
a un frottement continuel, tant que le reflort fe
débande.
Tous ces frottemens font quelquefois fi confi-
dérables , que les refforts ne peuvent fe débander
que par fecouffes , & il y en a même de fi fortes
dans les pendules , qu’elles font trembler les cloi-
fons auxquelles elles font attachées.
L X V I I.
L’on fent bien que tant de frottemens abforbent
une partie de la force du reflort, & quelle attention
les horlogers doivent avoir , s’ils veulent que leurs
reflbrts faflent leurs effets fans de pareilles obftruc-
tions. Aufli les plus habiles ont-ils fait, pour les
éviter, toutes les remarques qu’il y avoit à faire ;
& l’on s’efl apperçu qu’il falloit faire des lames plus
minces à un bout qu’à l’autre, afin que les premiers
tours en dedans ne fiffent pas plus d’effort
en fe développant, que les derniers vers la virole
du barillet.
L X V I I I.
En conféquence de la découverte de la forme
qu’il falloit donner à une lame de reflort, quelques-
uns des premiers artiftes firent ce qu’ils purent pour
y parvenir : mais comme ils.n’avoient que la lime
& d’autres outils peu propres à cet ufage, ils ne
purent rien faire de comparable à ce que l’on peut
exécuter aujourd’h u i, & ce ne fut qu’au commencement
de ce fiècle , qu’on parvint à donner à un
reflort la forme convenable pour profiter entièrement
d’une partie des avantages que pouvoir procurer
la fufée (p/. IV , fig. 4) ; je crois que mon
père fut le premier qui fut faire un reflort fans
frottement, ce qui me rappelle une anecdote affez
remarquable à ce fujet. (1)
L X I X.
B y a des reflbrts de plufieurs autres efpçces,
comme pour répétitions, réveils, & c ; mais ils font
tous inférieurs en qualités à ceux que l’on fait pour
les montres à fufée.
Il y a un art de les faire tirer le moins inégalement
qu’il efl poflible, ce. qu’on n’exécute qu’en
faifant le bout intérieur fort, encore faut - il que
la lame foit beaucoup plus longue, ce qui occa*
lionne un grand frottement ; mais , en la faifant
plus épaifle dans le milieu de toute fa longueur,
comme je crois l’avoir d it , & en y mettant de
l’huile , il fait affez bien Ion effet ; cela n’empêche
pas toutefois qu’un reflort à barillet tournant (fig.
7 , pl. IV fn e îoit plus foible que ne feroit la menie
quantité d’acier fabriquée pour un barillet à fufée
du même diamètre.
(1) M. Sully , horloger du Régent l’effet-d’un reflort que mop père avoit, flauiit ,m &on qtruain tf eu nd éfvoue-r ltoopupchoeitr d; acnes purni nbcaer ilfluert porùis ,t oluutie sd elemsa lnadma e:s » j oCuoomiemnet nfta ns fe » poflible qu’un homme parvienne h faire agir une lameef l—diel *»• cdeixlu-hi udi’tu pno ubcaersil ldeet ldoen gmuoeunrt,r ed, afnasn su nq ueefp laecse paaurftfiie ps eftei tt oquue- p chent î «
L X X.
Manière de faire les petits refforts de répétitions•
Les petits' refforts de fonneries à répétition J
pourroient fe faire de la même manière que ceux
que je viens de décrire ; mais ils peuvent être faits
avec plus de diligence & d’économie.
Il faut prendre des bouts de lames de refforts
ordinaires de la meilleure qualité, tant pour l’acier
que pour la trempe & 1 q revenu, les faire tirer,
dans les grands plombs avec de l’émeri en grains
en tournant leurs bouts de temps en temps, juf-
qu’à ce qu’ils foient bien près de l’épaiffeur qu’i l
les faut : alors on les fend avec la cifaille, fig. ƒ ,
p l . I V
Si elle coupe bien, on peut en tirer deux ou
trois petites lames ; mais f i , au contraire, les ci-
failles ne font pas en bon état, on ne peut faire
qu’avec peine un reflort, en cifaillant uti bord après,
l’autre. ‘
L X X I.
Ayant donc rendu la lame à - peu - près de fa
largeur , il faut la mettre dans l’étau pour la limer
fur les bords, & pour la faire de largeur égale
au calibre. Cette opération demande que les mâchoires
de l’étau foient d’une taille douce , afin
qu’elles ne faflent pas de marques aux refforts, qui
fe caffqroient , pour peu que les dents des mâchoires
de l’étau y fiffent imprefliôn , comme je
l’ai déjà dit,
L X X U
Après cette opération, il faut prendre un bout
de lame non-arrondi d’un reflort ordinaire, & le
mettre dans l’étau pour en faire une couliffe de la
profondeur que l’on veut ; puis ce bout étant bien
arrêté dans cet étau , on place une partie de ce
petit reflort dans la couliffe, & avec une lime douce
on arrondit cette partie; on pouffe enfuite la petite
lame jufqu’à la fin , après quoi on tourne la
lame pour en faire autant à l’autre bord, en faifant
bien attention de tirer la lime de long pour
que les traits de la lime foient parallèles autant
que faire fe peut ; autrement, le poli des bords ne.
fe feroit pas bien avec la pierre à l’huile.
L X X I I I,
Pour bien polir les refforts de répétition à la
pierre à l’huile , il faudroit avoir une monture de
petites pierres dans le goût de celles des ,fig. y Sc
6 , pl, III ; mais ordinairement on attache un bout
du reflort dans un étau, & l’autre dans une ter
naille à v is , que l’ouvrier tient dans fa main gauche
pour la tenir droite, & pour bander un peu
le reflort ; de l’autre main il tient la pierre à l’huile
ou il y a des couliffes , dans une defquelles il
place le reflort ; & , en cet état, il pouffe & repouffe
la pierre à l’huile, de la .tenaille à l’étau , en
appuyant à proportion de la force du .reflort pour
ne point le caffer, & ainfi, en douze ou vingt
pouffées
pouffées alternatives un bord fera poli, ce qui fe ,
connoît en paffant l’ongle deffus ; ajors on retourne
le reflort, & on en fait autant à l’autre bord.
L X X I V.
Ce petit reflort étant poli fur les bords, il faut
le monter fur le châflis ( fig. 19 , pl. I ) . On prend
enfuite les petits plombs ( fig. 7 & 8 , pl. I I I ) , &
on y met de l’huile & de i’émeril fin ; après quoi
on les pouffe alternativement, en ferrant légèrement
des deux mains , jufqu’à ce que le reflort foit
de l’épaiffeur convenable : le taél, le balancement
& le coup-d’oe il, font, comme je l’ai déjà d it,
les feuls guides pour connoître cette épaiffeur.
Cepoliffage étant fait, il faut le bleuir, comme
je l’ai indiqué, caffer les bouts , & y faire les yeux
avec de petites limes proportionnées à la grandeur
du reflort ; après quoi, il faut mettre un petit arbre
dans une tenaille à v is , comme en fig. 6 , pl.
IV , ayant foin que fon crochet ne foit pas trop
haut, autrement il formeroit des boutons tout du
l'om| de la lame.
Comme c’eft l’horloger qui ajufie le bout de dehors
de ce reflort, l’on n’y fait point d’oeil en dehors
; & ainfi fe trouve fini un reflort qui demande
plus de précifion que les autres, à caufe de fa petiteffe.
L X X V.
Manière de faire les refforts en fpirale.
Les refforts qui tiennent aux verges des balanciers
, font regardés avec raîfon comme de la plus
grande importance pour la marche d’une montre.
Depuis leur invention par le doéleur Hook , &
leur exécution par Thompion, en 1658 , les horlogers
Anglois les ont faits avec ce que l’on nomme
de la bobine. C ’efl un petit fil d’acier que l’on paffe
entre deux cylindres d’acier, trempés durs & bien
polis , pour le laminer.
Les François n’en font prefque point, & fe fervent
de fpiraux faits à Genève , qui font affez médiocres
, à caufe de leur inégalité, tant d’épaiffeur
que de largeur ; mais ils ne laiffent pas cependant
de bien faire leur effet, tant cette invention a de
mérite, pour entretenir les vibrations du balancier.
Comme j’ai fait quelques refforts fpiraux pour
des cas extraordinaires, & que j’ai procuré à des
ouvrières Genevoifes , qui travailloient à Paris,
des lames pour en faire, que je les ai aidées à
perfeétionner leur ouvrage , je vais rendre compte
de la manière dont il faut s’y prendre pour faire
de bons fpiraux avec des lames d’acier trempées.
L X X V I.
Afin de pouvoir fabriquer des refforts fpiraux,
il faut faire faire, par des faifeurs de refforts de
montres , des lames larges de quatre ou fix lignes,
trempées & revenues b leu, de 18 ou '2,0 pouces de
long comme en fig. 8 , pl. I V , auffi minces &
de la forme qu’on défire.
Arts & Métiers. Tome III. Partie I.
Il efl à propos de les faire de bonne force du
premier coup , parce que l’on ne peut plus les toucher
après être çifaillées , fans leur donner une imperfection
, foit pour la forme, foit pour l’égalité.
L X X V I I.
Les lames étant de la force & de la forme convenables
, il faut les couper de la longueur dont
on veut les refforts fpiraux, faifant bien attention
de mettre les bouts les plus foibles du même côté,
& fe fouvenant que les lames les plus minces &
les plus courtes font pour les petits fpiraux, & que
les longues & les plus fortes font pour les grands.
L X X V I I I.
Tout étant ainfi préparé, il faut prendre la ci-'
faille qui a un doflier A (j£gV° > P1' !?")• Ce
doflier fert de calibre pour déterminer la largeur
de la petite lame que l’on veut cifailler ; j’ai re-
préfenté cette cifaille à vue d’oifeau, afin que l’on
puiffe voir la largeur dont le reflort fpiral peut être
cifaillé, ayant un doflier qui efl attaché avec des
rivets 1 & 2 à la joue B.
L X X I X.
La fig. 10, pl. I V , efl vue de côté dans toute
la longueur de la cifaille , afin que l’on puiffe
diftinguer le doffier A en dehors , avec fes rivures
x & 2 .
L X X X.
La fig. tu pl. I V , efl une vue du coté op-
pofé , afin de faire voir les rivures du doflier,
qui doivent fe perdre dans la joue B , afin qu’en
travaillant elles ne puiffent pas accrocher à la tran-,
che de la joue C.
L X X X I.
Les cifailles étant ainfi montées & le manche
b dans l ’étau , comme en fig. 10 , même pl. IV , il
faut prendre une de ces lames courtes par le bout
mince avec les doigts de la main gauche, & l’ap-
1 puyer contre le doflier, comme dans la fig. 12.
Enfuite on appuyé fur le manche a , ( fig. 10. )
pour fermer la cifaille : cela coupe la lame juf-
qu’au bout du doflier ; après quoi il faut le hauf-
fer & faire avancer la lame en pouffant toujours
fur le doflier; & ainfi refermant les cifailles de
nouveau, on coupe autant de lame qu’au premier
coup ; enfin , en ouvrant & en fermant les
cifailles & pouffant contre le doflier, une lame
fera coupée aufli large que le doflier l’aura permis.
Il faut continuer de couper de même toute la
partie, en mettant tous les bouts foibles du même
côté.
L X X X I I.
Lon fent bien que s’il faut des fpiraux de dif-
fèrentes largeurs , l’on doit arranger le doflier
C c c