
Les prues font des efpèces de cordes faites avec
deux .rouettes de bois. Ces. prues font, par rapport
aux ufnes, ce que le filet eu par rapport à la petite
ficelle.
Le flotteur, le garniffeur, la tordeufe, & l’ap-
procheur qui amène le bois dans une brouette à
l ’endroit où on fait \q train, prennent chacun une
bûche qu’ils fourrent fous ladite branche & à l ’épaule
; ils la font couler jufqu’à une diftance de trois
pieds & demi, pour .‘former la fécondé branche : &
ainfi de toutes les autres branches.
Quand les quatre branches font faites & traverfi-
nées à la tête & à la queue, c’eft-à-dire, accouplées
par des rouettes qui partent des chantiers de deffus
aux chantiers de deflous, le coupon eft fait & fini.
Ce qu’on nomme coupon , eft la dix - huitième
partie d’un train de bois flotté. Chaque coupon doit
avoir douze pieds de long, ce qui donne trente-fix
toifes pour la longueur entière du train. La largeur
du train eft de quatre longueurs de bûches. Le train
rend communément ving-cinq cordes de bois à
Paris ; il en rendroit bien davantage, fans le déchet
qui fe fait en chemin.
Deux ouvriers , compagnons de rivière, viennent
prendre le coupon qui eft fait, le traverfinant
de nouveau avec trois chantiers qu’ils attachent en
trois endroits différens, aux huit chantiers de deffus.
On fait quatorze de ces coupons, qu’on appelle
toupons Jimples.
Les flotteurs font enfuite quatre autres coupons
■ appellés labourages, pour les conftruire à mefure du
flottage & en même temps qu’on abat les piles de
bois.
Les labourages font les parties du milieu d’un
train dans toute fa longueur, & qui plongent le
plus dans l’eau. Pour les arranger, les compagnons
choififfent le bois lë plus léger , compte le bois
blanc, & les font comme les autres coupons, excepté
ce qui fuit.
Le flotteur prend huit bûches plates ou deux faix
de bois dé chacun quatre rondins, qu’il pofe fur
les chantiers de deffous; puis il prend deux autres
chantiers. Après que le compagnon a mis des cou-
plières dans les côches des chantiers de deffous,, le
flotteur met les deux derniers chantiers qu’il a pris,
dans les boucles de ces couplières, & attache avec
des rouettes à flotter ces deux faix de bois entre les
chantiers ; c’eft ce qui forme la première mife.
On cortftruit de la’ même manière , mais de
bûches plates feulement, les fécondés mifes dites
boutage, c’eft-à-dire, l’endroit où le compagnon fe
tient pour conduire le train.
A la tête de chacune des branches de ces coupons
, les compagnons mettent deux greffes couplières.
Quand cette tête eft finie & qu’on a mis deux
cordeaux faits avec deux groffes rouettes dans chacun
des chantiers de deffus, on prend un morceau
de bois d’un pied & demi, qu’on appelle habillot;
après avoir pofé deux chantiers traverfins, cochés
à l’envers, les avoir liés aux chantiers du deffus ;
& avoir paffé les rouettes dans les deux premières
couplières qu’il a mifes , il rabat la groffe couplière
àvec fon habillot fur le traverfin, dont on lie &
arrête le bout au chantier de deffus.
Dans les branches des rives & à la tête, les compagnons
mettent deux groffes couplières aux chantiers
de deffous; favoir, une à la première mife
où ils pofent un gros & fort chantier aiguifé par le
bout, appelé nage, & par corruption nege ; & l’autre
à la troifième ©u ils pofent la fauffe nage , qui n’eft
autre chofe qu’une bûche de neuf à dix pouces de
rotondité, & applatie par le bout.
Les quatre branches de chaque labourage étant
faites ,'les compagnons plantent dans la rivière deux
perches appelées darivottes, qu’ils attachent avec
de bonnes rouettes fur la nage ; & enfuite tous les ouvriers
pouffent avec force ce labourage , jufqu’à' ce
que les deux contre-fiches ou darivottes faffent
fuffifamment lever ledit labourage.
Lorfque la branche du dedans de la rivière eft
affez levée, ils reviennent à la branche qui eft fur
l’atelier, font dès pefées pour la mettre à une hauteur
proportionnée à celle qui eft vers la rivière,
& la tiennent ainfi fufpendue avec de groffes bûches
qu’ils ont mifes deffous.
Les compagnons pofent deffus quatre gros chantiers,
& après avoir abattu fur le traverfin de la
tête les huit autres groffes couplières qu’ils ont
mifes aux huit chantiers de deffous, ils les arrêtent
par deffus le traverfin de la tête, avec des habil-
lots attachés aux chantiers de deffus.
Ils prennent enfuite les quatre gros chantiers trà-
verfins, & les ayant pofés vers la nage & fauffe-
nage , ils ferrent & abattent les habillots & les cordeaux
qui ont été mis dans chacun des chantiers
de deffus fur les traverfins, & lient les habillots
à ces chantiers.
Après avoir bien affuré les nages par des couplières
ferrées & arrêtés par des habillots, ils les
plient en demi-eérele jufqu’à la hauteur de la fauffe-
nage, & les attachent par leur extrémité au chantier
de deffus par des rouettes contiguës à la fauffe-
nage.
Les quatorze coupons & quatre labourages ainfi
faits , les compagnons affemblent feptfimples coupons
qu’ils mettent au milieu de deux labourages,,
pour former une part ou demi-train.
Pour faire cet affemblage, ils mettent au bout de
chaque coupon fimple & à un bout feulement des
labourages, neuf couplières vis-à-vis les unes des
antres ; ils paffent des habillots dans les boucles
des couplières : par ce moyen & à l’aide d’un morceau.
de bois de deux pieds &. demi, qui eft aiguifé
& courbé par un bout, & qu’ils appellent troujje-
barbe, ils font joindre les uns aux autres avec de
bonnes couplières , & des habillots arrêtés aux
chantiers de deffus.
Devant le premier labourage de la première
part, les compagnons font une chambre avec deux
chantiers qu’ils paffent fous le traverfin de devant ,*
& attachent un morceau de chantier qu’ils appellent
courge.-.
Dans cette chambre , ils mettent un muids ou
un demi-muid futaille pour foulager le train.
Les rouettes dont il a été fouvent queftion, font
de longues & menues branches de bois ployant,
qu’on fait tremper dans l’eau pour les fendre flexibles
& fouples. On s’en fert comme de liens ou de harts,
pour joindre enfemble avec des perches, les mor
ceaux ou pièces de bois dont on veut former des
trains, pour les voiturer plus facilement par les rivières.
Il y à les rouettes à couplet, les rouettes
à flotter, celles à traverfiner , dont on a vu l’emploi
dans le cours de cet article ; il y a aufli des rouettes
de partance qu’on donne aux compagnons de rivière
qui doivent conduire les-trains, pour fiip-,
pléer en route à celles qui pourroient fe caffer.
VO C A B U L A 1 R E de l'Art du Flottage en trains de R ols.
A-CCOLURE; c’eft l’aflèmblage des premières mifes
des bûches du train à flotter, fur le chantier de
deffous.
.Approcheur ; ouvrier qui amène le bois dans
une brouette , à l’endroit où l’on fait le train.
Bois perdu ; eft celui qu’on jette dans les petites
rivières au courant de l’eau, & qu’on va recueillir
& mettre en train aux lieux où ces rivières commencent
à porter.
Bo u t a g e ; c’eft l’endroit où le compagnon fe
tient pour conduire le train de bois à flotter.
BRANCHE ; on appelle ainfi la mife ou la couche -
des bûches arrangées & liées fur les chantiers, pour
faire un train à flotter.
C hambrières ; on donne ce nom à deux petites
bûches fourchues que le flotteur de train plante en
terre pour élever fes chantiers, & fe donner par
ce moyen la facilité de mettre le bois au milieu.
C hantier ; nom que les conftruéteurs de trains
donnent aux bûches ou perches auxquelles on a
pratiqué des hoches , dans lefquelles paffent les
rouettes qui lient enfemble un certain nombre
d’autres bûches contenues entre elles.
C o ch e ; c’eft unè entaille faite dans le bois.
C ollières ; ce font des chantiers ou perches,
qui fervent de fondement aux trains ; ces chantiers
ont à leur extrémité des coches dans lefquelles on
paffe les couplières. •
C ompagnon ; on appelle ainfi les ouvriers qui
travaillent fur les ports ou fur les rivières.
C ouplière; c’eft l’affemblage de huit rouettes
bouclées par un bout, où elles forment une efpèce
de noeud coulant. On s’en fert dans la conftru&ion
des trains, pour retenir la branche d’un train fur
l’atelier.
C oupon ; c’eft la dix-huitième partie d’un train
de bois flotté.
C ourge ; c’eft un morceau de chantier que les
compagnons ou conducteurs des trains de bois, attachent
à deux autres chantiers qui paffent fous le
traverfin du devant.
D arivottes ; perches de bois qu’on plante dans
la rivière, & qu’on arrête fur la nage ou chantier
de la première mife des pièces de bois du train à
flotter.
D esserroir ; c’eft une bûche applatie par un
bout, dont l’ouvrier garniffeur fe fert pour préparer
la place des pièces de bois qui doivent remplir
les vides des mifes d’un train à flotter.
Flo ttage en trains de b o is ; c’eft une quantité
de pièce de bois liées enfemble, que 1 on laiffe
flotter au courant de la rivière.
Flotteur ( l e ) ; ouvrier qui affemble St lie les
pièces de bois pour en faire un train, & les faire
flotter fur l’eau.
Fuseau; morceau de bois aiguifé dont 1 ouvrier
flotteur fe fert pour arrêter les prues aux pieux du
train de bois à flotter.
G arnisseur ; ouvrier qui remplit les vides qui
fe trouvent entre les mifes des pièces de bois du
train à flotter. • o /
Ha b il lo t ; morceau de bois d’un pied & demi,
dont on fe fert pour rabattre la groffe couplière fur
le traverfin ou chantier, qui traverfe le train de
bois à flotter. ' -
La bourag e ; ce font les deux parties du milieu
d’un train dans toute fa longueur, & qui plonge le
plus dans l’eau. v
Mise ; c’eft la difpofition des pièces de bois d un
train à flotter.
Nag e ou Nège; c’eft un gros & fort chantier
aiguifé par le bout, que l’on attache à la première
mife des pièces de bois du train à flotter.
La faujje nage eft une bûche de neuf pouces de
rotondité & applatie par le bout, quon attache
à la troifième mife des pièces de bois du train à
flotter. .
Pidance ; gros maillet avec lequel on enfonce
les bûches dans les mifes du train à flotter.
Prues ; ce font des efpèces de cordes faites avec
deux rouettes de bois.
Rouette ; c’eft une longue & menue branche
de bois ployant, qu’on fait tremper dans l’eau pour
la rendre plus flexible & plus fouple.
Rouettes de p a r t an c e ; ce font celles qu’on
donne aux compagnons de rivière qui conduisent
les trains , pour fuppléer à celles qui pourvoient
leur manquer.
T ête du train ; c’eft le premier affemblage des
pièces de bois d’un train à flotter.
T ordeuse, ouvrière qui tord les rouettes.
T r a in ; c’eft une:mafle de bois à brûler, dont
les bûches font liées enfemble, de façon qu on la
fait flotter fur l’eau.
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