tru&ion d’une carquaife n’adraettoit point d’autres
matériaux que de bonnes briques.
La pl. XXXI1 préfente, fig. i , le plan géométral
d’une carquaife ; fig. 2 , fa coupe longitudinale ;
fig. 3 , fon élévation extérieure du côté de la halle ;
fifi• 4 i fa coupe latitudinale & fon élévation intérieure
du côté de la gueule ; fig. 3 , fon élévation
extérieure du côté du tifar de derrière ; fig. 6 , fa
coupe latitudinale & fon élévation intérieure vers
le tifar de derrière. Les diverfes figures, jointes à
notre defcription, nous paroiffent fuffire pour diriger
, ayec îuccès, un conftruâeur intelligent.
On avoit imaginé de. percer la voûte des car-
quaifes d’un certain nombre de cheminées , qu’on
tenoit exa&ement bouchées pendant la chauffe, &
que l’on débouchoit aufiitôt qu’après la coulée, le
four de recuiffon étoit margé. Ce procédé, profcrit
par le plus grand nombre des artiftes, avoit pour
but de hâter le refroidiffement dé la carquaife.
Quoique j’aie vu exécuter de très-bonnes recuif-
fons dans des carquaifes à cheminées, que j’y en
aie exécuté moi-même, qu’en effet la recuiffon
foit plus prompte, l’avantage des cheminées me
paroît combattu par les raîfons les plus fortes. Si
Ta recuiffon confifté en un refroidiffement gradué
& infenfible, tout ce que l’on fera pour le hâter
fera évidemment contraire au principe : ainfi, quoiqu’on
puiffe, à la vérité , recuire avec des cheminées
, on le fera, cé femble, plus sûrement fans
cheminées.
' Apprêts des glaces.
On entend par apprêts des glaces, les opérations
fucceflives auxquelles on les foumet pour les rendre
par-tout d’une égale épaiffeur , pour que leurs fur-
races foiènt parfaitement droites ; enfin, pour leur
donner ce poli éclatant, qui, faifant un de leurs
principaux mérites, les rend propres à tranfmettre
avec uniformité les rayons de lumière, & à produire
l’irftage fidelle des objets, parla réfle&ion de
Kétamage.
On ne peut remplir l’objet des apprêts, qu’en
ufant les furfaces de la glace. Tout l’art fe réduit
donc à trouver des fubftances qui puiffent emporter
, par le frottement, des parties du verre,
& des moyens mécaniques d’expofer la glace à ce
même frottement, en l’établiffant affez folidement
pour qu’elle offre une réfiftance convenable. Tels
font, en peu de mots, les principes tant théoriques
que pratiques des apprêts.
On commence par écarrir la glace, c’eft-à-dire ,
par la rendre carrée. On fe fert, dans cette occafion,
de l’équerre, du diamant, & des pinces , dont nous
avons décrit l’ufage , lorfqu’il a été queftion de
. couper la tête de la glace -avant de la tirer du four
de recuiffon : on fait précéder l’écarriffage d’un
examen fcrupuleux. On diftingue les défauts que
Ta glace peut contenir ; les uns ©ccafionneroient fa
deftruâion pendant le travail ; ^’autres ne feroient
pas admiffibles dans le commerce, & entraînement
la mévente delà glace : il faut donc fupprimer les
uns & les autres ; c’eft ce qu’on appelle réduire la
glace à fon volume utile.
Les glaces doivent être foutenues également partout
, lorfqu’on les éc-arrit ; par conféquent la table
de bois fur Laquelle on les. étend, doit être exactement
dreffèe. On lui donne environ quatre-vingt-
dix pouces de long fur foixante de large , pour que
la plus grande glace puiffe y être pofée fans déborder
beaucoup. Sa hauteur eft de vlngt-fix pouces.,
de manière que l’écar-riffènr peut atteindre jufqu’à
fon milieu & travailler avec facilité; Enfin, .on la.
couvre d’une légère couche -de fable fec , fur laquelle
la- glace gliffe aifément, lorfqu’on veut la
mouvoir pendant l’opération.
L’écarriffeur eft toujours aidé par un ou plufieurs
ouvriers qui foutiennent, hors de la table, le morceau
qu’il veut détacher de la glace , pendant qu’il
fait ouvrir fon coup de diamant par les coups réitérés
du marteau. Lors même que ce morceau eft
de quelque étendue, les aides doivent le foutenir
fur leurs bras , de manière que fon poids ne force
pas le trait à s’ouvrir trop v ite , & que la glace
ne foit pas caffée par cet effort, avant que le trait
foit entièrement ouvert.
On appelle bandes d’une glace, fes deux plus
grands côtés ; & têtes , fes deux plus petits côtés.
Pour pofer la glace brute fur la table avec sûreté %
on doit la manier de manière que, dans aucun inf-
tant, elle ne foit expofée à l’aâion de fa pefànteur.
Pour c-et effet, on l’approche, d’un mouvement égal|
de la table contre laquelle on la pofe de champ & le
plus droit qu’il eft poffible.Un ouvrier à chaque tête
la foulève en faifant pencher vers la table une bande j,
qui eft à l’inftant foutenue fur Tes bras d’untroifiè'me
ouvrier placé de l’autre côté de la table -, tandis
qu’un quatrième foutientla bande qui quitte la terre;
Le concours de ces mouvemens combinés & exé^
cutés inftantanément & avec foupleffe , conduit la
glace fans danger fur la table à écarrir. Au refte,
des précautions aufli ftri&es font principalement in-
difperifables pour les glaces de très-grand volume »,
| par conféquent très-pefantes.
On foumet les glaces écarries au premier apprêt »
; connu fous le nom de douci, qui appartient cependant
; plus particulièrement à certains inftans de ce travail
: on doucit les glaces au motion ou à la roue. Le
premier de ces procédés eft deftiné aux glaces de
moyen volume , & exécuté par un feul homme r
le fécond eft employé pour les grandes glaces , &
eft exécuté par deux hommes. Dans l’un & dans
l’autre, les moyens font à peu près les mêmes. Je
me contenterai donc de décrire exa&ement le travail
du moilon ; & il fufiira, pour celui de la roue ,
de faire connoître la différence des outils & de
quelques mancevures.
On commence par fceller la glace à travailler ,
fur une pierre de fciage bien unie & foigneufement
dteffée. Cette pierre doit être proportionnée au
volume de la glace, qui, fi. elle déborde, doit dé ^
border peu & également par-tout. Comme l'eau
eft abfolument néceftaire à ce travail, on mettoit
la pierre dans une caiffe de bois , plus grande qu’elle
de trois ou quatre pouces fur chaque dimenfion ,
& qu’on appeioit table : la pierre étoit pofée fur
des traverfes égales, & s’élevoit au deffus de la
caiffe. On rempliffoit celle-ci d’eau, & l’ouvrier
en trouvoit à volonté: & à fa portée tout-autour de
la pierre. La caiffe contenant ainfi la pierre , étoit
placée fur des tréteaux folides, ou encore mieux
lur des piliers de maçonnerie, à une hauteur telle
que l’ouvrier pût atteindre toutes les parties de la
glace. L’appareil que nous venons de décrire, s’appelle
banc de moilon. On a trouvé plus commode &
moins dïfpendieux d’établir la pierre nue fur les tréteaux
, & de placer, à côté & à la même hauteur ,
une petite auge qui fournit à l’ouvrier l’eau né.-:
ceffaire.
La fig. 1 de la pl. X X X IX , repréfente le banc
de moilon , & l’on voit dans la fig. 2, la table qui
fert à conténir la pierre.
Pour fceller la glace, on tamife du plâtre cuit au
travers d’un tamis fin fur la pierre bien nettoyée.
On gâche le plâtre avec de l’eau propre : lorfqu’il
eft bien délayé & répandu également fur toute la
furface de la pierre, on pofe fur celle-ci une bande
de la glace, & l’on laiffe baiffer l’autre bande ■ jufqu’à
ce que la glace foit appliquée en entier fur la
pierre. Alors on lafait mouvoir pour que le plâtre
fe diftribue fur toutes fes parties, & on la place
fur le banc :.on prend même la précaution de marcher
& de piétiner fur la glace. Cette manoeuvre
peut fervir utilement à chaffer les particules d’air,
qui feroient demeurées pendant le fcellage entre'la
glace & la pierre. Lorfque le^plâtre, en durciffant,
a fixé la glace , on établit Celle-ci encore plus folidement
, en l’entoiirant d’un rebord de plâtre ;
enfin, on termine le fcellage, en nettoyant avec
foin, tant le banc que la furface de la glace, du
plâtre fuperflu qui s’y eft répandu.
Si on n’a pas de pierres de fciage affez grandes
pour garnir feules un banc,, il n’y a pas d’inconvénient
d’en réunir deux & même trois, pourvu
qu’elles foient bien affemblées , & qu’ayant été
dreffées enfemble , elles présentent uné furface
égale.
On ne fcelle pas une glace fans l’avoir bien examinée
, & fans avoir remarqué les défauts qu’on
efpère pouvoir enlever en ufant l’épaiffeur du verre ;
& cette confidération détermine ordinairement celle
des deux furfaces qu’on travaille la première.
La glace fcellée lur le banc, s’appelle levée.
Après avoir difpofé fa levée, comme nous venons
de l’indiquer, l’ouvrier fcelle une glace de
petit volume fur une petite pierre très-mince. Cette
petite glace eft appelée dejjus , & la pierre mince
fur laquelle elle eft fcellée , pierre de défi us.
On pofe , fur la lévée , furface contre furface, le
deffus garni de fa pierre, fur laquelle on fixe un inf-
trument appelé molette.
Là molette eft une pierre fciée , mince, d’environ
douze pouces de large fur autant de long, arrêtée
dans un cadre de bois d’environ quatre pouces
d’épaiffeur, qu’on remplit de plâtre. Aux quatre
coins du cadre, font des pommes de bois. Le moilon
eft femblable à la molette ; il eft feulement beaucoup
plus grand, & par conféquent plus pefant.
Voyez fig. 2 , 3 , 4, ƒ , pl. X XX X , les dimenfion;»
& la forme du moilon , & fig. 1 , pl. X X X IX , le
moilon monté & pofé fur la levée.
On emploie d abord la molette ou petit moilon ,
fur la glace brute, parce que, dans cet état, les
inégalités de la furface font plus fenfibles, & que
le frottement trop confidérable , produit par un
outil trop pefant, occafionneroit des accidens.
Le procédé de l’ouvri-er, confifte à répandre fur
la furface. de fa levée, du gros fable, o i i, ce qui
eft la même chofe , du grès pulvérifé, pourvu que
le grain en foit anguleux ; il l’arrofe d’un peu d’eau ;
enltiite il pouffe devant lu i, le retire & le fait tourner
, appliquant plus ou moins fes efforts fur certaines
parties de la levée , fuivant que l’exige fon
travail* Il .exécute tous fes mouvemens , en faiftf-
fant les pommes de la molette, & les faifant paffer
fucceffiyement d’une main dans l’autre. Le. fable
s’introduit entre là furface’de la levée & celle du
deffus, ce qu’on appelle engrainer, & il ufe le verre
de l’une & l’autre glace. Il rèfulte de la différente
étendue de la levée & du deffus , que celui-ci s’ufe
plus promptement que celle-là : aufii apprête-t-on
plufieurs deffus en apprêtant une levée. -
Les grains de fable s’ufent eux-mêmes, par la
réfiftance des glaces : dès qu’on fent que leur action
diminue, on effuie la levée & on met une nouvelle
touche de fable : ainfi de fuite.
L’on a foin de laver & de tamifer le fable, avant
de l’employer pour en obtenir le grain le plus pur
qu’il eft poflible.
Lorfque la levée eft acheminée, c’eft-à-dire, qu oa
a enlevé les inégalités les plus capables de produire
de la réfiftance , ce que l ’ouvrier reconnoît aifément
à la facilité de fon travail, & à l’inégalité du
mouvement de fon petit moilon, il eft temps de
fubftituer à celui-ci le moilon proprement dit ou
moilon de charge , & d’employer de plus grands
deffus.:
Lorfqu’on juge un deffus affez travaillé, on en
fubftitue un autre, ayant attention de faire toujours
paffer les premiers, ceux d’un moindre volume.
L’ufage du moilon eft le même que celui de la
molette : on le continue jufqu’à ce qu’il n’y ait plus,
fur la furface de la glace , des partie brutes, &
qu’on y apperçoive que la piquure du fable, c’eft-à-
dire , les traces de fon a&ion ; alors la glace eft Je-
brutie, & l’on travaille à la drejfer. Pour cet effet,
on dirige le travail du moilon , en appliquant de
, temps en temps fur la levée, une règle bien droite,
jufqu’à ce qu’elle porte exa&ement par-tout dans
quelque fens qu’on la pofe, foit parallèlement à
l’un des côtés de la .glace , foit en diagonale.
B b ij