
favoir jufqu’dii Ton peut approcher de régler une
bonne montre ou pendule ; queftion même très-
embârraffante : car pour dire qù’une montre va
bien, il faut déterminer que le. mot bien aller ce
n’eft pas d’être jufte, il n’y en a que par hafard,
& conféquemment pendant un temps a fiez- court,
mais ce fera celle dont on aura fu prendre le terme
moyen de ces variations ; & pour le prendre il faut
le connoître, ce qui ne peut être qu’aprês une fuite
de préparations & d’obfervations.
i° . Il faut démonter, vifiter, examinerfcrupu-
leufement toutes les parties du mouvement ; voir
fi elles font dans le cas de bien faire toutes leurs
opérations auili conftamment qu’on a droit de l’exil
ger dans une montre bien faite.
2°. En général, une montre n’eft bien difpofée
que lorfque la force motrice fe iranfmet d’un mobile
fur un autre avec toute fon énergie, fans rencontrer
fur fon padage aucun obftacle qui l’interrompe
, l’altère ou la fùfpende ; de telle forte qu’on
puiffe conftdérer cette force motrice, ou le grand
reffort développé , comme un bras de levier qui
agit immédiatement fur le régulateur, comme s’il
n’y avoit point d’intermédiaire , & que ce régulateur
ou le balancier.& fon fpiral foit pris pour
l’autre bras de levier qui lui fait faire équilibre :
enforte que les vibrations de celui-ci foient telles ,
qu’elles ne foient point troùblées ni altérées par
la force qui les anime.
Si l’on fe fait une idée nette des deux puiffances
en équilibre , favoir , d’un côté, la force motrice
ou aâive , & de l’autre, la force réglante ou paf-
five , l’on aura la meilleure idée de la bonté des
montres & des pendules ; & ce n’eft que dans ce
c a s , & fous ce feul point de v u e , qu’on peut &
qu’on doit s’ attendre de les voir marcher conftam-
ment & fans aucune variation ; mais fi l’équilibre
vient à être rompu par la perte ou l’augmentation
d’une de ces puiffances, il faut alors que la montre
ou pendule varie , & cette variation fera en raifon
compofée de la direfte de l’u n e , & de l’inverfe
de l’autre , & réciproquement où elle pourroit être
d’autant moindre , quellesteqdrojent à fe compen-
fer l’une par l’autre.
Sans faire ici 4’énumération de toutes J es caufes
qui peuvent altérer cet équilibre , ce qui meneroit
trop loin , je vais expofer les principales , & montrer
de quel côté l’on peut rompre cet équilibre.
i° . La force motrice étant un reffort, perd
beaucoup de fon énergie, & d’autant plus qu’il
eft plus long-temps tendu , & que la lame eft plus
épaiffe.
2°. La force motrice-ne peut être tranfmife fur
le régulateur fans paffer fur tous les mobiles intermédiaires
; elle éprouve donc de l’altération par
le frottement des pivots de tous les mobiles, &
de leurs engrénages'; mais comme l’on ne peut
apprécier exactement l’altération du reffort moteur,
& encore moins celle que le frottement retarde fur
tpus les mobiles, il fuit qu’il excité réellement une !
perte variable de force motrice fur le régulateur«
Il faut donc que cette force foit excédente, pou»
ne fe pas trouver en défaut.
3°. Le régulateur ou le balancier & fon fpiral ;
tire fon énergie du mouvement du balancier multiplié
par l’arc des levées, & divifé par le reffort fpiral ,
c’e f t -à -d ir e , par la force élaftique ; plus elle eft
grande , plus elle détruit les mouvemens du balancier,
& plus les vibrations font promptes, & réciproquement
, c eft-à-dire, le produit de la maffe par
le rayon de gravité : le rayon part du centre, &
fe termine non à la circonférence , mais au centre
de gravité du rayon total.
Si la chai sur vient à dilater le balancier , les
mouvemens feront augmentés fe;cette même chaleur
agiffant fur le fpiral, l’alongera , & par conféquent
le rendra plus toible, deux objets qui feront retarder
la montre ; mais comme les frottemens font un
fi grand rôle dans toutes les machines, & fur-tout
dans les montres, par la chaleur & par le froid,
il faut conclure que c’eft principalement le froid
qui retarde tous les mouvemens. De tout cela, il
fuit qu’il y a réellement; trois caufes effentielles
pour faire varier les montres, indépendantes de la
meilleure exécution.
i° . La force motrice.
2°. Les frottemens des mobiles qui la reçoivent.
3°. L’altération du régulateur.
Convaincu de ces trois objets , il faut donc
pour régler la montre la mieujç faite, la mettre en
expérience pendant d ix , vingt, trente jours, l’ob-r
ferver fur une bonne pendule à feçondes, écrire
tous les jours ce qu’elle aura fait dans les diverfes
portions , pendue à plat, & portée toujours dans
température du-dixième au vingtième degré du ther*
momètre de M, de Réaumur j enfuite prendre pour
point fixe le terme moyen de fes erreursafte&ant
de choifir l’excès en avance plutôt que le retard,
parce qu’en général elle tend plus à retarder qu’à
avancer. C ’eft avec de telles précautions que j’ai
réglé des montres au point de ne.pas faire un quart
de minute d’erreur par jour ; j’en ai même réglé
qui en faifoient moins encore ; mais j’en ai aufïî
trouvé qui faifoient deux à trois minutes d’erreur,
fans pouvoir y découvrir aucune caufe dans Fexé->:
cution de leurs parties , malgré les recherches les
plus appliquées ; alors j’ai eu recours , pour parvenir
à corriger ces variations, de changer le grand
reffort & le lpiral, fans néanmoins y avoir trouvé,
en les examinant fcrupuleu fe me n t , aucun défaut
afîignable ; ce qui prouve qu’il y a dans le métal
des défauts qui fe refufent à nos lumières, mais,
qui fe manifeftent par leurs effets.
Si une montre étant réglée avec toutes les attentions
pofïibles , vient à fe dérégler par le changement
de température, il ne faudra pas toucher
au fpiral, fans s’affurer auparavant, par une fuitç
d’épreuves réitérées , que' la montre- retarde ou
ayançç véritablement dans la température moyenne
du dixième au vingtième degré, comme je Fai dit
ci - deffus.
A l’égard des pendules > le terme moyen fera
d’autant plus aifé à prendre, que les pendules feront
plus longs, & conféquemment les variations '
feront d’autant plus grandes , que les pendules feront
plus courts. Comme le pendule eft, par fa nature,
un puiffant régulateur qui abforbe en quelque
forte toutes les inégalités de la force motrice &.
des frottemens qui la dirigent , je ne m’arrêterai
pas fur les autres objets, mais feulement fur le
régulateur.
Avant de procéder à régler une pendule, il faut
faire le même examen de toutes les parties de fon
mouvement, comme je Fai déjà indiqué pour les
montres : cela pofé, il faut enfuite faire une fuite
d’expériences par une température moyenne du
dixième au-vingtième degré pendant vingt ou trente
jours , écrire; ce qu’elle aura fait tous les jours,
& prendre pour point fixe le terme moyen des variations
qu’elle aura données.
L’addition que l’on fait d’un thermomètre aux
verges de pendules à fécondés ; pour rendre confiantes
leurs longueurs par des différentes températures
, feroit une très-bonne chofe s’il étoit vrai
que ces thermomètres de métal fuflent eux-mêmes
infaillibles mais par les expériences que j’en ai
faites, je n’ai point vu qu’elles fuiviffent exactement
le rapport des dilatations ; ce que je vais ef-
fayer de juftifier par des raifons.
i° . Supposons qu’on ait un rapport exaâ de
leurs différens métaux , ce qui eft déjà affez problématique
, -il faudra faire des leviers de compen-
fation dans’ le rapport des dilatations „données ; la
plus petite erreur ou imperfection dans cette mécanique
, fera plus que fuflifante pour produire des
erreurs fur les alongemens plus contraires que favorables.
-
2°. Le frottement de toutes ces parties , qui doivent
gliffer les unes fur les autres, eft une caufe
variable , & pourra donc aufli faire varier les dilatations
dans des rapports plus grands ou plus petits
des dilatations naturelles.
3q. Les dilatations fuivent - elles exactement les
effets du chaud & du froid ? Une barre de fe r ,
d’acier ou de cuivre ayant éprouvé de l’alongement
par la chaleur, revient-elle à la même longueur
lorfque la température revient au terme dont elle
étoit partie ? Pour m oi, qui ai fait un grand nombre
d’expériences pour vérifier cet effet, je n’o-
ferois l’affurer, car j’ai toujours trouvé que le pendule
reftoit plus long après.une grande dilatation,
enforte qu’elle ne fuivoit point du tout la proportion
des degrés de la température , & qu’en général
toutes les erreurs tendoient à tenir les verges plus
longues.
4°. Enfin, une verge de pendule compofée de
plufieurs branches, pour remédier aùx effets du
chaud & du froid, eft une machine compofée ,
g u i, par fa figure & par le poids que fes parties
exigent, altère & change réellement la nature d’un
bon régulateur : donc il fuit qu’en fuppofant qu’on
parvienne à corriger les effets de la dilatation, Fort
tombe néceffairement dans d’autres inconvéniens
plus à craindre encore , celui d’affoiblir la puif-
fance réglante. Comme Fon ne paffe pas fubite-
ment d'une grande chaleur à un grand froid, les
particuliers qui ont des pendules à fécondés ne verront
que de petites erreurs , & d’autant plus petites
, qu’ils pourront les prévenir en y faifant toucher
deux fois l’année, au commencement de l’été
& de l’hiver ; mais pour l’obfervateur qui veut
continuellement l’heure exaCte, il peut, fans grande
peine, maintenir fa pendule par une température
artificielle, ou bien encore fe former une table des
erreurs que le changement de température lui donne
, & comparer la table avec fon thermomètre
lorfqu’il confulte fa pendule.
Il fuit de ces quatre principales remarques, que
pour avoir'une pendule bien réglée, & que la
verge foit fenfiblement dans une longueur confiante
, il vaut mieux chercher à la tenir dans la même
température.
L’on y trouvera ce double avantage, qu’en prévenant
l’alongement de la verge du pendule, l’on
prévient encore tous les effets .que le froid ou le--
chaud fait fur les autres parties de la machine, ce
qui n’eft pas à négliger , car j’ai vu dans de grands
froids une pendule bien faite produire des effets tout-
contraires à ceux qu’on devoit en attendre : la verge
du pendule étant raccourcie, elle devoit avancer ,
cependant elle retardoit ; la caufe étoit que l’huile
étoit un peu defféchée, enforte que les frottemens.
étoient tellement augmentés, qu’ils retardoient l’ofi
cillation en plus grande raifon que le raccourcif-
fement ne l’accéléroit. Je n’ai fait que mettre de la
nouvelle huile fluide, & cette pendule s’eft mife
à avancer à - peu - près de ce qu’elle retardoit. A
l’égard des pendules de différentes longueurs, l’on
peut pofer en fait qu’elles varient toutes également
par les mêmes températures , ce qui eft aifé à démontrer
par le raifonnement fuivant.
L’on fait que les longueurs des pendules font
entr’elles réciproquement comme le quarré du
jnombre de leurs vibrations faites dans un même
temps , ou bien que le nombre de vibrations de
deux pendules dans un même temps font entr’eux,
en raifon inverfe 'des racines quarrées des longueurs
defdits pendules : cela eft démontré. Il fuit
donc de ce principe, que fi la chaleur ou le froid
vient à faire varier la longueur des pendules, comme
cela eft indubitable , cette variation fera proportionnée
aux longueurs données, car la dilatation
ou la condenfation agit en tout fens, cela eft in- :
conteftable : donc les dimenfions homologues éprou'
veront des changemens proportionnels. Ainfi , un
pendule double ou triple, s’alongera de même du
double ou du triple.
Donc il fuit que les effets ou vibrations qui ré-
[ fulteront dans un même temps par les variations