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devoir placer cês calottes dans le temps de la grafide
chaleur ou des grandes pluies , il eft bon de les
peindre de bonne heure, afin de leur donner le
temps de fécher doucement.
Cette méthode eft affez conforme à celle que
M. Fremin a prefcrite dans fes mémoires critiques
d’architeâure. Ce quil y a déplus, c ’eft le manteau
de là cheminée qui va en diminuant comme une
pyramide jufqu’à fept pieds & demi de haut, après
quoi le tuyau, n’a plus qu’un pied d’ouverture réduit
à huit pouces fous.le larmier, ce qui doit former
un tuyau carré , & par conféquent plus facile à
arrondir dans fon" extrémité , afin d’y placer la
ruche ou calotte de tôle.
Enfin j Alberti prétend que fans infirmer tout ce
qu’il nbus'sa appris touchant la fumée , rien n’eft
plus capable de nous en. préferver , que de faire
appliquer fur le tuyau de la cheminée un couvercle
de tôle ou de fer blanc .{fig. ' » p^ucfte du fùmijle
tome I I des, gravures ) fait à peu près comme le chapiteau
d’un alambic A , avec quatre becs qui fervent
de foupiraux ou de narines pour faire fortir la
fumée. Il eft nèceflaire que ce couvercle foit haut
& ample par le b as, félon le diamètre du tuyau de
la cheminée.
Peut-être ce couvercle feroit plus propre pour
une cheminée carrée que pour toute autre. 1
Autre moyen propofé par Cardan.
Quoique Cardan attribue le reflux de; la fumée
a un mouvement accéléré , qu’il nomme effort, &
à la force par laquelle la fumée eft repouflee* ou
arrêtée dans le tuyau de la cheminée, lorfqu’il n’eft
pas allez ouvert dans une de fes extrémités ; cependant
il regarde le vent comme la eaufe principale
& efficiente de cette incommodité; c’eft pourquoi
il s’eft attaché effentiellement à en prévenir l’effet
par le moyen qu’il nous a donné aü livre de la Subtilité.
Il croit y avoir réulft en plaçant à chaque face
de la cheminée , deux tuyaux de terre cuite , ou
d’autre matière, dont l’un foit dirigé en haut, &
l’autre en bas, fig. 2 , même planche ; car il eft im-
poffible , dit-il, que huit vents , quatre tendans en
bas , & quatre en haut, fouffient tous en même
temps des divers points de l’horizon ; par conféquent
la fumée pourra toujours s’exhaler par quelqu’un
de ces tuyaux. & f .
Cet expédient eft d’autant plus aflure, qui! eft
fondé également lur l’expérience & la raifon';
d’ailleurs il eft facile à faire exécuter , fur-tout fi le
tuyau de la cheminée eft ifolé ; car fi plufieurs cheminées
font adôffées l’une à l’autre, peut-être que
cette méthode ne produira pas autant d’effet, vu
qu’on ne pourra mettre de ces tuyaux que par les
•côtés des cheminées qui fe trouveront enclavées,
. & à trois faces feulement de celles qui feront aux
extrémités. Cela n’empêche pas que Delorme n’approuve
& ne faffe beaucoup de cas de cette inven-
:■ d o n , qti’ii regarde coraaie très-bien imagjaée.
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Autres moyens tirés de Delorme & de’ Serlio#
Il paroît que Delorme s’eft appliqué à chercfieç'
toutes fortes de moyens *pour prévenir & empêcher
le .reflux de la fumée ; car après avoir traité affez
au long de tout ce qui concerne les cheminées, il a
fait plufieurs obfervations fur tout ce qui peut occa-
fionner la fumée, auxquelles il a joint des moyens
de l’empêcher.
Il a remarqué , i° . que les vents s’entonnent
fouvent dans le tuyau de la cheminée , lorfque fes
côtés regardent le midi ou l’occident, qui font les
deux points d’où partent les grands vents , parce
que la longueur de l’ouverture delà cheminée-etànt
tournée à ces deux vents , elle leur laiffe la liberté
de l’enfiler, & tout l’efpace nèceflaire pour y entrer ;
& fi c’eft un vent de nord qui règne , il y entre
encore plus facilement, parce qu’il fpuffle de haut
en bas ; cet inconvénient peut arriver à toutes
les cheminées qui font entièrement ouvertes par
deffus.
Delorme prétend empêcher que le vent ne s’entonne
dans les cheminées ouvertes par deffus, en
faifant une languette, figure 3 , même planche , au
milieu du tuyau, qui prenne depuis la hotte, &
foit continuée jufqu’à l’extrémité du tuyau, qu’elle
furmontera d’un demi-pied.
Gette languette fert à rompre & à divifer le vent ;
de plus, en diminuant par fon étendue la moitié de
la longueur de l’ouverture, elle la met à l’abri du
v en t, qui ne peut agir pour lors que fur l’autre
moitié ; de forte que ; fi peu de feu quel’on faffe, il
fera fuffifant pour repouffer la fumée par lë côté
qui eft à couvert du vent, par le moyen de la languette
; & même le vent ayant moins d’efpace pour
s’ introduire dans le tuyau , parce qu*il eft divifé , il
perdra prefque toute la force.
L’auteur indique cette méthode comme un moyen
général pour empêcher de fumer ; lequel cependant
pourroit ne pâs convenir à toutes fortes de cheminées
, euégard à leurs ifituations différentes, &
aux vents particuliers qui-régnent en certains pays.
Il a remarqué en fécond lieu, qu’aux parties fep-
tentrionales & occidentales de la France, la fumée
y eft le plus fouvent caufée par les vents occidentaux
, de même qu’en Dauphiné, en Provence, en
Languedoc , & dans les pays les plus proches du
midi. Dans ces clùnats, il confeille de couvrir les
tuyaux des cheminées en façon de frontifpices,
On fait plufieurs ouvertures à chaque face de la
; cheminée , pour donner iffue à là fumée , comme
on le voit dans la fig. 4 , qui repréfente une cheminée
du château de Boulogne, très-bien pratiquée,
avec fes ouvertures A , & des languettes B , qui ont
des retraites en dentelures de fcie, pour faire réfléchir
& repouffer la fumée C , qui eft défignée dans
chaque divifion du tuyau de la cheminée , laquelle
eft repréfentée .coupée, afin de laiffer voir la ftruc-
1 ture de l’intérieur du tuyau.
I 11 faut convenir que Delorme avoit emprunté
cette
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cette invention de Serlio , qui l’avoit pratiquée
quelque temps avant lu i, en couvrant les tuyaux
des cheminées en façon de frontifpices ou de chapiteaux
, & en laiffant des ouvertures à chaque
côté, comme l’a fort bien imité Delorme au château
de Boulogne. On trouve même dans une des lettres
de M. Defcartes , une invention qui a beaucoup
de rapport à celle-là.
A l’égard de Serlio, on peut dire qu’il a parlé
-affez- au long des cheminées dans chaque ordre d’ar-
chiteélure ; mais ce qui convient le mieux à notre
fujet, ce font les modèles des tuyaux de cheminées,
qu’il nous a donnés comme très-utiles pour
les lieux élevés &*expofés au grand air. L’extrémité
de ces tuyaux, rétrécie & prefque fermée, fait que
le vent peut d’autant moins y entrer, que la fumée
en fort avec plus de force, paffant d’un petit efpace
dans un plus grand.
Delorme propofe une troifième invention , qui,
à la vérité , n’eft pas fort en ufage aujourd’hui,
mais qui pourroit cependant être nèceflaire dans
certaines chambres qui ne feroient pas fufceptibles
d’autres moyens plus ufités.
j> Il eft quelquefois nèceflaire, dit-il, de fe fervir
» de deux pommes creufes de cuivre , de cinq ou
» fix pouces de diamètre au plus. Ayant fait un 3> petit trou en deffus , il faut les remplir d’eau ,
*>• enfuite les placer dans la cheminée, à la hauteur
3» de quatre ou cinq pieds , à proportion du feu 3» qu’on voudra faire , afin qu’elles puiffent s’é- 3» chauffer jufqu’au point que l’eau étant fuffifam-
3> ment chaude , elle s’évaporera par le petit trou ^.
33 les vapeurs raréfiées fortiront rapidement ; for-
33 cées de paffer en peu de temps d’un grand efpace
» par un petit, poufferont l’air , lequel étant chaffé
33 violemment, communiquera fon mouvement à
33 l ’air antérieur , & cette impreflion rapide fera
33 fentir un vent affez véhément pour pouffer &
33 faire monter la fumée .« Le même auteur ajoute,
que par cet expédient, le bois brûlera plus facilement.
Vitruve a donné la même idée de ces boules, en
parlant de la génération & de la nature des vents;
il les compare à celles des Grecs , qu’ils nomment
éolipiles, qui ne font autre chofe que des globes ou
boules d’airain de différentes façons, qu’on plaçoit
devant le feu pour fervir de foufflets ou d’allumoirs :
elles font creufes , & ont un petit trou fort étroit
par lequel on les remplit d’eau ; enfuite on les met
devant le feu pour faire échauffer l’eau quelles contiennent;
laquelle étant chaude, caufe en fortant
un vent très-fenfible.
Delorme propofe la même chofe, comme étant
un expédient convenable aux petites chambres qui
font prefque toujours fujettes à fumer, foit à caufe
de la petite quantité d’air, ou parce qu’étant bien
clofes, le vent & l’air extérieur ne peuvent y entrer
pour y fuppléer ; c’eft pourquoi il eft très-difficile
d’y remédier.
Mais on pourroit peut - être objefter que ces
Arts & Métiers. Tome III. Partie /.
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boules d’airain ne produifent du vent que pendant
un petit efpace de temps ; à quoi l’auteur répond
que plus elles font grandes, plus long-temps le vent
foumera, pourvu que la chaleur du feu foit tempérée
; car fi on faifoit un trop grand feu, à la vérité
elles produiroient un vent plus véhément , mais
aufli il ne feroit pas de fi longue durée : c’eft pourquoi
il confeille d’en avoir plufieurs, afin que l’une
ne foufflant plus , on en remette une autre à la
place, pour éviter la peine de les remplir d’eau; il
faut premièrement les faire chauffer , enfuite les
mettre dans un feau d’eau , elle y entrera d’elle-
même, trouvant trèspeu d’obftacle dans la capacité
de ces boules.
Delorme rapporte que de fon temps on avort
coutume, pour faire venir de l’air dans la chambre,*
d’y faire à côté de la cheminée un trou au plancher „
auquel on adaptoit un tuyau qui venoit rendre te
vent le long des pieds-droits.; mais à caufe de la
difformité de cette méthode , il prétend qu’il vau-
droit mieux faire le trou en dedans des pieds-droits 9
auquel on mettroit un tuyau qui monteroit jufqu’à
l’endroit de la retraite de la hotte. L’avantage qu’il
trouve à cet expédient, eft que par ce tuyau , il
viendroit un vent dans la cheminée, capable de
repouffer la fumée, & que d’ailleurs rien ne pa-
roîtroit dans la chambre.
On peut dire un mot ici de l’invention de Jean
Bernard , comme étant analogue aux éolipiles.
C’eft un moulinet à vent que l’on place dans la
hotte de la cheminée , afin que l’ardeur du feu &
la fumée , le faifant tourner, illapouffe en haut;
car l’agitation de l’air que fon mouvement produira
, joint à celui qui vient de la chambre , fera
fuffifant pour cela ; femblable à ces petits moulinets
de carte qu’on donne aux enfans , lefquels
tournent facilement, fi peu d’air qu’il faffe, & donnent
eiix-mêmes en tournant une certaine impreflion
à l’air qui les environne, qui fait fentir un
petit vent.
Delorme propofe encore deux autres inventions
très-propres pour les cheminées qui font expofèes
à l’oueft , dont le vent eft de plus à craindre pour
la fumée ; car il la repouffe fi violemment, qu’il
eft bien difficile de s’en garantir, à moins d’avoir
recours à tout ce que l’induftrie de ceux qui font
verfés dans la phyfique expérimentale, peut fug-
gérer. Cela arrive principalement à l’égard des
tuyaux des cheminées qui font dominés par quelque
édifice voifin, ou même lorfque les maifons font
fituées fur le penchant d’une montagne ou dans
un vallon , parce qu’alors le vent étant arrêté dans
fon mouvement par ces hauteurs, il eft réfléchi &
renvoyé dans les cheminées où il ne trouve nulle
réfiftance : ou bien il fouffle par deffus les tuyaux,
& forme des tourbillons qui empêchent l’iflùe de
la fumée.
Dans.ces fortes de lieux, il eft à propos de couvrir
totalement le deffus de la cheminée : on laiffe
feulement des ouvertures longues & perpendicu