
connu ne corrige ni ne doit corriger les inégalités
de la force motrice , c'eft à ces mécanises, qui font
faire des é- happemens , à prefcrire la difpofition
& les dimenfions de l’échappement, c’eft-à-dire,
à fixer le nombre des vibrations, la grandeur des
arcs qu’il doit faire parcourir, le poids du balancier
relatif a la difpofition de la machine & à la
force du reffort, puifque, comme nous le verrons,
c’eft fur ce rapport que roule toute la jufteffe des
montres.
6°. Le faifeur des refforts des montres : il ne
fait que les petits refforts.
7°. La faifeufe de chaînes de montres ; on tire cet
ingénieux affemblage de Genève ou de Londres.
8°. Les faifeufes de fpiraux ; on tire aufli les
fpiraux de Genève. *
Un fpiral exige beaucoup de foin pour être bon,
& fa bonté eft effentielle.dans une montre. Il faut
qu il foit du meilleur acier poftible ; qu’il foit bien
trempé, afin qu’ilreftitue toute la quantité de mouvement
qu’il reçoit, ou la plus approchante.
9°* L’emailleur, ou le faifeur de cadrans.
io°. Les faifeurs d’aiguilles.
i i °. Les graveurs, qui font les ornemens des
ocqs, rofettes, &c.
12°. Les doreufes, font des femmes qui ne font
que dorer les platines, les coqs & les autres parties
des montres. Il faut qu’elles ufent de beaucoup de
précautions pour que le degré de chaleur qu’elles
donnent à ces pièces ne les amolliffent pas. -
I 3cf* Les poliffeufes^ font occupées à polir les pièces
de cuivre d’une montre, comme les roues, &c. qui
ne fe dorent pas.
14°. Les ouvriers qui poliffent les pièces d’acier,
comme les marteaux , &c.
150. Les fendeufes de roues.
i6°. Ceux qui taillent les fufées & les roues d’échappement
; la jufteffe d’une roue d’échappement
dépend fur-tout de la jufteffe de la machine qui
fert à -la tailler ; elle dépend aufli des foins de
celui qui la fend. Il eft donc effentiel d’y apporter
des attentions , puifque cela contribue aufli à la
jufteffe de la marche de la montre.
170. Lès monteurs de boîtes, font les boîtes d’or
& d’argent des montres.
180. Les faifeurs d’étuis.
190. Les graveurs & cifeleurs que l’on emploie
pour orner les boîtes de montres.
20°. Les émailleurs qui peignent les figures &
les fleurs dont on décore les boîtes : les horlogers
peuvent très-bien , fans préjudicier à la bonté de
l’ouvrage intérieur, orner les boîtes de leurs montres
; il faut pour cela qu’ils faffent choix d’habiles
artiftes, graveurs & émailleurs.
2i°. Les ouvriers qui font les chaînes d’or pour
les montres, foit pour homme ou pour femme ; lès
bijoutiers & les horlogers en font.
Je ne parle pas ici d’un très-grand nombre d’ouvriers
qui ne font uniquement que les outils &
ijiftrumens dont fe fervent les horlogers 3 cela feroit
long à décrire , & n’eft d’ailleurs qu’acceffoire à la
main-d’oeuvre.
On voit par cette divifion de l’exécution des
pièces d’horlogerie , qu’un habile artifte horloger
ne doit être uniquement occupé.
I . Qu’à étudier les principes de fon art, à faire
des expériences, à conduire les ouvriers qu’il emploie
, & à revoir leurs ouvrages à mefure qu’ils
fe font.
2°. On voit que chaque partie d’une pendule ou
d’une montre doit être parfaite , "puifqu’elle eft
exécutée par des ouvriers qui ne font toute leur
vie que la même chofe ; ainfi ce qu’on doit exiger
d’un habile homme, c’eft de conftruire fes montres
& pendules fur de bons principes , de les appuyèr
de l’expérience, d’employer de bons ouvriers, &
de revoir chaque partie à mefure qu’on l’exécute ;
de corriger les défauts, lorfque cela l’exige : enfin,
lorfque le tout eft exécuté, il doit raffembler les
parties , & établir entre elles l’harmonie , qui fera
l’ame de la machine.
II faut donc qu’un tel artifte foit en état d’exécuter
lui-même au befoin toutes les parties qui
concernent les montres & les pendules ; car il n en
peut diriger & conduire les ouvriers que dans ce-
cas, & encore moins peut-il corriger leurs ouvrages
s’il ne fait pas exécuter.
Il eft aifé de voir qu’une machine d’abord bien
conftruite par l’artifte, & enfuite exécutée par diffé-
rens ouvriers, eft préférable à celle qui ne feroit
faite que par un fèul, puifqu’il n eft pas poffiblede
s’mftruire des principes, de faire des expériences ,
& d’exécuter en même temps avec la perfeâiorr
dont eft capable l’ouvrier qui borne toutes fes
facultés à exécuter.
A juger du point de perfè&ïpn de l’horlogërie
par celui de la main-d’oeuvre, on imagineroit quç
cet art eft parvenu à fon plus grand degré de perfection
; car,on exécute aujourd’hui les pit ces d’horlogerie
avec des foins & une délicateffe furpre-
nante; ce qui prouve fans doute l’adreffe de nos
ouvriers & la beauté de la main - d’oeuvre , mais
nullement la perfection de la fcîenee , puifque lés
principes n’en font pas encore déterminés , & que
la main - d’oeuvre ne donne pas la jufteffe de la
marche des montres & pendules , qui eft le propre
de l’horlogerie.1
Il feroit donc à (buhaiter que l’on s’attachât davantage
aux principes , & qu’on ne fît pas con-
fifter le mérite dhme montre dans l’exécution, qui
n’eft que l’effet de la main , ornais bien dans l’in- ,
telligence de la compofition , ce qui eft le fruit du
génie.
L’horlogerie ne fe borne pas uniquement aux
machines qui mefurent le temps ; cet art étant l#
fcience du mouvement , on voit que tour ce qui
concerne une machine quelconque peut être de fort
rèffort. Ainfi de la perfection de cet art, dépend celle
des différentes machines Sc inftrumens, comme ,
par exemple , les inftrumens propres à l’aftronomie
& à la navigation , les inftrumens de mathématiques,
les machines propres à faire des expériences
de phyfique, &c.
Le célèbre Graham, horloger de Londres, membre
de la fociété royale de cette v ille, n’a pas peu
contribué à la perfection des inftrumens d’aftrono-
mie ; & les connoiflances qu’il pôffédoit dans les
différens genres dont nous avons parlé, prouvent
bien que la fcience de l’horlogerie les exige toutes.
Il eft vrai qu’il faut pour cela des génies fupérieurs ;
mais pour les faire naître, il ne faut qu’exciter l’émulation
& mettre en honneur les artiftes.
Nous diftinguerons trois fortes de perfonnes qui
travaillent ou le mêlent de travailler à l’horlogerie:
les premiers , dont le nombre eft le plus eonfidéra-
ble , font ceux qui ont pris cet état fans goût, fans
difpofition ni talent, &qui le profeffent fans application
& fans chercher à fortir de leur ignorance;
ils travaillent fimplement pour gagner de l’argent,
l e hazard ayant décidé du choix de leur état.
Les féconds font ceux qui par une envie de s’élever
, fort louable, cherchent à acquérir quelques
connoiflances des principes de l’art, mais aux efforts
defquels la nature ingrate fe refufe.
Enfin le petit nombre renferme ces artiftes intel-
ligens q u i, nés avec des difpofitions particulières,
ont l’amour du travail & ae l’art, s’appliquent à
découvrir de nouveaux principes, & à approfondir
ceux qui ont déjà été trouvés.
Pour être un artifte de . ce genre, il ne fuffit pas
d ’avoir un peu de théorie & quelques principes généraux
des mécaniques, & d’y joindre l’habitude
de travailler ; il faut de plus une difpofition particulière
donnée par la nature : cette difpofition feule
tient lieu de tout : lorfqu’on eft né avec elle, on ne
larde pas à acquérir les autres parties : fi on veut
faire ufage de ce don précieux, on acquiert bientôt
la pratique ; & un tel artifte n’exécute rien dont il
ne fente les effets, ou qu’il ne cherche à les analy-
fer : enfin rien n’échappe à fes obfervations. Et quel
chemin ne fera-t-il pas dans fon art, s’il joint aux
difpofitions l’çtude de ce que l’on a découvert juf-
qu’à lui ?
Il eft fans doute rare de trouver des génies heureux
, qui réunifient toutes. ces parties néceffaires ;
mais on en trouve qui ont toutes les difpofitions naturelles
, il ne leur manque que d’en faire l’applica-
.tion 3 ce qu’ils feroient fans doute, s’ils avoignt plus
de motifs pour les porter à fe livrer tout entiers à la
perfection de leur art : il ne faudroit, pour rendre
un fervice effentiel à l’horlogerie & à la fociété, que
piquer leur amour-propre, faire une diftinétion de
ceux qui font horlogers, ou qui ne font que des ouvriers
ou des charlatans : enfin confier l’adminiftra-
tion du corps de l’horlogerie aux plus intelligens, en
faciliter l’entrée à ceux qui ont du talent, & la fermer
à jamais à ces miférables ouvriers qui ne peuvent
que retarder les progrès de l’art qu’ils tendent
même à détruire.
S’il eft néceffaire de partir d’après des principes
de mécanique pour compofer des pièces d’horloger
ie , il eft à propos de les vérifier par des expériences
3 Car, quoique ces principes foient invariables,
comme ils font compliqués & appliqués à de très-
petites machines , il en réfulte des effets différens
& affez difficiles à analyfer. Nous obferverons que,
par rapport aux expériences , il y a deux manières
de les faire. Les premières font faites par des gens
fans intelligence, qui ne font des effais que pour
s’éviter la peine de rechercher par une étude, une
analyfe pénible que fouvent ils ne foupçonnent
pas, l’effet qui réfultera d’un mécanifme compofé
fans règle , fans principes & fans vue 3 ce font des
aveugles qui fe conduiferit par le tâtonnement, à
l’aide d’un bâton.
La fécondé claffe des perfonnes qui font des expérience^,
eft compofée des artiftes inftruits des
principes des machines , des lois du mouvement,
des diverfes aétions des corps les uns fur les autres ,
& qui doués d’un génie qui fait décompofer les e ffets
les plus délicats d’une machine, voient par l’ef*
prit tout .ce qui doit réfulter de telle ou telle combi-
naifon , peuvent la calculer d’avance , la conftruire
de la manière la plus avantàgeufe, enforte que s’ils
font des expériences , c’eft moins pour apprendre
ce qui doit arriver, que pour confirmer les principes
qu’ils ont établis , & les effets qu’ils avoient
analyfés. J’avoue qu’une telle manière de voir eft
très-pénible, & qu’il faut être doué d’un génie particulier
3 aufli appartient-il à fort peu de perfonnes
de faire des expériences utiles , & qui aient un but
marqué.
L’horlogerie livrée à elle-même, fans encouragement
, fans diftîn&ion , fans récompense , s’eft'élevée
par fa propre force au point où nous la voyons
aujourd’hui ; cela ne peut être attribué qu’à l’heu-
reufe difpofition de quelques artiftes, qui aimant
affez leur art pour en rechercher la perfection , ont
excité entr’eux une émulation qui a produit des effets
aufli profitables que fi on les eût encouragés par
des récompenfes./
Le germe de cet efprit d’émulation eft dû aux àr-
tiftes Anglois que l’on fit venir en France du temps
j de la régence, entr’autres à Sully, le plus habile
de ceux qui s’établirent ic i, principalement connu
par un excellent traité d’horlogerie, intitulé, La
règle artificielle du temps.
Julien le R oy, élève de le Bon, habile horloger
étoit fort lié avec Sully : il profita de fes lumières 3
cela, joint à fon mérite perfonnel, lui valut la réputation
dont il a joui. Celui-ci eut des émules, en-
tr’autres Rnderlin, qui étoit doué d’un grand génie
pour les mécaniques , ce que l’on peut voir par ce
qui nous refte de lui dans le traité d’horlogerie de
M. Thiout. On ne doit pas oublier feu Jean-Baptifte
Dutertre', fort habile horloger 3 Gaudron , Pierre
le Roy, &c 3 Thiout l’aîné, dont le traité d’horlogerie
fait l’éloge.
( Nous ne devons pas oublier M. de Romilly,
connu par des ouvrages du plus grand mérite, à qui
L 1 ij