
fervent d’entonnoirs pour les jets ,' regardant en
enhaut ; ce qui fe fait en appuyant les moules par
la partie oppofée fur le bord du baquet, enforte
que leur plan faffe avec l’horizon un angle d’environ
30 degrés.
Avant de verfer le métal, le fondeur l’écume avec
une écumoire repréfentée fig. 8 ( pl. J I ) : c’eft une
cuiller de fer percée de pluneurs trous., au travers
defquels le métal fondu paffe, 8c qui retient les
fcories que le fondeur jette dans un coin du fourneau.
Après que le métal eft écume, on prend le
creufet avec les happes , repréfentées fig. 3 , & on
verfe le'métal fondu dans les moules.
Lorfque le métal a ceffé d’être liquidé, on verfe
de l’eau fur les châffis pour éteindre le feu que le
métal fondu y a mis ; on relève enfuite les moules,
& on defferre la preffe, d’où on retire les moules
que l’on ouvre pour en tirer lés ouvrages. Le fable
eft enfuite remis dans la caiffe, où on le corroie
de nouveau pour en former d’autres moules.
Les happes avec lefquelles on prend les creufets
dans le fourneau , font des pinces de fer dont les
deux branches font recourbées en demi-cerçle, qui
embraffent lé creufet; le plan du cercle, que les
courbures des branches forment, eft perpendiculaire
à la longueur des branches de la tenaille.
L’ouvrier qui prend le creufet-, a la précaution
de mettre à fa main gauche un gros gant mouillé -,
qui l’empêche de fe brûler en tenant la tenaille près
du creufet, ce qui ne manqueroit pas d’arriver fans
cette précaution, tant par la chaleur des.tenailles ,
que par la vapeur enflammée du métal fondu qui
eft dans le creufet. .
Les fondeurs coupent les jets des ouvrages qu’ils
ont fondus, & les remettent à ceux qui les ont commandés
fans les réparer.
Communauté des maîtres fondeurs.
Les maîtres fondeurs ont droit de fondre toutes
fortes de grands 8c de petits ouvrages de métal ;
mais ils ne fondent ordinairement que de légers
ouvrages , tels que font des croix d’églife, des
chandeliers, des ciboires, des encenfoirs, des lampes
, des boffettes, Sec.
Il y a eu des maîtres dans cette communauté qui
fe font diftingués par la beauté des ouvrages qui
font fortis de leurs fonderies ; tel a été fur la fin
du x v n e. fiècle Pierre le Clerc, & , depuis, fes en-
fans qui ont fondu pour l’églife de Notre-Dame de
Paris, 8c pour plufieurs autres églifesde la capitale
& des provinces , des aigles ou pupitres , des lampes
, des tabernacles, des croix & des chandeliers
d’un poids & d’un deflin au deflùs de ce qu’on
avoir vu en ce genre.
La communauté des fondeurs avoit des ftatuts
en 12.81, qui furent renouvelles , augmentés, corrigés
& approuvés en 15.73 par lettres patentes de
Charles IXdu 13 janvier, enregiftréesau parlement
& au châtelet les mêmes mois & an. Ils n’éprouve-
rent aucun changement jufqu’en 1691 que les charges
de jurés créés en titre d’office par la déclamation
du roi Louis XIV de la même année, ayant
été incorporées Sc réunies à cette communauté par
lettres patentes du 9 novembre , il fut ajouté à
leurs ftatuts quelques articles dont les principaux
concernent les droits de réception des apprentis 8t
des maîtres.
Cette communauté eft gouvernée par quatre jurés,
dont deux font élus cnaqiie année ; c’eft à eux
à marquer les ouvrages dans leurs vifites avec leurs
poinçons.
Chaque maître ne peut avoir .qu une feule boutique
ou ouvroir, & un feul apprenti engagé au
moins pour cinq ans.
Les fils de maîtres font auffi obligés à un appren-
tiffage de cinq ans chez leur pere ; mais en quelque
nombre qu’ils foient, ils n’excluent pas l’apprenti.
étranger celui-ci doit chef-d’oeuvre. pour
afpirer à la maitrife , & les premiers ne font tenus
qu’à la ftmple expérience.
Les apprentis des villes où il y a maitrife, font
reçus à celle de Paris en apportant leur brevet
d’apprentiffage, 8c en fervant quatre ans chez les.
maîtres.
Les veuves jou.iffent des mêmes privilèges que.
dans les autres corps.
L’édit du mois d’août 1776, n’a fait qu’une feule,
communauté des fondeurs, doreurs 8c graveurs fur
métaux. Us peuvent Faire les fontes garnies en fer
en concurrence avec les marchands merciers. Leurs
droits de réception font fixés à 400 livres..
Fondeur de petit plomb.
Le fondeur de petit plomb eft un- ouvrier qui
fait le plomb à tirer de toutes les efpèces, les balles
de toutes les groffeurs, les plombs des manches des
dames, & c. Us ne peuvent vendre leurs plombs eux-
mêmes, à moins qu’ils n’en aient acheté lé privilège,
en fe faifant paffer marchands. Us font du corps des
miroitiers, & fuivent les ftatuts & les réglemens de
cette communauté, comme ces derniers.
La dragée eft un plomb fondu à 4’eau ou coulé
au moule, en grains plus ou moins- gros, dont on
charge les armes à- feu pour la-chafle. On appelle
ces grains dragées, pour les diftinguer des balles
dont, une feule remplit le calibre du fuftl; au lieu
qu’il faut- une quantité plus ou moins grande de
dragées pour la charge d’une arme à feu, félon la
nature de l’arme ou l’efpèce de chafle , & la force
ou la grofîeur de là dragée. On évalue la charge
ordinaire d’un fufil avec de la dragée , au poids
d’une balle de fix lignes de diamètre.
U paroît, par la définition que nous venons de
donner de la dragée1, qu’elle fie fait de deux, manières,
ou à l’eau ou au moule. Nous allons expliquer
ces deux manoeuvres , après avoir, obfervé
d’abord qu’il peut arriver à la dragée fondue à l’eau
d’être creufe, & par conféquent de perdre la vitefiq
qui lui eft imprimée par la poudre, beaucoup plus
promptement que ne la perd la dragée coulée au
moule : mais d’un autre côté , elle eft plus b elle,
plus exaàement fphérique, 8c fe fabrique plus facilement
8c plus vite.
De la dragée fondue à Veau.
Pour fondre le plomb à . l’eau & le réduire en
dragées, ayez une chaudière de fonte environnée
d’une maçonnerie d’un pied d’épaiffeur, 8c foutenue
fur quatre fortes barres de fer ; que le fond de la
chaudière foit élevé au deflùs du foyer d’environ
un pied ; qu’il y ait-à 4a maçonnerie une ouverture
d’un pied en, carré, par laquelle on puiffe introduire
le bois fous la chaudière ; & que le tout foit recouvert
d’un grand manteau de cheminée, à la hauteur
de cinq pieds. -
Vous pourrez mettre dans votre chaudière jufi-
qu’à douze ou quinze faumons de plomb , faifant au
total environ 1200 livres. Vous allumerez deflbus
un bon feu ; vous mêlerez parmi les faumons de la
braifie & des tifons, afin d’en accélérer la fonte ; &
lorfque votre plomb fera dans une fufion convenable
, c’eft-à-dire, lorfqu’en y plongeant une carte,
elle ne tardera pas plus d’une minute à s’enflammer,
vous prendrez une cuiller de fer ;. vous rangerez
dans, un coin de la chaudière la greffe crafle, & les
charbons qui nageront à la furface du plomb fondu
, -de forte qu’elle paroiffe claire & nette en cet
endroit, où vous jetterez environ une demi-livre
d’orpin groffièrement concafle ; vous brouillerez *
l’orpin avec le plomb, en puifant dans la chaudière ,
quelques cuillerées de plomb fondu, & en les ré- :
pandant deflùs f orpin, jufqu’à ce qu’il s’enflamme.
S’il arrive à la flamme de s’élever de plus de quatre
doigts , vous empêcherez l’orpin de. brûler trop vite
avec des crafles que vous ramafferez fur la furface
du plomb fondu, & que vous jetterez fur la flamme
qui en fera en partie étouffée, & qui perdra par ce
moyen un peu de fa trop grande aâiyité. Vous réitérerez
trois fois de fuite cette manoeuvre , & vous
emploierez fur une fonte de 1200 livres, telle que
nous la fuppofons ic i, une livre 8c demie d’orpin au
plus. Cependant la proportion de la quantité d’orpin
à la quantité du plomb, n’eft pas fixe ; la quantité du
plomb la fait varier. U arrivera fouvent à une fonte
de 1200 livres de fe préparer avec une livre ou cinq
quarterons d’orpin ; mais quelquefois la même quantité
de plomb en demandera jufqu’à une-livre & demie
,; félon que le plomb fera plus ou moins pur ,
plus ou moins duâile, plus ou moins aigre.
Vous connoîtrez.de la manière qui fuit, fi le plomb
a reçu affez d’orpin, ou s’il lui en faut davantage
pour fe mettre bien en dragée ; en conduifant votre
fonte , prenez une poêle percée, nettoyez la fuper-
ficie de votre plomb, ayez une cuiller de fe r ,. prenez.
avec cette cuiller environ une. livre de plomb
fondu dans votre chaudière, inclinez votre cuiller
doucement au deflùs d’un vaifleaii plein d’eau, faites
tomber dans cette eau votre plomb , fondu par un
filet le plus menu & le plus lent que vous pourrez ;
fi yous avez donné à votre plomb del’orpin en quantité
fuffifante, à mefure qu’il tombera dans l’eau, il
fe mettra en dragées rondes; fi au contraire il n a pas
eu affez d’orpin,. les gouttes s’alongeront 8c prendront
une figure de larmes ou d’aiguilles : dans ce
dernier cas, vous ajouterez de l’orpin à votre plomb
jufqu’à ce que vous foyez aflùré que vous lui en
avez donné en quantité fuffifante, par la rondeur
des grains qu’il formera.
Les effais faits, & la chaudière entretenue dans
une chaleur égaie, vous aurez un tonneau défonce
& plein d’eau ; vous le rangerez entre vous & là
chaudière ; vous placerez fur ce tonneau une frette
de fer d’environ onze pouces de diamètre, affem-
blée avec deux petites, barres de fer affez longues
pour porter d’un des bords du tonneau au bord op-
pofè, 8c former une efpèce de châffis : vous afféyerez
fur ce châffis une paffoire de fer battu, ou d’une tôle
mince ; que cette paffoire foit ronde ou faite en culot
, c’eft-à-dire, quelle forme une calotte fphérique-
d’environ trois pouces de profondeur au plus ;
qu’elle foit percée de trous d’une ligne de diamètre ;
que ces trous foient écartés les uns des autres d un
demi-pouce ., 8c qu’ils foient tous bien unis 8c bien
ébarbés. . .<a - ; . .
Lorfque cette paffoire fera pofée fur la frette, de
manière que fon fond ne foit éloigne de la furface
de l’eau contenue dans le tonneau que de quatre
doigts au plus, vous puiferez du plomb fondu dans
I votre chaudière avec une cuiller de fer ; vous en
prendrez jufqu’à fept livres à-la-fois ; vous le ver ferez
dans la paffoire, d’où il tombera en dragées de
différens échantillons dans le tonneau ; vous écouterez
fi le bruit qu’il fera, en atteignant l’eau , fera
égal 8c aigu * fi. vous y remarquez, de ^inégalité, &
s’il fe fait des petillemens fourds , vous en inférerez
que votre plomb eft trop chaud. La fuite de cet inconvénient
fera de mêler votre 01 ivrage d’une grande
quantité de dragées creufes. Laiffez-le donc un peu
refroidir , 8c trempez, dans l’eau le deflbus de votre
cuiller avant que de verfer fur la paffoire le plomb
quelle contiendra, 8c que vous aurez puifè ; agitez-
aufli le plomb qui. eft en fufion. dans la chaudière..
Mais une longue expérience vous donnera un coup-
' d’oeil fi certain fur le degré de chaleur de votre:
plomb, que vous ne vous y tromperez jamais-
En vous conformant à cette manoeuvre , votre:
plomb paffera fort v ite , 8c vous aurez de Ta gre^
naille depuis la cendrée lapins fine, jufqu’à la dragée-
la plus forte ;. mais fi vous n’en vouliez fondre que-
de deux ou trois échantillons feulement, entre le s quels
le gros plomb fût le dominant,. vous écumeriez'.
de cette crafle qui,. dans la fonte du plomb, fe forme
toujours à fa furface; vous la répandriez d'ans l’intérieur
de votre paffoire, de manière qu’il y en eut
par-tout environ l’épaiffeur d’un.pouce ; vous ver-
feriez. là-deflùs votre plqmb fondu qui , fé filtrant
alors plus lentement à travers, cetce écume que s’il'
n’y en avoit point, fè réduiroît en plomb de deux:
à trois échantillons au pluSr
Pendant que votre, plomb dégouttera a travers