
fable pur fournis à l’aftion du feu le plus ardent ,
ne fouffre aucune altération : il eft feulement dépouillé
du principe colorant qui lui étoit combiné ,
& il blanchit de plus en plus. On emploie , comme
menftrue , un alkali qui réfifte à l’aélion du feu par
fa fixité, & dont les parties dures & tranchantes
font propres à divifer les parties du fable, & les dif-
folvent par la voie sèche.
Les fables ne font pas tous également aifés à
fondre ; & il en eft q u i, par conféquent, exigent
l’addition d’une plus ou moins grande quantité de
fondant : cette différence n’eft due , fans doute ,
qu’à leur degré de pureté, 6c à leurs grains. Il eft
évident que ceux dont le grain eft un peu plus gros,
laiffant entr’eux des interftices plus confidérâbles ,
la maffe entière eft plus aifément pénétrée par les
parties du feu ; & dans ce cas , le fable à gros
grains fond plus promptement que le fable très-
fin. Si cependant les grains font extrêmement gros ,
xhacun d’eux forme une maffe que le feu pénètre
lentement, & cette efpèce de fable eft plus dure
•à fondre.
On fait qu’en mêlant la terre calcaire, ou la terre
-argilleufe à la terre vitrifiable , elles fe fervent
-réciproquement de fondant , & l’on obtient du
verre : ainfi, fi le fable contient des terres de différente
efpècè, il fondra plus aifément ; mais, comme
le verre produit par ces div'erfes terres mélangées , j
eft moins beau, on purge le fable de toute matière
étrangère , tant par le lavage , que par la calcination.
Il eft prudent, pour régler les dofes des comportions
, de conftater , par l’expérience , le degré
de fufibilité du fable que l’on doit employer, après
l’avoir bien lavé & biemféché.
La manière de laver le fable eft fort Ample ; on
remplit un baquet d’eau j on y paffe le fable au
travers d’un tamis de crin , ou d’un crible de fil de
fer ferré , en agitant celui-ci dans l’eau : on remue
avec une pelle le fable dépofé dans le baquet ; l’eau
fe colore des parties hétérogènes qui faliffoient le
fable ; on la verfe & on en met de nouvelles. On
continue de même , jufqu’à ce que l’eau forte bien 1
claire. On v o it , dans la planche X } les outils employés
à laverie fable, & dans la vignette de la
même planche , la manière dont on s’en fert.
Lorfqu’on a choifi un fable bien blanc , bien
vitreux, c’eft-à-dire, qui contient un grand nombre
de petits criftaux remarquables par leur brillant
, & qu’il a été bien la v é , on ne lui fait fubir
d’autre calcination-, que celle qu’il éprouve à l’opération
de la fritte, mêlé avec les autres matières.
Le mélange du fable & de l’alkali forme, parla
fufion, un verre, dont la pâte eft trop tenace,
trop glutineufe , & par conféquent les matières ont
plus de peine à fe pénétrer intimement ; le fel de
verre fe dégage, & monte à la furface plus difficilement.
Une terre calcaire , jointe à la compofition, j
en divife les parties, & en augmente la fluidité:; ,
mais elle abonde en principe colorant ; & , lorf- |
q u’elle eft en trop forte dofe , elle colore le verre ■:
d’une teinte plus ou moins jaune; le verre eft plus
friable , plus fufceptible de l’impreflion que lui fait
éprouver le paffage trop prompt du chaud au froid.
Ainfi l’on peut dire avec raifon , que la terre calcaire
, mife en dofe convenable, aide à la dépuration
du verre, & par-là même, à fa pèrfe&ion ; &
qu’au contraire, fi la quantité de terre calcaire eft
trop forte , elle altère la couleur & la folidité du
verre.
La chaux ordinaire très-blanche & éteinte eft la
fubftance calcaire la plus aifée à fe procurer, &
elle eft d’un très-bon ufage. Je me fuis contenté de
la biffer fufer à l’air libre; par cette pratique, je me
fuis épargné le temps qu’il auroit fallu pour la fécher,
& la rendre fufceptible de paffer au travers d’un
crible ou d’un tamis.
La dofe de la chaux eft déterminée par la qualité
plus ou moins vifqueufe de la pâte du verre. M.
JDantic , page 222, tom. I de fes oeuvres, femble
fixer la quantité He chaux de à , du poids total
de'la compofition : je l’ai fouvent portée avec fuc-
cès à -jy.
On ajoute du bleu à la compofition, en y mêlant
foit de l’azur des quatre feux , foit du cobalt, foit
du faffre. On fera mieux réglé, pour l’effet, en
employant la première de ces matières. L’azur n’eft
que le fmalt pulvérifé, c’eft-à-dire , la pouflière
d’un verre formé avec la partie vraiment colorante
du cobalt, mêlée avec de la fritte de beau verre
ordinaire ; & par conféquent l’azur ne contenant
pas les matières étrangères qui fe trouvent unies au
cobalt, fur-tout avant que , par la calcination , on
l’ait fait paffer à l’état de faffre, il ne peut qu’être
plus égal dans fa qualité, & présenter plus de sûreté
dans l’emploi.
La couleur bleue de l’azur eft très-fixe au feu ,
& perd difficilement de fon intenfité par la violence
de la chauffe : auffi quelques onces fuffifent-elies
pour colorer une maffe confidérable de v erre, &
fe contente-t-on. d’en faupoudrer la compofition à
mefure qu’on l’enfourne , fans faire fubir à l’azur
l’opération de la fritte.
Le.bleu, en fe combinant avec le jaune , que les
autres-matières'ont fourni au verre, donne à celui-ci
une couleur verte , q u i, combinée à fon tour avec
le rouge de la manganèfe qu’on ajoute auffi à la
compofition , produit du verre blanc.
En effet,le rouge , 1ebleu & le jaune réunis reprè-
fentent, foit par eux-même5, foit par leurs diverfes
combinaifons ', les fept rayons primitifs, dont',
félon les expériences de Newton , la réunion forme
la fplendeur du foleil, & la couleur blanche. La
manganèfe fournit le rouge , l’azur donne le bleu ,
le jaune fe trouve déjà dans le verre , foit par l’addition
de la chaux , foit par le principe colorant
contenu dans les autres matières ; l’orangé n’eft
qu’une, combieai-fon du rouge & du jaune; leVèrd
fe forme par le mélange du bleu avec le jaune;
l’indigo n’eft lubmême qu’une forte, de bleuJ &
le violet n’eft qu’une combinaifon du bleu & du
rouge.
D ’après ce raifonnement , il me paroît difficile
de ne pas reconnoître que l’addition , en juftes
dofes , du bleu & de la manganèfe à une compofition
, produit du verre blanc, ou du moins,
du verre plus ou moins approchant de la couleur
blanche; & l’on ne parviendra à la couleur noire
ou foncée , qu’en augmentant l’intenfité du rouge
& du bleu ; en un m o t, en forçant les dofes des
fubftances colorantes.
La manganèfe a été long-temps regardée comme
une mine de fer; d’autres l’ont prife pour une mine
de zinc. D ’après les découvertes de M. Bergman ,
nous devons reconnoître dans cette matière , une
• nouvelle fubftance métallique d’une efpèce particulière
, & M. de Morveau en a obtenu le
régule.
Depuis qu’on s’en eft plus occupé ; on a obfervé
dans le manganèfe , un grand nombre de variétés.
Celle que l’on rencontre le plus communément dans
le commerce , eft en petités maffes noires, dures ,
folides , pefantes , faliffant les doigts , préfentant
quelquefois dans la caffure un peu de brillant métallique.
La manganèfe la plus eftimée pour la verrerie
eft celle de Piémont r on en tire auffi de très-bonne
du Palatinat. Les Pyrénées en fourniffent, & il eft
à préfumer qu’on en trouveroit dans beaucoup d’autres
contrées.
Une des principales propriétés de la manganèfe,
& celle qui nous intéreffe le plus ic i , c’eft de colorer
en rouge pourpre le verre en fufion ; mais la
couleur qu’elle fournit diminue d’intenfité par f i c tion
du feu, & difparoît toutrà-fait par la violence
& par la continuité de la chauffe : auffi a-t-on la
précaution de mêler la manganèfe à la compofition
avant de fritter celle-ci, pour que, par cette opération,
.elle fe joigne plus intimément aux autres matières
, & que la couleur foit plus tenace au feu de
fufion.
Compofition en fonde.
On a commencé par fondre la foude en nature, Amplement
puivérifée, avec à-peu-près égale quantité
de fable , & l’on ajoutoit à la compofition du bleu
& de la manganèfe : mais la bafe terreufe de la
foùde égaloit en poids l’alkali ; le principe colorant
étoit très-abondant, puifque la foude eft très-noire :
auffi étoit-on dant Tufage de fritter enfemble le
fable & la foude, jufqu’à ce que le compofè eût
pris une couleur auffi approchante du blanc qu’il
étoit poflible. On défournoit enfuite la fritte ; ôn
la laiffoit refroidir , l’on y mêloit la manganèfe ,
& fon repàffoit la compofition une fécondé fois
à la fritte. On a abandonné cette.pratique , depuis
qu’on a obfervé que l’alkali , contenu dans la
foude, étoit le véritable fondant, & que la bafe
terreufe pouvoit êtrejutilemeut fuppléée par de la
chaux. On a alors commencé à extraire de la
Ans & Métiers. Tome III. Partie /.
foude falkali qu’elle contient , & à n’employer
que celui-ci jfbur fondant dans les compofitions.
Compofition en alkali de foude.
Par ce nouveau procédé, la bafe de la foude
retient la plus grande partie du principe colorant,
puifque l’alkali qu’on obtient en d’un jaune plus
ou moins foncé, & que le marc de foude refte
noir. En fubftituarït la chaux bien blanche & bien
choifie à la bafe terreufe de la foude , l’artifte emploie
une matière moins cnargèe de phlogiftique »
& il devient maître de fes dofes ; on a moins- de
befoin de fritter la compofition, & plus de facilité
à produire du verre de bonne couleur.
Cajfons & groifil.
Il y a néceffairement dans une fabrication conf-
tante , des glaces caffées, & d’autres morceaux de
verre provenus de la fuite des opérations , qui
produiroient une perte réelle , fi on H’en faifoit
aucun ufage. Ils font connus fous le nom de caf-
fons ; & , lorsqu’ils font réduits en plus petites
parties , fous le nom de groifil. Il eft aifé de ramener
les caffons à un haut degré d’utilité en les refondant.
J’ai' éprouvé que ceux qui proviennent d’une
compofition tendre , c’eft-à-dire , abondante en
alkali , & en même temps chargée de manganèfe ,
pourront, fondus feuls , produire un verre encore
très-propre à entrer dans le commerce ; mais, fi les
caffons font le produit d’une fabrication dont les
dofes foient dans une exa&e proportion, le verre
qu’on obtient, en les fondant purs, eft plus ou
moins verd , dur , fec , peu folide ; en un mot, de
mauvaife qualité. Si , au contraire, on mêle les
caffons à de la compofition neuve , ils ne peuvent
que faire un bon eftet. Ils font une. matière déjà
verre ; la maffe totale de la compofition à laquelle
on les joint, fera donc d’autant plus difpofèe à la
vitrification ; l’affinage , ainfi que la fufion, fera plus
cou rt, puifqu’une portion du verre , contenu dans
le creufet, a déjà été fondue & affinée.
I l faut cependant que les caftons qu’on mêle dans
la compofition , foient analogues à celle-ci, tant
par leur couleur , que par leur denfité ; autrement,
ils produiroient des veines diverfement colorées;
ils ne pourroient s’unir intimement avec le verre à
caufe de la différence de leur pefanteur fpécifique ,
& ce défaut d’union fe manifeftereit par des fils, des
cordes, &c.
A l’attention de ne mêler à la compofition
du verre , que des caftons analogues , on joint
; la précaution de les éplucher avec foin, c’eft-à-
j dire, d’en féparer tous les défauts qui fe retrou-
veroient dans le v e r re , tels que les pierres , les
larmes , &c.
Calcin.
On réduit les caffons aux plus petites parties
qu’il eft poffible, pour les mêler plus intimément