
foutenir la réputation de l ’imprimerie de Ton |
père.
Geoj f roi T hori ou T o r i , né à Bourges dans
le X V ' fiècle , libraire-juré à Paris, contribua beau*
coup à perfectionner les caractères d’imprimerie,
& compofa un livre qui parut après fa mort, in- !
titulé le Champ-fleuri, contenant l'an & fcience de la
proportion des lettres vulgairement appelUes romaines
, àParis l’an 1 592, in-40. Il mourut en 1550.
Les Morel. Nous devons aux Morels bien des
éloges pour leur favoir & les beaux livres qu’ils
ont publiés.
Guillaume Morel , né en Normandie, félon la
Croix du Maine, & célèbre imprimeur de Paris,
étoit favant dans l’intelligence des langues. Il devint
correéleur de l’imprimerie royale , après que Tur-
nèbe fe fut démis de cet emploi en 1555. Ses éditions
grecques font fort eftimèes. Il commença lui-
même quelques ouvrages , entr’autres un dictionnaire
grec-larin-françois. Il mourut en 1564.
Frédéric Morel , apparemnfent parent éloigné
de Guillaume, verfè dans les langues lavantes ,
fut gendre & héritier de Vafcofan, dont il fit valoir
l’imprimerie; & mourut à Paris en 1583 ,
âgé d’environ 60 ans, laifiant un fils d’un mente
fupérieur, nommé femblablement Frédéric.
Celui-ci, après avoir été profelTeur & interprète
du r o i, fut pourvu de la charge d’imprimeur ordinaire
de fa majefté pour l’hébreu, le grec , le latin
& le françois. Le grand nombre d’ouvrages qu’il a
publiés & traduits du grec fur les manufcrits de
la bibliothèque du ro i, avec des notes , font des
preuves authentiques de fon érudition. Il mourut
en 1630, âgé de 78 ans, & laiffa deux fils , Claude
& Gilie.
Claude Morel donna les éditions de plufieurs
pères grecs, entr’autres S. Athanafe.
Gilie Morel ion frère lui fuccéda, & publia les
OEuvres d’Ariftote, en 4 vol. in-fol. outre la grande
Bibliothèque des Pères, qu’il mit au jour en 1643 »
en dix-f.pt vol. in-fol. Gilie Morel eft devenu con-
feiller au grand confeil.
Dolet, né à Orléans dans le XVIe'fiècle, imprimeur
& libraire à L y on , a mis au jour quelques
uns des ouvrages recherchés d’Etienne Dolet,
bon humanifte, brûlé à Paris le 3 août 1546, pour
fes fentimens fur la religion. Il auroit encore imprimé
la verfion françoife de la plupart des oeuvres
de Platon, du malheureux Etienne Dolet, s’il n’eût
été prévenu par fon fupplice.
Simon MillanGFS, né dans le Limofin en 1540,
après avoir fait fes études, fe rendit à Bordeaux
en 1572 , pour y dreflfer une belle imprimerie.
Les jurats de cette ville foutinrent cette entre-
prife, de leur argent & de leur crédit. Millanges
fe diftingua par la correCtion de fes éditions, &
mourut en 162.1 , âgé de 82 ans, ayant été un
des bons imprimeurs du royaume pendant pré^
d’un demi-fiêcle.
Sébaflien Nivelle , libraire & imprimeur de
Paris, flou ri (Toit au milieu du XVIfl fiècle. Entre
les ouvrages qu’il mit au jour à fes dépens, on
ne doit jamais oublier le Corps du Droit c iv il,
avec les Commentaires d’Accurfe. C ’eft un livre
précieux , un chif-d’oeuvre que Nivelle fit paroître
en 1 576, en 5 vol. in-fol. ; mais Olivier de Harzy,
& Henri Thierry, imprimeurs, en partagent audi
la gloire.
Mamert Pâ tis son , natif d’O rléans, étoit très-
habile dans les langues favante ; &. dans la Tienne
propre. Il époula la veuve de Robert Etienne, en
1380, fe fervit de fon imprimerie & de fa marque.
Ses éditions font correCtes, fes caractères beaux,
& fon papier très-bon. En un mot, il n’a omis
aucun des agrémens qu’on recherche dans les
livres : aufli fes impreflionS vont prefque de pair
avec celles de Robert Etienne. Mamert' mourut
en 1600..
Pierre Pa l l io t , imprimeur & généalogifte, né
à Paris en 1608 , de bonne famille , fe maria à
23 ans à Dijon avec la fille d’un imprimeur : alliance
qui le détermina à embraffer la profefîion
de fon beau-père, qu’il a exercée long-temps, &
toujours honorablement. Il a imprimé tous fes
livres, qui font en très-grand nombre, mais qui
n’intéreflent que les curieux de la généalogie des
maifons de Bourgogne. Palliot grava lui-même le
nombre prodigieux de planches de blafon dont ils
font remplis. C ’étoit un homme exaCt & infatigable
au travail. Il mourut à Dijon en 1698, à
l’âge de 89 ans & laifl’a , fur les familles de
Bourgogne, 13 vol. in-fol. de Mémoires manufcrits
qui étoient dans la bibliothèque de M. Joly
de Blezé , maître des requêtes : on ignore où ils
ont paffé depuis.
Antoine Etienne , fils de Paul, natif de Genève,
vint à L y o n , où il commença fes études; & en-
fuite à Paris , où il les acheva. Il obtint des lettres
de naturalité, en date du 20 feptemhre 1612 ;
& , pour avoir fait abjuration de l’héréfie de Calvin
entre les mains du cardinal du Perron, il eut
du clergé une penfion de 300 liv. & la charge
d’huiifier de l’aflemblée du clergé. Cet Etienne
fut reçu imprimeur &- libraire à Paris le 26 octobre
1618 , & fut honoré de la charge d’imprimeur
du roi au mois de décembre 1623 , avec
600 liv. d’appointemens afiignés fur l’épargne. Il
fut aufli pourvu de celle d’imprimeur & libraire
du roi à la Rochelle , vacante par la mort de fon
frère Jofeph, le 13 février 1630. ,
Cet imprimeurpublia en 1614,«?. Joannis-Chry-
foflomi Homiiuz in Genefim , in-fol. Les OEuvres
du cardinal du Perron, 4 vol. in-fol. 1620; Tefla-
mentum vêtus & novum, fecundum L X X , Sixti V
P o n t i f . ckc. 3 vol. in-fol. grec-latin. 1628. Les
Triomphes de Louis-le-jufle, avec les Eloges, par
Henri Etienne , & les figures de Valdor , in - fol.
1643. Il a encore imprimé le Plutarque grec &
latin, 4 vol. in-fol. 1624 ; les OEuvres de Xénophon,
grec & latin, in-fol. 1625 ; les OEuvres d'Ariflote,
1629;
1^29 ; les OEuvres de Strabon, & autres ouvrages 1
confidérables. Cet imprimeur étoit favant, grand
orateur & bon.poète. Nous avons, entre autres I
livres de fa’ compofition & de fon impreflion ,
le Supplément au nouveau Théâtre du monde de
Davity , in-fol. Il mourut en 1674. Son fils Henri
Eftienne-lui,fuccéda, dans fon imprimerie, dans
fes charges, & Ton peut dire dans fon favoir &
fa réputation.
Pierre Ro co l e t, natif de Paris, fut reçu imprimeur
& libraire en 1618 , & pourvu de la
charge d’imprimeur ordinaire du r o i, par lettres
du 14 avril 1633 ; & bientôt après , de celle d’imprimeur
de la ville de Paris. Il imprima les Réfo-
lutions de l'àjfemblée des Princes, Ducs, Seigneurs
& Officiers de la Couronne, tenue à Fontainebleau,
in-8°. 1621. Les OEuvres de Bacon, en 1616.
InflruElion pour apprendre à monter à cheval, par
Ant. dePluvinel, in-fol. 1627, avec des figures très-
bien faites, qui font rechercher cette édition , &c.
Cet imprimeur avoit donné, pendant les guerres de
Paris, des témoignages fi publics de fa fidélité
envers le roi Henri I V , étant pour lors capitaine
de fon quartier , que Sa Majefté l’honora d’une
médaille où étoit ion portrait, avec une chaîne
d’or, qui lui furent mifes au cou par le maître des
cérémonies , & qui furent accompagnées d’un
brevet très-flatteur pour lui & fa famille. Il eut
le bonheur de rendre aufti des fervices importans
au chancelier Séguier, & de recevoir des témoignages
de fa bienveillance.
Sébaflien C R AM O IS I ,. né à Paris, dont iT.fut
échevin , obtint par fon mérite la direction de
l’imprimerie du Louvre , établie par Louis XIII.
Il mourut en. 1669 , & eut pour fucceflëur fon
petit-fils. Mais, quoique plufieurs de leurs éditions
méritent fort d’être recherchées elles n’ont
ni 1’exaCtitude, ni la beauté de celles qui font
forties des imprimeries des Etienne, des Manuce,
des Plaruin &c. Les Martiïi, Coignard & Muguet,
ont fuccédé aux Cramoifi ; & ont à leur tour enrichi
la république des lettres, d’éditions très-belles
& très-eftimées.
Antoine V itre , Parifien , s’eft rendu fameux
dans le XVIIe fiècle, par le fuccès avec lequel
il porta l'imprimerie prefqu’au période dé la perfection.
Quoique de fon temps les Hollandois
femblaflent être les maîtres de cet art, on croît
que Vitré étoit capable de les furpafler, s’il fe fût
avifé d’obferver, comme on a fait depuis, la dif-
tinCtion de la confonne d’avec la voyelle, dans les
lettres i & j r u & v.
Quoi qu’il en foit, la Polyglotte de Guy-Michel
le Jay, qu’il a imprimée, eft un chef-d’oeuvre de
la r t, tant par la nouveauté & la beauté des caractères
, que par l’induftrie & l’exaCtitude de la correction.
Sa Bible latine in-fol. & in-40. va de pair
avec tout ce qu’on çonnoît de mieux. En un mot,
il a égalé Robert Etienne pour la beauté de l’imprimerie
; mais il a terni fa gloire en faifant fondre
Ans & Métier. Tome III. Partie II.
les caraéières précieux des langues orientales, qui
avoient fervi à imprimer la Bible de le Jay, pouf
n’avoir aucun rival après fa mort.
M. de Flavigny s’étant avife de cenfurer dans
une brochure, non l’aCbon de V itré, nuis quelques
endroits de la Bible magnifique qu’d avoit
mife au jour ', & qu’il étoit bien permis de critiquer
, celui-ci éprouva des chagrins incroyables ;
pour une feule faute d’impreflion qui n’étoit point
dans fon manufcrit. Il avoit cité le paftage de S.
Matthieu : ejice pfimhm trabem de oculo tuo. Gabriel
Sionita, prenant un v if intérêt à la défenfe de la
Bible à laquelle il avoit travaillé, ayant lu la critique
de M. de Flavigny, l’accufa , dans fa réponfe , de
moeurs corrompues, de facrilège, & d’une impiété
fans égale , d’avoir ofé corriger. le texte facré ,
en fubftituant un mot infâme à la place du terme
honnête de l’évangélifte. Qui croiroit que tous
ces fanglans reproches n’avoient d’autre fondement
qu’une inadvertance d’imprimerie ? La première
lettre du mot oculo s’étoit échappée fortuitement
de la forme, après la revue de la dernière
épreuve, lorfqué le compofiteur toucha une ligne
mal drejffée , pour la remettre -droite.
Jean C amUSAT fe diftingua dans le XVIIe fiècle
à Paris j en recherchant par préférence à n’impri-
mèr que des livres bons en eux-mêmes, fans en
envifager le profit : de forte qu’on regardoit comme
recommandable tout ouvrage qui fortoit de fon
imprimerie.
Il fut choifi en 1634 pour être imprimeur &
libraire de l’Académie françoife , qui , dans les
commencemens , tenoit fes affemblées chez lui.
Cette illuftre compagnie l’honora de fa confiance,
& le chargea, dans plufieurs occafions, de faire
en fon nom des remerciemens & complimens à
des hommes de lettres. Elle lui fit dire un fer vice
-à fa mort qui arriva en 1639. *
Il faut nous borner à ces anciens maîtres ; nous
aurions un champ trop vafte à parcourir fi nous
voulions appeler en témoignage de la célébrité
foutenue des imprimeurs françois, les belles éditions
qui font forties en foule des preflês des Ri-
gault, des Àniflon, desBarbou, des Coignard, des
Jombert, des de la T o u r , des Lambert, des Pierres,
des deux Didot, & de quelques autres,
Nous ne devons pourtant pas diflimuler que
M. Didot l’aîné fur-tout vient de frayer de nouvelles
routes vers la perfection de l’art. Cet habile
artifte a reconnu que l’ancienne prefle pouvait
être reCtifiée , & il en a imaginé une nouvelle
qui donne la facilité de tirer la forme entière en
un feul temps ; il a conçu que la beauté de.lÙm-
preffion dépendoit principalement des caraéières,.
& il en a fait graver & fondre de nouveaux qui
joignent plus d’élégance à une proportion plus
régulière ; il a fenti que le papier d’impreflion
étoit fufceptible d’être amélioré , & il en a fait
fabriquer à Annonay qui furpafte tout ce que la
Hollande a jamais produit dé mieux à cet égard;