdent que des
règles, & qui ne font pas doués de cet heureux
génie que la nature feule donne ; ce talent ne s acquiert
pas par l’étude , elle ne fait que le perfectionner
& aider à le développer ; lortqu’on joint à
ce don de la nature celui des fciences, on ne peut
que compofer de très-bonnes chofes.
On voit d’après ce tableau , que pour bien pof-
féder l’horlogerie , il faut avoir la théorie de cette
fcience , l’art d’exécuter, & le talent de compofer :
trois cliofes qui ne font pas faciles à réunir dans
la même perfonne, & d’autant moins, que jufqiies
ici on a regardé l’exécution des pièces d’horlogerie
comme la partie principale, tandis qu’elle n’eft que
la dernière ; cela eft fi v ra i, que la montre ou la
pendule la mieux éxécutée , fera de très - grands
écarts fi elle ne l’eft pas fur de bons principes ,
tandis qu’étant médiocrement exécutée , elle ira
fort bien fi les principes font bons.
Je ne prétends pas qu’on doive négliger la main-
d’oeuvre ; au contraire : mais perfuadé qu’elle ne
doit être qu’en fous-ordre , & que l’homme qui
exécute , ne doit marcher qu’aprts l’homme qui
imagine, je fouhaite qu’on apprécie le mérite de
la main & celui du génie chacun à fa, valeur ; & je
crois être d’autant plus en droit de le dire, que je
ne crains pas que l’on me foupçonne de déprifer
ce que je ne poffède pas. J’ai fait mes preuves 'en
montres & en pendules , & en des parties très-
difficiles : en tout cas, je puis convaincre les plus
incrédules par les faits.
Je crois devoir d’autant plus inftfter fur cela,
que la plupart des perfonnes qui fe mêlent de l’horlogerie
font fort éloignées de penfer qu’il faille
favoir autre chofe que tourner & limer. Ce n’eft
pas uniquement leur faute ; leur préjugé naît de
la manière dont on forme les élèves. On place un
enfant chez un horloger pour y demeurer huit ans ,
& s’occuper à faire des commîffions & à ébaucher
quelques pièces d’horlogerie. S’il parvient au bout
de ce temps à faire un mouvement, il eft fuppofé
fort habile. Il ignore cependant fort foùyent l’ufage
de l’ouvrage qu’il a fait. Il fe préfente avec fon
favoir à la maîtrife ; il fait ou fait exécuter par un
autre le chef-d’oeuvre qui lui eft prefcrit, eft reçu
maître , prend boutique, vend des montres & des
pendules, & fe dit horloger. On peut donc regarder
comme un miracle , ft un homme, ainft conduit,
devient jamais habile. _
On appelle communément horlogers, Ceux qui
profeffent l'horlogerie. Mais il eft à propos de distinguer
l’horloger , comme on l’entend ici, de Par-
tifte qui poffècïe les principes de l’art : ce font deux
perfonnes abfolument différente). Le premier pratique
en général l'horlogerie fans en avoir les premières
notions , & fe dit horloger, parce qu’il travaille
à une partie de cet art.
Le fécond embraffe au contraire cette fcience
dans toute fon étendue : on pourroit l’appeller 1'ar-
chiteêle - mécanique ; un tel artifte ne s’occupe pas
d’une feule partie , il fait les plans des montres &
des pendules, ou autres machines qu’il veut conf-
truire. Il détermine la pofition de chaque p ièce,
leurs direâiôns , les forces qu’il faut employer,
toutes Us dimenfions ; en un m o t, il conftruit
l’édifice. Et quant à l’exécution, il fait choix des
ouvriers qui font capables d’en exécuter chaque
partie.
Ceft fous ce point de vue que l’on doit confidérer
l’horlogerie, & que l’on peut efpérer d’avoir de
bonnes machines, ainfi que nous le ferons voir
dans un moment. Nous allons maintenant parler
de chaque ouvrier que l’on emploie pour la fabrication
des montres & des pendules, dont le nombre
eft très-grand. Chaque partie eft exécutée par dès
ouvriers différens , qui font toute leur vie la même
chofe.
Ce qui concerne la pratique ou la manoeuvre ,
fe divife en trois branches, lefquelles comprennent
tous les ouvriers qui travaillent à l’horlogerie.
La première , les ouvriers qui font les groffes
horloges des clochers, &c. on les appelle horlogers-
grojjiers. •
La fécondé, eft celle des ouvriers qui font les
pendules ; on les appelle horlogers-pendulier.s.
La troifième, eft celle des ouvriers qui font les
montres ; on les appelle ouvriers en petit.
i°. Les ouvriers qui fabriquent les groffes horloges
y font des efpèces de ferruriers-machiniftes. Ils
font eux-mêmes tout ce qui.concerne ces horloges ,
forgent les montant dans lefquels doivent être placées
les roues. Ils forgent auffi leurs roues , qui
font de fer & leurs pignons d’acier ; ils font les
dents des roues & des pignons à la lime, après les
avoir divifées au nombre des parties convenables :
ouvrage très-long & pénible.
Il faut être plus qu’ouvrier pour difpofer ces
fortes d’ouvrages; car il faut de l’intelligence pour
diftribuer avantageufement les rouages , proportionner
les forces des roues aux efforts qu’elles ont
à vaincre, fans cependant les rendre plus pefantes
qu’il n’eft befoin , ce qui augmenteroit les frotte-
mens mal-à-propos. Les conftru&ions de ces machines
varient félon les lieux où elles font placées.
Les conduites des aiguilles ne font pas faciles ; la
grandeur totale de la machine & des roues, & c .
, eft relative à la grandeur des aiguilles qu’elle doit
mouvoii, à la cloche qui doit être employée pour
fonner
fonner les heures ; ce qui détermine la force du
marteau, & celui-ci la force des roues.
Pour compofer avantageufement ces fortes de
machines, il eft néceffaire de pofféder la théorie
de l’horlogerie ; ces mêmes ouvriers font auffi les
horloges de château, d’efcalier, &c.
2°. Venons au détail des ouvriers pour les pendules.
i°. Le premier ouvrage que l’on fait faire aux
ouvriers qui travaillent aux pendules, eft ce. qu’on
appelle le mouvement en blanc, lequel corififte dans
les roues, les pignons & les détentes. Ces ouvriers,
que l’on appelle faifeurs de mouvement en blanc, ne
font qu’ébaucher l’ouvrage, dont le mérite confifte
dans la dureté des roues & pigndhs ; les dents des
roues doivent être également groffes, diftantes entre
elles, avoir les formes & courbures requifes, &c.
2°. Le finiffeur eft celui qui termine les dents
des roues, c’eft-à-dire, qu’il fait les courbures dés
dents, finit leurs pivots, fait les trous dans lefquels
ils doivent tourner ; il fait les engrenages, l’échappement
, fait faire les effets- à la fonnerie, &c. ou
à la répétition. Il ajufte les aiguilles, enfin les finit ;
ajufte les pendules ou lentilles, & fait marcher la
pendule.
Refte au mécanifte, c’eft-à-dire, à l’horloger,
de revoir les effets de la machine, f i , par exemple,
les engrénages font bien faits , ainfi que les pivots
des roues, fi l’échappement fait parcourir au pendule
l’arc convenable ,*fi la pefanteur de la lentille
& les arcs qu’elle décrit font relatifs à la force
motrice , &c. les effets de la fonnerie ou répétition.
3°. La fendeufe eft une ouvrière qui fend les
roues des pendules , & ne fait que cela.
4°. Le faifeur des refforts, fait les refforts des
pendules ; il ne s’occupe uniquement qu’à cela.
Ce que l’on peut exiger d’un faifeur de refforts ,
ç’eft qu’il faffe le reffort fort long & de bon acier,
que la lame diminue infenfiblement de force depuis
le bout extérieur jufqu’au centre ; qu’il foit trempe
affez dur pour ne pas|perdre fon élafticitè, mais pas
affez pour caffer. Il faut que l’aâion du reffort , en
fe débandant, foit la plus égale poffible, que les
James ne fe frottent pas en fe développant.
5°. Il y a les faifeurs de lentilles , de poids,
pour faire marcher les pendules : ces ouvriers font
auffi les aiguilles d’acier de pendule.
6°. Le graveur, qui fait les cadrans de cuivre
pour les pendules à fécondés, &c.
7°. Le poliffeur eftjan ouvrier qui polit les pièces
de cuivre du mouvement de la pendule ; le finiffeur
termine & polit celles d’acier.
8‘°. Les émailleurs ou faifeurs de cadrans de pendules.
- 90. Les ouvriers qui argentent les cadrans de
cuivre. . ^ - . : - '
io°. Les cifeleurs font les bâtes à cartels pour
les pendules.
f l° . Les ébéniftes font les boîtes de marqnetterie
Arts 6» Métiers. Tome III. Partit /.
& autres : leshoilogers doivent diriger les. çbenifteç
& cifeleurs pour le deffin des boites ; & comme
ils ne font pas. trop en état de le faire par eux-
mêmes , il eft à propos qu’ils confultent des archi-
teéles ou de bons deffinateurs.
ia b. Les doreurs, pour les bronzes des boîtes &
des cartels, &c. " "
iy°. Les metteurs en couleurs : ceux-ci donnênf
la couleur aux bronzes des boîtes de pendule, aux
cartels, cadrans , &c. cette couleur imite la dorure»
140. Les fondeurs pour les roues de pendules ,
& de différentes autres pièces qui s’emploient pouf-
les mouvemens.
1 50. Les fondeurs qui font les timbres, les tournent
& les poliffent.
Voilà en gros les ouvriers qui travaillent aux
pendules ordinaires. Il y en a d’autres qui font plus
volontiers des pendules, à carillon.
Les pendules à équation , ou autres machines
composées, font exécutées par différens ouvriers
en blanc, fondeurs , &c. & font conduites & corn-,
pofëes par l’horloger.
Des Ouvriers, qui travaillent aux montres.
1°. Le faifeur de mouvemens en blanc : il fait
de même que ceux des pendules, des roues & des
pignons , lefquels exigent à peu près les mêmes
précautions. Ces ouvriers ne font que les mouvemens
des montres fimples.
2°. t e faifeur de rouage ; c’eft une forte d’ouvrier
en blanc, qui ne s’occupe qu’à faire les rouages
des montres ou répétitions.
30. Les cadraturiers font ceux qui font cette
partie de la répétition qui eft fous le cadran » dont
fe mécanifme eft tel , que lorfque l’on pouffe le
bouton ou pouffoir de la montre, cela fait répéter
l’beure & le quart marqué par les aiguilles.
40. Le finiffeur, eft l’ouvrier qui termine l’ouvrage
du faifeur de mouvemens. Il y a deux fortes
de finiffeurs ; celui qui finit le mouvement des
montres fimples , & celui qui termine le rouage
d’une montre à répétition. L’un & l’autre finiffent
les pivots des roues , les engrénages. Quand les
montres font à roues de rencontre , les finiffeur»
font auffi l’échappement. Le finiffeur égabfe la fufée
avec fon reffort ; il ajufte le mouvement dans la
boîte , remonte la montre doree, & la fait marcher.
Refte à l’horloger à la revoir , à examiner les
engrenages, les groffeurs des pivots , leur liberté
dans leur trou , les ajuftemens du fpiral, l’échappement,
le poids du balancier, l'égalité de la fufée, &c.
IL retouchera lui-même les parties' qui ne font pas
félon les règles , & donnera ainfi l'ame à la machine
; mais il faut premièrement qu’elle ait été
conftruite fur des bons principes.
:ï°. Les faifeurs d’échappemens des montres à
cylindre y ceux - ci ne font que les echappemens,
c’eft-à-dire, la roue de cylindre, le cylindre même
fur lequel, ils fixent ïebalaricier ,, ils ajullent la cou-
liffe & le fpiral. Comme aucun des écbappeniius