
canifme en queftiori, & l’on monte le cordon du
poids fur la poulie qui eft jointe à ce grand rochet.
Le cordon par lequel on tire fur la petite poulie,
ayant achevé de dérouler , on le laifle aller en
arrière ; le petit reffort fpiral le fait entortiller de
nouveau fur la poulie deftinée à le recevoir, tandis
que le premier encliquetage arrête le grand rochet
& empêche la defcente du gros poids. On retire
ainil la corde , & toujours de même , jufqu’à ce
que le gros poids foit entièrement remonté, & le
petit poids defcendu.
D e l a M o n t r e .
La montre eft une très-petite horloge, conftruite
de façon qu’on la puifle porter dans legouflet, fans
que fa juftefle en foit fenfiblement altérée. Quoique
cette définition convienne allez généralement aux
montres » il femble cependant que ce mot de
montre a auflî beaucoup de rapport à la forme de
l ’horloge & à la difpofition de fes parties ; car on
appelle montre de carrofle, des horloges qui font
auflî greffes, que certaines pendules , & il paroît
que Ton ne leur a donné ce nom que par la
reffemblance de leur forme & de leur conftru&ion
à celles des montres ordinaires.
L’origine de ce nom vient de ce qu’autrefois
on appelloit le cadran d’une horloge , la montre de
Thorloge ; de maniéré que dans les premières horloges
ou montres de poche , toute la machine étant
cachée par la boîte, on leur donna vraifemblable-
ment le nom de ce qui feul indiquoit l’heure, qui
étoit la montre.
On ne fait pas précifément dans quel temps on
a commencé à en faire ; ce qu’il y a de vraifemblable
c ’efi que ce fut approchant du temps de Charles-
Q u in t, puifqu’on trouve dans fon hiftoire qu’on lui
préfenta une horloge de cette efpèce comme quelque
chofe de fort curieux-
Comme dans les montres on fut obligé de fubfti-
tuer un reffort au poids qui dans les horloges
étoit le prineipe du mouvement , on s’apperçut
bientôt des inégalités qui naiffoient des différentes
forces de ce reffort ‘T on s’efforça donc d’y remédier
; après plufieurs tentatives, on parvint à inventer
la fufée , qui eft fûrement une des plus
ingénieufes découvertes qu’on ait jamais faites en
mécanique.
Pour communiquer à cette fufée le mouvement
produit par ce reffort, on fe fervit long-temps d’une
corde de boyau , qui fut une autre fource d’inégalités
j car cette corde, tantôt s’allongeant , tantôt
s’accourciffant par la fé cher elfe ou l’humidité, fai-
foit continuellement retarder ou avancer la montre
de plufieurs minutes en très-peu de temps- Enfin
on parvint à faire de très-petites chaînes d’acier
qu’on fubfiitua aux cordes de boyaux ; & le reffort
fpiral ayant été inventé approchant dans le même
temps, on vit tout-d’un-coup changer la face de
l’horlogerie ; les montres acquérant par ces deux
découvertes , & fur-tout par la dernière, une jufteffe
q u i, quelqu’accoutumé qu’on y foit, furprend
toujours ceux qui font un peu inftruits des difficultés
phyfiques & mécaniques qu’il a fallu vaincre
pour les porter à cette perfeâion.
Les horlogers diftinguent les montres en plufieurs
fortes ; en fimples , à fécondés , à répétition , à réveil
, à fonnerie, & à trois parties.
Les montres fimples font celles qui marquent feulement
les heures & les minutes.
Les montres à fécondés , celles qui outre cela
marquent encore les fécondés. Ce qui fe fait de deux
façons , l’aiguille qui marque les fécondés étant
tantôt au centre du cadran, tantôt hors de ce centre
: cette dernière efpèce s’appelle montre à fécondés
excentrique. On verra plus bas comment elles font
confinâtes.
Les montres à répétition font celles qui fonnent
l’heure & les quarts marqués par les aiguilles, lorf-
que l’on pouffe le pendant ou pouffoir.
Les montres à réveil, celles qui fonnent d’etles-
mêmes à une heure marquée, pour vous réveiller.
Les montres à fonnerie font celles qui fonnent
d’elles-mêmes, à l’heure , à la demie., & quelquefois
aux quarts , l’heure qu’il eft : elles font
aujourd’hui prefque hors d’ufage.
Les montres à trois parties font celles qui ont les
propriétés des trois dernières, c’eft-à-dire, qu’elles
font en même temps à répétition , à réveil & à
fonnerie.
On diftingue encore plufieurs fortes de montres,
comme les montres à corde, à barillet tournant,
à remontoir, &c. mais on n’en fait plus de cette
forte ; & celles qui fubfiftent aujourd’hui, font des
montres qui ont été faites autrefois.
Les premières eurent ce nom , quand on commença
à faire des montres à chaîne.
/ Les fécondés furent mifes en ufage dans le temps
de la découverte du reffort fpiral. On vanta tant
fes propriétés , qu’on perfuada aux horlogers que
la fufée devenoit inutile ; pour lors ils fubftituêrent
à fa place le barillet tournant, qui n’étoit autre
chofe qu’un barillet qui portoit à fa circonférence
des dents qui engrenoient dans le premier pignon
du mouvement ; de façon que le reffort étant bandé
, & faifant tourner le barillet, faifoit marcher
la montre : mais bientôt l’expérience apprit aux
horlogers leur erreur , & ils abandonnèrent entièrement
cette pratique.
Les traifièmes furent une des fuites du goût que
l’on avoit il y a quarante ans pour la décoration.
On trouvoit mauvais que le cadran fût percé pour
pouvoir remonter la montre ; de façon que pour y
fuppléer, on inventa cette efpèce de montres, où
par le moyen de deux roues pofées deffous le cadran
, l’une attachée fixément à l’arbre de la fufée,
& l’autre fixée au centre du cadran y on pouvoir,
ces deux roues engrenant l’une dans l’autre, en
faifant tourner celle du milieu, remonter la montre
par le mouvement qu’elle eommuniquoit à l’autre
qui tenoit à l’arbre de la fufée:(notez que cette
forte de montre ne marquoit jamais que les heures,
fans marquer les minutes). Dès que l’horlogerie
de Paris commença à refleurir , on abandonna ces
montres ; car il eft bon de remarquer que les An-
glois qui nous furpaffoient de beaucoup en horlogerie
dans ce temps-là , ne donnèrent jamais dans
de pareilles extravagances.
Une montre eft compofée de fa boîte & de fon
mouvement : ce mouvement lui-même eft com-
pofé de différentes parties, dont les unes font plus
ou moins effentielles. Voyez les planches X X V ,
X X V I & X X V II t avec leur explication..
Montre à fécondés.
C ’eft une montre qui marque les fécondés ou
foixantième partie de minute. Il y en a de deux
fortes : les unes, que les horlogers nomment excentriques
, marquent les fécondés par un petit cadran
dont le centre eft différent de celui des heures
& des minutes ; les autres qu’ils appellent concentriques
, marquent, ces fécondés par un cadran,
qui pour l’ordinaire eft le même que celui des
minutes.
Les montres à fécondés excentriques font les
plus fimples, les meilleures, les plus aifées à faire,
& par conféquent les moins coûteufes. Leur mouvement
diffère peu de celui des montres fimples ;
on donne à leurs roues & à leurs pignons les nombres
convenables pour que la roue de champ puifle
faire un tour par minute ; on rend le pivot de cette
roue, qui roule dans la barette de cette platine des
piliers, plus gros & affez long pour paner au travers
du cadran ; & on place cette même roue dans
la cage, de façon que le pivot dont nous venons
de parler, deftiné à porter l’aiguille des fécondés,
fe trouve dans un point où le cadran des fécondés
devienne auflî grand & auflî diftind que faire fe
peut.
On fe fert de deux moyens pour faire marquer
les fécondés avec une aiguille placée au centre du
cadran. Par le premier, on place la petite roue
moyenne entre la platine des piliers & le cadran,
on la fait engrener dans un pignon de chauffée, qui
tourne librement & fans trop de jeu fur la chauffée
des minutes ; on ajufte enfuite fur la chauffée des
fécondés un petit pont qui porte un canon concentrique
avec celui des chauffées , & dont le trou eft
affez grand pour que le canon de la chauffée des fécondés
n’y éprouve aucun frottement ; enfin 9 on
donne au canon du pont- une longueur telle qu’il
approché d’un côté fort près du pignon de la chauffée
des fécondés, & de l’autre, de l’aiguille qui
doit marquer ces fécondés. La fon&ion de ce pont
eft de porter la roue de cadran de la même manière
que la chauffée des minutes le porte dans les montres
ordinaires ; par fon moyen , on évite les frot-
temens trop confidérables qui naîtraient, fi la roue
de cadran tournoit fur la chauffée des fécondés.
V o ic i le fécond moyen qu’on emploie pour faire
marquer les fécondés par le centre. On met dans
la quadrature trois petites roues plates fort légères
qui engrènent l’une dans l’autre ; on fixe la pre-,
mière lur la tige de la roue de champ , & l’on fait
tourner la dernière fur la chauffée des minutes au
moyen d’un canon, & de la même manière que
la chauffée des fécondés y tourne dans le cas précédent;
enfin, l’on ajufte auflî un pont fur cette
dernière roue pour porter la roue de cadran.
Lorfqu’on fe fert de l’échappement de M. Gree-
haam, ou de quelqu’autre dont la roue de rencontre
eft parallèle aux platines, cette roue tournant
à gauche, on peut alors faire mener la roue
des fécondés, qui devient fort grande, immédiatement
par le pignon de la roue de rencontre.
Toutes ces méthodes ont leurs avantages & leurs
inconvéniens : la première eft fans doute la plus
fimple & la meilleure qu’on puifle employer, l’aiguille
y marque les fécondés très - régulièrement
& fans jeu ; mais le furcroît de groffeur du pivot
qui porte cette aiguille , la petitefle du cadran des
fécondés & la confufion qu’il occafionne dans celui
des heures & des minutes , font des défauts auxquels
on ne peut remédier.
Joignez à cela que dans ces fortes de montres la
roue de champ ne faifant que foixante tours, au
lieu de foixante-douze qu’elle fait dans les montres
fimples, on eft contraint de multiplier les
tours qu’un des fiens fait faire à la roue de rencontre
, d’où il fuit que le pignon de cette dernière
devient petit, & la denture de la roue de
champ trop fine.
On évite ces défauts par la fécondé méthode ,
mais alors on tombe dans d’autres inconvéniens ;
la petite roue moyenne & le pignon de roue de
champ fe trouvant fort près d’un de leurs pivots ,
l’huile ne peut refter à ce pivot, & il s’y fait beaucoup
d’ufure.
Ce défaut feul doit faire abandonner cette conf-
tru&ion ; mais il y a plus , le jeu de l’engrenage ,
l’inégalité du pignon qui porte l’aiguille des fécondés
, produifent fur cette aiguille des effets d’autant
plus fenfibles, que l’engrenage fé fait fort près de
fon centre ; il arrive de - là qu’on ne peut favoir
qu’à une demi-feconde près le point où l’aiguille des
fécondés répondrait fans le jeu de l’engrenage ;
ajoutez à cela que le pignon de fécondés, le pont,
& les jours néceffaires emboîtent une partie de la
hauteur de la montre, d’où il fuit que la force ma-,
trice en devient plus foible. |
Les trois roues employées dans la troifième
méthode produifent les mêmes inconvéniens à-
peu-près.
On voit donc qu’il n’eft guère poflîble de faire
une montre à fécondés, fans tomber dans quelques
inconvéniens.
Si l’on me demande laquelle des méthodes précédentes
je préférerais , je répondrai que celle où
l’on met une aiguille fur le pivot de la roue de
champ me paroît la meilleure, en obferyant d’é