l’aôion du feu qui doit opérer leur calcination , 5c
le but de la fritte eft manqué.
Ces obfervations dirigent le travail du frittier.
i°. Il ne doit pas mettre fur le pavé de l'on four ,
une trop grande quantité de compofition, pour que,
préfentant une moindre épailTeur, elle foit plus
aifément pénétrée par le feu , & qu’il puiffe lui-
même la remuer avec plus de facilité. 20. Il doit la
remuer fouvent , & la retourner pour préfenter
fucceffivement & également les parties à Fa&ion
dufeii. 30. Il ne fera, en commençant , qu’un feu
lé g e r , pour éviter la fiifion £{ueufe du falin ; il continuera
de même , tant que la fritte fumera : enfin ,
lorfque les fumées commenceront à diminuer , il
augmentera fon feu , & il échauffera la fritte, jufqu’à
ce qu’elle rougifle jufqu’à blanc.
Lorfque la fritte a été vivement échauffée pendant
quelque temps , fans qu’on apperçoive aucun
changement dans fa couleur , ni en général dans
fon état, on la juge finie, & on la défourne, après
y avoir mêlé la quantité de calcin que l’on juge
nèceffaire : cette dernière matière ne refie que quelques
inftans dans le four à fritte. i°. Du verre qui
a déjà été fondu , n’a pas befoin d’ être fritté : 20. fi
le feu du four à fritte le faifoit entrer en fufion en
tout ou en partie, il nuiroit à l’opération.
La fritte fe réunit aifément en morceaux, à raifon
de la fufibilité du falin ; c’eft ce qu’on appelle fe
prendre. Ce n’eft qu’à force de la remuer , qu’on
l’en empêche plus ou moins. Je préfère moins de
liaifon, mais aufii on efi plus sûr de leur calcination;
& l’on efi plus fondé à croire qu’elles ont été bien
pénétrées par l’a&ion du feu , jufqu’à la fin de l’opération.
Il efi aifé au frittier de faire prendre fa
fritte ; il n’a qu’à terminer fon opération par un
coup de feu v i f , & laiffer refroidir la fritte, fans la
remuer.
Une fritte bien conduite peut être faite dans 4
ou 6 heures. Elle doit être d'un beau blanc, un peu
animé par la couleur développée de la manganèfe :
les morceaux en font légers & poreux. Ces qualités
prouvent que la compofition a été foigneufement
remuée pendant l’opération / & que la calcination
efi bien faire.
Nous n’avons parlé que des compofitions où
Yalkali efi comme fondant, mais , lorfqu’on em-
ployoitla fonde en nature , la fritte étoît beaucoup
plus longue. Nous en avons dit la raifon, en traitant
des compofitions. Une compofition en foude exige
environ trois fois autant de temps à la fritte , qu’une
compofition en falin.
Lorfque la fritte a été défournée & refroidie, on
T épluche exactement, pour en féparer les dégradations
de four , ou tout autre corps étranger qui s’y
feroit mêlé.
A près avoir difcutélopération de la fritte en elle-
même , il efi temps de nous occuper de la forme
«les. fours à fritte, & de la manoeuvre du. fri trier.
Fours à fritte.
Les figures / , 2 , 5 , de la flanche X I I , repré Tentent
le plan géométral d’un four à fritte, fig. 1 ; fa
coupe iuivant la ligne m n , fig. 2, & fa coupe fui-
vant la ligne c d , fig. 3. Le four à fritte efi circulaire,
& celui que nous décrivons a cinq pieds de
rayon. L’on doit le confiruire en bonnes briques.
C’efi fur le pavé A , fig. /, que l’on répand la
compofition , pour l’expofer à la calcination : ce
pavé efi formé avec des briques pofées de champ ,
o u , encore mieux , avec des morceaux de fonte
douce, bien dreffèes , & de la même grandeur que
les briques. Cette dernière conftru&ion efi plus
chère ; mais elle efi plus folide : le feu , quoique
confidérable , ne l’efi pas affez pour altérer promptement
la fonte ; & , fi la fritte vient à fe coller au
pavé, elle n’en enlève pas des morceaux en feMéta-
tachant : enfin, la fonte réfifte mieux que la brique à
l’attouchement des outils. '
Au devant du four, on pratique une gueule B ,
fig. 1 3 de 18 à 20 pouces de largeur , ceintrée en
plein ceintre , à une hauteur égale : c’eft par cette
ouverture qu’on jette la compofition fur le pavé:,
qu’on travaille la fritte, & qu’on la retire, lorf-
qu’elle efi faite.
On donne à la gueule B , le moins d’épaiffeur
qu’il efi poflible , fans diminuer la folidité du four,
& l’on forme au devant , un relai de 6 pouces,
exprimé en t x , ^ y , de telle forte que t {— 4 pieds.
On peut fermer à volonté, & félon le befoin , la
gueule du four à fritte par une tôle ou ferraffe ,.
qu’on pofe fur le rebord formé par le relai t x , ^y.
Le peu d’épaiffeur de la gueule donne la facilité
déporter dans les différentes parties du pavé, le
rable dont une maçonnerie plus épaiffe gêneroit le
mouvement. L’éloignement des points t , y , augmente
encore cette ai fane e à laquelle on pourroit
ajouter, en rectifiant la forme du four ,& la rendant
femblable à a , 3 , /, au lieu de la laiffer circulaire
de 2 en B.
Sur le géométral de la gueule du four , on place-
une plaque de fonte e ƒ , que l’on fixe folidement ,
en l’engageant dans la maçonnerie, & la plaque
déborde cette même maçonnerie , pour que la
fritte , en fortant du four , ne puiffe toucher à
rien-.
Le pavé A efi élevé de 30 pouces au deffus du
fol de l’atelier , fig. 2 & 3 , & au devant de la
gueule , on confirait un baflin M N , fig. * , d’environ
trois pieds de large. On le creufe dans le fol
de l’atelier , depuis le pied droit F de la cheminée,
ju fqu’aç*. ri far : on le bâtit proprement de bonnes
pierres : c’eft dans ce baflin qu’on fait tomber k
fritte , lorfqti’elle efi finie, & qu’on la laiffe refroidir.
La voûte du four à fritte efi circulaire, comme:
fon plan géométral, & l’on pourroit la concevoir
formée par la révolution du demi cercle B T 4, qui
auroit tourné, fur le. diamètre 4 B ju f q u ’à ce qu’il
fe fût appliqué fur l’autre demi cercle 4 J B. Par
conféquent, la voûte a pour hauteur 5 pieds, rayon
du plan géométral. „ ~
Le four à fritte efi échauffé par un tifer L V ,
difpofè parallèlement au diamètre 4 B. Il efi indifférent
que ce tifar foit placé à droite ou à gauche de
la gueule du four , & la difpofition de l’atelier doit
feule régler à cet égard.
Le tifar E D a environ 7 pieds de longueur, &
18 pouces de large. Il efi plus enfoncé que le devant
du four d’environ un pied ou 15 pouces : on donne
à cet enfoncement c , une largeur 9, 12 , de deux
pieds , pour trouver en 9 , 10 , 11., 12., la place
néceffaire à établir fur un des gonds une porte de tple
qui ferme le tifar.
La grille du tifar, compofée de forts barreaux de
fonte , & deftinée à recevoir le bois de chauffe,
efi pofée à deux pieds au deffus du fol de 1 atelier,
& par conféquent à fix pouces au deffous du pave
du four. Le ceintre du tifar efi élevé de deux pieds
au deffus de la grille , fig. 2. 1
En ne donnant qu’un pied d’epaiffeur aux parois
du four, le tifar fe trouvera à fix pieds du diamètre
4 B , fig. /. • . . c
Le feu du tifar communique dans le four par une
ouverture S T , de 5 pieds , qui prend à l’extrémité
D du tifar, pour, perdre le moins de feu qu il
eft poffible. La flamme introduite par cette ouverture
, eft réverbérée par la voute fur le pave, & fait
éprouver fon aftion à la compofition qui y eft
répandue*
L’ouverture S T efi placée à 6 pouces au deffus
du pavé A , comme on peut le voir dans la fig. 2 ,
où c exprime l’ouverture de communication ; & I P ,
fon plan fur la maçonnerie des parois du four , &
encot e mieux dans la fig. 3 , où h exprime la communication
, 8cla ligne g l , le pavé du Tour.
La grille du tifar étant à 6 pouces au deffous du
pavé du four, & l’ouvemire de communication à
6 pouces au deffus de ce meme pave , la grille eft
à un pied, au deffous de la communication : cette
diftance eft la moindre que l’on puiffe établir ,
pour prévenir la chûte des charbons du tifar dans la
fritte.
la combuftion. On le creufe dans le terrain de 1 atelier^
L’ouverture S T peut être regardée comme une
efpèce d’entonnoir, puifque fa hauteur eft moindre
en dedans du tifar que du côté du four : elle prend
en effet au haut de la voûte du tifar, & elle fe
dirige vers- le haut de la voûte du four. Or le eein-
tre du tifar efi à environ 4 pieds du fol de 1 atelier,
tandis que la voûte du lour s’élève de 5 pieds au
deffus du pavé placé lui-même fur un maflif de 30
ponces de hauteur , & conféquemment de 7 pieds t
au deffus du fol de l’atelier. Cette forme en ento-
noir paroît affez favorable au dévelopement de la
flamme dans l’intérieur du four.
Le cendrier eft la partie du tifar qui fe trouve an
deffous de la grille : il efideftinè , comme fon nom
le défigne, à recevoir lés cendres , & , en même
temps , il fournit au feu un courant d’air qui facilite
jufqu’à ce qu’il ait atteint environ cinq pieds
de profondeur, à compter de la grille. On le prolonge
jufqu’en huit, fig. 1 , d’un pied plus que le
tifar , pour que la porte de celui-ci , qui defeend
jufqu’au fol de l’atelier, ne bouche pas en entier le
cendrier lorfqu’elle eft fermée, & qu elle n intercepte
pas le courant d’air.
On voit dans la fig. 4 , planche X I I I , de quelle
manière on difpofe le devant du feu à fritte pour
le travail. De chaque côté de la gueule eft une barre
de fer placée verticalement 1 , 2 , 3 » 4* Ces deux
barres font fixées dans cette pofition d’une manière
fiable, ayant été paffées de force dans les anneaux
1 , 2 , 3 , 4 , folidement engagés dans la maçonnerie.
A fix pouces au deffus de la plaque de fonte qui
garnit la gueule du four, les deux barres verticales
1 , 2 , 3 , 4 , prèfentent chacune un crochet pour
foutenir un barre de fer horizontale x y , garnie à
peu près dans fon milieu de trois chevilles aufli de
fer. Cette barre , défignèe par le nom de barre die
four à fritte y fournit au frittier un point d’appui ,
folide & invariable pour tous les outils dont il doit
faire ufage.
Les fumées qui s’élèvent, tant du tifar que du
four lui-même , font reçues dans une vafte cheminée,
dont les pieds droits F , F , fig. 1 » planche X I I r
ont trois pieds de faillie , & dont le manteau eft
élevé au moins de fix pieds au deffus du fol dê
l’atelier.
Par cette conftru&ion , le baflin M N , eft exactement
fous la cheminée , & quelques.ordures peuvent
fe détacher du tuyau, & tomber dans- la fritte-
, pendant qu’elle fe refroidit dans le baflin. On fâche
de diminuer ce, rifque , en dirigeant le tuyau au
, deffus du tifar , & en balayant fouvent, dans des
temps favorables, le devant du four, & l’intérieur
de la cheminée. Au refte , la fritte ne demeure
jamais long-temps dans le baflin, & il feroit très~
praticable de la couvrir avec des couvercles de tôle
appropriés.
Au deffus du four à fritte , on pratique un appartement
bien propre & bien p avé, que lés fig. 2 , 3 *
pl. X I I , prèfentent e n i , & q ue , de fon ufage ,
on appelle fablonette. On y dépofe le fable lavé, qui
s’y sèche très-promptement par la chaleur du four-
Fours à fritte doubles-*
La pl. X I I Ioffre le plan géométral, & le développement
d’un four à fritte double : nous nous étendrons
peu fur fa defeription. Ce n’eft proprement9
fig. 1, que deux fours A A , femblables à, celui que
nous venons de décrire, qui chauffent tous les deux
parle même tifar E F , dont la flamme communique
dans les deux fours par deux ouvertures BC , BC.
Les deux gueules D D font fur la même ligne *
ainfi que les baffins M N, MN , & l’entrée du tifar
E fe trouve derrière les fours fur le côté oppofê aux.
gueules.
L’ufage du four à fritte * double, eft avantagent