
même pi. XXV\ que fes deux yeux font engagés
dans les crochets du barillet & de Ton arbre, il effc
clair que celui-ci étant fixe, fi l’on, fait tourner le
barillet, on bandera le reffort, & que la même chofe
arriva f i , le barillet étant fixe , on tourne l’arbre.
Pour concevoir donc comment ce reffort met
en mouvement toute la montre en faifant tourner
le barillet, il faut remarquer que le barillet
étant dans la cage , la roue de vis-fans-fin V , fig.
4P , qui entre à quarré fur la tige de l’arbre du
barillet, s’engage par les dents dans la vis-fans-
fin , C , fig. 42, de forte que l’arbre devient fixe
& ne peut tourner qu’autant qu’on fait mouvoir
la roue au moyen de cette vis-fans-fin. L’àrbre
étant ainfi immobile, il eft évident, par ce que
nous avons dit plus haut, que fi l’on tourne le
barillet, on bandera le reffort, & c’eft précifé-
ment ce qui arrive lorfque l’on monte la montre;
car la chaîne étant enveloppée fur le barillet &
y tenant par une de fes extrémités, & par l’autre
à la fufée,, on ne peut faire retourner celle-ci ou
remonter la montre , qu’on ne faffe en même-
temps paffer la chaîne fur la fufée, tourner le
barillet, & par conféquent bander le reffort. Le
reffort ainfi bandé tend à faire tourner la fufée
en arrière; mais celle-ci, à caufe de l ’encliquetage
, ne pouvant tourner en ce fens fans faire
tourner aufli la grande roue avec elle,cette dernière
communique ion mouvement au pignon dans
lequel elle engrène, & ainfi de fuite. Cette aâion
du reffort fur la fufée, comme nous venons de
l’expliquer, feroit bien fufiifante pour faire marcher
la montre; mais comme on a v u , dans l’article
fufée , que l’aétion du reffort tranfmife au rouage
au moyen de la fufée, doit être toujours uniforme,
& qu’il faut pour cet effet que fon diamètre,
dans un point quelconque, foit en raifon inverfe
de la force par laquelle le reffort agit dans ce même
point, il s’enfuit que la force du reffort étant o ,
lorfqu’on commence à monter la montre j il fau-
droit que la bafe de la fufée fut infinie ; pour fup-
pléer donc à cela, voici comme on s’y prend :
la chaîne accrochée à la fufée & au barillet, étant
enveloppée fur ce dernier ; au moyen de la vis-
fans fin, on fait tourner Tarbre du barillet d’un
tour plus ou moins : or , le barillet étant fixe, puif-
qu’il eft retenu par la chaîne qui tient à la fufée,
il s’enfuit que par-là on bandera le reffort de la
même quantité dont on aura tourné l’arbre , c’eft-
à-dire, d’un tour plus ou moins, &c. & par conféquent
q u e , de quelque petit arc qu’on tourne
la fufée, le reffort étant bandé d’un tour & du
petit arc dont la chaîne aura fait tourner le barillet
par ce mouvement, fa force fera affez con-
fidérable pour que la bafe de la fufée étant d’une
certaine grandeur, fon aélion par cette bafe puiffe
être en équilibre avec celle qu’il a dans les autres
points ; cette quantité dont le reffort eft ainfi bandé
avant qu’on monte la montre, s’appelle parmi les
horlogers la bande : ainfi, ils difent que. la bande
du reffort eft de | , de \ , de 1 tour, &c. pour
dire qu’on a bandé le reffort de cette quantité 3
en tournant l’arbre de barillet , &c.
Pour peu qu’on faffe attention à la forme du
reffort, fig. 48 , on voit qu’à mefure. qu’on le
bande, en faifant mouvoir fon extrémité de X
vers K , les hélices ou lames X , L , &c. vont
toujours en s’approchant les unes des autres, & que
par conféquent, lorfqu’une fois elles fe touchent,
il eft impofiible de le bander davantage ; le nombre
des tours que peut faire le point K , avant
que les lames du reffort fe touchent, s’appelle
les tours du reffort : ainfi , fi l’arbre de barillet étant
fixe l’on peut faire tourner le barillet fix tours ,
jufqu’à ce que les lames du reffort fe touchent',
on dit que le reffort fait fix tours, & qu’il eft
plus ou moins bandé, félon qu’il s’en faut plus ou
moins de tours qu’il ne foit dans cet état. Plus
le reffort eft bandé, plus toutes fes parties font
dans une grande contraction, & par conféquent
plus il eft fujet à caffer : c’eft pourquoi les habiles
horlogers obfervent qu’il ne îe foit jamais trop ;
l’expérience leur a appris qu’il faut pour cela que,
la montre étant montée jufqu’au haut , il s’en
faille encorë aux environs d’un tour que le reffort
ne foit bandé à fon dernier degré, c’eft-.à-dire ,
que s’il fait, par exemple , fix tours , il ne foit
bandé que de cinq : le tour qui refte, s’appelle
la leffe. Voici comme ils s’en affurertt : monter
une montre n’étant, comme nous l’avons dit à
Varticle Fufée, que faire paffer la chaîne de deffus
le barillet fur la fufée, il s’enfuit que le reffort
eft toujours bandé d’un nombre de tours égal à
celui des tours dont la chaîne s’enveloppe fur le
barillet, & par conféquent que ces' tours dépendent
du rapport qui eft entre le diamètre de la
fufée & celui du barillet; ainfi la première étant
fort groffe, la chaîne deviendra alors beaucoup
plus longue, & en conféquence fera beaucoup
de tours fur le barillet : o r , comme ces tours
de la bande du reffort font en même quantité ,
il faudra donc qu’il en faffe aufli beaucoup : de
plus , comme le reffort doit avoir un tour de bande
plus ou moins, & que lorfque la montre eft
montée jufqu’au haut, il ne doit pas être bandé
tout au h a u t& que, comme on vient de le dire,
il doit y avoir au moins un tour de leffe, il s’enfuit
que le reffort doit faire au moins deux tours
de plus que la chaîne n’en fait fur le barillet :
ainfi, celle-ci faifant ordinairement 3 { tours,
le reffort en fait 5 Au refte , quoique ce foient
là les proportions que Von obferve ordinairement
dans fes montres, ces proportions varient félon
les tours de la fufée & plufieurs autres circonf-
tances. Une autre raifon qui empêche de bander
le reffort trop haut, c’eft que fa force devenant
très-confidérable, la fufée deviendroit trop petite
par en haut, ce qui augmenterait beaucoup le
frottement fur fes pivots ; on conçoit bien -que
fi la lame du reffort eft plus épaiffe > il en aura
plus de force , mais aufli que le nombre de tours
qu’il fera dans le barillet fera moins confidérable,
& qu’on contraire , fi la lame eft plus mince, le
reffort'fera plus de ’tours , mais qu’il fera moins
fort. Il arrive quelquefois cependant que le reffort
étant trop long par rapport au barillet dans lequel
il eft contenu ,. il ne fait pas autant de tours qu’il
en feroit s’il étoit'plus court; alors on le rogne.
Pour qu’un reflbrt foit bien fa it, il faut que
fon épaiffeur aille un peu en diminuant d’un bout |
à l’autre, que la lame n’en foit pas trop épaiffe,
& qu’il ne foit ni trop long ni trop court ; dans
le premier cas, le reffort étant dans le barillet,
fes lames font fujettes à fe toucher & à fe frotter
; dans le fécond , il eft fujet à fe caffer, parce
qu’elles fouffrent une trop grande tenfion ; il eft
fur-tout de la plus grande conféquence que les
lames ne fe frottent point, parce que, i°. ces
frottemens diminuent de la force du reffort ; &
2.0. qu’ils empêchent qu’on puiffe égaler la^ fufée
avec la même prècifion, & que cette égalité
ne foit de. durée, parce que les frottemens de
ces lames variant continuellement, Changent les
forces du reffort dans les oifférens points où ces
lames font en aélion, & par .conféquent le rapport
de Ces forces avec les rayons de la fufée
par lefquels elles agiffent.
Tout ce que nous venons de dire des qualités
que doit avoir un reffort, s’applique également
à ceux des pendules. Dans les pendules où nous
nous fërvons rarement de fufées , pour éviter
que les différences des forces du reffort dans le
haut & dans le bas ne foient trop fenfibles, on
lui fait faire un peu plus de tours.qu’il ne feroit
néceffaire; & au moyen d’un remontoir, on ne
fe fert que de ceux qui font les plus égaux.
Fabrique des rejfons de montres, &c.
M. W. Blakey , ingénieur hydraulique, à fait
imprimer à Amfterdam un traité fur l 'Art de faire
les refforts de montres ,* objet important dans 1 horlogerie
, dont nous allons donner les procédés
d’après l’ouvrage de cet habile & ingénieux artifte.
Les commiffaires de l’académie royale des fcien-
ces de Paris, attellent, » que M. Blakey a dé-
» crit cet art comme un artifte parfaitement bien
« inftruit de toutes fes parties, & qui ne néglige
» ni ne diflimulé rien de ce qui peut mettre le
» leéleur ou l’arriftë parfaitement bien au fait de
31 toutes les pratiques & de tous, les moyens
» propres à faire les refforts de montres fàcile-
3) ment & avec toute la perfeélion poflible. «
Nous ne pouvons, d’après un témoignage fi authentique
, choifir un guide plus fur, & qui mérite
en découvrant d’abord les qualités effentielles au
fer pour le convertir en acier, l’artifte ne peut
s’empêcher de reconnoître, enfuite de ce travail,
les différentes qualités de ce métal, telles que fa
dureté, fa malléabilité , fon èlafticite, &c. Pour entendre ce que je vais dire, il faut favoir
qu’un reffort de montre ordinaire, eft une petite
lame mince, depuis douze jufqu’à vingt-deux
pouces de long , pliée jde façon qu elle ait affez
de force élaftique pour faire vibrer un balancier
540,000 fois en trente heures.
plus de confiance. Nous le bifferons lui-même
nous enfeigner fa doétrine.
L’art de faire les refforts de montres &• de pendules
, eft peut - être de toutes les manipulations
mécaniques , celle qui procure le plus de con-
noiffances phyfiques fur les propriétés de l’acier;
Il n’eft pas facile d’afligner l’époque de la de-
couverte de l’acier & de fes differentes qualités,
ni même Celle où l ’on fabriqua le premier reffort ;
mais l’on peut conjeétùrer que les^ qualités des
lames élaftiques en refforts , n’ont été bien connues
que depuis l’invention de la fufée qui règle
l’inégalité des refforts. r
Les premiers refforts de montres » fabriques aufli
parfaitement que l’aCier le permettoitfurent faits
en Angleterre, de même que ceux de pendules
à fufée.
Dans ce temps-là les ‘refforts faits en France,
en Allemagne & à Genève , étoient de beaucoup
inférieurs à ceux-ci.
Les Genevois l’emportoient fur les François ,
par la qualité de l’acièr d’Allemagne dont ils fe
fervoient ; mais ceux-ci en revanche donnoient à
leurs refforts de pendules & aux refforts de montres
avec barillet tournant, la meilleure forme de
tous ; il péchoient feulement par la qualité des
aciers qu’ils employoient, & par le peu de con-
noiffance qu’ils avoient de cette matière.
Comme la qualité de l’acier eft ce qui détermine
le plus ou le moins de force élaftique dans
les refforts, il eft important de commencer par
en parler, de dis donc qu’il y a de deux efpeces
d’aciers, l’un naturel, & l’autre artificiel : leurs
propriétés fe fubdivifent en un grand nombre de
degrés , que l’expérience de 1 artifte en refforts
fait diftinguer. Je ne lès rapporterai pas ici, parce
qu’elles deviendront plus fenfibles dans la défi
cription que je ferai de la maniéré de les travailler;
je dirai feulement que plus on les corroyé
, quand on lès forge en barre, plus ils
deviennent ferrugineux. • .
Les Allemands,., depuis un temps infini ; ont
été les feuls qui aient fabriqué de l’acier’ naturel :
leurs mines de Styrie, de Cannthie & du T iro l,
ont donné le meilleur acier du monde : ces aciers
tranfportés .en plufieurs provinces y ont été mè-
1 lés & travaillés dans différentes fabriques , d’où
ils ont pris & retenu naturellement les noms de
Hongrie, de Pont, &c. Mais le meilleur eft celui
de Styrie, que l’on préfère à te us les autres , malgré
les frais de trïnfports ; tout ce qui en à été
porté par la Pologne & la Viftule dans, la Baltique
& les mers du nord , a été nommé acier
de Dantzick, parce qu’il partoit de ce port ; oc
tout ce qui en a été envoyé dans la Mediterra-,