
crime, le vrai tranchant, eft la partie de la lame
avec laquelle on fe défend; c’eft celui qui eft du
côté gauche de la lame quand on a l’épée placée
dans la main.
Le faux tranchant eft celui dont on fait rarement
ufage, 8c qui eft du côté droit de la lame.
Le tranchant fe divife en trois parties , que l’on
appelle le talon, le foible & le fort.
Le talon , eft le tiers du tranchant le plus près de
la garde.
Le foible, eft le tiers du tranchant qui fait l’extrémité
de la lame.
Le fort, eft le tiers du tranchant, qui eft entre le
foible 8c le talon.
Le plat, eft la partie de la lame qui eft entre les
deux tranchans.
La pointe, eft la partie de la lame avec laquelle
on perce l’ennemi.
La Voie, eft la’ partie de la lame qui enfile la garde,
la poignée & le pommeau.
La garde , eft une efpèce de coquille qui garnit la
main.
La poignée, eft la partie de l’épée avec laquelle
on la tient.
Le pommeau, eft la partie à l’extrémité de laquelle
on rive la foie , & où elle eft attachée.
Les maîtres en fait d’armes divifent encore l’épée
en trois parties, la haute , la moyenne, & la baffe ;
& en fort, mi-fort, 8c foïble.
Le fort de l’épée eft la partie la plus proche de
la garde.
Le mi-fort, eft au milieu ou aux environs de la
lame ; & le foible 3 eft le reftè qui va jufqu’à la
pointe.
Pour monter une épée, on commence par limer
la foie de la lame, afin de la proportionner au trou
qui eft pratiqué à la garde, a la poignée & au pommeau.
Enfuite on enfile la foie dans les trous de ces
trois parties ; & on aflùjettit la poignée en mettant
entre elle 8c la foie de petites édifies de bois de
hêtre.
Après ces opérations, on fixe le pommeau fur
la poignée, en rivant le bout de la foie fur le petit
trou du pommeau.
Mais reprenons & détaillons quelques-unes des
parties principales qui compofent une épée.
Garde d’épée.
Les pièces qui compofent une garde d’épée ordinaire
, font la poignée & fa virole, le pommeau ,
la branche & là coquille.
La poignée d’épée, appelée ainfi, parce qu’on la
tient à poignée , eft de forme ordinairement méplate
ou ovale, pour empêcher que l’épée qui y eft
arrêtée, ne tourne dans la main. Elle eft compofée
intérieurement d’un moule de bois de même forme,
percé d’un trou carré pour pafler la foie d’une lame
d’épée. Ce moule eft couvert d’une lame de cuivre,
d’or ou d’argent , d’un fil fimple. on double de
cuivre, d’or bu d’argent, & quelquefois à côté d’un
autre fil plus fin, tournant alternativement autour
du moule, & arrêtés enfemble, à chaque bout, par
une virole en forme de chaîne, entrelacée de même
métal. Ces fortes de poignées fe font quelquefois
maffives , en cuivre , en argent ou en o r , cilelées,
damafquinées, enrichies au fia de brilla ns & autres
pierres précieufes. ( On peut confulter à cet égard,
ce que nous avons dit dans Y Art du Cifeleur-Damaf
quineur de ce Dictionnaire. ) ,
La virole, eft ordinairement ornée de moulures ;
elle fert de bafe à l’extrémité inférieure de la poignée.
Le pommeau , fait pour être placé à l’extrémité
fupérieure de la poignée, eft une efpèce de petite
pomme d’où il tire fon nom, en cuivre, o r , ou
argent ; fimple , ornée, évidée , damafquinée ,
garnie de fa gorge, bafe 8c petit bouton ; le tout
d’une feule pièce , percée au milieu d’un trou carré
pour pafler la foie d’une lame d’épée.
La branche, faite pour fervir de garde à la main
ou au poignet, eft compofée d’une tige en forme
de baluftre , percée au milieu d’un trou carré pour
le paffage de'la foie d’une lame d’épée, fur laquelle
eft arrêtée une branche double en forme de croiffant;
plus, une fécondé branche double, aufli arrêtée,
dont l'une fe termine en bouton , 8c l’autre formant
une demi-ellipfe, eft garnie au milieu d’une
amande, & fe termine en crochet par l’autre bout ;
le tout d’une feule pièce en cuivre, or ou argent,
fimple , ornée, évidée ou damafquinée.
La coquille, faite pour préferver le poignet des
coups des adverfaires , eft en effet en forme de
coquille, percée au milieu d’un trou méplat, pour
le paffage de la foie d’une lame d’épée , en cuivre,
or ou argent, fimple , ornée, évidée ou damafquinée'
, comme le pommeau 8c la branche.
. La foie de la lame d’ épée traverfant la coquille, la
tige de la branche, la v iroie, la poignée, & enfuite
le pommeau, va fe river au bout de fon bonton ,
& de cette manière, maintient la garde dans une
parfaite fermeté.
Des fourreaux.
Les lames d’épées , de coyteaux de chaffe, des
fabres & autres, font renfermées dans des fourreaux
de même forme, faits pour les conferver. Aulfi les
lames mêmes fervent-elles de mandrins pour des
former.
On fait les fourreaux en bois de hêtre, que les
fourbiffeurs de Paris tirent ordinairement des environs
de Villers - Cotteret, & de quelques autres
endroits.
Ce bois de hêtre s’achète par cent de feuilles de
quatre pouces de large & de deux ou trois lignes
d’épaifleur.
Après l’avoir dreffé avec des râpes, on le coupe
le long d’une règle avec un couteau , afin de le
réduire & partager en une largeur convenable à la
lame qui doit y être enfermée.
On couvre ces fourreaux d’abord en toile, enfuite
en peau, en cfiagjrin, en rouffette , en requin, ou
aiiitre
autres chofes femblables'; noirs, jaunes , blancs \
verds, & autres couleurs , bien collés, garnis par
le bout. Le côté de la garde de l’épée eft garni d’une
petite virole de même métal, portant un crochet
ou petit bouton pour l’arrêter dans la boutonnière
d’un, ceinturon ; & par l’autre, d’un bout aufli de
même métal ; efpèce de virole pointue qui énvi-
ronne fon extrémité pour la rendre plus ferme
contre la pointe.
Dçs lames.
Les fourbiffeurs de Paris ne forgent point les
lames qu’ils montent ; ils les font venir des provinces
d’Allemagne, de Franche-Comté, de Saint-
Étienne en Forez & autres endroits. Ces lames ,
félon leur qualité, fe vendent au cent, à la groffe,
à la douzaine ou à la pièce. On conçoit qu’il doit y
avoir beaucoup de précautions à prendre pour le
choix de ces lames.
On diftingue deux efpèces de lames.
Les unes font à deux tranchans, & fervent aux
épées ; les autres font à un feul tranchant, & fervent
aux fabres, couteaux, de chaffe, coutelas , &c.
Les premières font les plus légères , & portent
environ depuis 30 jufqu’à 34 pouces de lame, 8c
environ fix à fept pouces de longueur de foie.
On les divife encore,en deux fortes ; les urîes
plates, & les autres triangulaires, ou à trois carres.
Il y en a à quatre carres avec tranchans fimples
A A , fig. 1 , planche I I I des gravures du Fourbiffeur,
tome I I ; à quatre carres, avec tranchans cannelés
A A , fig. 2; d’applaties en A , avec tranchans fimples
BB , fig. 3 ; d’applaties en A , avec tranchans cannelés
BB , fig. 4 ; de creufées à angle aigu en A ,
avec tranchans fimples BB , fig. f ; de creufées en
cannelure en A , avec tranchans cannelés BB 3 fig. 6;
de creufées à angle aigu en A , applaties en BB avec
tranchant fimple C C , fig. 7 ; de creufées en can-
nelure ronde ou plate en A , arrondies ou applaties de
chaque côté B B , avec tranchant cannelé C C , fig. 8.
Les figures p 8c /o, 11 8c <2, même planche I I I 9 re-
préfentent des lames triangulaires ou à trois carres ;
les deux premières avec renfort au collet, dont l’une
eft à .trois carres fimples, & l’autre à trois carres
cannelées ; les deux autres fans renfort, dont l’une
; eft à trois carrés, cannelée & creufée en cannelure
! ronde en A ; l’autre aufli à trois carres cannelée 8c
; creufée au milieu en angle aigu.
Les lames de fabre , coytelas , couteaux de
1 chaffe, &c. font les plus pefantes, & portent en-
! viron depuis douze à quinze pouces de longueur
' de lame, jufqu’à trente & trente-deux pouces ; la
I foie étant à peu près de la même longueur que
I celle des épées ; les unes font droites, & les autres
§ coudées.
La fig. 13 , repréfente l’élévation, & la fig. 14,
: la coupe d’une lame de fabre , droite & fimple,
r dont le tranchant A A eft un peu évidé de chaque
I coté pour la faire mieux couper.
La fig. i f , repréfente l’élévation , & la fig. 16 ,
Arts 6* Métiers. Tome III. Partie I.
la coupe d’une lame de fabre courbe, & cgnnelee
en AA. i ,
ha. fig. 17, repréfente l’élévation, 8c la fig. 10 , la
coupe d’une lame de fabre très-courbe , dont le
profil eft en forme de baluftre A A , 8c cannelee fur
le dos BB.
ha fig. ip , repréfente l’élévation, & la fig» 20, la
coupe d’une lame de fabre ou coutelas, fimple &
cannelé fur le dos A A , en ufage chez les Orientaux,
dont le côté B s’élargit à melure qu’il approche de
la pointe.
La fig. 21, repréfente l’élévation, 8c la fig» 22, la
coupe d’une lame de fabre ou cimeterre triangulaire
ou à trois carres, & cannelée en A A , aufli en ufage
chez les Orientaux, dont le bout B s’élargit a mefure
qu’il approche de la pointe.
La fig. 23, repréfente l’élévation , 8c la fig. 24, la
coupe d’une lame de couteau de chaffe , droite &
fimple, dont le taillant A A eft un peu evide.
La fig. 2 f , repréfente l’élévation, 8c la fig. 26, la
coupe d’une lame de couteau de chaffe courbe,
à un feul tranchant en AB , 8c à deux trancèians
en BC.
La fig. 2 7 , repréfente l’élévation , & la fig. 28, la
coupe d’une lame de petit couteau de chaffe ou
coutelas fimple, à un feul tranchant en AA.
La fig- ap , repréfente l’élévation , 8c la fig. 30,
la coupe d’une lame de petit couteau de chaffe
courbe , en forme de baluftre & cannelé fur le
dos AA.
La fig. 31 ,^repréfente la coupe , & la fig. 32,
l’élévation d’une-lame de petit couteau, en forme
de poignard, droit, carré 8c cannelé.
- La fig. 33 , repréfente l’élévation , & la fig. 34
la coupe d’une lame de petit couteau en forme de
poignard droit, triangulaire ou à trois carres, avec
tranchant cannelé A A , & creufé en cannelure fur
le dos B.
Cet article efl extrait en partie de celui que M. Lucotte
- a fait inférer dans l’ancienne Encyclopédie.
Parmi les lames, on diftingue dans le commerce
les olindes y&Cles viennes.
h’olinde eft une forte de lame d’épée qu’on tire
d’Allemagne , qui eft des plus fines & des meilleures
, 8c qui a pour marque une corne.
La vienne, eft l’efpèce de lame d’épée qu’on fait
à Vienne en Dauphiné , 8c dont elle a retenu le
nom ; les viennes ne font pas fi eftimées que les
olindes , parce qu’elles n’ont pas tant de vertu élaf-
tique, qu’elles ne font pas fi bien vidées, 8c qu’elles
reftènt dans le pli qu’on leur a donné ; mais aufli
elles ne font pas fi fujettes à caffer : il y a des gens
q u i, à caufe de cela , préfèrent une vienne à une
olinde, lorfqu’elle joint à une grande foupleffe beaucoup
de reffort.
Communauté des Fourbiffeurs-,
Les maîtres fourbiffeurs font qualifiés de maîtres
jurés fourbiffeurs & garniffeurs d'épées & bâtons au
fait d’armes.
H