Des formes• -
L’ufage des formes eft devenu fi commun chez
les cordonniers par la commodité qu’ils y ont trouvée
pour la monture des foüliers, qu’il n’y en a
point maintenant dont la boutique n’en foit garnie
par centaine1 y la forme ainfi que la* grandeur & la
groffeur des pieds étant fi différentes, qu’ils font
néceffairement obligés d’en avoir chez eux , aii
moins autant qu’ils ont. de pratiques, ce qui en
procure un débit très-confidérable.
De la manière de faire une forme.
Nous avons vu ci-deffus que le hêtre étoit-le bois
dont on fe fervoit le'plus ordinairement polir les
formes; ce boisr doit être* j autant qu’il fe peut, ■ à
trois carres ; cette configuration laiffant alors beaucoup
moins . .de bois, à couper , par conféquent
moins de perte & moins d’ouvrage.
Ainfi pour faire uniforme .un ouvrier l’ébauche ,
un autre la plane, la râpe, & la polit à la peau
de chien de mer.
Pc?ür ébaucher une forme, on commence d’abord
par la tenir de la nïâi“n: igaiiche par uti bout & l’appuyer
par l’autre fur le billot (voye^ pi. I du for-
mier^fig.j^de la vignette ,; tome I I des gravures )
& avec la hache , on enlève la - moitié d’un des
carres ; on rétrécit enfuite les deux côtés (B B , fig, 3
au 'bas âe la pl. Æ ên formé, dé, demi-pointe ; oh
npplatit~4e-deffGi!s'pOur le dréfler1, l’amuicir •& lui
faire lever le petit bout en C , fig. 4 , même pl. I.
On enlève les deux arêtes D D ,,fig. ƒ , /côté.du
talon qu’on évide en E E ; on perce un troii F ,
fig. 6 ; on y enfonce un clou en G , fig. 7 ; dont
on rive la* pointé parp’autréTcqtéT j '& 'cela pour
empêcher la forme de fê 'fen d re , ïortque le,èorr
donnier y attache fon cuir avec d’autres clous.
Ainfi ébauchée , un autre ouvrier plane la forme
& l’arrondit fur .fon banc ( fig. b de la vignette de
Ta'ph avec la plane qùi-s’y tfoùve arrêtée/ en
itenant la forme dé la main gauche,- & lé manché
de la plané dé la droite.
Cela fa it, _on râpe la forme , on la lime, on lui
donne la figuré, convenable ; on'là polît enfuite
en la frottant ayec de la peau de chien de mer,
Sc oh la finit, ainfi qiToii là voit fig: 8 de la pt: I.
: Des ' différentes*, formes. :
_On;divifér.les formes, e n je u x fortes;, les unes
fimples & les autres brifees. Xes premières fervent
de mpules aux- foüliers. lorfqu’on les monte,-; -les
autres .fervent à les agrandir ou élargir, lorfqu’é-
.t^’nt-fausqls font trop petits çu trop étroits, ce qu’on
appelle, mettre, en forme. ■
.. _ - r ? f ° ï rrhes
\jes fôrrfie's'fimplès font de 'deuxTorfes; lés pr£-
mières'faites poürmontér les'foulierS des homrries,
fout plus groffes &.plus fortes ; les autres faites
pour monter lés foüliers des femmes font plus petites.
Les formes pour hommes fe divifent en cinq ef-
pèces..
La première ( fig. 8, pl. I ) appellée à la marinière
ou à talon de cuir, eft celle dont le bout du pied A
eft en pointe , & qui. étant droite fur fa longueur,
fert de moule auxiouliers qui doivent porter talon
de cuir ; on les appelle* ainfi parce que les mariniers
les ont inventées comme moins iujettes que
les autres à faire gliffer.
La deuxième (fig. p , même pl. I ) appellée en pied
de pendu, parce que les pieds de pendus prennent
à peu près'cette figure, eft celle dont le bout du
pied A eft en pointe baffe 0 k. qui au lieu d’être
droite comme la précédente, eft renflée vers le
coude-pied B. Elle eft faite pour lervir de moule
aux foüliers qui doivent porter un talon de bois
fort élevé.
La troifième (fig. 10, même pt. I ) appellée en
demi-pied de pendu, eft celle dont le bout du pied
A , auffi en pointe baffe, eft un peu moins renflée
qu’à la précédente vers le coude-pied B ;
elle eft deftinée à fervir de moule aux foüliers qui
doivent porter un talon de -bois d’une demi-hauteur.
La quatrième ( fig. n , pl. I I ) appellée en rond,
eft celle dont le bout du pied A eft arrondi, cambré
& droit fur fa longueur. Cette forme eft affez
brdinairemènt grofïière , &- defliriée à -fervir dè
moule aux foüliers des payfans, porte-faix, &c.
. La cinquième (fig. 12, même pl. I l ) appellée en
■ demi-rond, eft celle dont le bout du pied A eft à
demi arrondi & plus cambré que celui de la précédente^
& àtiffi droit fïir/fa longueur- r
lies formes pour femmes dtâirièés à fervir de mon?
les à des ibuliers dont les talons font fort élevés,
& dont les bouts font plus pointus que ceux des
dernières formes, ont pour cette raifon le bout
du piedàin peu cambré/ & font'en général plus
petites que les autres. On les divife en huit espèces.
,
- La première (fig. 13 ", pl. I I ) appellée à la marinière
ou-talon de'cuiri
La fécondé (fig. ,14 ) appellée en pied de pendu.
La ‘troifième (fig. if ) appellée en demi-pied, de
pendu.
La quatrième (fig} té ) appellée ’eh'rond.
■ Et la cinquième (fig. 16) appelléée/z demi-rond,
font toutes à peu près de même figure qùè celles
qui'font faites pour les foüliers d’hommes.
La fixiêrne (fig. 18) appellée cârnbréë, èft celle
dont le bout du pied À eft très-cambré, & le coup
de pied B fort é le v é .‘Elle eft faite pour fervir aux
foüliers qui doivent porter lés talons les plus hauts
póffiblëSi
La féptième {fig. ip) appellée demi-cambrée, eft
celle dont le bôüt du pied A eft un peu moins
câ'mbré que; Celui de la précédente, & le coude-
pied B un peu élevé ; elle eft faite pour fervir de
moule à des foüliers dont les talons font à la vérité
moins élevés que ces derniers, mais néanmoins encore
fort hauts.
La huitième (fig. 20) appellée à talon de bois plat,
eft celle qui étant droite fur fa longueur eft deftinée
aux foüliers qui doivent porter des talons de
bois plats. Cette forme ordinairement groftière eft
faite pour monter les foüliers des payfanes, blan-
chiffeufes, &c.
Il eft encore une infinité d’autres formes qu’on
appelle compofées, & qui font en effet compofées
des figures des autres, félon le goût des cordonniers
, & de ceux qui leur font faire des foüliers.
Il faut obferver que dans les formes ordinaires,
les renflemens & les rétréciffemens du contour de
la plante du pied font égaux à droite & à gauche,
de façon que le deffous de la forme repréfente une
figure régulière qui n’ëft point dans la nature,
parce que le deffous du pied humain eft inégal
dans fa circonférence, & par conféquent doit pofer
irrégulièrement fur la terre ; ce qui fait qu’étant
forcé d’appuyer davantage d’un côté que fur un .
autre , on rejette néceffairement en dehors la femelle
du foulier ; & pour peu qu’on foit marcheur,
on eft obligé de changer tous les jours fes foüliers
de pied, pour faire revenir les femelles en 'leur
place, ce qui les ufe beaucoup plutôt. Pour remédier
à ces défauts , il y a des perfonnes qui font
couler du plâtre dans des moules pris de leurs pieds
avec, de la terre glaife, & qui les font copier en
bois par un formier-talonier, pour les remettre à
leur cordonnier ; par ce moyen , quelque marche
que l’on faffe , on n’eft point obligé de changer fes
foüliers de pied ; ils ne gênent & ne bleffent jamais.
. Cet ufage eft établi chez les cordonniers pour
les pieds défectueux. Pourquoi ne pas l’imiter pour
ceux qui font bien faits ?
Des formes brifées. '■
Les formes brifées font de deux fortes ; les unes,
fig. 21, 22 ; 23, 24 & 2ƒ, pl. I I j font faites pour
agrandir ou mettre en forme les foüliers d’hommes.
Les autres , fig. 26, 27, 28, 25? & 30, font defti-
nées à grandir ou à mettre en forme les foüliers de
femmes. ’
Les unes & les autres font comme les formes
fimples à la marinière, en pied & demi-pied de
pendu, en rond & demi-rond, cambrées Sc demi-
cambrées , à talon de bois plat, &c.
Les formes brifées pour hommes, font compofées de
deux demi-formes , ( fig. 21 & 22, pl. / /, ) portant
chacune fur leur longueur une feuillure A A , formant
trois lofanges lorfque les deux demi - formes font
jointes enlemble & placées dans le foulier qu’on
veut mettre en forme, au travers duquel on enfonce
à force une clé carrée , (fig. 23 } même pl. I I , ) ou
applatie , fig. 24, faifant partie de la forme brifée ,
ce qui par ce moyen donne plus de largeur au
foulier.
La fig. 23, repréfente la clé carrée ; c’eft une pièce
de bois carrée & en demi-pointe A , garnie de fa
tête auffi carrée B.
La fig. 24, repréfente la clé applatie ; c’eft une
pièce de bois méplate, arrondie fur les deux champs
A A en lofange , & pointue en B pour lui donner
de l’entrée.
La fig. 27 3 repréfente Informe brifée entière, com-
pofée de toutes fes pièces montées enfemble. A A ,
en font les demi-formes, & B , la clé. \
Les formes brifées pour femmes , quoique plus
petites que les autres, font aufli compofées de deux
demi-formes, (fig» 26 8c. 27, même planche I I , ) mais
leur feuillure A A , au lieu d’être fur la longueur ,
eft difpofée obliquement,. allant de la cheville à la
femelle du pied. On s’en fert de la même manière
en enfonçant la clé entre les deux.
La figure 28 , même planche I I , repréfente la clé
carrée. A , en eft la tige carrée. B , la tête auffi
carrée.
La fig.’ 29 3 repréfente la clé applatie. A A , en font
les champs arrondis, & B , la pointe en lofange.
La fig. 30 repréfente la forme brifée entière,
garnie de toutes fes pièces. A A , en font les demi-
formes. B , la clé.
Des embouchoirs.
Les embouchoirs font des efpèces de formes brifees
deftinées à emboucher ou monter les bottes &
bottines. Il en eft de deux fortes , les unes à pied,
les autres fans pied ; celles-ci font les plus ordinaires
3 & celles dont les cordonniers fe fervent le
plus fouvent. Les unes & les autres font compofées
de deux pièces de bois formant enfemble la forme
d’une jambe jufqu’au deffous du genou , dont l’une,
(fig. 313 même pl. I I , ) garnie de feuillure A , pour
conduire la c lé , porte' le derrière du genou B , le
mollet C , & le talon D.
L’autre 3 fig. 32 , eft garnie aufli de feuillure. A ,
porte le genou. B , le devant de la jambe. C , le
coude - pied D , & quelquefois le pied entier E ,
fig. 333 que l’on ajoute au bout.
Elles font féparées par une c lé , fig. 34, méplatè
& en forme de coin, garnie de fes languettes A A
pour la conduire , que l’on enfonce à force comme
celle des formes brifées , faites pour élargir les
bottes, & donner au cuir la forme du moule.
La fig. 3 7 , "repréfente l’embouchoir entier garni
de toutes Tes pièces. A A , en font les demi-formes ,
& B , la clé. .
Il eft d’autres embouchoirs aufli pour monter les
bottes , mais dont on fe fert fort rarement, qüi au
lieu d’être coupés comme les précédens, le font
en fens contraire. Ils font compofés de deux demi-
formes. (fig. 41 & 42 » même pl. II. )
La fig. 43 3 en repréfente ün garni de toutes fes
pièces. A A , en font les demi-formes. B , la clé.
Des bouijfes.
Les bouijfes, autre ouvrage qui regarde aufli VArt
du Formier, font des efpèces de febilles de toute