
à la compofition. Il y a un moyen très-facile de produire
cette divifion. On fait rougir les caffons fur
le pavé d’un four femblable aux fours à fritte ; on
les jette enfuite dans l’eau froide , ou l’on fe contente
de les tirer dans un baffin , & de les arrofer.
Ce paffage fubit du chaud au froid les calcine, &
ils fe réduifent aifément: en plus petites parties. Dans
cet état , ils prennent le nom de calcin.
M. Dantic. blâme cette pratique, page 213 de fou
premier tome , & la regarde comme nuifible. » L’u-
3? fage de fritter les caffons avec la compofition ,
»'dit-il, même de les faire rougir pour les éteindre
» dans l’eau, eft nuifible pour toutes fortes de
ai verres. Il n’en eft point qui ne devienne d’autant 3> plus difficile à entrer en fufion, qu’il eft plus long-
31 temps expofé au feu de calcination......... Dans les
si fourneaux à fritte, il perd donc une partie du
» principe vitrifiant, &c. « Ce n’eft pas ici le lieu
de difcuter le principe que M. Dantic établit, d’autant
plus que, fans doute, il parle d’après des expériences
répétées ; je me contenterai d’obferver,
i° . qu’après avoir employé fucceffivement & à feu
é g a l, des caffons non calcinés , & des caffons calcinés
, je n’ai pu remarquer , dans ces deux matières
, de différence fenfible , ni pour le temps, ni
pour la qualité du Verre en réfultant ; 20. que la
méthode de calciner les caffons épargne la main-
d’oeuvre plus, pénible de les caffer ou de les pulvé-
rifer ; & dans un établiffement confidérable, la plus
légère économie' mérite quelque attention ; 30. que
i ce que M. Dantic d it , page 213 , paroîf contredire
ce qu’on trouve auparavant , page n p , où il fem-
fele fe ranger à l’avis général ; » que le cryftal eft
3J d’autant meilleur , & d’autant plus beau , qu’il a
3) éprouvé plus long-temps l’aâion du feu , ou qu’il
33 a été un plus grand nombre de fois éteint dans
» l’eau ; « 40. enfin, que le feu qu’éprouvent les
caffons , pour être réduits à l’état de calcin, ne peut
pas opérer efficacement la diffipation du principe
vitrifiant, quel qu’il foit, puifqu’à peine il eft nécef-
faire de les faire rougir.
Dofes des matières.
Connoiffant l’effet de toutes les matières , il ne
faut qu’un peu d’expérience pour parvenir à établir
des dofes convenables. Du falin de bonne qualité
peut procurer la fufion-du double de fon poids en
labié ; ainfi , 150 liv.d e falin fondroient 300 liv.
de fable : mais comme il faut un verre fort doux
pour la fabrication des glaces coulées, on porte ,
en générai, le fondant à environ f du poids du
fable, & l’on joint 200 liv. du premier, à 300 liv. du
fécond. En ajoutant à 500 liv. poids total du fable
& de l’alkati réunis , ce qui eft regardé comme le
fonds de la compofition , environ ~ de chaux, on
pourra en mettre 30 liv. Il n’y aura pas d’inconvénient
de mêler à la compofition neuve un poids de
caffons égal à celui du fable.
. Environ quatre onces de manganèfe fuffifent
communément pour colorer 100 liv. de compofi-
tion : celle-ci.s’étant élevée à 830 liv. par l’addition’
des caffons, il faudra ajouter environ 3.2 onces de
manganèfe aux autres matières.
Trois onces de bleu , ou quatre au plus, colorent
fuffifamment une potée de 1000 liv. à 1100 liv. de
verre. On peut donc, à la compofition de 830 liv .,
ajouter environ 3 onces de bleu.
La compofition que nous venons de combiner fur
l’expérience la plus commime, fera
300 liv. fable , 200 liv. falin , 3 o- liv. chaux, 32.
onces manganèfe, 3 onc. azur, 300 liv. caffons.
Au refte , on ne fanroit indiquer aucunes dofes
invariables. A feu égal , elles font relatives à la.
qualité reconnues des matières ; & à matières éga-
; les, elles le font à l’intenfité du feu que l’on a en fa
difpofition.
Si l’alkali eft peu aftif , il faudra en augmenter
la dofe , o u , ce qui eft la même chofe , diminuer
celle du fable : fi le fable lui même eft plus ou
moins dur à fondre, il exigera-* plus ou moins de
fondant : fi le v erre, pendant la fufion , eft trop
vifqueux, on ne. pourra fe difpenfer d’augmenter
fa fluidité par une plus forte dofe de chaux-: fi les
matières employées contiennent plus ou moins de
jaune , le bleu fera néceflaire en plus ou moins
grande quantité , &c.
La diverfe intenfité du feu apporte au moins autant
de différence. Si là chauffe eft violente ,■ on
fondra plus de fable avec moins de falin ; les fais*
neutres qui'fe montrent fur la furface du v erre, &
qui s’élèvent en fumée par l’a&ion du feu rueront
plus tôt & plus complettement diffipés. La pâte du
verre fera moins vifqueufe , plus fluide ; la dofe de:
chaux pourra donc être moindre ; la fufion fera plus
prompte , ainfi que la dépuration ou l’affinage. *
On aura donc moins befojn d’une matière déjà
fondue & affinée, pour accélérer la fonte de la maffe
totale, & l’on diminuera la dofe des caffonS fans
- inconvéniens. La couleur rouge de la- manganèfe
difparoîtra plus aifément ; & pour parvenir au même,
effet, il faudra employer une plus grande quantité
de cette fubftance. Le jaune contenu dans le verre eft
moins tenace que la couleur bleue de l’azur ; ainfi , à
un feu violent, il fe manifeftera moins de jaune, 8c
on pourra diminuer la dofe de bleu..
En général , la vive aétion du feu eft la princi-r
pale condition à rechercher pour une bonne fabrication
, & la puiffance du fourneau eft la vraie
mefure qui réglé dansfes dofes un artifte intelligent,.
lorfqu’il connoît d’avance la qualité des matières-
qu’il doit employer : de même, fi les circonftances-
lui préfentent à traiter des matières nouvelles, le
pouvoir connu de fon four eft encore 4a donnée,
fur laquelle il dirige fes effais.
D ’après ce que nous venons d’expofer, il eft aifé:
* Affiner du verre , c’eft faire- difparoître par I’à&ioh dm
feu, .toutes les bulles ou les points qu’on y remarque pendant,
toute la fufion, fur-tout tant qu’il refte du. fél de verre no®
! diffipé.
‘de fentir que le four le mieux fait exige, dans les
divers temps de fa durée , de la variété dans les
compofitions. Pendant les premiers temps, il na
pas encore acquis toute la chaleur dont il eft fufcep-
tible; au bout d’un certain intervalle , il eft en pleine
chauffe : bientôt il fe dégrade ; & fes parties n étant
plus dans un exaét rapport, il ne peut avoir autant
d’aâivité. _
Lorfque toutes les matières ont été bien choi-
fies , & bien préparées, on eft en droit d’attendre
du beau verre de toutes les compofitions que
l’on aura combinées, relativement a l état au tout,
quelque différentes que l’oient les dotes.
Voici quatre exemples de compofitions employées
avec fnccès dans des fours qui avoient
divers degrés de chauffe. Les deux premieres ont
H H M I i„ „1,,= CV,Wp . à deux époques dit-
Pnr emi. er fro ur. -S< Caffons
3 6 7 1.
367
Sable 300
‘300
Second four. 282 300
Troifième four. 300 300
Chaux 40 1. Salin 24» 1. Manganèfe 3 a onces.
to 240 ■ a5 .
« 200 A3
30 188 32 ■
Ces compofitions ont toutes donné du verre de
bonne couleur, 8c fait pour entrer dans le commerce.
Le lefteur attentif fe rendra aifément raifon des motifs
qui ont déterminé la différence des dofes.
Au refte, on auroit tort de prendre dans un fens
trop abfolu ce que je viens d’expofer, 8c d’en conclure
que toutes compofitions peuvent egalement
produire du beau verre. Je penfe-, au contraire,
•que le verre fera d’une qualité fuperieure , à mefure
que , produit avec moiifs de fondant 8c à plus
grand feu , il fera plus .homogène dans fes parties ;
mais j’ai feulement entendu prouver qu’un artifte
n’avoit point de règle invariable pour fes compofitions
, & qu’il n’étoit dirigé que par l’efprit d’ob-
fervation-, qui lui fait combiner avantagêiifement
les moyens que les circonftartces lui préfentent,
le met à portée d’en tirer le meilleur parti
-poffible. • - ■ 1 - ' \ ^ . J
Lorfque l’on a réuni, 8c mêlé avec foin toutes j
les matières qui entrent dans la compofition du :
verre, à l’exception du bleu 8c des caffons, ce qu’on j
appelle les ajfembler, ou en faire Vajfemblage , on !
leur fait fubir l’opération de la fritte.
Opération de la fritte.
Fritter ; c’eft expofer la compofition à une ■
forte calcination * dans un four deftiné expreffé- .
ment à cet ufage. Gette opération importante pro- ;
cure l’évaporation des fubftances hetéroge nés, vola- j
tiles qui le trouvent mêlées aux matières du verre,
8c fur-tout du principe colorant greffier 8c trop ;
abondant. La manoeuvre employée a faire la fritte
occafionne auffi le plus parfait mélange de la compofition.
; • ' - 7 > : ' - ■ '
A ne confidérer que ces deux avantages , on fe
difpenferoit aifément de fritter. Toutes les matières
peuvent avoir été calcinées chacune en particulier, ,
affez parfaitement pour que l’opération- devienne
fuperflue , 8c on ne manqueroit pas de moyens
mécaniques pour mêler èxa&ement les fubftances
qui entrent dans la compofition ; mais la principale
utilité de la fritte eft d’unir plus intimementiâ manganèfe
aux autres matières : fans cette opération j
îlle auroit peu d’adhérence avec le v erre, & fa
couleur difparoîttoit bientôt par 1 aftion du teu.
Ce n’eft pas que dans i,es verreries en verre blanc,
on ne mette le verre en couleur , au moyen de la
manganèfe, par d’autres procédés. Lorfque le verre
eft prêt à être travaillé' , on jette fui- le creufat la
manganèfe néceffaire , on l’y la.ffe fondre , &- on
la mêle au verre, en braffant celui-ci avec une barre
de fer ou un'pilon : mais cette pratique ne peut eue
appliquée au. travail dés glaces. Les'potees de-verre
font trop confidérables, pour qu on ptnffe efperer
un mélange bien égal; d’ailleurs, on voit fouvent la
manganèfe fe diftribuer par veines plus ou moins
confidérables j & ce défaut, qui n eft que médiocrement
incommode dans un petit travail, leroit înlup-
portable dans des glaces. j * „ , ,
Le mélange de la manganefe , & la neceffite de
lui donnerurié plus1 forte adhéfion aux autres matières
rendent donc l’opération de lairitte ablolu-
ment indifpenfable : il faut avouer auffi que par
e lle , la compofition reçoit, dans fa totalité , une
calcination plus uniforme ; enfin, fi l’on cnerchoit a
y fuppléer par des calcinations particulières,, on
remplacerait une opération, pat une multitude de
foins minutieux. ■ • i ; ; , .
Tout l'art de l’ouvrier, chargé de faire la fritte ,
ordinairement défigné pat le nom de frimer, coa-
fifte à faire fubir à la compofition , un degre de
chaleur capable; en la calcinant, de donner aux
matières une forte, de cohérence, une difpofition a
s’unir & à fe vitrifièr, mais trop foible pour produire
une fufion réelle. ‘ . ;
A l’inftant .que l’on met la compofition dans un
four à fritte, ôn peut déjà préjuger la qualité de
l’alkali qui fert de fondant. Lôrfqu’il contient des
fels neutres, fur-tout du fel marin , ôn entend un
pétillement occafionne par la decrepitation.
' Il faut que la compofition foit calcinée-egalement
dans toutes fes parties: fi elle reçoit tout-à-coup un
degré de feu violent , -l’alkali fè liquéfie’, la'fritte
devient non-feulement pateufe, mais -, en quelque
forte, liquide1; bientôt les matières fe coagulent en
i gros morceaux , & -s’attachent au pave du four:
Sllcc ne ueuvent être'fucceffivement expofées à