
INSTRUMENT DE MATHÉMATIQUES.
( Art du
L E faifeur d’inftrumens de mathématiques, eft:
."celui qui fabrique & vend tous les inftrumens inventés
depuis long-temps, & qui s’inventent encore
chaque jour pour les opérations & découvertes
agronomiques & de géométrie, auffi bien
que pour l’ufage de plufieurs arts & métiers.
LesL principaux inftrumens qui fortent des mains
de ces artiftes, font des quarts de cercles j des demi-
cercles , des cercles entiers divifés par degrés & par
minutes, avec lunettes & fans lunettes ; des planchettes
carrées & rondes; des équerres d’arpenteurs
divifées.ou non divifées; des compas de proportion;
des carrés géométriques ; des toifes & des pieds de
roi brifés ou non brifés ; des piquets & des chaînes'
d’ingénieurs 8c d’arpenteurs ; toutes fortes de
cadrans au foleil, à la lune, aux étoiles , univer-
fe ls ., équinoxiaux , agronomiques , horizontaux
, 8tc. ; des b ou ffoles de toutes efpèces, des
compas à plufieurs pointes, à pointes tranchantes,
à trois pointes , à verges, à reffort , 8cc. ; des
porte-crayons; des tire-lignes de plufieurs fortes;
des règles avec divifion & fans divifion ; des ré-
çipiangles ;; des rapporteurs ; des microfcopes de
laiton ; des globes, des fphères ; enfin , un grand
nombre d’autres inflrumens dont le détail feroit
trop long.
Les métaux employés par les faifeurs d’inftrumens
de mathématiques , font communément ,
l’argent, le cuivre, le' fer & l’acier.
Les Inftrumens dont oit vient de parler, font
la plupart fondus par les maîtres fondeurs , ou
forgés par les maîtres faifeursL. d’inftrumens de mathématiques : ils les finirent avec divers outils ,
dont plufieurs leur font communs avec tous les arti-
fa-ns qui travaillent fur les métaux, mais dont plufieurs
auffi leur font propres. X Voyez tome III des
gravures.]
P L A N C H E P R E M I È R E ,
Inftrumens de Mathématiques.
La vignette offre l’atelier du faifeur de ces. inftrumens
, Sç le bas de la planche repréfente ,
fig. 3 , compas à divifer; fig. 4 , éçarriffoir; fig. f 9
plateau; fig, 6 , filière à chaînon.
P L A N C H E I L
Fig. 8 , plate-forme en perfpe&ive ; fig. p , profil
faifeur d’ )
de la plate-forme , coupé par un plan vertical;
fig. 14, trois centres pour fervir à la plate-forme,
8c à la conftru&ion de différens inftrumens ; fig. 11,
alidades.
P L A N C H E I I I .
$ ïg. i f , plan d’une machine à tarauder les roulettes;
fig. 16y profil de la même machine; fig. 17,
clé ; fig. 18 , roulettes emmanchées ; fig. ip , tour
en l’air. . •
De quelque utilité que foient les inftrumens inventés
jufqu’à ce jour, 8c quelle que foit l’habileté
des ouvriers dans le choix de la matière, 8c de la
forme qu’ils leur donnent , quelles expériences
n’ont-ils pas encore à faire, pour donner à leurs
ouvrages toute la perfection dont ils font fufcep-
tibles !
Ç’eft ce qui a engagé feu M. le duc de Chaulnes,
à chercher les moyens de faciliter leur travail, &
de les diriger sûrement dans leurs opérations.
Écoutons , avec reconnoiffance , ce favant &
illuftre amateur, qui va nous enfeigner 8c nous
démontrer lui-même fa doétrine dans l’article fui-
vgnt , qui doit fe trouver en entier 8c fans altération
, dans un ouvrage confacré aux arts 8c à
l’induftrie,
La perfection de la divifion des inflrumens de
mathématiques, dit M. le duc de Chaulnes , a été
fondée jufqu’ici fur la fineffe de la vue 8c l’adreffe
de la main des artiftes qui en étoient chargés ;
mais indépendamment de ce que ces qualités fe
trouvent rarement réunies au point où elles font
nécefl’aires pour former un arrifte diftingué , la
nature ne leur permet d’en jouir qu’un certain
nombre d’années : d’ailleurs., quelle que foit l’adreffe
d’un homme , 8c quelle que foit la perf-
picacité de fa v u e , ni l’une ni l’autre ne peuvent
■ égaler la précifion d’un mouvement mécanique,
ni la prodigieufe augmentation que les inftrumens
d’optique donnent aux facultés qu’il tient de la nature.
iC’eft ce double avantage , appliqué à la divifion
des inftrumens, dont on va rendre compte.
On commencera par donner la defcription de ceux
adaptés- à cet ufage ; après quoi on donnera la
méthode 8c les divers moyens qu’il faut employer
pour s’en fervir.
D e s c r i p t i o n
DESCRIPTION DES INSTRUMENS.
P L A N C H E I V .
Inflrumens à tracer.
La fig. 1 eft une planche de bois A B C D , percée
de fix mortaifes E E deftiné'es à laiffer paffer des
vis E , fig. 2, pour arrêter cette planche fur des établis
dont on parlera plus iras; les traces circulaires
pon&uées F G 8c H I , désignent les places que
doivent occuper les portions circulaires des fig. 3
8c 4 y dont on parlera dans un inftant.
L’échelle qui eft au bas de la planche en donnera
les proportions; ce qui eft dit une fois pour toutes
les autres planches, à moins de quelqu’.exception
dont alors on fera mention.
La fig. 2 eft le profil de la planche de la fig. 1 » ;
dans lequel on voit la vis E qui paffe à travers les
mortaifes E E de la fig. 1 , comme on l’a dit plus
haut ; on y voit auffi le trou M deftiné à recevoir
la vis N de la 'fig. 4.
La fig. 3 eft une plaque circulaire de cuivre, dont
on voit le profil à la fig. f . Sur cette plaque il y a
un limbe K K , percé de quatre trous K K K K , qui
fervent à fixer, parle moyen des vis en bois &, cette
plaque circulaire dans l’emplacement marqué auffi
K K , 8cc. dans la fig. 1, fur la planche A B C D.
Le limbe K K , dont nous venons de parler, eft
taillé en bifeau en deffous, comme on le peut voir
en K , fig. f , pour retenir la pièce A B de la fig. 8 ,
comme on le verra plus bas.
La fig. 4 eft une règle circulaire de cuivre de même
épaiffeur que la plaque circulaire dont nous venons
de parler,'en y comprenant fon limbe K ; elle a ,
dans fon épaifleur & à fa partie convexe, une gorge
creufe 8c arrondie, qu’on peut voir en O , fig. 6,
dont.on expliquera plus bas l’ufage ; elle eft percée
de quatre trous L L , 8cc. pour recevoir des vis k
qui fervent à la fixer fur la planche A B C D , fig. 1,
dans les endroits marqués auffi L L , 8cc. dans
cette figure.
Comme fes extrémités P Q débordent la largeur
de la planche, on y a mis les deux règles de champ
Q M , terminées par les oreilles M , qui fervent à
la fixer, par le moyen des vis N, dans l’épaiffeur de
la planche à l’endroit marqué M dans la fig. 2.
La fig. f eft le profil de la fig. 3 , où l’on voit
en K la coupe & par confisquent le bifeau que doit
avoir le limbe K de la fig. 3.
La fig. 6 eft le profil de la fig. 4 , où l’on voit la
largeur M Q de la règle de champ M Q de la fig. 4 ,
& la coupe O de la gorge creufe, formée dans la
partie convexe de la règle Q P L L P Q de la fig. 4.
Lorfque toutes ces pièces font montées enfemble,
comme on vient de l’expliquer, elles font en état
de recevoir l’outil dont on va décrire auffi toutes
les pièces.
Arts & Métiers. Tome III. Partie II,
La fig. 7 eft une règle de cuivre qui porte, à une
de fes extrémités, une pièce de cuivre A B , qui y
eft fixée en deffous par des vis ou des rivures ,
parce qu’elle n’en doit pas être féparée.
Cette pièce A B eft circulaire du même rayon
que le limbe K K de la fig. 3 , & porte un bifeau ,
comme on le voit en B A de la fig. 8 , qui en eft le
profil. Ce bifeau entre dans celui de ce limbe K K ,
& empêche que la pièce entière , quand elle eft:
montée, ne puiffe s’échapper 8c fortir de cette portion
circulaire , quoiqu’elle lui laiflê la liberté de
tourner circulairement autour d’elle, en appuyant fa
convexité contre la concavité du premier.
On voit dans cette plaque deux trous fraifés en
deffous C C , deftinès à laiffer paffer deux vis D D ,
fig. 10, dont nous parlerons plus bas.
Cette même règle porte en E une petite plaque
fur laquelle font fixés deux pieds deftinès à fervir
de point d’appui à un levier fig. 11, dont le profil
fe voit fig. 12, 8c dont nous indiquérous plus bas
l’ufage.
Elle eft percée en F , d’une petite fenêtre carrée,'
dont deux côtés font taillés en bifeau pour laiffer
voir les lignes tracées fur la règle circulaire Q P.
L L P Q de la fig. 4 , auxquelles elle doit repondre.'
G , eft une mortaife dans laquelle entre le tenon
de la pièce, dont on voit le plan fig. 13, la face fig: 14,
8c le profil fig. 1 f , 8c qui eft arrêtée par une goupille
, quand le tenon eft entré dans cette mor-_
taife.
H H , font deux couliffeaux rivés fur la règle, 8c
taillés en bifeau en deffous pour recevoir 8c laiffer
couler la pièce, dont on voit la coupe fig. 16, 8c
le profil fig. 17.
I, eft une pièce fixée fur la règle, 8c deftinée à
laiffer paffer dans un collet la vis de rappel fig. 18,
dont elle ne peut plus fortir quand on a paffe la
petite goupille a, dans le trou que l’on a fait à cette
vis pour la recevoir.
La fig. 8 eft le profil de la même règle, dans lequel
les mêmes lettres repréfentent le profil des
mêmes parties, que l’on vient de voir en plan dans
la fig. précédente; on y voit déplus en K , le profil
d’une pièce attachée en deffous, 8c dont la longueur
eft égale à la largeur de la règle, dans laquelle
on voit une gorge creufe , femblable à celle qui eft
formée fur la convexité de la pièce ciculaire de
la figure 4.
Cette pièce K eft attachée à la règle, de façon que
quand cette règle eft placée, comme nous l’allons
dire , elle fe trouve vis-à-vis , mais à quelque distance
, comme de quatre ou cinq lignes en dehors
de la convexité' de la pièce, fig. 4.
Toutes les pièces qu’on vient de décrire étant en
cet état, il eft facile de comprendre que, fi l’on applique
la règle ƒ g. 7 fur la-planche fig. 1, garnie des
pièces fig. 4 y de façon que la plaque circulaire A B , 1 fig' 7 5 engagée fous le bifeau de la pièce fig. 3 ,
dont la courbure circulaire eft concentrique à celle
I de ia fig. 4 , on pourra faire tourner la règle autour
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