
conftruéHon eft terminée jufqu’à ce qu’il foit devenu
affez dur, pour ne plus céder à l’aition de la batte.
Cette précaution, fort (impie en elle-même , produit
plufieurs avantages. i°. On prévient les gerçures
, ou au moins on en diminue le nombre, en
reflerrant les parties de la terre à mefure qu’elles
tendent à fe léparer. 2°. On augmente la folidité
de l’ouvrage en rapprochant fes parties. 30. On hâte
la fécherefle du four. En effet, l’humidité fe porte
de l’intérieur à la furface pendant la defficcatïon ,
& l’on peut concevoir que le rabattage la chaffe ,
comme la preflion chafferoit d’une éponge l’eau
dont elle feroit imbibée.
La grandeur d’un four eft relative à celle des
vafes qu’il doit contenir, & les dimenfions de ceux-ci
le font à l’importance de la fabrication. Ce principe
général eft cependant limité dans fon application
par des bornes néceffaires. Si l’on vouloir couler
des- glaces trop grandes , le verre fe refroidiroit
pendant la durée d’une opération trop longue, &
le paffage du rouleau ne feroit plus capable de
l ’étendre. Un four de fept pieds, confomme à peu
près autant d’aliment qu’un fourneau de huit pieds ;
mais, fi dans l’efpérance d’augmenter la fabrication,
on excédoit de beaucoup les mefures ordinaires,
il deviendroit difficile de régler la chauffe ; trop de
matière combuftible , introduite à-la-fois dans le
fourneau, y répandroit plus de fumée que de chaleur
, & une moindre quantité jetteroit dans le
danger de ne pouvoir atteindre ]§. degré de feu
néceflaire.
Defcription du four.
Dans les manufactures dé glaces qui donnent le
plus grand produit, on fait Te plan géométral des
fours, carré, & de huit pieds fur chaque face. La
fig. 1 , pL V I , exprime ce géométral. La (iirface A j
défigne le carré intérieur du four. On établit avec
foin toute la conftruâion fur une fondation folide.
O h étoit dans l’ufage de former le milieu du four
avec une pierre de grès dur ou de mouillaffe 1 , 2 ,
3 , 4 , d’environ trois pieds de large, fur dix pieds
de long, & de la plus forte épaiffeur poflible. La
pierre de grès s’étendoit d’un pied fous chaque
tonnelle B , B , ainfi que fous les fièges , & l’on gar-
uiffoit les côtés a b c d , f g h k , de maçonnerie aufli
de grès avec du mortier d’argile.
Cette manière de conftruire, procure l’avantage
de voir le bas du four très-promptement fec ; mais
elle n’eft pas exempte d’inconvéniens effentiels. Le
verre qui fe répand dans le four, foit pendant les
opérations , foit par la caffe des pots, corrodoit le
grès , pénétroit fous les fièges, & les expofoit à la
plus prompte deftruâion. On a fubftitué à la pierre
de grès, des tuiles d’argile compofée. On donne à
ces tuiles environ trois pieds de long, fur dix-huit
pouces de large , & quatre pouces d’épaiffeur. On
place fur la fondation quatre aflifes de ces tuiles
avec du mortier d’argile. Le carré du four & le
bas des tonnelles, forment par ce moyen un maflif |
très-folide, plus à l’abri d’être attaqué par le contaft
du verre. Ce maflif n’eft pas très-long à fécher, par
la précaution qu’on prend , d’employer les tuiles
déjà prefque sèches. On appelle lës tuiles que nous
venons de décrire , tuiles d'âtre, parce qu’en effet
elles forment l’âtre du four.
En B , B , font deux ouvertures appelées tonnelles
; elles font deftinées à introduire les creufets
dans le four, & à recevoir l’aliment du feu. Leur
ufage règle leurs dimenfions ; elles ont trois pieds
de large, & font ceintrées à plein ceintre, à une
égale élévation. Les pieds droits des tonnelles ont
dix-huit pouces de hauteur, & c’eft-là que prend
la naiffance de leur voûte. La longueur f i des tonnelles,
eft de trente pouces. Les fig. 1, 2, pl. VIII,
expriment en B l’élévation & le ceintre des tonnelles.
Le bas des tonnelles, communément nommé leur
dtre, eft élevé de quatre pouces au deffus de l’âtre
du four, pour que le verre qui tombe dans le four
ne gêne-pas la chauffe, en fe répandant aûflltôt fur
l’âtre des tonnelles.
Les parois du four ont de dix pouces à un pied
d’épaiffeur, ainfi que fa voûte ou couronne. Ces
parois, prifes depuis le plan géométral du four jufqu’à
la naiffance de la voûte, s’appellent embajfure , &
fi on ne les confidère que depuis les fièges, elles
prennent le nom de morts-murs, ou par corruption,
mormus.
Les fièges font deux banquettes difpofées , une
de chaque côté du four, deftinées à recevoir & fou-
tenir les creufets. Les fièges s’élèvent de vingt-huit
pouces au deffus du plan géométral du four. Voye%
H I , fig. 1 , 2 y pl. VIII. La furface fupérieure du
fiège a trente pouces de large, relativement au diamètre
des creufets, qui doivent y être portés. Leur
bafe a quarante-cinq pouces de large, & les fièges
font terminés par un plan incliné, de leur bafe à
leur furface fupérieure. Ce talut eft exprimé en Q ,
fig. 29pL VI; la bafe du fiège en abef, & fa furface
fupérieure en abcd. Il réfulte de cet arrangement,
qu’il refte fix pouces d’intervalle en G , entre les
pieds des deux fièges. C ’eft cet intervalle qu’on
défigne fous le nom d'âtre du four.
Si l’on confidère le poids des creufets que les
fièges doivent fupporter, & le danger de dégradation
auquel le contact du verre expofe le pied
de ceux-ci, on conviendra qu’il eft très-prudent de
donner plus de largeur à leur bafe qu’ à leur fur-
face fupérieure.
Deux cuvettes N , N ,jfg . 2 , pl. VI, occupent
plus de place qu’un pot ou creufet : aufli donne-
t-on plus de largeur au fiège en L , L ; & comme
ces endroits, plus avancés font voifins des tonnelles,
& qu’ils pourraient gêner l’intramiflion des creufets
en leur prèfentant un intervalle moindre que
leur diamètre, on a foin d’échancrer les.fièges dans
leur talut en cet endroit, fans toucher à leur fur-
face .fupérieure.
Les diverfes ouvertures pratiquées au fourneau
pour la facilité du travail, font défignées par le
nom générique d'ouvreaux. Ceux C , C , C , C ,
*fig. 1 , pl. V I , qu’on dif.ofe fur chaque fiège, fervent
à introduire dans le four les vafes appelés
cuvettes, & à les en retirer : de cet ufage ils pren-
nent^le nom d'ouvreaux à cuvettes. Il faut donc
que le bas de chaque ouvreau à cuvette ou fon
plan géométral, foit à niveau de la face fupérieure
(du fiège, comme de l’aire de la halle, fur laquelle
on place des plaques de fonte ED, E D , ED , ED.
Les plaques prélentent à la cuvette un chemin
ferme & uni , fur lequel il eft aifé de la faire
gliffer, & qui la conduit jufques hors toute la maçonnerie
du foür, pour éviter la gêne dans l’emploi
des outils.
Les cuvettes ont. communément 16 pouces de
large fur autant de haut : aufli donne-t« on aux
ouvreaux à cuvettes 18 pouces de largeur. Leurs
pieds droits font montés à une hauteur femblable,
& leur ceintre à 21 pouces. ( Voye{ l’élévation des
ouvreaux à cuvettes C, C, fig. 2, pl. VII, & C , Ç,
fig. 1, pl. VIII.)
Les creufets ont 30 pouces de hauteur , aufli
eft-ce à 31 pouces au deffus de la furface fupérieure
des fièges, que l’on place les ouvreaux par lefquels
on travaille dans les pots. Les parois du four font
perpendiculaires depuis les fièges jufqu’aux ouvreaux,
que l’on appelle ouvreaux d'en haut, pour
les diftinguer des ouvreaux à cuvettes fitués à niveau
des fièges.
Il y a trois ouvreaux au deffus de chaque fiège :
on leur donne de 10 pouces à 1 pied de large,
autant d’élévation , & ils font ceintrés à plein
ceintre. On voit leur plan géométral O, P, O , fig. 2,
pl. V I , & leur élévation dans l’intérieur du fourneau
, fig. 1, pl. VIII.
Les angles du fourneau, dont le géométral eft
carré, font fenfibles jufqu’aux ouvreaux d’en haut.
On a voit effayé de les arrondir depuis les ouvreaux
à cuvettes ; mais un coin de la cuvette fe
trouvoit fouvent fous l’arrondiffement du coin du
four, & recevoit beaucoup de larmes de cette dif-
pofition vicieufe.
L’ouvreau P , fig. 2 , pl. V I , eft appelé ouvreau
du milieu, & cette dénomination indique affez fa
pofition : on l’appelle aufli ouvreau à enfourner, de
l’ufage qu’on en fait en .quelques circon fiances.
Les ouvreaux O , O , fervent à l’opération du
trejetage , & de là prennent le nom d'ouvreaux à
trejeter. Leur pofition eft déterminée par leur ufage,
& par la manière dont les divers vafes font placés
fur les fièges. Les deux pots M , M , occupent le
milieu du fiège, & l’on met à côté d’eux des cuvettes
N ; les pots fe touchent au point de milieu
de l’ouvreau P : le trejetage confifte à tranfvafer le.
verre fondu, du pot dans les cuvettes qui l’avoi-
finent. Il faut donc que les ouvreaux O , foient
difpofés de manière que l’on puiffe travailler avec
la même facilité dans le pot & dans la cuvette :
ils le feront en effet, fi le bord du pot répond au
point de milieu de l’ouvreau O. O r , la diftance
P b du milieu de l’ouvreau P = 48 pouces , juf-
qu’au coin du four; le diamètre du pot= 3 0 pouces:
donc la diftance O b du milieu de 1 ouvreau O , au
coin du four, —r i 8 pouces.
A peu près à la hauteur des ouvreaux d en haut,
font les lunettes R , R , R , R : elles font rondes &
ont environ de 4 à 6 pouces de diamètre. Elles
fervent à communiquer une portion du feu du four
de fufion, à quatre petits fours qui y font joints
& qu’on appelle arches, repréfentés en géométral,
fig. 1 , pl. VI. Leur orifice dans l’intérieur du fourneau
(e préfente fous une forme ovale , attendu
l’obliquité de leur direction, & î l fe trouve placé
à environ 10 pouces de la ligne de milieu du four,
pour que les faletés qui fe détacheraient de ces
ouvertures, tombent entre les fièges. L’orifice des
lunettes dans l’intérienr des arches , n’a rien qui
détermine bien exa&ement fa pofition. On doit feulement
diriger les lunettes de manière qu’elles portent
le feu vers le milieu de l’arche , pour que
tout l’efpace foit plus uniformément échauffé. J ai
quelquefois fupprimé les lunettes fans inconvénient
, & même avec avantage pour la durée du fourneau.
Je m’étendrai fur cet objet, apres que j aurai
décrit les arches, & en traitant de la recuiffon des
creufets.
La voûte du fourneau, plus ordinairement appelée
fa couronne , commence au bas ou a 1 atre
des ouvreaux d’en haut, qui prennent, dans leur
élévation, la courbure de ladite couronne. On
doit aux befoins de la pratique, la courbe qu on
donne à la voûte d’un four, & il eft par confe-
quent d’autant plus difficile de la déterminera Le
premier but des conftruéteurs, a été de préfenter
à la flamme une route régulière, & delà réverbérer
puiffamment & uniformément fur les creufets. Ce
point de vue a dû les conduire à la forme circulaire,
dont enfuite des raifons de fabrication les
ont écartés.
Si l’on parvenoit à déterminer la courbe que
préfente la coupe d’un four par un plan vertical,
paffant par le milieu des ouvreaux à enfourner ,
fig. 1 , pl. I I I , & celle que produit la coupe d’une
tonnelle à l’autre, fig. 2 , pl. I I I , on fe feroit une
idée affez exa&e de la couronne d’un four, puif-
qu’on pourroit regarder, comme génératrices, les
deux courbes que nous cherchons à connoître.
Si l’on avoit adopté la forme circulaire, le point
d’élévation C du fourneau étant connu, puifqu’il
eft déterminé de donner au four 8 pieds de hauteur,
le problème fe réduiroit à faire paffer un arc
de cercle A G H K I E , par trois points A , C , E ,
fig. 1, pl. I I I ; mais n’oublions pas que le four fe
dégrade', fur-tout après quelque temps d’une violente
chauffe, & qu’il en découle des larmes qui
nuiroient infiniment à la fabrication, fi elles tom-
boient dans le verre. Les larmes font elles - mêmes
| un verre groflier, leur vifcofité les retient contre
1 la furface intérieure du fourneau, jufqu’à ce qu'elles