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Contre-coeur.
On appelle contre-coeur , le fond d’une cheminée
entre les jambages & le foyer. On en fait en terre
cuite comme les fourneaux. '
Cornue.
La cornue eft une forte de vaiffeau defliné à faire
la diftillation per lattis, ou de côté. Elle eft quelquefois
d’une figure ronde, & quelquefois oblongue.
Elle porte à fa partie fupérieure un col recourbe ,
de manière que ce vafe étant pofé fur fa bafe dans
le fourneau de reverbère, ou fur le bain de fable ,
puiffe excéder la paroi du fourneau de cinq ou fix
pouces, pour pouvoir entrer commodément dans
un autre vaiffeau appelé récipient.
On donne à la cornue affez communément le
nom de retorte , fans doute à caufe de la courbure
du col; & il y a grande apparence que le nom de
cornue a été donné à ce vaiffeau, ou parce que le
col a la figure d’une corne, ou bien parce que le
vaiffeau entier reffemble affez à une cornemufe.
Les cornues de terre font de tous les inftrumens
chimiques, celui dont l’ufage efl le plus fréquent.
Toutes les fois qu’on veut foumettre à la diftillation
une fubfiance qui demande le degré de feu fupé-
rieur à l’eau bouillante , pour donner les produits '
qu’on fe propofe d’en retirer , la retorte de terre eft
le vaiffeau le plus propre à cette opération.
Les cornues de terre étant non-feulement expo-
fées à un degré de feu fupérieur à l ’eau bouillante,
mais encore quelquefois à fupporter ce dernier degré
jufqu’à fon extrême , c’eft - à - dire, le feu le plus
violent que l’on puiffe faire dans les fourneaux,
doivent néceffairement être conftruites d’une matière
capable de réfifter à ce degré de feu qui vitrifie
les métaux imparfaits, & généralement toutes les
terres qui font tant foit peu fufibles.
Il faut pour cela qu’elles foient faites d’une bonne
terre glaife, qu’elles foient aufli minces qu’il fera
poffible, & qu’elles foient cuites au point qui fait
donner le nom de grès à la terre cuité.
• Cependant tout grès ne feroit pas bon à être
employé en cornue ; celui qui eft trop cuit, & prefque
vitrifié , eft trop caftant ; & malgré le lut dont
on l’enduit & les précautions qu’on prend pour
l’échauffer peu à peu , on ne parvient que très-difficilement
à lui faire foutenir le feu.
Il faut que les cornues foient fuffifamment cuites,
ce qui les empêche d’être poreufes, & les rend propres
à fupporter le plus grand feu ; mais il faut auffi
qu’elles ne foient pas trop vitrifiées.
Il y a une forte de vaiffeau de terre appelé cuine,
qui ne diffère de la cornue que parce qu’il a une
bafe applatie & le col beaucoup plus court. Nous
avons dit dans l’art de la diftillation. d’eau - forte ,
comment on fe fert des cuines pour retirer l’acide
du nitre & du fel marin.
Il y a une autre efpèce de cornue qu’on nomme
cornue tubulée ; elle doit avoir à fa partie fupérieure
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une petite, ouverture en forme de tuyau ou de tube J
que l'ouvrier ajufte de façon à pouvoir le fermer
avec un bouchon de terre.
Cette dernière forte de cornue eft commode pour
y introduire de nouvelle matière , fans être obligé
de dèfapareiller les vaiffeaux.
Coupelle»
La coupelle eft une forte de vaiffeau de terre évafé
en forme de coupe plate, ce qui lui a fait donner le
nom de coupelle.
Les chimiftes s’en fervent pour purifier l’or &
l’argent des différens métaux avec lefquels ils peuvent
être alliés.
Pour faire des coupelles, il faut choifir une matière
qui réfifte au feu le plus violent fans fe fondre , &
qui ne fe vitrifie pas facilement avec le corps vitref-
cible ; par exemple, avec le verre de plomb: il faut
que cette matière ait affez de cohèfion, & qu’elle
faffe une maffe poreufe.
On a trouvé que la terre qui refte après la com-
buftion des os de tous les animaux, à l’exception
de quelques-uns, qui font moins propres que les
autres , étoit ce qu’il y avoit: de mieux pour cet
ufage. La terre qu’on retire des végétaux brûlés
n’eft pas moins bonne, & on fait auffi de très-excellentes
coupelles avec le fpath. M. Stahl indique
même que l’on en pourroit faire de fort bonnes avec
la chaux.
Schlutter veut qu’on- prenne pour les coupelles
communes trois parties de cendres de bois & une
partie de cendres d’os.
Si on veut les faire meilleures, dit ce favant chi-
mifte, il faut deux parties des premières & une
partie des autres ; on les mêle bien enfemble en les
humeélant avec autant‘ d’eau claire qu’il en faut
pour qu’elles puiffent fe pelotter fans s’attacher aux
mains ; alors on en fait des coupelles de telle grandeur
qu’on veut. Il faut pour cela prendre la partie
inférieure du moule ; la remplir de cendres, qu’on
preffe avec la main ; on retranche avec un couteau
les cendres qui excèdent le moule ; puis on pofe la
partie fupérieure du moule fur fon inférieure, &
l’on frappe deffus d’abord à petits coups jufqu’à ce
qu’on foit sûr que les deux parties fe rencontrent
exactement ; enfuite on frappe trois coups forts
avec le marteau ou mailles de bois , qui , félon
quelques.- uns , doit être de même poids que les
deux moules enfemble. "~v •
Il faut que le moule inférieur foit pofé fur un
gros billot fort ftable, & qui n’ait point de reffort,
fans quoi les coupelles feraient fujettes à fe fendre
horizontalement.
Ce moule inférieur, qui reçoit les cendres, s’appelle
en Allemagne la nonne ; le fuperieur , qui
forme le creux arrondi de la coupelle, fe nomme
le moine.
Après qu’on a retiré ce moule fupérieur, on met
fur la coupelle une couche très-mince de claire, ou
la cendre d’os calcinés, leffivee & fechee , en la
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Saupoudrant à travers un petit tamis de foie ; on
l ’y étend uniment avec le petit doigt; enfuite on y
replace le moine qu’on a bien effuyé, & l’on frappe
deffus deux -ou trois petits coups ; cela étant fa it,
on preffe le fond de la coupelle qui eft encore dans
le moule, fur un morceau de drap attaché exprès
fur le billot où l’on travaille, ce qui la détache ;
on la renverfe fur la main .gauche pour la^pofer fur
la planche ou fur l’ardoife ou elle doit fecher : on
continue ainfi jufqu’à ce qu’on en ait fait la quantité
que l’on foühaite. Il eft bon de faire obferver
qu’avant de les mettre fous la moufle, il faut qu’elles
aient été féchées exaétement à l’air.
On fait aifément avec les cendres de bois feules,
ou avec les mélanges précédens , des coupelles affez
grandes pour paffer jufqu’à deux onces de plomb ;
mais fi on les vouloit beaucoup plus grandes, il
faudrait avoir des cercles de fer de différens diamètres
, & de hauteur proportionnée à la quantité
de cendres dont on a befoin pour paffer depuis trois
onces jufqu’à un marc de plomb. On les remplit
. exaétement de cendres de bois feules , ou d’un
mélange de parties égales' de ces cendres & de
chaux d’o s , exaétement mêlées & humeétees jufqu’à
ce quelles fe pelottenten lès preffant fans s’attacher
aux doigts. On pofe le cercle de fer fur une pierre
plate , unie, & qui foit très-ftable on frappe les
cendres avec un moule en demi-fphère , fi le cercle
de fer n’a que trois ou quatre pouces de diamètre ;
mais s’il eft plus grand , on les bat verticalement
avec un pilon de fer, jufqu’à ce qu’elles aient acquis
affez de fermeté pour que le doigt n’y-faffe aucune
impreffion ; enfuite avec un couteau courbé , on y
forme un creux en feâion de fphère , & on le per-
feétionne avec une boule ' d’ivoire. On ne retire
point les cendres de ce cercle de fe r , comme des.
moules de cuivre précédens ; mais après qu’elles
font exaétement sèches, on les met fous la moufle
avec les cendres qu’il contient.
Quand on fait des coupelles de cendres de bois
feules, il faut y joindre quelque chofe de glutineux,
fans quoi elles confervent fort difficilement la forme
que le moule leur a donnée : lés uns y mêlent de
l’eau gommée ; d’autres, du blanc d’oeuf battu dans
■ beaucoup d’eau ; d’autres, un peu de terre glaife ;
I mais ce qui paroît réuffir le mieux, c’eft d’humeéter
B les cendres, avec de la bierre jufqu’à ce qu’en les
II preffant, elles fe pelottent fans s’attacher aux doigts.
D’autres ajoutent à ces cendres un peu de terre
» glaife purifiée parle lavage, & fêchée.
Enfin, l’auteur de cet article ( dans Xancienne
B Encyclopédie ) dit qu’après avoir effayé tous les
■ mélanges décrits par les chimiftes, il s’en> eft tenu
I à faire les coupelles de cendres d’os de veau & d’os
S de mouton, lavées & calcinées deux fois, puis por-
B phyrifées à fec en poudre impalpable : par - là ,
\ .ajoute-t-il, je ne fuis point obligé d’y mettre de
c claire pour en boucher les pores : quoiqu’elles pa-
<■ roiffent à la vue très-compaétes , l’effai y paffe atfffi
,YÎte que dans les coupelles faites de cendres d’os
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Amplement, paffées au tamis de foie; elles boivent
beaucoup moffis de fin que ces dernières.
M. Cramer préfère les coupelles de chaux d’os à
celles de cendres de bois ; l’effai, dit-il, dure plus
long-temps, mais il fe fait avec plus d’exaâitude.
Le plomb , vitrifié avec l’alliage, pénètre lentement
la matière compaéte des cendres d’os. Mais de ce
léger inconvénient, il réfulte un avantage, c’eft
qu’il n’eft point à craindre que la coupelle s’amolliffe
au feu , & y devienne rare & fpongieufe, ni qu’elle
boive autant de fin que les coupelles de cendres des
végétaux. Il eft vrai qu’il faut gouverner le feu du
fourneau autrement qu’avec ces dernières.
De plus, les coupelles d’o s , ainfi que celles qui
font faites avec un fpath bien choifi, n’ont prefqu«
pas befoin d’être recuites fous la moufle ; & comme
on n’emploie qne de l’eau pour les humeéter , on
n’a pas à craindre comme dans celles qui font faites
de cendrés humeétees. de bierre ou de blanc d’oeuf,
un phlogiftiquereffufcitantla litharge én plomb , à
mefure qu’elle entre dans le corps dé la coupelle.
Il y a plufieurs efpèces de fpath qui font très-
propres à faire d’excellentes coupelles ; mais comme
tout fpath n’eft pas propre à ce deffsin, il faut, félon
M. Cramer, avant que de le préparer, effayer fi
celui dont on va fe fervir eft de la bonne efpèce ou
non : pour cela, on en fait calciner une petite quantité
dans un vaiffeau fermé à un feu médiocre,
il fe fait une légère décrépitation , qui, lorfqu’elle
ceffe , annonce que la calcination eft achevée ; on
retire le creufet du feu, & on trouve le fpath raréfié
& devenu fi friable, qu’il peut très-facilement être
réduit en une poudre t-rès-fiibtile ; on formera, avec
cette poudre humeétée d’une diffolution de vitriol,
une coupelle dont on fe fervira pour faire un effai,
par lequel on s’affurera que le fpath dont on s’eft
fervi eft de la bonne efpèce ; & pour lors on pourra
en préparer une quantité fuffifante pour faire des
coupelles de toutes fortes de grandeurs , qui auront
les mêmes avantages que celles qui font faites d’os,
& qui même, félon M. Cramer, leur font préférables.
Creufet1
• Le creufet eft un vaiffeau de terre, dont la forme
la plus ordinaire eft celle d’un gobelet. On s’en fert
pour exécuter diverfes opérations qui demandent
un feu violent & des vaiffeaux ouverts, ou qu’on
ri’ eft pas obligé de fermer exaétemenf.
Il y a des creufets qui ne font que des pots cylindriques
, prefque auffi larges par le bas que par le
haut.
On en fait encore, pouriles effais des mines, qui
font coniques , dont lé bas fe termine en pointe,
& qui doivent avoir une patte par le bas pour pouvoir
fe foutenir.
Dans quelques endroits les creufets coniques ,
pour les effais , font beaucoup rétrécis par leur
ouverture ou par la partie fupérieure, epforte qu’ils
ont prefque la forme d’un oeuf ; on les nomme tûtes.