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tement de celles qu'offrent les manufcrits, & auxquelles
on s’eft arrêté jufqu’à prèfent.
Cet art ayant acquis par degrés le point de perfection
au il eft, devient d’autant plus utile aujourd’hui
, qu’il fert à conferver & à tranfmettre à la
poftérité les plus excellens morceaux de mufique,
que les auteurs les plus célèbres, anciens & modernes
, ont pu produire.
La manière d’opérer dans ce genre de gravure,
confifte à imiter fon manufcrit avec exaétitude,
foit fur une planche de cuivre , foit fur une planche
d’étain ; & cela fimplement à v u e , fans fe fervir
du moyen de réduction dont les graveurs en taille-
douce font ufage.
On commmence parcompaffer la planche, afin
de déterminer , dans fon étendue, un parallélogramme
qu’on trace légèrement à la pointe & avec
une règle, pour prendre de-là les diftances juftes
des portées , defquelles le nombre n’eft déterminé
que par le plus ou le moins de place qu’offre la
grandeur de la planche.
Ces portées le fixent enfuite ; puis les diftances
prifes au compas avec une griffe à cinq pointes,
figure i du bas de la planche 1 1 , qui en marque les
extrémités : enfuite on paffe la planche fous une
règle de fer fixée fur le régloir, fig. 2, & que fon
aflujettit d’urte main, pour que de l’autre on puiffe
avec le tire-ligne, commencer oîi la griffe a marqué,
ce qui s’opère en tirant à foi , attendu que la
forme du tire-ligne eft difpofée en conféquence,
fig. 1
Cela fait, & fucceffivement jufqu’en has de. la
planche , on fe fert d’un ébarboir pour adoucir la
fuperficie , & enlever les barbes grenelées que
laiffe le tire-ligne en paffant.
Enfuite on deffine légèrement avec une pointe
tout ce qu’indique le manufcrit, & ce dans l’ordre
inverfe qu’il offre, afin qu’à l’impreffion il fe préfente
du droit fens.
On porte la planche fur un marbre de grandeur
proportionnée , armé de petites pattes mobiles,
qui fervent à contenir la planche fixément fur fa
furface.
Ce marbre doit être propre par fon épaiffeur à
réfifter aux coups de marteau , & prêter coup à la
planche , lorfqu’on vient à frapper les poinçons
deffus.
Les poinçons frappés , on plane la planche fur
un tas avec une maffe très-peu bombée fur fon
plan.
Ce planage doit être fait, pour plus grande netteté
, fur le deffous de la planche, quand elle eft
d’étain ; & ’ au contraire fur le deffus de la planche,
quand elle eft de cuivre.
Cette opération faite, on tire au burin toutes les
queues des notes qui en exigent, après quoi on
les diftingue davantage par croches de différentes
efpèCes; ce qu’on appelle crocher ; cela fe fait encore
au burin, quant aux fimples croches ; & avec l’échoppe
, quand ce font des croches fimples, dou-
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blés, &c. liées enfemble parallèlement, comme
en a , fig. D.
Cela fait, on paffe un bruniffoir d’un bout de
la planche à l’autre ; ce qui la polit & lui donne fon
dernier point de perfe&ion.
Quelques - uns fe fervent encore de prêle pour
cet effet, principalement fur les planches d’étain ;
mais joint à ce que c’eft une opération moins
prompte que l’autre, il en rèfulte l’inconvenient
de mordre un peu trop vivement fur les endroits
gravés.
Lorfqu’il s’agit de quelques corre&ions ou de
quelques changemens à faire, on repouffe l’endroit
fautif ou à changer par deffous la planche, à coups
du petit bout du marteau fur le tas ; enfuite on fe
fert du grattoir fur la furface de la planche , on la
plane, afin de détruire les éminences qu’ont caufees
les coups de marteau ; c’eft par ce moyen qu’on
rétablit l’endroit offenfé , & qu’on le difpofe à recevoir
l’impreflion de nouveaux cara&ères.
Quant à la lettre, lorfqu’il s’en trouve à graver
dans les interlignes fous la mufique, la manière de
s’y prendre eft la même dont il eft fait mention à
l’article G ravure en lettres , &c. On peut graver
la lettre foit avant de frapper les notes r ou après ;
mais généralement la préférence eft donnée à. la
première manière.
Des. outils & poinçons propres à la gravure de la
mufique.
Fig. 1 , Aa, griffes ou parallèles à cinq pointes,'
fervant à fixer les extrémités des portées.
Fig. 2, régloir ou planche à régler. Sa règle b,
& une planche deffous C ; d d , pattes ou fiches
parallèles & immobiles, fervant à fixer la planche ,
& à la maintenir toujours en équerre avec la règle ;
e e , chevilles qui affujettiffent la règle.
Fig. $, F , tire-ligne vu de profil. Burin recourbé
de la longueur à-peu près de quatre pouces, & de
trois de poignée ; ƒ , fa facette ou bifeau, extrémité
tranchante vue de face.
Fig. 4 , G , pierre à frapper. Marbre fur lequel on
frappe la planche, armé de fes pattes mobiles hhhh;
i , la planche.
Fig. s , poinçon de la clé de f o l , vu en deffus.
Fig. 6 , K , poinçon dé la ronde , repréfentè dans
toute fa longueur ; /, le même vu en furface.
Fig. y , M , poinçon de la noire vu droit, de la
longueur de trois pouces ( longueur commune à
tous les poinçons ; ) m , fon repert, fur lequel pofe
le pouce quand on frappe , afin que la dirériion de
la note fcv.t toujours la même ; n , dentelure fur le
bout, pour griffer le noir, & le contenir dans la
cavité; 0 , tête de noire , à laquelle on a tiré une
queue , vu du fens que la planche l’offre, & qui fe
préfente de droit fens à l’épreuve.
Ces figures fuffifent pour donner une idée générale
de la longueur & de la groffeur de tous les
autres poinçons.
On le contente fondement de donner ici un jeu.
de poinçons , lefquels font au nombre de vingt-
quatre , non compris celui des neuf chiffres primitifs
, dont on fe fert pour coter les planches &
chiffrer les baffes dans la mufique.
On peut doubler, tripler, quadrupler ces jeux,
félon le befoin que l’on a qu’ils foient plus ou
moins gros, ou plus ou moins petits.
Ces vingt-quatre pièces font généralement la
bafe de toutes celles des graveurs de mufique ; fi
quelqu’un d’entre eux porte plus haut le nombre
de ces pièces , c’eft plus ancienneté d’habitude que
raifon ; car les bâtons de mefure , lçs coulés ou
liaifons , & autres pièces de cette efpèce qu’ils
frappent encore, peuvent également fe faire toutes
avec l’échoppe & au burin , ainfi qu’il a été dit plus
haut à l’égard des croches & doubles croches fépa-
rées ou liées.
Ces échoppes & ces burins font les mêmes dont
fe fervent les graveurs en lettres.
Noms des poinçons.
Fig. A ; 1 , clé de fa ; 2 , clé dû ut ; 3 , clé de
fo l $ 4 , dièze ; 5 , béquarre ; 6 , bémol ; 7 , ronde,
de laquelle on fait une blanche, en lui tirant une
queue au burin ; 8 , tête de noire , de laquelle on
fait de même noires & croches ; 9 , petite tête de
noire , qu’on appelle petite note d’agrément, parce
qu’elle fert en effet dans la .mufique pour les ports
de voix , & autres agrémens; on lui fait une queue,
& on la croche de même que la groffe tête de
noire ; 10, point; 1 1 , trille , dit tremblé ou tremblement
; 12', cadence ; 13 , guidon; 1 4 , 1 5 & 16,
différentes figures arbitraires de renvoi ; 1 7 , paufe
& demi - paufe ; poinçon qui fe frappe de deux
manières, c’eft-à-dire, tantôt fur la ligne, & tantôt
deffous, félon l’exigence des cas ; 18 , foupir ; 19 ,
demi-foupir; 20, quart de foupir ; 2 1 , demi-quart
de foupir; 22, quart de foupir; 23 , reprife, de
laquelle on ne frappe quelquefois que les points
.avec le poinçon n°. 10, le refte fe faifant encore
au burin & à l’échoppe ; 24 , figne de mefure à
quatre temps, dit C , parce qu’il en a la figure à
peu près ; a , portée de cinq lignes tirées avec le
burin recourbé ou tire-ligne, précédée d’une trace
ponâuée & annoncée par les cinq points de la
griffe, pour faire connoître que c’eft de cet endroit
qu’a parti le tire-ligne.
Fig. B , portée fur laquelle les notes ont été
deflinées & enfuite frappées ; on y voit encore les
barres de mefure qui n’y font que defiinées.
Fig. C , la même portée avec les queues aux
notes, tirées au burin, de même que les barres de
mefure.
Fig. D , la même portée, mais finie, c’eft-à-dire,
que les notes ont leurs queues ,Jeurs croches, leurs
liaifons, &c. tout ce qui peut en un mot remplir
l’objet qu’on fe propofe en pareil cas. On y a joint
des paroles au deffous, afin d’offrir ici un exemple
complet du tout, quoique abrégé. Article de Mufique
pat Madame DELUSSE.
Quand une note paffe les cinq prav®es »
on reprend avec le compas un entre-deux de ces
lignes, que l’on rapporte en haut ou en bas , autant
de fois que la note qu’il s’agit de placer a
d’intervalles au deffus ou au deffous.
Les acolades que l’on emploie pour joindre deux
ou trois portées enfemble, & quelquefois plus,
fe gravent avec l’échope.
Toutes ces opérations étant faites, on polit la
planche avec le bruniffoir & un peu d’eau , pour
effacer tous' les petits traits ou rayures qui peuvent
y avoir été faites par ces différentes manoeuvres ,
& qui empêcheroiertt la netteté de la gravure , fi
on les laiiioit fubfifter.
Gela fait , on envoie la planche chez l’imprimeur
qui en tire une épreuve.
S i , en examinant cette épreuve, il fe trouve
quelques notes, principalement des têtes de noires,
blanches ou autres figures qui aient été frappées
mal-à-propos, on prend un outil, que l’on appelle
compas à repoujfer, dont les deux pointes font retournées
en dedans & fe joignent enfemble. Qii
pofe une pointe de ce compas fur la fauffe not* ,
& de l’autre pointe, on fait une marque à l’envtrs
delà planche; enfuite on repouffe cette note par
l’envers avec un poinçon.
Cette opération occafionne dans ces endroits de
l’envers de la planche, un creux affez cônfidérable ,
pour être obligé d’y faire couler de la foudure ;
ce que l’on fait en plaçant une chandelle allumée
fous la planche , à l’endroit de la faute à‘ corriger",
& à l’envers delà planche ; on place un morceau
de foudure fur le petit creux.
Auffitôt que la-foudure eft fondue , on ôte là
lumière promptement; enfuite on plane cette place
d’un côté & de l’autre ; après quoi l’on y frappe la
note telle qu’elle devoit être : enfin on plane de
nouveau.
Si la faute ne confifte qu’en une queue de note
qui n’ait point été gravée profondément , il fuffit *
après l’avoir grattée avec le grattoir, de repouffer
la place à l ’envers de la planche fur lé tas avec le
marteau, pour y graver enfuite la figure telle qu’on
la defire.
On tire communément deux épreuves ; il eft
rare qu’on en tire 'jufqu’à trois.
Ordinairement à la trolfième épreuve on tire en
dernier reffort ; ce que l’on appelle tirer au vrai.
Il y a quelques anciennes mufiques gravées fur
cuivre , au lieu de l’être fur l’étain ; mais l’ouvrage
eft plus long à faire, plus difficile à corriger ,
& la dépenfe des planches eft beaucoup plus con-
fidérable.
Gravure fur métaux.
La gravure fur métaux s’entend de l’art propre
à ceux qui gravent & qui font toutes fortes de cachets
, les fceaux de la chancellerie , & autres
fçeaux particuliers ; les marteaux à marquer les
cuirs dans les halles, ou le bois dans les forêts ;