
celle du feu terreftre, & agiffant fur la fumée qui
eft uii corps indifférent à toutes fortes de mouve-
mens, doivent contribuer à l’empêcher de fortir
du tuyau.
On attribue aufli îerefbulement delà fumée àla pe-
fanteur même des rayons du foleil. Le poids de la lumière
a été confia té par trop d’expériences pour pouvoir
en douter, & l ’on ne doit pas être furpris que
cette lumière venant à donner fur une cheminée, repouffe
par fa pefanteur la fumée en bas ; ce qu’elle
fait avec d’autant plus de force , que le foleil donne
plus à plomb fur le tuyau de la cheminée.
Ce qu’il y a de certain , c’eft qu’en é té ', lorf-
que le foleil lu it , les tuiles s’échauffent ; l’air qui
environne le tuyau fe raréfie davantage que celui
qui eff au-deffus du faîte ; & comme il trouve
moins de réfiftance dans le tuyau, il y entre &
refoule,la fumée dans les appartemens.
De Cufige dit mauvais bois , & de la façon dont
m'- i l ejl arrangé fur le feu.
Lorfqu’on attribue le reflux de la fumée à des
caufes éloignées , il arrive fouvent qu’elles font
très-proches. Ûn peu d’attention fur de choix du
bois & fur la façon de l’ arranger fur le foyer ,
prêviendroit l’inconvénient dont on cherche la
caufe, qui n’eft aiitre quelquefois que la mauvaife
qualité d’un bois verd ou humide dans lequel le
feu a peine à s’infinuér, parce que l’eau dont ce
bois eff imbibé ne laiffe pas un accès affez libre
à la matière ignée ; & comme il contient un amas
de parties grofliêres & féparées , qui n’ont point
encore acquis la rapidité du mouvement qui produit
la flamme , les vapeurs reftent néceffairement
en nature de fumée epaiffe.
Voilà pourquoi le bois verd où humide rend
beaucoup de fumée & prend feu très-difficilement.
A la vérité , lorfqu’il eff une fois allumé , la flamme
en eff plus vive que celle du bois fe c , parce quelle
contient plus de jparties grofliêres ; mais aufli le bois
fec s’allume plus vite & plus facilement que le bois
verd , parce que le feu ne trouvant que de l’air 1
dans les interffices du bois fe c , s‘y infinue plus
aifément.
Ainfi , pour avoir du feu plus promptement &
avec moins de fumée, il faut, donner la préférence
au bois fec , & choifir même ie plus propre pour
le chauffage. . Ceft pour faciliter ce choix que
nous allons parler des différentes fortes dé bois.
Le bois flotté a moins de chaleur, mais il s’allume
mieux & brûle plus vite que le bois neuf,
parce que dans le bois flotté l’aclion des foufres
n’eff plus modérée ni bridée par lés fels dont la
folidité retarde le jeu des foufres dans le bois neuf.
En effet, le bois flotté perd fes felspar la leflive qui
s’en fait dans l’eau : d’où vient que les cendres
de ce bois ne font pas propres à blanchir le linge.
Le bois de hêtre flotté, qu’on nomme aufli bçns"
de traverfe, ou bois de boulanger , fe confume plus
promptement que l’autre.
Le bois blanc, comme le peuplier, le bouleau,
le tremble , eff; le plus mauvais de tous les bois
à brûler.
Il y a une différence à faire à l’égard du bois
de chêne. Lejeune brûle & chauffe bien : le vieux
noircit dans le feu ; il fait un charbon qui s’en
va par écailles , qui ne rend point de chaleur ,
& qui s’éteint bien|pt. Ainfi, quand on prénd du
chêne , il faut choifir les rondins de trois ou quatre
pouces de diamètre , & rejeter les greffes bûches
de quartier.
Le bois pelard qui eff un chêne dont on a ôté
l’écorce pour faire du tan ; brûle affez bien, mais
il ne rend que très-peu de chaleur.
Le charme brûle bien , fait un fort bon feu , &
beaucoup de charbon qui dure long-temps.
Le meilleur de tous les bois de chauffage , c’eff
le bois de hêtre neuf, qui fait un feu v if & clair
& peu de fumée. Quand il eff bien arrangé, il
rend une grande Chaleur, & donne beaucoup de
charbon.
Il ne fuffit pas d’être muni de bon bois fec ?
il faut aufli en favoir faire ufage , fans quoi on
feroit encore expdfé à la fumée. Lorfqu’on brûlé
du bois de quartier, on doit avoir foin que le
côté qui eff plat', s’il eff en devant, ne foit pas
incliné vers la chambre; mais qu’il foit ou perpendiculaire,
ou même incliné vers"lé fond de la
pheminée , parce que la fumée qui fuit & qui monte
le long de la furface plate & inclinée du bois , prènd
la direâion que cette inclinaifon lui donne, St
rentre facilement dans la chambre quand la fur-
face plate du bois incline de ce côté. Mais fi on
fe fert du bois verd, il fuffit d’avoir attention qu’il
foit proche du fond de la cheminée.
Quel que foit le bois que l’on brûle, il faut toujours
qu’il foit,arrangé fur ,1e foyer , de façon que
l’air y ait un cours libre : pour cela i f eff à propos
que le bois foit un peu ALevé ait deffus dè
l’âtre par le moyen des chenfts ou d’une grille
& qu’il y ait des irîterfiiees entre les bûches , afin
que î’air'puiffe s’y ihfinuer de tous cotés ; car, comme
le feu a befoin de beaucoup d’air pour acquérir
là rapidité de mouvement qui doit produire.de la
flamme, & que pour cela il attire &. abfôrbe tout
celui de fon atmofphère , il faut par confêquent
que l’air ait la facilité de circuler entre les bûches
par les côtes &par deffous , afin de fervir comme
d’aliment ou de véhicule au feu. Sans ce fecoyrs
le feu s’éteint bientôt, ou le bois fume beaucoup.
De la pofltion des jambages•& des tuyaux.
M. Gauger , dans fon traité de la Mécanique au
feu , prétend que , par la difpofition ordinaire dés
jambages parallèles, la fumée s’étend facilement
dans le coin du foyer , & que , ppur peu qu’elîe
foit agitée, elle rentre dans la chambre ; i° . parce
que n’étant plus au deflus du feu qui ne s’étend
point jufque dans les coins, elle eff moins' pouffée
en haut dans ces endroits, a0. Parce que ces endroits
étant les moins échauffés, l’air de la chant- I
bre y e fl moins attiré , & en chaffe par conféqucnt
moins la fumée dans le tuyau.
30. Parce que l’air de la chambre donne avec
plus de force fur le milieu de la cheminée où eff
la chaleur qui l’y attire : en s’y étendant par fa
raréfaction , il preffe encore la fumée dans les Coins
de la cheminée , & lui donne un mouvement qui
la fait rejaillir & rentrer dans la chambre.
. 40. Parce que , s’il arrive que l’air prefle avec
force dans la cheminée, comme lorfqu’il y a une
porte ou une fenêtre ouverte dans la chambre, ou
qu’il y en entre beaucoup par quelque endroit que
ce fo it, cet air pouffant violemment la fumée, la
fait frapper diteftement contre le fond de la cheminée,
& réfléchir dans la chambre ; d’où , fi elle
eff encore repoyffée, elle fait ces petits tourbillons
que l’on voit dans les Coins, des cheminées, lef-
quels font, à la vérité, plus confidérables lorf-
que les vents entrent par le haut du tuyau , &
qu’ils y répouffent la fumée.
La manière dont les tuyaux des cheminées fo n t .
dévoyés, contribue encore fouvent à faire fumer.
Cependant la nouvelle méthode de dévoyer les
tuyaux eff préférable à celle que l’on pratiquoit
dü temps de Savot , qui étoit d’adoffer les tuyaux
des cheminées de divers étages l’un devant l’autre.
Gn a reconnu qu’il en réfultoit deux abus; le
premier, que ces tuyaux élevés perpendiculairement
étoient-plus fujets-à fumer que ceux;qui font
inclinés fur leur élévation : le fécond , que ces
tuyaux ainfi adofles les uns fur les autres, non-
feulement chargeoient confidérablement les planchers
, mais aufli rétréciffoient fenfiblemeat les appartemens
des étages fupérieurs.
Aujourd’hui l’on dévoyé les tuyaux fur leur élévation
, fans en altérer la conftru&ion ; & le biais
qu’on leur donne dans la hotte les fait rejoindre
pour fortir enfemble hors du toit dans lin même
tuyau qui les contient tous , féparés néanmoins
par des languettës dans fa longueur, au lieuqu’au-
paravant il les renfermoit dans fa profondeur.
: On craignoit au commencement que ce biais ne
fût fujet à la fumée & au feu ; mais l’expérience
a fait connoître qu’il n’apportoit par lui-même aucune
de ces incommodités, poûrvu que le tuyau
n'eût rien dans toute fon étendue qui arrêtât la
fumée dans fon afeenfion , & qu’il fût affez large
pour être tenu net.
Malgré tous ces avantages, M. Gauger, dans
fon traité de la Mécanique du feu , dit que cette
manière de dévoyer les tuyaux apporte quelques
imperfections qui contribuent à faire fumer.
Il prétend que la fumée fe réfléchit fouvent dans
4a chambre en frappant proche de la languette
du tuyau de la. cheminée qui eff dévoyée , parce
que le détour ou l’inclinaifon de cette languette
commençant dès le haut du jambage, la fumée
qui trouve de la réfiftance en cet endroit, fe réfléchit
& defeend même plus qu’elle ne feroit ,
fi elle frappoit plus haut, d’autant que fa force
diminue à ùiefure qu’elle s’éloigne du feu; & pour
peu qu’elle defeende d’un point fi prochain de l’ouverture
, elle doit rentrer dans la chambre.
De quelques autres caufes de la fumée.
Savot indique , dans fon Architecture Françoife j
quelques autres caufes de la fumée.. Cet auteur
avance qu’il fume (Ordinairement dans les petites
chambres en deux oçcafions ; la première , lorf-,
qu’on y fait trop grand feu, & que ces chambres
font trop échauffées , parce que la fumée qui fuit
naturellement la chaleur , rencontrant dans ces
petits appartemens l’air quelquefois aufli chaud
que dans le tuyau même de la cheminée, elle defeend
& fe répand également dans la chambre
comme dans la cheminée.
La fécondé eff lorfque le tuyau de la cheminée
a trop de longueur ou de diamètre eu égard
à la petitefle de la chambre , parce que le vent
s’y introduit facilement, & enfile la longueur-<le
l’ouverture.
D ’ailleurs, ç’eft que le feu ne pouvant plus attirer
affez d’air & de vent par les interffices des portes,
&. des fenêtres qui ; pour l’ordinaire , ne font
pas fort multipliées dans les petits appartemens ,
il eff contraint d’en tirer par les Côtés trop longs du
tuyau de la çheminee ; ce qui eff caufe que l ’air
& le v en t, attirés de haut en bas pour l’entretien
du feu & de la flamme, entraînent avec eux la
fumée qui reflue enfuite dans la chambre.
Çet inconvénient n’arriveroit pas fi le tuyau de
la cheminée avoit moins de longueur : & même
fi la fumée venoit à être repouffée par quelque
grand vent, il n’en defeendroit que fort peu, &
feulement par le milieu du tuyau ; ce qui la ren-
droit moins incommode, parce que, dans ce cas-
là , elle feroit rabattue dans. la flamme où elle fe
recuiroit , enforte qu’elle ne feroit plus piquante
aux yeux.
Perfonne n’ignore que la fumée féparée & pouffée
en haut par la chaleur du feu, n’eft autre chofe
que de la fuie réfoute, en vapeur & en exhalai-
fon , ou raréfiée , & (Sjue la fuie eff une fumée con-
denfée : o r , la fuie étant recuite & enflammée., ne
retourne plus en fumée cuifante aux yeux ; c’eft
pourquoi dans les grandes fournaifes, telles que
celle? des verriers , le bois ne fume point, parce
que la fumée fe mêlant & tournoyant dans le
fourneau.avec la flamme, s’y recuit & s’y enflamme
de telle forte, qu’elle ne caufe plus de douleur
aux yeux ; la fumée étant aufli inflammable
& combuftible que la fuie, puifque ce n’eft qu’une
même matière.
Savot. a remarqué que n©n-feulement la trop
grande quantité de fuie qui eff dans la cheminée,
la fait fumer; mais encore qu’une cheminée nouvellement
faite fume jufqu’à ce qu’elle ait été enduite
d’une petite croûte de fuie. Apparemment
que c’eft un effet de l’humidité .de l’air renfermé