
mille âmes dans cette capitale , aux mois d'août &
de feptembre de cette année 1466. v
Gut temberg revint à Mayence où il décéda vers
le mois de février 1468 : on voyoit encore en
1640 fon épitaphe dans Téglife des Francifcaihs.
Quant à Schoiffer qui inventa les poinçons &
qui aflùra par-là les progrès de l’art de l’impri-
merie, on ne fait point sûrement où il termina
fes jours ; il eft feulement probable qu’il eft demeuré
à Mayence, où il concourut à l’impreflion
dé divers ouvrages importans jufqu’à fa mort,
que M. I’abbé de Saint-Léger croit être arrivée
au plus tôt vers l’année 1495 : du m°ùis Ie nom
de Pierre Schoiffer de Gernferhfeim fe trouve à
la fin du Miffale Mogundnum de 1493, in-folio,
& à la fin d’un autre livre allemand imprimé ' à
Mayence en. 1495.
M. Meerman & M. l’abbé de Saint-Léger difent
qu’on a découvert, depuis quelques années, deux
exemplaires des Lettres d'induit du pape Nicolas V 3
pour ceux qui voudroient fecourir le roi de Chypre
contre les Turcs, datées de 1454 & imprimées en
meme temps fur vélin avec un caraâère gothique,
mais inconnu & tres-vifiblement fondu.
Au refie, une des premières éditions où le fe-
cret de l’imprimerie fe trouve dévoilé , efi le
Plafmorum codex publié en août 1457, où il y a
ces mots remarquables , adinventione artïficïofd
imprimendi ac cfcaraêleriçandi ahfque. calami exara-
tione fie effigiatus.. . . per Joannem Fuji civem Moguntinum
, & Petrum Schoiffer de Gernferheim. a. d.
l4S7- C ’efi-à-dire : » C e livre a été imprimé en
« çara&ères d’une invention induftrieufe , fans
aucun fecours de la plume, par Jean Fnft ci-
» toyen de Mayence, & Pierre Schoiffer de Gern-
» ferheim, l’an de grâce 1457. «
Ce pfeautier eft un pemdn-folio dont les exemplaires
font très-rares : on n’en connoît que fix
jufqu’à prélent.
Parmi ces premières éditions de Fuft & de
Schoiffer, précieufes par leur ancienneté 6c leur
rareté, on doit encore citer un pfeautier latin du
29 août 1459 , dont parle M. de Boze dans le
tome XIV de l’Hiftoire de l’Académie des Infcrip-
tions.
Le Durandi rationale divinorum ojfciorum, in-fol.
du 6 oâobre 1459.
Les Clementis V9 P. M. confiitudones, in-folio ,
du 25 juin 1460.
Le Catkolicon Joannis Januenfis-, in - f o l , 1460.
Dietheri Ele&oris & Archiepifcopi Moguntinï ferip-
tum publicum in caufâ fuâ adverfus Adolphum comi-
tem Najfovium.
Chriftophe Leeman parle de ce dernier écrit
comme imprimé en 1462 ; c’étoit vraifemblable-
ment un; {impie mémoire dont on ne connoît point
d’exemplaires.
La Bïblia latina, fécondé édition en 2 volumes
in-fol. 1462.
. Bibliorum Gcrmanicorum editio Moguntlna, in~
fol. 1462.
Cette prétendue édition de la Bible allemande
par Jean Fuft en 1462, fuivant Profper Marchand,
ne doit vraifemblablement fon exiftence , félon
l’opinion de M. l’abbé de Saint-Léger , qu’à une
foufeription écrite après coup dans l’exemplaire
de Bengelius qui en a parlé le premier. Au refte,
cette édition peut être de l’année 1466, comme
une autre qui fe trouve dans l’abbaye de Polin-
gen en Bavière.
Bonifacii VIII Sextus Decretalium Liber, in-fol.
par Fuft & Schoiffer, le 17 décembre 1465.
Ciceronis Officia & Paradoxa, in-fol. 146y. Prof-
per Marchand affocie à ces éditions datées & accompagnées
des noms de Fuft & de Schoiffer,
quatre autres éditions deftituées de ces noms &
fans date, mais reconnues, dit-il, pour être indubitablement
de leur imprefiion, tant par la reffem-
blance de leur cara&ère avec celui des précédentes,
que par les marques du papier fur lequel elles fe
trouvent imprimées.
Ces quatre éditions font :
i° . Liber Regule P afioralis SanSli Gregorii Pape ,
ad Johannem Archiepij'copum Ravennenfem , i/2-40.
2°. ' Magifiri Mathcù de Cracovia dialogus radonis
&\confcientie an expédiât, vel debeat quis rare, vel
frequenter celebrare, 'vel communicare. Item : Magifiri
Henrici de Hajfia expofido fuper 0rationem
dominicam, fuper Ave Maria , & fpeculum anime.
30. Vincentïi Belnacenfis, fatris ordinis predica-
torum, fpeculum hifloriale, in-fol.
40. Liber Sermonum SanSli Leonis primi Pape,
Docloris floridijfimi ac eloquentiffimi 3 incipit féliciter 9
in-fol.. '
Mais M. l’abbé de S. Leger obferve très-judi-
cieufement que la marque du papier ou eftampille
eft la marque du fabriquant papetier, & non celle
de l ’imprimeur; aufii e x iffe - t- il plaideurs livres
imprimés chez d’autres imprimeurs, fur du papier
qui porte la même marque que celui des éditions
de Fuft & des Schoiffer , témoin le Si Auguftin
de Singularitate Clericörum , in - 40. imprimé en
1467 par Ulric Zel.
La reffemblance des caraélères des quatre éditions
dont il eft ici queftion avec ceux de Fuft
& de Schoiffer, eft encore une chimère, puifque
les uns ne rêflemblent point aux autres , comme
le prouve très-bien Fournier.
A l’égard du premier de ces quatre ouvrages,
qui eft le Liber régulé P afioralis Sanfli Gregorii,
le même Fournier déclare qu'e c’eft un in- 0 . &
non pas un in-40. imprimé avec des caraéïères mobiles
de bois, qu’on ne peut attribuer à Fuft, dont
on n’a d’ailleurs aucun livre in-S°.
5°. Augufiini de vere vite cognidonè libellus, in-40.
avec les armes de Fuft & de Schoiffer.
Ces impreflfons font d’iin cara&ère fi femblabJe
à l’écriture de ce temps-là, qu’il étoit fort aifé
dé s’y tromper. C ’eft une efpèce de demi-gothique
que les premières élèves de Fuft & de Schoiffer portèrent
dans la.plupart des endroits où ils établirent
l’imprimerie , mais auquel on fubftitua bientôt le
romain & le gothique, deux autres efpèces de caractères,
favoir, en 1469, ce beau romain, ainfi
nommé parce qu'il fut d’abord employé à Rome,
quoique ces caractères romains ne foient pas d’un
fi bel oeil que ceux des artiftes Vénitiens. C ’eft
aufii la raifon qui a fait nommer Vénitiens les caractères
romains, dont la forme plus agréable fe
rapproche davantage de ceux de Jean & Vendelin
de Spire, de ceux fur-tout de Jenfon.
En 14 7 1 , 1 e gothique introduit par les premiers
imprimeurs de Strasbourg, fe répandit avec leurs
ouvrages, & n’a que trop long-temps déshonoré
les plus belles imprimeries.
Trente ans après, Aide Manuce inventa l'italique
ou le curfef , qui a été affez en vogue dans le XVIe
fiècle, mais qu’on abandonna bientôt', parce que
fa maigreur fatiguoit la vue , & dont on ne fe
fert encore aujourd’hui que pour des citations de
médiocre étendue ; car, lorfqu’elles font longues,
on préfère le romain, précédé à chaque ligne ‘de
guillemets ou de doubles virgules, ainfi nommées ,
du nom de celui qui s’en eft le premier fervi.
Après la mort de F uft, qui décéda à Paris,
fuivant l’opinion la plus probable, dans l’année
1466, Schoiffer continua d’imprimer à Mayence
jufqu’en 1495, ainfi qu’i l a été dit ci-deffus,
On a de ce dernier imprimeur feul : Clementis
Quinti opus Confiitudonum clarijfimum, in-fol. 8
oCtobre 1467.
Pfalmorum codex cum Prophetarum Candcis, mu-
ficis notis illuflratus, in-fol. 1490.
C ’eft la plus ancienne imprefiion où le plain-
chant foirnoté.
Jean Meydenbach, afibeié de Guttemberg , ne
mit fon nom à aucun livre; mais on trouve celui,
de Jacques Meydenbach fon fils ou fon parent,
à un ouvrage confidérable imprimé fous le titre
fuivant : Hortus fanitatis; id efi liber de herbis, ani-
malibus , avibus, pifeibus, &c. cum eorum figuris in
ligno incifis. A Mayence, 23 juin 1481.
C ’eft un grand in-fol. de caraCtères gothiques,
& rempli de figures enluminées.
On lit aufii le nom de cet imprimeur, kVExpli-
pheatio Gregorii Papa in Pfalmos poenitendales ,
in-40. A Mayence , 1495.
Les inventeurs de l’imprimerie ne firent point
d’éditions grecques : ils imprimèrent feulement,
à cet égard, quelques mots ou quelques lignes,
comme on voit par lesOfjîcesde Cicéron deMayence,
en *465* Ge fut en Italie que fe firent les premières
impreffions des auteurs grecs ; & la ville
de Venife, ou plutôt fon illuftre imprimeur Aide-
Pie Manuce, eut l’honneur de publier, finon les
premières » du moins les plus belles 6c les plus
confidérables éditions en cette langue ; ayant inventé
6c gravé lui-même les caraCtères dont il fe
fervit. Il commença par XAriflote, tout g r e c , en
4 volumes in-fol. d’une groflè lettre.
Quant aux impreffions en langue & caraCtères
hébraïques, les premières ont été faites vers l’an
1480 , par les Juifs d’Italie , à Soncino , petite
ville du duché de Milan ; & les premiers imprimeurs
furent le rabbin Jofué , & le rabbin Moïfe ,
fils du rabbin Ifraël-Nathan de- Soncino , qui défi-
cendoit d’un Juif Allemand de la ville de Spire.
Cette famille fe multiplia, & porta l’imprimerie
dans quelques villes d’Italie, comme à Brefcia, à
Boulogne, à Rimini, à Fano, à Pefaro, où ont
été faites des impreffions hébraïques, avec l’inf-
cription que c’étoit par des imprimeurs de Soncino
, ou de la famille de Soncino.
Après ce premier temps, les Juifs & les Chrétiens
firent des impreffions en hébreu, dans plu-
fieurs autres villes de l’Europe.
Nous ne porterons pas plus loin la recherche
de ces premières impreffions : elles fe multiplièrent
te llem en t, loifque cet art fe fut répandu , que ,
dès l’année 14 7 4 , la plupart des bons livres avoient
été imprimés déjà plus d’une fois ; & cette quantité
augmenta bien autrement encore dans les années
qui fuivirent jufqu’à la fin du fiècle ; enforte
que c’eft a v ec beaucoup de fondement qu’on a
remarqué qu’un homme feul pourroit à peine fuf-
fire pour dreffer la-notice de ces anciennes éditions.
Au refte, le principal mérite de ces premières
impreffions, eft de faire connoître les commen-
cemens & les progrès de l’art : mais il ne faut pas
donner dans le préjugé de ceux qui difent qu’elles
font toutes précieufes, comme étant plus conformes
aux manuferits , & pouvant en tenir lieu ;
d’autant qu’il a été démontré par de favans critiques
, que beaucoup d’entre elles, ont été faites
fur de mauvaifes copies, par des imprimeurs incapables
d’enjuger.
Mais, avant de faire connoître les imprimeurs
qui vinrent ea France prefque à la naifiance de
l’art, & ceux qui s’y diftinguèrent dans la fuite,
nous allons jetter un coup - d’oeil rapide fur les
anciennes & principales imprimeries étrangères.
j) Jean WESTPHALE.fut le premier de ma con-
» noiffance, dit Naudé, qui fe foit mêlé de l’im-
» primerie dans les Pays-bas. Il s’établit à Louvain
» l’an 1475 , 6c commença fon labeur par les
» Morales d?Ariftote. « Cet imprimeur fe nomma
tantôt Johannes de JVcfiphalia ; tantôt Johannes
Wefiphalia Paderbornenfis.
Vers le même temps, Jean Marie, Hollandois,
fe fixa à Le yde, & donna quelques éditions de
livres latins, dont Grotius, Vofiius 6c Saumaife
font l’éloge.
Chriflophe Plantin , né à Mont-Louis près de
Tours , acquit du favoir dans les belies-lettres ,
fe retira à Anve rs, & y rendit fon imprimerie
célèbre. Ses éditions font, extrêmement exaélss,
par les foins de plufieurs habiles correéleurs dont
il fe fei Yoit, favoir, deViélor Gilelin, de Théo