
de point d’appui, deftinée à entrer dans diffèrens
trous faits fur le rebord de la caffe, où il fe place
à‘ la volonté du compofiteur.
Le viforium eft ce qui porte la copie devant les
yeux du compofiteur ; elle y eft comme adoffée
& retenue par le fecours des mordans ^ qui font
deux petites tringles de bois fendues de long, à peu
près dans toute leur longueur.
VOLUME , du mot latin volvere , qui lignifie
rouler ; c’eft un livre ou tome, relié ou broché.
IMPRIMERIE EN TAILLEDOUCE.
( Art de il )
Ï - i’imprimerie en taille-douce eft l’art de porter
fur une feuille de papier , fur un morceau de faim
j ou quelcpi’autre fubftance femblable, l’empreinte
des traits qu’on a tracés à l’eau forte, ou
au burin , ou autrement, fur une planche de cuivre
, ou d’étain, ou de bois.
L art de multiplier à l'infini par des empreintes
les traits de la gravure en creux * ne prit naif-
ffance que vers le milieu du quinzième fiècle. Les
Italiens difent que ce fut un orfèvre de Florence ,
nommé Mafo ou Thomas Finiguerra qui fit cette
découverte. Les Allemands prétendent, au contraire
, que la petite ville de Bockoit, dans l ’évêché
de Munfter , a été le berceau de l’art des
eftampîs ; ce fut, à ce qu’ils affurent, un fimple
berger appelé François. Ce qui paroît certain ,
c’eft que, de quelque côté que foit venue cette
invention , elle fut en grande partie l’effet au
hafard.
L’impreftion des eftampes fe fait par le moyen
de deux rouleaux, entre lefquels on fait paffer la
planche , après qu’elle eft encrée. Ces rouleaux
font partie d’une machine , qu’on appelle la preffe.
L’aéfion des rouleaux attache l’encre qui remplit
les traits dont la planche eft gravée , à la feuille de
papifer , au vélin , ou au fatin dont on l’a couverte.
La feuille chargée de ces traits, s’appelle une
eflampe.
La fonderie en caraélères & l’imprimerie, proprement
dite, ont concouru pour multiplier à l’infini
les produ&ions de Pefprit, ou'plutôt les copies
de ces prOduftions. La gravure & l ’imprimerie en
taille-douce ont rendu à la peinture le même fer-
vice , où à peu près. Je dis à peu près , parce
que .i’eftampe. ne conferve pas tout le mérite du
tableau.
Gracè à ces deux derniers arts, avec un peu
de goûr, on peut, fans grande -Opulence ,. renfermer
dans quelques portefeuilles choifis, plus de,1
morceaux en gravures, que le potentat lé plus
riche ne peut avoir de tableaux dans fés galeries...
La gloire des grands maîtres ne paffe pas tout-à- j
fait-.
De la Preffe.
La preffe des imprimeurs en taille - douce eft
compofée de deux forts affemblages de charpente*
Ces affemblages font entretenus 1’un avec l’autre
par deux traverfes. Ils font compofés chacun d’un
patin , aux extrémités duquel font des billots ou
calles qui élèvent la preffe.
La face fupérieure du patin eft percée de cinq
mortaifes. Celle du milieu reçoit le tenon d’une
jumelle. Les deux plus voifines font deftinées aux
tenons inférieurs des jambettes, qui maintiennent
les jumelles dans la pqfition verticale. Les deux
autres font les lieux des tenons inférieurs des colonnes
, qui portent les bras de la preffe.
Il faut imaginer un affemblage tout-à-fait femblable
à celui - c i , & tenu parallèlement par les
deux traverfes dont nous avons parlé.
Dans ces deux affemblages, chaque jumelle eft
-percée de deux grandes ouvertures quadrangu-
L laires, arrondies en plein ceintre du côté qu’elles
fe regardent. C ’eft dans ces ouvertures que pafiônt
les tourillons des rouleaux , comme nous l’expliquerons
plus bas.
Chaque jumelle.eft encore percée fur chaque
face latérale de deux mortaifes; l’une, qui eft la
fiiperieure, eft double, & reçoit le double tenon
du bras , dont l’autre extrémité eft portée par la
colonne. La mortaife inférieure reçoit le tenon
fupérieur de la jambette.
Les deux affemblages ou fermes de l’un defquels
on vient de donner la defcription , font arrêtés
enfemble par deux traverfes de deux pieds de longueur.
La traverfe inférieure eft fixée par un tenon
& une vis , dans chaque jumelle. La traverfe fupérieure,
que l’on nomme aufli fommier, l’eftpar
des queues d’aronde, & communément ornée de
| quelques moulurés ; le tout eft fait de bon bois
. de chêne ou de noyer.
Les rouleaux , qui ont environ fept pouces de
! diamètre , & font terminés par des tourillons ,
dont le diamètre eft de quatre pouces & demi ,
doivent être de bon 'bois de noyer fans aubier, de
quartier, & non de rondin. On peut aufli y ern.-
; ployer l’orme.
Un des tourillons du rouleau fupérieur , eft
terminé par un carré, auquel on adapte un moulinet
croifê, par le moyen duquel on fait tourner
ce rouleau, comme on le dira plus bas.
Les tourillons des rouleaux s’appliquent aux
parties arrondies des ouvertures des jumelles ;
& le refte de leur efpacè eft rempli des boîtes,
des hauffes & des calles.
Les boîtes, au nombre dç quatre, font des pièces
de bois de même dimenfion, foit en largeur, foit
en épaiffeur , que l’ouverture de la jumelle. Elles
ont trois pouces & demi ; elles font évidées cy-
lindriquement pour s’appliquer fur le tourillon.
On les garnit intérieurement d’une plaque de fer-
blanc , dont les oreilles ; percées chacune d’un
trou, entrent dans les entailles pratiquées aux faces
latérales de la boîte, où elles font fixées par des
clous.
Les hauffes font aufli au nombre de quatre. Ce
font de petites planches d’un pouce environ d’é-
paiffeur, & -des mêmes dimenfions du refte que la
bafe dés boîtes aùxquelles elles doivent s’appliquer.
-
• Les calles font,des pièçes de carton, dont le
nombre èft indéterminé , & dont les dimenfions
correfpondent à celle des hauffes auxquelles on les
appliquera.
Les deux fermes étant affemblées, pour achever
de monter la preffe, on fera entrer les tourillons
des rouleaux dans les ouvertures des jumelles; fa-
voir, ceux du rouleau dont un des tourillons eft
terminé par un carré dans les ouvertures fupé-
rieures ; & ceux de l’autre fduleau, dans les ouvertures
inférieures. On placera aufli les tenons
de la traverfe dans les mortaifes des jumelles ,
deftinées â les recevoir, & où ils feront fixés par
les vis , & l’on couronnera cette charpente du
fommier. La fonction du fommier eft d’empêcher
l’écartement des jumelles..
Cela fait, on introduira-dans l’entaille inférieure
de chaque jumelle, une boîte garnie de fa pîaque
de fer-blanc, & préalablement enduite de vieux-
oing. On enduira de la même matière.le tourillon
du rouleau. On placera’ fous cette boîte une
'bauffe, enforte que le tourillon du rouleau accole
la partie.concave de l’ouverture. $urlés tourillons
du rouleau fupérieur , ôn place de fem-
blables boîtes, fur,montées par des hauffes recouvertes
de c a l le s ju fq u ’à ce que les ouvertures
foient fuffifamnient. garnies.
On ajuftera enfuite deux petits ais dans les raij
nures des bras de la preffe , au deffdus defquels
on placera une traverfe. terminée par des queues
d’aronde, qui entreront dans, les entailles pratiquées
aux extrémités des bras. Ces traverfes en
empêcheront l’écartement.
Une attention eflèntielle, c’eft que la ligne de
jonâion des deux rouleaux foit plus élevée d’environ
un pouce , que la furface fupérieure des petits
.ais dont on vient de parler.
On adapte le uioulinet au rouleau fupérieur,
en faifant entrer le tenon carré de ce rouleau daçs
l’ouverture de même forme qu’ori voit au centre
de la croifée du moulinet, & bientôt la preffe fera
prête à marcher : il ne s’agit plus que d’y ajufter la
table.
La table de. la preffe, eft une planche de noyer ’
d’un pouce & demi environ plus étroite que l’intervalle
qui eft entre les jumellé's'. Elle a environ
trois pieds & demi de longueur ; les faces doivent
en être parfaitement dreffées , fur - tout celle de
deffus ; on l’introduit entre les rouleaux , ôtant
pour cet effet, s?il eft néceffaire , quelques - unes
des calles qui rempliffent les ouvertures fupérieures
des jumelles, ou en faifant, au moyen du moulinet
, tourner le rouleau fupérieur. Une des extrémités
de la table étant amincie, elle fera prife
par les rouleaux , & entraînée ehtre eux dans leur
mouvement. Les rouleaux doivent la comprimer
fortement. Elle ne doit toucher à aucune autre
partie de la. preffe ; c’eft par cette raifon qu’on ,a
fait la partie fupérieure du rouleau de deffous ,
d’environ un pouce plus élevée que la table dormante,
compofée des petits ais placés entré les bras
de la preffe.
Autres 'uflerijîles' de Vimprimeur.
Outre la preffe, qui eft à la vérité l ’inftrument
principal, l’atelier de l’imprimeur en taille-douce
doit encore être, pourvu,
i 0.' de langes.
2°. de linges ou torchonsl
30. d’un tampon ou d’une balle.
4°. de noir de fumée, ou noir d’Allemagne.
50..d ’une marmite de fer pour cuire l’huile de
noix.'
6°. d’un marbré &. de fa molette pour broyer le
noir. *
70. d’une poêle à feu & d’un gril pour chauffer
la planche.
8°. de diffèrens ais & de baquets pour la trempe
du papier.
Des langes» ’
Ils font de laine blanche , d’un bon drap bien
foulé fans aucune inégalité. On en emploie quelquefois
de ferge fine , que l’on applique les premiers
fur la planche , & qu’on recouvre rie' langps
plus grofîiers. Ils n’auront ni ourlet ni lifière. On
s’en pourvoira de deux ou trois grandeurs différentes
, pour les changer au befoin, félon l’étendue
des planches & des papiers ; mais comme, à force
de paffer fous le rouleau,.ils deviennent durs, & fe
phargent d’humidité ,. il eft à propos de les étendre
le foir; & le matin , lorfqu’ils feront fecs, .on les
maniera , froiffera ou foulera en tout fens , pour
les bien affouplir. Il faut aufli en avoir de rechange,
afin de pouvoir, fans interruption de travail, laver
I i i i ij