
vrai ; mais ils perdent trop fenfiblement leur élasticité
, & conféquemment leur force : il y a donc
par-tout des extrêmes-qu’il faut éviter. C ’eft un
point qu’il faudroit pouvoir faifir ; mais qui eft
infiniment difficile , pour ne pas dire impoffible.
L ’on préfère, dans cette alternative, qu’un ref-
fort foit plus près de cafifer par trop d’élafticité,
que de fe rendre en en manquant.
Enfin , pour réfumer ce que l’expérience & le
raifonnement m’ont donné Sur les différens refforts
que j’ai éprouvés, j’ai trouvé, toutes chofes égales
d’ailleurs , qu’une lame de reffort étoit d’autant
plus élaftique , & conServoit d’autant plus longtemps
cette qualité, que la lame étoit plus mince,
plus large , plus longue ; enforte que cette lame
étant ployée en Spirale autour de l’arbre dans Son
barillet, Son rayon fût égal à la largeur ou hauteur
des refforts, & réciproquement ; c’eft pourquoi les
refforts de montre plate fe rendent ou fe caffent
plus fréquemment que les autres.
Le reffort, placé dans le barillet, porte un cro=
chet qui accroche le bout extérieur du reffort, &
l ’arbre accroche le bout intérieur. Dans cet état,
fi l’on vient à tourner l’arbre , le barillet étant
fix é , le reffort s’enveloppera immédiatement fur
le corps de l’arbre, ainfi de tous les tours fuccefli-
vement ; dans cet état le reffort fera bandé : fi on
lui oppôfe Un rouage à faire tourner par le moyen
de dents qu’on aura pratiquées à la circonférence
du barillet , ce qui engrènera dans le premier
pignon ; le reffort, en fe détendant, fera tourner
le rouage avec une viteffe qui diminuera comme
la détente du reffort.
Mais fi au lieu d’oppofer au barillet des rayons
égaux comme font les ailes de pignonr fur lesquelles
il agit, on lui adapte une chaînette qui communique
& s’entortille fur un,e figure conique
taillée en Spirale, dont les rayons diminuent précisément
comme la force du reffort augmente, c’eft
ce qui formera la fufée. Alors la fufée portant la
roue du barillet, communiquera au premier pignon
une égale viteffe pour tous les tours, & par conséquent
la force motrice fera uniforme fur tout le
rouage.
De Vexécution du rejjort fpiral & de fon application
en qualité de force réglante.
Le reffort fpiral d’une montre ordinaire eft une
lame d’acier très - déliée, qui peut avoir trois ou
quatre pouces de longueur , & d’un neuvième à
un douzième de ligne de largeur , fur un trente
à quarante - huitième d’épaiflèur ployée en ligne
fpirale de quatre à trois tours au moins ; ces tours
doivent avoir des intervalles plus ou moins grands,
Suivant la force du fpiral & la grandeur du balancier
; la lame doit diminuer d’épaiffeur imperceptiblement
du dehors au dedans, enforte que lorsqu’on
fufpend un petit poids par le bout intérieur,
& qu’on le lève en tenant avec une pincette l’autre
extrémité ext érieure, il prenne la figure d’un cône
renverfé ; c’eft à cette épreuve qu’on juge fi le reffort
fe déploie bien, & s’il garde les intervalles proportionnés
au diamètre du fpiral ; il faut aufli que
les tours de lame Soient exa&ement parallèles entre
eux & dans le même plan.
Pour faite ces petits refforts, l’on prend de l’acier
d’Angleterre qui n’eft point trempé, mais qui eft
paffé au laminoir ; ce qui lui donne affez de corps
pour avoir de l’élafticité. Plufieurs horlogers s’en
fervent, & font eux-mêmes leurs refforts fpiraux ;
ils redreffent, reforment même ceux qui font faits,
mais il n’y a guère que les habiles artiftes capables
de les bien faire ; Genève eft la feule ville que je
connoiffe où il y ait des gens qui ne s’occupent qu’à
faire de ces refforts, & qui les font d’autant mieux ,
que la routine & la délicateffe du ta& l’emportent
de beaucoup fur la théorie : ils ne fe fervent point
de. fil d’Angleterre ; ils prennent une lame d’acier
trempé, & revenue comme une lame de reffort
moteur, qu’ils affoibliffent à la lime jufqu’à une
certaine épaiffeur; après quoi ils les coupent par.
petites bandes. Les redreffer, limer fur la largeur
& l’épaiffeur , les adoucir & les ployer en ligne
fpirale, font toutes opérations trop longues à dé-,
tailler , & qui feroient encore infuffifantes pour
donner une idée de leur délicateffe ; il n’y a guère
que l’expérience qui puiffe la faire fentir.
Je ne déciderai pas lefquels des deux fpiraux
font les meilleurs, d’être d’acier trempé, ou non
trempé ; ce qu’il y a de certain, c’eft que j’ai vu
de bons effets par les uns & les autres : je ne penfe
pas qu’il foit connu de perfonne , autrement que
par conjeéhires , auxquels on doit donner la prér
férence ; les raifons qu’on donne de part & d’autre
me paroiffent trop foibles pour être rapportées.
De Vapplication du rejfort fpiral au balancier•
Sur l’axe du balancier, eft ménagée une petite
afliette pour recevoir • & faire tenir à frottement
une virole qui eft percée par une ligne qui feroit
tangente, dans l’épaiffeur de la circonférence : ce
trou eft pour recevoir l’extrémité intérieure du
fpiral , & au moyen d’une goupille qu’on y fait
entrer avec, ce fpiral fe fixe & s’arrête fur la virole ;
elle eft coupée pour faire un peu reffort en entrant
fur l’affiette du balancier ; ce qui donne la facilité
de tourner la virole qui tient alors par une preflion
élaftique; le balancier étant placé fur la platine, la
cheville de renverfement eft en repos fur le centre
d’échappement.
A l’extrémité extérieure du fpiral, fe trouve fur
la platine un piton percé pour la recevoir avec une
goupille qui la ferre & la fixe. Par ce m o j fn , le
balancier ne peut point tourner d’un côté ni d’un
autre, fans tendre le reffort fpiral.
Le balancier ainfi placé , la roue de rencontre
agit par une de fes dents fur la palette fi c’eft une
v e rg e , & fur les tranches du cylindre, fi c’en eft
un ; alors elle tend le reflbrt fpiral en décrivant
l’arc de le v é e ; mais le balancier ne parcourt poinç
fon arc de levée fans gagner de la force pour continuer
fon arc commencé, qui devient par cette
raifon cinq ou fix fois plus grand.
Sous le balancier eft placée une mécanique qu’on
nomme la coulijjerie ,* elle confifte en une roue
dentée qui engrène dans le rateau qui eft une portion
de cercle trois ou quatre fois plus grand que
la roue ; ce rateau eft denté en dehors & placé
concentriquement au balancier , au dedans duquel
eft réfervée-une portion de rayon fous lequel font
placées 'deux' goupilles entre lefquelles fe place^ le
grand trou du reffort fpiral ; enforte que lorfqu on
tourne la roue qui porte une aiguille de rofette,
ce rateau fe meut, & les deux chevilles en fourchettes
fuivent le tour du fpiral, & par confequent
le raccourciffent ou l’alongent, parce qu’il eft cenfe
prendre naiffance à cette fourchette.
Il faut donc faire abftraélion de la partie excé-
dente qui va d.e la fourchette au piton où 1 extrémité
eft fixée, parce que cette partie ne doit avoir
aucun mouvement par les vibrations du balancier;
c’eft pour cela qu’on place les chevilles tres-proche
l’une de l’autre, pour ne laiffer que la liberté au
fpiral de gliffer dedans ; puifque par cette mécanique
l’on raccourcit ou alonge le reffort fpiral,
il devient donc plus fort ou plus foible ,il retarde
ou accéléré la viteffe du balancier ; c’eft donc véritablement
une force réglante. J’ai trouve par l’expérience
que les petits refforts fpiraux, relativement
au balancier , toutes chofes égales d’ailleurs,
étoient ceux qui permettoient les plus grands mou-
vemens au balancier fans arrêter au doigt. Pour bien
placer un fpiral, il faut qu’il ne bride en aucun
fens , qu’il laiffe le balancier libre d’opérer fes
vibrations dans toute leur étendue ; ce qui fe conçoit
aifément. En regardant marcher la montre,
l’on voit s’il tourne bien droit, fi les toùrs de lames
jouent dans leurs véritables proportions , & C .
Les refforts fpiraux ne perdent point de leur
élafticité par le mouvement des vibrations ; ils fe
contractent & fe dilatent par des efforts parfaitement
égaux ; j’ai fait à ce fujet quelques expériences
qui fervent à le prouver. Avec la machine pour
le frottement des pivots , le balancier étant arrête
par , le fpiral, je donnois jufqu’à trois tours de ten-
fio n , ce qui comprimoit le fpiral autour de la v irole
; je l’abandonnois alors, & le fpiral non-feulement
fe détendoit de trois tours ; il faifoit encore
trois tours à-peu-près dans le fens contraire,
ce qui rendoit le fpiral prefque en ligne droite ;
il faifoit donc fix tours par ces premières vibrations
qui alloient en diminuant d’étendue jufqu’à ce qu’el-
les s’arrêtaffent.
J’ai répété cette expérience plufieurs fois; je n’ai
vu aucune altération dans l’élaftiçité du fpiral ; donc
à plus forte raifon , ne la perdra-t-il pas dans les
montres où les plus grandes tendons ne vont jamais
à un tour. ( Article de M, Romilly, horloger. )
'Art de régler une horloge. .
Régler eft , en horlogerie , ce que mefurer eft en
géométrie. Le mouvement fe règle, l’étendue fe
mefure ; mais , dans l’un & l’autre cas, il faut uiî
objet de comparaifon qui ferve de point fix e , auquel
on rapporte l’objet qu’on veut regler ou me--
furer. A in fi, le mouvement du foleil ou d’un aftre
quelconque , dont le mouvement eft connu , fera-
la mefure naturelle pour régler les montres & les
pendules. Comme le foleil eft l’aftre le plus commode
à obferver, on le préférera , fon mouvement
étant très-fenfible fur les cadrans folaires ?,
ainfi que le point lumineux fur les méridiens ; il
fera très - facile d’y rapporter le mouvement des»
montres & des pendules.
Il y a eu un temps où il n’auroit pas fallu foup.-
çonner la plus petite erreur dans le mouvement
du foleil ; mais depuis qu’on s’eft familiarifé avec
i’aftronomie , on ne doute plus de ces irrégularités r
l’on fait que dans fes révolutions il avance ou retarde
de quelques fécondés par jour , dont il faut
tenir compte ; mais quand ces erreurs font con—
nues j appréciées & qu?on en a forme des tables-
exa&ement calculées, alors c eft comme fi. elles»
n’exiftoient plus.
On-peut confulter là-deffus l’ouvrage que 1 académie
royale des fciences publie toutes les années*-
fous le titre de Connoijfance des mouvemens^ célefles»-
L’habile académicien qui les calcule , n épargné-'
aucun foin pour rendre cette matière non-feulement
utile aux aftronomes ,,mais encore tres-intereffante
à ceux qui cultivent les mathématiques & la phy-
fique générale. L’on trouve dans cet ouvrage destables
exa&es de tous, les mouvemens céleftes T
tant réguliers qu’irréguliers, & toutes les années»
on y fait entrer des objets toujours plus intereffansz.
ce qui rendra un jour la colleâion de cet ouvrage;
un bon fonds de fciences phyfiques 8c mathema**
tiques. -
Puifqu’on a des tables exaétes des variations dre
fole il, l’on s’en fervira donc pour régler les monstres
& les pendules, pourvu qu’on ait le foin d’ajouter
ou retrancher les erreurs du foleil exprimées-
dans la table appellée d'équations*
L’on dit quelquefois,. régler fa montre ou fa-pendule
, ce qui fignifie tout funplement les mettre au.
l’heure du foleil ; mais régler une montre ou pendule
en térine d’horloger proprement d it , . c’eft faire;
fuivre le moyen mouvement du fo le il, enforte
qu’elle n’avance ni retarde en plus grande quantité;
que les erreurs ou différences exprimées dans la
table d’équation ; mais . cela, eft - i l bien poftible è
& jufqu’où cela peut-il être l
Nous, ne compterons pas ce que quelques particuliers
nous rapportent de la jufteffe de leurs montres
ou pendules; la plupart ignorent ce que. c eft
que d’être jufte, & ne favent pas meme ce que
l’on doit entendre par bien aller; -Ge n eft donc
qu’à un horloger, qu’on peut faire cette queftion *