endroit, l’épaiflêurde trois pouces, & qu’on incline
de manière qu’elle demeure éloignée feulement de
deux pouces-du bord fupérieur du moule.
Lorfque le pot eft fini, l’ouvrier s’occupe à unir
l’intérieur, en enlevant avec le doigt la terre qui
feroit trop élevée en certains endroits , & pallant
enfuitela main mouillée fur toute la-fur face.
L’argile humide s’ attache au bois : ce n’eft qu’en
fechant qu’elle s’en fépare. On étoit donc obligé
d’attendre que le pot le détachât du moule de lui-
même , pour entreprendre d’enlever ce dernier ;
ce qu’on appelle démouler. En revêtant de grofle
toile l’intérieur du moule , on peut démouler fur
le champ fans danger. Ge n’eft pas que la terre
humide ne s’attache auffià là toile, mais il y a moins
de points de contaél , & d’ailleurs la furface de
chaque fil' étant très - peu confidèrablé;, elle n’enlè
v e , en fe détachant, aucune partie fènfîblè de la
terre.
Cette pratique hâte la fécherefle des pots, parce
qü’en les démoulant beaucoup plus tô t, on en ex-
pofe-plus tôt toutes les furfaces à l’a&ion de l’air
extérieur, & on acquiert la faculté de les rebattre
en dehors comme en dedans.
Nous avons affez fait fentir les raifons du rebattage
en parlant des fours, pour n’avoir pas befoin
de nous répéter ic i, &-de~déduire les motifs.qui engagent
à rebattre les pots, jufqu’à c e que, devenus
plus durs en féchast, ils réfiftentà l’a&ionde
la batte.
U n’eft pas praticable de rebattre le cul du pot à
l’extérieur, mais on le rebat intérieurement, avec
une batte F , pl. V , difpofée par fa forme à cet
ufage. :
On attend-, pour ôter le pot de deffüs fon fon-
ceau, qu’il s’en détache d e lui-même, & alors on
l’élève fur quelques briquetons , pour que l’air circulant
par deffous, hâte fa parfaite fécherefle,
Connoiflant les dimenfions des pots , il feroit
âifè de déterminer géométriquement la capacité des
grandes & des petites cuvettes-, puifque les pots
contiennent trois des premières , & fix des fécondés
; mais cette parfaite exaéfitude ne mettroit pas
à l’abri d’erreur dans la pratique. La difficulté de
vider le pot exactement , la vifcofité du verre qui
s’attache aux parois du creufet, pendant les opérations
, font autant de raifons pour lefquelles le verre
manquerait, fi l’on n’ai d oit, dans cette occafion >
la théorie par l’expérience. Les petites cuvettes font
carrées , &? elles ont feize pouces de long fur feize
pouces de large, & feize pouces de hauteur : les
grandes ont vingt-fix pouces fur feize , les unes*
& les autres- mefurées de dehors en dehors; & ,
en adoptant ces dimenfions, la capacité des cuvettes-
■ a avec celle des pots le rapport que l’on demande.
La manière de fabriquer les cuvettes eft la même,
que celle de fabriquer les pots : elle exige les mêmes
manoeuvres & les mêmes foins.
Les moules des cuvettes*repréfentés en C , D ,
pl. V \ font quatre planches qui s’aflemblent à te-
nons &- à mertaifes*
La cuvette ayant moins-d’étendue que le pot,
& ayant à foutenir-beaucoup-moins de verre ,
n’a- pas befoin dhi ne auffigrande épaiflèur. Elle eft
carrée dans l’intérieur , comme à d’extérieur ,
le potier-forme intérieurement' les coins dè-la cuvette
, en - paffànt une petite équerre de- fer- de
bas en-haut-, à mefure qu’il conôhiifi II- convient
de donner à la cuvette environ un pouce de-plùs: à
l’orifice qu’au fond intérieur , &C- ce- petit évafe-
ment peut fe former aux dépens de l’épaiffeur du
vafe.
Lorfque lacuvette eft démoulée , on forme, fur
deux de fes côtés oppofés , & dans-fa longueur,
deux- feyures- d’environ deux pouces de large ,
fur fix ou huit lignes de profondeur. Ces deux feyu-
resexté rieur esfervent à faifîr lé vafe avec- les outils
, & on les appelle ceinture : on les place au milieu
dè la hauteur de la cuvette. On les forme avec de
la terre qu’on pofe autour de deux règles établies-
contre la cuvette , & relatives par leurs- dimen-
fiom à la hauteur & à la profondeur ; qu’On veut
donner à la ceinture.
Le potier à la main travaille fur les mêmes-1 principes
que le potier en moule : il a pour b u t, comme
celui-ci, la parfaite liaifon de fes matériaux , & la
folidité de fon ouvrage ; mais fés manoeuvres font
différentes.
Il doit éviter plus foigneufement que le potier en-
moüle d’employer de l’argile trop-mollé : fon ouvrage
n’étant foutenu par aucun point d’appui ,
pourroit céder à fon propre poids & s’affalfler.
La réfiftance que préfente le moule , fournit un
moyen facile de ferrer avec force les- pâtons les
uns contre les autres : le potier à la main1 n’a pas-
cette reflburce. Pour y fuppléer, lôrfqu’àl pofe un-
pâton, il préfente dans l’intérieur du ■ pot fa: main.-
gauche qui lui fert d’un point d’appui ; contre lequel
il comprime , le plus fortement qu’il lui eft
poflible, l’argile que la main droite place.
Il eft auffi obligé d’employer des pâtons moins
gros, pour les*manier avec plüS'dë facilité, & il lui
convient de les faire cylindriques ,pour que fa main-
puifle les embraffer. Lorfqu’il les met en place , il
en pofe d’abord un bout fur fon ouvrage ; & il les
applique fuccefîrvemeïit dans toute leur longueur ,
appuyant conftamment pendant cette'Opération ,
avec la partie der l’index qui avoifine le pouce.
Le potier à la main, place fur un efcabeau le fon-
ceau fur lequel il commence un pot ou une cuvette
, pour mettre l’ouvrage plus à fa portée, & ,
pour opérer avec moins de gêne ; & , à mefure
qu’il avance, il baifle l’efcabeau, ou , ce qui eft.
encore plus facile, il s’exhauflè lui-même;
Il n’eft pas difficile, en comparant les deux mai
nières de fabriquer des pots, de fentir- les raifons
de la préférence que j’ai paru donner au moulage,
La vignette delà pl. F préfente le travail delà fabrication
des creufets en différentes cireonftances-.
LVuvrier, rfig. i , conftruit un pot en moule ; la
ijig, 2 en fabrique un à la main ; la fig. $ moule
une -grande cuvette ; & la fig. 4 rebat intérieurement
le cul d’un pot démoulé.
On ne peut faire ufage des pots que lorfqu’ils
font parfaitement fecs. Un defféchement trop précipité
ou inégal cauferoit des gerçures & des fen-
riillemens , ’& par confequent la deftruéüon des
v afes, même avant leur fervice. Les feuls moyens
de prévenir ce danger , font la prudence du fabric
a n t , & la température tant du lieu où l’on conf-
rtruit les creufets, que du magafin où l’on les con-
ferve. [Un artïfte intelligent ne fait travailler fes :
ipotiers qu’au printemps & en é té , pour qu’aux
.premières gelées les pots n’aient plus rien à craindre
rie leur à&ion. Il profite de la belle faifon pour fabriquer
un grand nombre de creufets : par ce
-moyen, il en a de fecs toujours en réferve : la nécef-
fité ne le met jamais dans le cas de hâter artificiellement
leur déification. Si quelques circonf-
;tances malheureüfes ont trompé fa prévoyance,;
-il-modère fon impatience , il gradue judicieufe-
ment le degré de chaleur qu’il donne à fon atelier,
par le moyen d’un poêle, & i l porte la plus ;
»grande attention à ce que fes creufets sèchent par
la température du lieu ., & non par l’aétion îm-. :
•médiate d’un feu dont il les auroittrop approchés.
L’atelier du potier, ou le magafin dans lequel,
on conferve les creufets , doit être fec , bien
fermé, à l’abri de la gelée , & inacceffible aux
•vents &. au hâle de l-’été. Le defféchement y fera j
dong , mais il y fera prefque sûr.
Les progrès de la déification font fenfibles , !
•par la couleur que prennent les vafes :ils deviennent
plus blancs , à mefure qu’ils sèchent. Leur parfait
defféchement eft reconnu non-feulement par le!
'même moyen, mais encore par le fon que leur
-fait rendre le plus léger coup.
Lorfque les creufets font fecs, on enlève avec
un couteau à deux manches_, l’aréte extérieure
de leur cu l, pour donner plus deprife aux pinces
qu’on emploie dans quelques opérations : c’eft
ce qu’on appelle les chanfreindre.
De Vatrempâge & de la recuijfon.
Si on laiffoitfans précaution & fans préparations
préliminaires , les pots & les creufets à l’aélion
du feu de füfion, on feroit indifpenfablement victime
de cette imprudence. Quelque fecs qu’ils
panifient, l’humidité qu’ils contiendroientencore ,
pourroit & diffiper auffi précipitamment fans faire
-éclater l’argile, dont le plus jufte mélange de ciment
ne détruit pas en entier la compacité. La
retraite dont cette matière eft fufceptible » déterminée
C ’eft ce que l’on appelle atremper b recuire.Q uoique
l’on emploie affez fouvent dans le langage
ordinaire ces deux expreflions comme fynonymes ,
elles me paroiffent admettre quelque différence dans
leur lignification. L’atrempage e ft, 4 mon avis ,
,1a chauffe graduelle , 'par laquelle on conduit le
four ou le creufei au plus fort-degte-de chaleur ;
& la recuiffon eft l’adion de chauffer quelque
temps au plus-grand feu poflible. Dans cette acception
fubitement par une chauffe violente , ne
pourroit 's’exécuter fans déranger la pofition relative
•gers , en-amenant au plus grand feu , par degrés
mfenfibles , tant les fours que les creufets.
des parties du four , & fans expofer fa- folidité.
Les pots plus minces que le four trouve-
r oient dans cette conduite une caufe inévitable
rie leur deftru&ion. On .prévient tous ces dan-
, la recuiffon fera le -point definitif, le dernier
période de l’atrempage,, & , pour ainfi dire ,
fon complément.
L’atrempage & la recuiffon'font les mêmes, dans
le principe, pour les fours & les creufets ; mais
le différent ufage des uns & des -autres , leur différence
-d’épaiffeur, doivent apporter auffi d e là
-diverfité dans leur recuiffon & dans la manière
d’y parvenir. La recuiffon du four fera -beaucoup
plus longue que celle des creufets. Recuire- un four ,
c’eft l’amener-au degré-de chaleur capable de vitrifier
la compofition. Recuire un creufet, c e ft la -
mener à la température du fo u r dans lequel oïi
-veutle placer. _
Connoiffant le but & L les principes de 1 atrem-
page & de la recuiffon, il eft aifé d’y réuffir. Chauff
e z avec du gros bois , & faites - un petit fe u . Des
qu’on peut prévoir qu’il a fait tout 1 effet poffible,
augmentez-en l’intenfité , en employant du bois
plus fec , & en plus grande quantité. Mettez-toute
votre vigilance! à ce que le feu ne-fouffre point de
- diminution pendant l'opération ,*& agiriez toujours
de même, jufqu’à ce que le feu foit-parvenu au plus
violent degré rie chaleur,
- On a long-temps porté la prudence dans la recuiffon
d’uu four, jufqu’à un point minutieux.-On allumoit
d’abord un feu léger vis-à-vis de chaque tonnelle, &
on le conduifoit de manièrequ’il produifoit plus de
fuméeque de'chaleur: on l ’approehoit peu à peu de
la tonnelle ; on lefaifoit quelques jours après fous
la tonnelle même : on échauffoit pendant un certain
temps la tonnelle ouverte. On fàifdit la g la y e ,
maison continuoit à chauffer par le bas-de la glaye
avec du gros bois : pendant tout ce temps, on tenait
'les ouvreaux d’en haut fermes avec-des plateaux.
Enfin on plaeoit le chio devant la glaye : on
chauffoit letifar avec du petit bois; & fubftituant
des tuiles aux plateaux des ouvreaux, on tifait avec
la plus*grande force , & l’on terminoit ainfi la re-
cuiffon. >,
Par cette conduite progreffive, l’atrempage & la
recuiffon d’un four neuf duroit plufieurs mois , & il
■ faut convenir qu’un pareil ménagement devient né-_
ceflaire , fi le four dont on commence l’atrempage
I n’eft pas fec ; maison laiffant bien fécher nexpérience m’a prouvé qu’on pouvoit , le four, fans inconvénient
, hâter de -beaucoup les accroiffemens du
feu. J’ai commencé le petit fe u fous la tonnelle
même, & en l’augmentant avec une vigilance fou