
fi R A G R A
VOCABULAIRE de l’Art de la Gravure en lettres, géographie, topographie,
mufique y & fur métaux•
B u r in , outil d’acier tranchant, dont la figure
eft ordinairement carrée ou en lozange ; il fert au
graveur pour inciter le métal.
C arré ; c’eft la matrice ou le moule en creux
qui doit donner l’empreinte au cachet ou au poinçon
qu’on veut graver.
C ire ; c’eft le modèle en cire que fait le graveur
fur métaux, avant de travailler le cachet, le
poinçon , ou tel autre ouvrage qu’il doit cifeler.
C rocher ; terme de graveur en mufique ; c’eft
tirer au burin toutes les queues des notes qui en
exigent, qu’on diftingue enfuite par des croches
de différentes efpèces.
D écouvrir un o u til trempé ; c’eft le nettoyer
en le fichant à plufieurs reprifes dans un
morceau de pierre-ponce.
Ebarboir , outil d’acier tranchant , dont le
graveur fe fert pour enlever les barbes qu’il a
laiffées en coupant le cuivre ou l’étain.
Echoppe ; outil d’acier qui fert au graveur pour
incifer le cuivrç ou l’étain.
G éographie ; ( gravure en ) c’eft la gravure
qui repréfente les pofitions des principales parties
ou divifions de la terre.
G ravureen lettres , en to pog raph ie , &c.
c ’eft l’art de rapporter fur des planches de cuivre
ou d’étain, les lettres ou les fignes dont on veut
enfuite tirer l’impreflion.
Griffe ; outil Me graveur en mufique.; c’eft un
parallèle à cinq pointes , fervant à fixer les extrémités
des portées ou des cinq lignes fur lef-
quelles on pofe les notes.
Lettres a deux traits ; ce font des lettres
capitales d’ornement, qu’on emploie dans la gravure.
Lettres fleuronnées ; ce font des lettres accompagnées
de petits fleurons.
Lettres grises ou hachées ; ce font des
lettres ornées de petites gravures ou d’autres or-
nemens.
Lettres piquetée s; ce font des lettres formées
de petits traits ou de points.
Matrice ; c’eft le moule en creux ou eft la
gravure , que l’on fait prendre à un cachet, à un
poinçon, &c.
Métaux ; ( gravure fur ) c’eft l’art de ceux qui
gravent des cachets , des lceaux, des marteaux à
marquer, des poinçons , &c.
Plomb a la main ; c’eft du plomb fondu fur
lequel on prend l’empreinte d’un carré ou matrice
de gravure en creux.
Parallèle a v is ; outil qui fert au graveur
pour tracer fur une planche de métal des parallèles
de toutes efpèces.
Portée ; c’eft dans la gravure de la mufique
les cinq lignes parallèles fut lefquelles on doit
tracer les notes.
Pierre a frapper ; c’eft le marbre ou le billot
fur lequel le graveur frappe la planche dé métal.
Poinçons , outils d’acier avec lefquels on forme
des empreintes de certaines figures ou de fignes fur
une planche de métal.
Positionnaire ; c’eft un outil ou poinçon qui
fert au graveur de géographie pour frapper les
pofitions qui fe trouvent lur les cartes ; il y a con-
fequemment des pojitionnaires ,de figures & d’efi-
pèces différentes.
Régloir ; c’eft une planche à régler, dont fe
fert le graveur en mufique.
SÉMI-TOPOGR APH1E ; ( gravure en ) gravure qui
repréfente les pofitions d’un pays avec quelques
détails particuliers.
Sonnette , inftrument ou efpèce de marteau,
dont on fe fert pour faire prendre au poinçon
l’empreinte en creux fur la matrice.
T amponner une planche ; c’eft la frotter
d’un bout à l’autre avec un tampon fait d’un morceau
de vieux chapeau.
T ire-l ig n e , outil avec lequel le graveur en
mufique trace les lignes fur lesquelles il doit marquer
les notes.
T o po g r a ph ie ; (graveur en) gravure qui repréfente
les pofitions des lieux lesplus remarquables
d’un pays.
HA R E N G . (Art d’apprêter & de faler le )
T j E hareng eft un poiffon de mer bien connu, qui
a neuf pouces ou un pied de longueur, & deux
ou trois pouces de largeur. Sa tête & tout le corps
font applatis fur les côtés. Ge poiffon a les écailles
grandes , arrondies , peu adhérentes, & le dos de
couleur bleue noirâtre. Le ventre a une couleur
blanche argentée ; il eft très-menu, & n’a qu’une
filç d’écailles dentelées qui s’étend depuis la tête
jufqu’à la queue , fur le tranchant que forme le
ventre. La mâchoire de deffous eft plus faillarnte en
avant que celle de deffus, & a de petites dents,
il s’en trouve aufli de pareilles fur la langue & fur
le palais.'
La pêche du hareng , dit M. de’ Voltaire , &
l’art de le faler , ne paroîffent pas un objet bien important
dans l’hiftoire du monde : c’eft là cependant,
ajoute-t-il, le fondement de la grandeur d’Amfter-
dam en particulier ; & pour dire quelque chofe de
lus, ce qui a fait d’un pays autrefois méprifé &
érile , une puiffance riche & refpeétable.
Çe font fans doute les Hollandois , les Ecoffois,
les Danois , les Norvégiens qui ont les premiers
été en poftefiion de l’art de pêcher le hareng, puif-
qu’on trouve cê poiffon principalement dans les
mers du nord ; que fon paflàge eft régulier en troupe
immenfe , par éclairs ; & qu’enfin le temps dans
lequel on ne le pêche point, eft appelé des gens de
mer , morte fai fon.
On voit dans un document de Boraziwoi I I ,
duc de Bohême , cité dans un ouvrage des annales
de Hongrie, imprimé à Prague en 17&2, dont M.
Rofenftil nous a donné connoiffance ; on vo it, dis-je,
que la ville de Prague faifoit dès 1101 un commerce
confidérable’ , & qu’il y entroit, entre autres
marchandifes étrangères, des tonneaux de harengs
falés. Cela prouve évidemment que la pêche du hareng
eft antérieure à l’année 1163 > époque admife
dans L’ancienne Encyclopédie.
On faifoit alors cette pêche dans le détroit du
Sund, entre les îles de Sehoonen & de Séeland.
Nous rapporterons à cette occafion un paflàge tiré
du Songe du vieux Pellerin;:ouvrage, comme on
fa it, de Philippe de Maizières , qui l’écrivit en 1389
fous le roi Charles V I , dont il avoit été gouverneur.
Il fait fiiire d'ans ce livre des voyages à la reine
Vérité ; en même temps il y joint quelquefois ce
qu’il avoit vu lui-même dans les tiens. Là il raconte
, entre autres chofes, qu’allant en Prüffe par
mer, il fut témoin de la pêche des harengs , dont
il pôurfuit ainfi la defcription, chap. x ix .
” Entre le royaume de Norwège & de Danne-
w marck , il y a un bras de la grande mer qui départ
5> l’île & royaumè de Norwège de la terre ferme,
a» & du royaume, de Daunemarck, lequel bras de
» mer par-tout étoit étroit dure quinze lieues, &
» n’a ledit bras de largeur qu’une lieue ou deux;.
» & comme Dieu l’a ordonné , fon ancelle nature
» ouvrant deux mois de l’an & non plus, c’eft à
» favoir en feptembre & oétobre , le hareng fait fon-
» paffage de l’une mer en l’autre parmi l’étroit en
» fi grand’quantité que c’eft un grant merveille , &
» tant y en paffe en deux mois , que en plufieurs
» lieux en ce bras de quinze lieues de long , on
» les pourroit tailler à l’épée : o r , vient l’autre mer—
» v e in e , car de ancienne coutume chacun an les
» nefs & bafteaux de toute l’Allemagne & de la'
v Pruffe s’affemblent à grant oft audit deftroit de
»'mer deffus dit , ès deux mois defliis dits pour
» prendre le hareng ; & eft commune renommée là?.
» qu’ils • font quarante mille bafteaux qui ne fonr
» autre chofe es deux mois que pefcher le hérent
» & en chacun bafteau du moins y a fix perfonnes*.
» & en plufieurs tept, huit ou dix; & enoutre les-
» quarante mille bafteaux, y a cinq cents groffes-
» & moyennes nefs , qni ne font autre chofe que;
» recueillir & faler en caques de hareng, les ha-
» rengs que les quarante mille bafteaux prendent ^
» & ont en coutume que les hommes de tous ces
» navires ès deux mois fe logent fur la rive de mer -
» en loges & cabars ,. qu’ils font de bois & de rain—
» féaux au long de quinze lieues, pardevers 1er
» royaume de Norwège.
» Ils empliffentles groffes nefs dé harengscaqnes £
» & au chief des deux, mois, huit jours ou environ?.
» après , on y trouveroit plus une barque, ne-
» hareng en tout l’étroit, fi a grand bataille de gens-
» pour prendre, ce petit poiffon; car qui bien les-
» veutnombrer , en y trouvera plus de trois cents-.
» milleehommes qui ne font autre chofe en deux.
» mois que prendre le hareng. Et parce que je Pé-
» lerim, vieil & ufé , jadis allant en Pruffe par
» mer en une groffe nave paffai du long du bras.
» de mer füfditpar beau temps & en la faifôn fufdit
» que le hareng fe prent, & vit lefdites barques ou=
» bafteaux, 8i nefs groffes : ai mangé du hareng en■,
» allant, que les pefcheurs nous donnèrent, lef-
»■ quels & autres gens du pays*me certifièrent mer*
» veille pour deux caufes , l’une pour reconnoître
». la grâce que Dieu a fait à la chrétienté ; c’eft à,
» favoir de 'l’abondance du hérent par lequel toute.
». Alternaigne, France Angleterre & plufieurs autres?;
» pays font repus en carefme. «
Voilà donc une- époque sûre dè grande pêche
réglée du hareng, que Ton faifoit dans la mer du
Nord avant 1389 ; mais bientôt les Hollandois
connurent l’art de l’apprêter , de le vider de fés-
breuilles ou entrailles , de le trier , de l’arranger-
dans les. barils ou.de. l’encaquer., de le faler.,.