
partie la plus profonde du canal, qu’on peut ouvrir
& fermer à volonté, on donne l’écoulement
au mercure, qui paffe dans un badin deftiné à le
recevoir.
Nous obferverons ici qu’il y a quatre ans que M.
le baron de Chaftel, citoyen de Genève, capitaine
d artillerie, au fervice de S. M. impériale, fit élever
fur le Rhône, près de Genève , une machine
propre à la même opération, & qui, différente
quant à la forme , eft pareille quant au fond à
celle de M. Raviffa , excepté que dans celle de
M. le baron de Chaftel, une pompe que la machine
fait mouvoir, eft deftinée au même ufage
que la vis d’Archimède, dont fe'fert M. Raviffa;
de forte qu’il faut attendre , pour cônnoître le
véritable auteur de cette machine ingénieufe, que
l’un ou l’autre de ces Meflieurs en faffe la réclamation
,_ & l’appuie de preuves fatisfaifaates.
Moulin à beurre, par M. Êar bo t , greffier en chef
du duché d’Orléans, membre de la Société royale
d*Agriculture de la même ville, &c. -
Pour bien concevoir cette machine, il faut fe
repréfenter un baril furmonté d’un rouage de moulin
à bras : ce rouage fait tourner, par le moyen
de deux perfonnes appliquées, une à chaque manivelle
, quatre ailes femblables à celles d’un dévidoir
; ces ailes portent chacune cinq barreaux
mobiles ; ces barreaux doivent être très-méplats,
préffintant le côté étroit dans le fens où ils forment
une efpèce de fillon dans la crème. Il convient de
les efpacer de maniéré que chaque barreau trace,
en tournant, un -cercle ou fillon particulier. Lorfque
la crème prend une telle confiftance, que fa
réfiftance s’oppofe à la puiffance, on ôte les barreaux
, 6c cela de plus en plus, à mefure que la
réfiftance augmente.
Deux filles de baffe-cour, un peu fortes, peuvent
faire, par ce moyen, trente livres de beurre
en deux heures, fi le moulin eft conftruit de maniéré
que les frottemens en foient évités, autant
qu’une machine commune en eft fufceptible. Quand
le heure eft fait, on enleve tout le mécanifme, &
on a la facilité de laver le beurre, & nettoyer le
baril qui a un couvercle en deux pièces, qui s’en-
levent avec le refte ; ce couvercle a une ouverture
au milieu, pour laiffer le paffage de l’arbre portant
les ailes, & pour donner entrée à l’air extérieur
dans le baril.
On fera bien de rendre les fufeaux de la lanterne
mobiles dans leurs trous, pour diminuer leurs
frottemens avec les dents du rouet.
On peut cgnftruire, fur ce principe, des moulins
propres à faire plu$ ou moins que trente livres
de beurre.
Nouveau moyen de donner le mouvement à la vis
d'Achimède, par M. B a r b o t .
JLa maniéré ordinaire d’employer la vis d’A rchimede,
confifîoit à placer à chacun de fes deux bouts,
inférieur & fupérieur , un bout d’eflieu qui étoit
comme une prolongation de l’axe en filant la
longueur du cylindre ou noyau de la vis. Le bout
inférieur pofoit, comme le pivot d’une porte, fur
une bafe , un peu creufée pour le recevoir ; le
bout fupérieur pofoit fur une piece encochée, pour
qu’il ne s’écartât pas à droite ou à gauche, & la
v is , pofée fur ces deux appuis , étoit inclinée de
maniéré que l’axe de fon noyau formoit , avec
l’horizon, un angle qui devoit être déterminé fui-
vant la proportion la plus convenable pour l’effet
de la machine.
A ce bout fupérieur d’effieu , étoit fixée une
manivelle, dont la branche fervant de levier formoit
un angle droit avec la portion du bout d’e ffieu
à laquelle elle étoit fixée ; & par la raifon
qu’elle formoit un angle droit avec cette portion
d’efiieu, elle devoit suffi, former un angle avec
l’horizon ; mais cet angle ne pouvoit être droit,
par rapport à l’horizon, & le coude de la manivelle,
auquel l’homme qui devoit faire tourner la
vis , étoit appliqué, ne pouvoit être parallèle à
l’horizon ( ce qui eût été la pofition la plus convenable
, & fans laquelle l’homme appliqué à cette
manivelle eft très-gêné dans fes mouvemens. )
Cette pofition de la manivelle, ne pouvoit pas
d’ailleurs permettre d’employer à la manoeuvre de
la machine , plufieurs hommes ou animaux ; ce
qui la rendoit de peu d’effet : & fi, pour remédier
aux inconvéniens, & pour y employer des
forces animales confidérables , on entreprenoit
de changer la direâion de la puiffance, & de la
rendre horizontale, on employoit un rouage quelconque
, & une partie de l’effort de la puiffance
étoit perdue par des frottemens confidérables.
M. Barbot a voulu remédier à cet inconvénient^
en fufpendantla vis par le milieu de fa longueur,
à l’inftar des bouffoles ou compas de mer.
La vis ainfi pofée, a la faculté de fe mouvoir
dans tous les fens, avec une égale facilité.
Dans le bâtis de la machine, eft une traverfe
percée en un point répondant au centre des mouvemens
de lavis. Par ce trou de la traverfe, paffe
une manivelle coudée, dont la branche inférieure
reçoit par fon extrémité extérieure , une pointe
qui eft fixée à la vis ; & comme la prolongation
de l’axe enfile la longueur de fon cylindre , la
branche fupérieure de la manivelle peut être prolongée
autant qu’on veut, & peut former un timon
auquel on attèle un ou plufieurs animaux.
Les effets de cette nouvelle méthode, font les
mêmes que ceux de l’ancienne.
Soupape hydraulique, propre à faire fermenter, fans
danger, le raifin & le moût dans des vaiffeaux
parfaitement clos, par D. Ca s b o i s .
On conçoit qpe moins le vin en fermentation
communique avec l’air extérieur, moins il doit
perdre de cette partie volatile qui fait fa force \
6c que l’on nomme efprit. D o n c , pour avoir le
vin le plus généreux, il faut le faire fermenter
dans des vaiffeaux parfaitement clos.
Mais la fermentation produit du gas , & ce gas
élaftique rom prou les vaiffeaux ou produiroit du
vin enrayé, s’il ne trou voit pas d’iffue. Il faut donc,
en fermant les vaiffeaux, faire enforte que le gas
puiffe en fortir, fans que l’air extérieur puiffe y
entrer. Il n’y a qu’une foupape qui puiffe faire cet
office : voici celle propofée par D. Casbois.
C ’eft un tuyau de fer-blanc, d’environ un pouce
& demi de diamètre, courbé en forme de fyphon ,
& communiquant, par la branche la plus courte,
à un vafe qui lui eft attaché.
La branche montante peut avoir neuf pouces
de longueur, 8c la branche defcendante fept pouces
& demi. Celle-ci communique de haut en bas à
un vafe montant qui doit être d’un pouce 8c demi
moins haut que le fyphon : il peut avoir trois ou
pouces de diamètre.
Ces dimenfions ne font point effentielles ; on
peut les changer en d’autres quélconques , pourvu
que la première branche defcende au deffous du
v a fe , pour être introduite dans le tonneau, fans
toiicher le v in , 6c que la partie droite du fyphon
s’élève affez au deffus, pour que l’eau, dont on
doit remplir le vafe , ne puiffe defcendre dans lç
tonneau.
Voici comment cette machine s’applique aux
tonneaux. On les fuppofe remplis de moût à trois
ou qustre pouces près du bondon, comme il fe
pratique lorfqu’on ne veut pas que le vin fermentant
, jette fa moufle en dehors. On enveloppe de
chanvre ou de rofeaux, la partie fupérieure de la
première branche ,_de maniéré qu’elle puiffe être
ajuftée au trou du bondon ; on l’y fait entrer avec
force, 8c pour ne laiffer au gas d’autre iffue que
celle du tuyau, onlute cette partie avec du maftic,
ou '.Amplement avec de la terre glaife : puis on
emplit d’eau le vafe dont il s’agit.
Pendant la fermentation , ce gas eft forcé de
monter par la branche fupérieure , de defcendre
par l’autre branche, & de remonter en traverfant
l’eau par le vafe , d’où il s’échappe & fe diffipe
dans l’air. L’eau qui lui laiffe un paffage libre, le
refufe à l ’air extérieur, de forte que le vin ne peut
rien perdre de fon efprit.
Cette foupape hydraulique s’applique aux cuves
avec le même avantage : mais il faut, i°. que le
raifin foit bien foulé ; a0, que la cuve' n’én foit
remplie qu’à un pied , au plus , près du bord ;
3°. qu’elle foit fermée d’un couvercle affemblé 8c
joint, comme le fond d’un tonneau ; 40. que les
joints de ce couvercle foient empâtés 8c recouverts
de terre glaife ou du meilleur lu t , comme
fi on vouloit conferver le vin ; 50. qu’ il foit af-
fujetti, par le moyen de plufieurs étais, de maniéré
qu’il réfifte à l’effort que fait le marc pour
s’éleyer pendant la fermentation ; 6°. enfin, qu’il
foit percé d’un trou convenable auquel puiffe être
adaptée la foupape hydraulique , comme fur les
tonneaux. On jugera de la fermentation du v in ,
par le bouillonnement de l’eau contenue dans le
vafe. La ceffation de ce bouillonnement fera con-
noître que la fermentation eft complette.-
Un moyen fimple & sûr de connoître le progrès
de la fermentation , & le degré où il convient
de faire le v in , c’eft l’aréomètre.
Tirez de temps en temps du vin de votre cuve
par l’anche; plongez-y l’aréometre. Lorfque le vin
fe trouvera à peu près à dix degrés, vous pourrez
faire votre vin , fans craindre les fuites d une
fermentation exceffive : des expériences répétées
depuis trois ans, ont prouvé que ce degré con-
venoit le mieux aux vins de Metz.
(E N O M E T R E.
Cet infiniment, propre à fixer le terme de la
fermentation des vins, eft- ainfi décrit dans l’ouvrage
de M. l’abbé Bertholon.
L’inftant où il faut retirer le vin de la cuve,
eft un moment décifif qu’il eft néceffâire de faifir.
Le nouvel infiniment fert à l’indiquer avec précifion
: il eft compofé de deux parties principales ;
l’une , appelée le puits, eft un cylindre de tôle
ou de fer - blanc , qu’on accroche au bord fupérieur
de la cuve , qui plonge dedans , & eft percé
-de divers trous, afin que le vin puiffe y entrer
librement, fans cependant que les pépins & les
pellicules du raifin y pénètrent. Dans ce puits ou
cylindre, on place eniuite une tige de bois , dont
la furface eft divifée en pouces & en lignes , 6c
q u i, par fon extrémité inférieure, eft implanté©
dans une rondelle de liege.
Lorfque le vin s’élève de la cuv e, il fera à la
même hauteur dans le Cylindre ou puits ; 6c la
réglé graduée s’élevant dans la même proportion,
étant enfuite ftationnaire ou rétrograde, indiquera
avec précifion la marche du vin dans la cuve, 6c con-
féquemment le temps où il faudra l’en tirer , temps
q u i, félon les uns, eft le maximum de l’afcenfion,
félon d’autres, celui de fa ftation ; mais que plufieurs
(Enologifles , & M. Bertholon particulièrement
, indiquent devoir être celui du commencement
de la rétrogradation.
Cet oenomètre, en obfervant les conditions que
l’auteur prefcrit , peut être regardé comme un
inftrument incomparable ; .il a déjà été adopté avec
fucçès, & on ne peut en imaginer un qui ait en
même temps plus de précifion 6c de fimplicité.
Comme la bonté du vin dépend de l’inftant
précis de fa fermentation dans la cu v e , pendant
laquelle il faut en retirer cette liqueur , inftant
qu’il faut faifir, au - delà duquel le vin eft trop
fait, en deçà duquel il ne l’eft point affez : on ne
peut douter de la grande utilité de cet inftrument
ingénieux, qui a été nommé, avec raifon, oe/zo-
mètre.